Perdu dans la Nuit 5 : Une fille fantôme ?

Auteur : Ilanor
Check : C’est quoi ça ?


Yo ! De retour avec le chapitre 5, et une introduction en règle du personnage féminin ! Elle est assez insupportable au début… Et d’ailleurs, je crois que j’ai perdu presque aucun lecteur entre le 3 et le 4… Ça veut dire que c’est bien ? Enfin, bonne lecture !


Aln resta immobile pendant quelques instants, afin de s’assurer qu’il ne reprendrait pas un pavé dans la tête. Il endura donc les décharges électriques de plus en plus intenses, qui au moins ne provoquaient plus le dégagement de cette répugnante odeur de chair brûlée.

Puis il se leva lentement et soupira de soulagement, retrouvant petit à petit les sensations de son corps endolori par les chocs électriques. Il se rappela des derniers évènements et baissa le regard.

Étendue sur le sol devant lui se trouvait une forme inconsciente. Encore floue, Aln pouvait pourtant la voir bien mieux que quelques secondes auparavant. Plus il y pensait, et plus l’image devenait nette, et commençait même à ressembler à quelque chose. Au bout de quelques instants, il put l’identifier.

« C’est… la fille de tout à l’heure ? »

Le silence lui répondit. Malgré les décharges, la jeune fille semblait toujours inconsciente. Il faut bien dire qu’Aln avait manqué de délicatesse dans sa charge, mais il se consola en se disant qu’il n’y pouvait rien. Après tout, c’était elle qui avait commencé non ? En plus, elle ne semblait pas morte, puisqu’Aln pouvait voir sa poitrine se soulever régulièrement.

Il s’en approcha pas à pas, et tendit le bout de son doigt pour appuyer contre sa joue. Un minuscule arc électrique se forma entre son doigt et la joue de la fille, suffisamment faible pour ne pas provoquer de douleur. Il suffit cependant pour que la jeune fille se retourne et commence à montrer des signes d’éveil.

Aln recula de quelques pas.

Encore étourdie, la jeune fille se releva cependant, les yeux embués, et regarda à la ronde d’un air distrait. Son regard s’arrêta sur Aln, le dépassa, puis revint sur lui. Il prit la parole.

« Bonjour ?
– B-Bonjour… Qui êtes vous ? Que faites vous ici ?
– Euh… Moi ? Je… Je passais par là, et j’ai entendu un cri, et, euh… Je suis accouru, et je vous ai trouvée étendue par terre…
– Nous sommes en sous sol. Vous m’avez entendue comment ?
– Ah, euh, vraiment ? Je ne m’en étais pas rendu compte… Je ne sais pas trop comment ça c’est fait… »

Aln sentait en répondant à quel point il avait l’air idiot. Des réponses stupides et une hésitation qui sonnait complètement faux. Complètement idiot.

L’adolescente s’en rendait compte elle aussi, et le dévisagea d’un air plus que soupçonneux. Elle semblait essayer de se souvenir de quelque chose, et reprenait très rapidement ses esprits. Aln ne put s’empêcher de s’en affliger…

« Je vous ai déjà vu quelque part.
– Moi ? Mais non enfin ! C’est la première fois qu’on se rencontre.
– J-Je ne sais pas… Je me souviens… Pourquoi saignez-vous du nez ?
– Euh… »

Aln se prépara à courageusement se mettre à l’abri. Il n’était pas peureux, mais si elle réagissait comme avant de perdre conscience, il préférait éviter d’être pris au dépourvu. Il n’aimait pas frapper les filles, et ce n’est pas maintenant qu’il allait commencer… Même s’il l’avait déjà fait.

« Mais il y a longtemps… Dans une clairière…
– Je ne vois pas de q… Pardon ? Une clairière ?
– Et plus récemment. »

Son regard se porta sur lui. Apparemment, elle se souvenait de ce qui s’était passé juste avant. Aln prit du recul, mais la phrase précédente l’interloquait.

Elle ne pouvait pas l’avoir vu des années avant, à moins que ce ne soit pendant la première vision, pourtant, personne à part le guerrier ne l’avait remarqué. Puis il se souvint. La silhouette à peine visible qu’il avait entraperçu jouant avec la Nivmag.

« Vous êtes l’ombre de cette fois-là ?”
– Peut-être, mais peu importe. Revenons-en à nos affaires plus… immédiates…
– Je peux tout expliquer !
– Ah oui ? Parce que tu me sembles bien sûr de toi pour quelqu’un qui vient de voir la mort de si près.
– Tu peux parler toi ! Je crois que tu viens de mourir, et pareil pour ce vieil homme, et tu me balances des bouquins au visage.
– Moi ce n’est pas pareil. Comme tu peux le voir, je ne suis pas vraiment morte, et ce n’est pas vraiment la première fois que ça arrive.
– Qu’est ce que tu veux dire par là ?
– C’est… compliqué. »

Aln la vit soupirer, mais il se félicita chaudement d’avoir réussi à détourner la conversation.

« En fait, ce qui c’est passé ici est à l’origine de ma situation. Tu l’as vu, j’ai failli disparaître, mais grâce à mon grand père ça ne c’est pas passé comme ça. Je me suis retrouvé bloquée dans le temps. Je ne sais pas exactement ce qui se passe, mais je suis généralement… inconsciente. J’ai l’impression de flotter en apesanteur, sans aucune pensée, mais pas vraiment inconsciente. Parfois, quand une trop grande perturbation magique se manifeste, je me retrouve brièvement dans le monde réel, comme maintenant.
– Euh, je ne suis pas sûr de comprendre, mais tu es m… disparue il y a quelques instants, mais pourtant c’était il y a longtemps ?
– C’est ça. C’est pour ça que je suis là maintenant, et que j’étais là aussi quand tu étais dans la clairière. Un peu comme toi, je suis là sans être réellement là, mais je peux quand même avoir une influence sur le monde.
– Attends un peu. ‘Je suis là sans être réellement là’ ? Ça ne veut rien dire ça !
– Quand tu as essayé de toucher le poignet de mon grand père, il y a eu un grésillement non ?
– Oui.
– C’est parce que tu n’es pas réellement ici, donc ton existence n’est pas cohérente avec le monde actuel.
– Et toi ?
– Je ne vis plus que grâce à la magie, et l’imagination est la fondation de la magie. Quand tu as imaginé que j’étais là, mon existence s’est rapprochée de la tienne, donc nous pouvons nous voir et communiquer facilement.
– Ce petit air de je-sais-tout… se dit Aln en lui-même. Puis à voix haute : Mais tu as l’air d’en savoir beaucoup, même si tu as mon âge. »

La jeune fille sourit espièglement.

« C’est que je n’ai pas exactement ton âge tu sais ? Ce que tu viens de voir date d’il y a plusieurs centaines d’années, et même si je passe la majorité de mon temps dans un état second, il m’en reste beaucoup à disposition. Et mon grand-père était l’un des plus grand magicien qu’Orbis ait connu. »

Aln resta muet quelques instants. Cela faisait beaucoup de choses à digérer à la fois. Des concepts compliqués, qui lui semblait obscurs, et pourtant d’une certaine manière il avait l’impression de les avoir déjà entendu quelque part. Mais en mettant ça de côté, une question lui brûlait les lèvres.

« Tu as dit dans un état similaire au mien… Tu sais ce qui m’arrive ?
– Je ne sais pas vraiment, mais c’est un sort très puissant. Je ne sais pas qui l’a jeté, mais c’était sans aucun doute un magicien incroyablement puissant. Soit il est mort en le jetant, soit il avait accès à la Nivmag.
– Ça ne me dit pas ce qui m’arrive…
– D’une certaine manière, tu voyages dans le passé. Ton esprit est ici par l’effet du sort, mais ce n’est que temporaire, et une fois que tu partiras, il n’y aura plus ici aucune trace de toi, de ton passage ici. Peut-être même t’oublierai-je.
– Pour un esprit, je sens plutôt bien les coups… »

La jeune fille lui décocha un sourire contrit – presque – avant d’encore lui expliquer quelque chose. Aln, pendant ce temps, se massait les tempes en essayant de faire passer le méchant mal de tête qui l’assaillait. Et pourtant, elle voulait encore y faire rentrer quelque chose, dans cette tête…

« C’est pour que tu ne deviennes pas fou.
– Pourquoi je deviendrais fou ?
– Parce que sinon tu n’entendrais, ne verrais ni ne sentirais rien, tout en étant parfaitement conscient. Tu deviendrais fou, sois-en sûr.
– Expérience personnelle ?
– En partie…
– Et comment ça marche ?
– Je ne sais pas…
– Tu ne sais pas… C’est un peu léger ça non ? Tu me sors ça, mais tu ne sais pas pourquoi ? Après des siècles de vie ?
– Euh… C’est compliqué, c’est… Euh… »

Aln voyait la façade sérieuse et adulte de son interlocutrice se fissurer. En même temps, ce n’était pas très cohérent avec ce qui c’était passé plus tôt… C’était à se demander si elle avait vraiment vécu des siècles de vie comme elle le disait. Il se mit à penser que ce n’était pas le cas.

« Tu n’as pas vécu plusieurs siècles non ?
– …
– Qu’est ce que ça veut dire ?
– Argh ! Je voulais juste en imposer un peu ! Ça fait je ne sais pas combien de temps que je n’avais pas pu parler à quelqu’un ! J’en ai bien le droit ?
– … T’amuser ? Tout ce que tu m’as dit, c’était pour t’amuser ?
– Non, pas tout, juste la partie ou je t’ai dit que je n’étais pas en état second tout le temps. Le reste est vrai.
– Je vois… »

Aln haussa les sourcils, et dévisagea d’un regard inquisiteur l’adolescente. Elle soutint son regard sans faillir, et Aln comprit qu’elle disait la vérité. Pour cette fois-ci… Il décida cependant de s’imposer de ne jamais la croire sur parole : elle semblait beaucoup trop… espiègle pour ça.

Se perdant dans ses pensées, il récapitula ce qu’elle lui avait dit : Elle comme lui était à mi-chemin entre le passé et le présent, même si pour elle ça semblait encore plus compliqué. Parce qu’il l’avait imaginée, il pouvait la voir normalement, car elle vivait par magie, et le fait qu’il ressente ici était le fruit de son esprit pour éviter qu’il devienne fou. Charmant.

En revanche, il lui semblait qu’elle en connaissait un morceau sur la magie malgré son jeune âge. A cause de son grand-père sans doute. Aln s’y intéressait depuis longtemps, et il voyait là une occasion d’en apprendre plus.

L’adolescente lui laissa quelques secondes, puis elle commença à s’agiter. Il ne restait plus rien du rôle mûr et taciturne qu’elle jouait jusqu’à maintenant. N’y tenant plus, elle lui posa une question d’une importance capitale.

« Comment t’appelles-tu ?
– Hein ?
– Je t’ai demandé ton nom.
– Ah ! C’est Aln. Et toi ?
– Aln… Moi c’est Eliana.
– Eliana. Compris. Donc, Eliana, comment est-ce que tu fais tout à l’heure pour invoquer de la lumière ?
– Tu ne me demandes pas plutôt comment j’ai fait pour te balancer les livres ?
– …
– Au fait, tu saignes encore.
Ahh ! »

Aln sursauta en prenant conscience du filet de sang qui s’échappait de son nez et coulait sur ses vêtements. Même si c’était apparemment une illusion, ça n’en n’était pas moins désagréable. Arrachant un morceau de tissu de sa longue manche, il se l’enroula autour du nez, puis se reconcentra sur la conversation.

« Je pourrais te l’apprendre, mais tu ne pourrais pas l’utiliser, à moins de puiser l’énergie dans ta force vitale. A moins qu’il y ait danger de mort, ça ne vaut pas le coup. C’est ce qui est arrivé à mon grand-père. C’est pour ça qu’il a semblé perdre 20 ans en quelques secondes.
– Et toi dans ce cas ?
– Je suis un cas particulier, vraiment. J’ai pas envie de t’expliquer pourquoi, et quand bien même je ne saurais pas vraiment le faire. Et tu ne comprendrais rien, ça c’est sûr. »

Même si la dernière phrase était plutôt désobligeante, Aln s’imposa de ne pas réagir. Instinctivement il ne voulait pas lui donner cette satisfaction, d’autant plus qu’il ne pouvait pas vraiment nier que ce soit le cas…

« Mais quand même, est-ce que tu pourrais me l’apprendre ? »

Eliana soupira. Aln la regardait avec des yeux brûlants – non pas elle, mais plutôt la magie qu’il voyait en elle – et voyant cela, elle soupira de plus belle. Même sans le connaître, elle savait qu’il n’en démordrait pas.

« Bon, d’accord… J’aurais rêvé mieux comme première rencontre avec quelqu’un depuis si longtemps, mais bon… »

Aln n’avait aucun regret. Certes, c’était un peu cavalier, mais ce n’était que justice. Il avait encore des élancements dans le nez, et ils savaient tous deux que s’il était là maintenant, il pouvait revenir. Elle, non.

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