Pérégrinations en Monde Inconnu 4 : Là où on saigne

Auteur : SamiHuunter


Ah bah tiens ? Wari est toujours pas là ? Tant pis alors, je continue de publier ma merde XD

Un chapitre contenant un peu plus d’action ! Quelques détails sanglants, mais rien de bien méchant :3

Sur ce, bonne lecture o/


Cela faisait trois jours que les travaux avaient commencés.

Le trou avait pris deux jours pour être complètement creusé.

Ils utilisaient les petites maisons prototypes en attendant la fin de la construction du dortoir.

Tout le monde travaillait sur le chantier avec détermination. L’ossature du sous-sol avait pris forme et la journée avait été consacrée à la pose du sol et le revêtement des murs. Tom avait décidé de garder une paroi à l’air libre, au cas où ils auraient à « creuser à travers pour s’enfuir ».

Joseph brillait dans son rôle de chef de chantier-pirate.

Vêtu d’un tricorne en bois qu’il avait taillé et d’un faux perroquet fixé sur son épaule, il déambulait au bord de la fosse en traînant sa jambe. Il incendiait les adolescents qui faisaient mal leur travail et les couvraient de jurons.

Les travailleurs se contentaient de sourire ou de prendre un air exagérément terrifié et de demander merci à genoux.

Par moments, quand il jugeait que le rythme ralentissait, il criait des ‘encouragements’ et les motivaient en évoquant la nourriture qu’ils allaient pouvoir savourer une fois le moment venu.

Tom planifiait la suite du programme avec Charlotte. Lily passait son temps avec sa meilleure amie, Zoé, une autre personne possédant un objet de la classe « Support ».

En recueillant un brin de quelque chose appartenant à un individu, ça pouvait être une goutte de sang, un cheveu ou même un bout d’ongle, elle obtenait la capacité de lire dans les pensées de cette personne pendant un certain temps. Elles s’affichaient sur un livre, dans un langage qu’elle était la seule à comprendre.

Même en essayant de le décrypter, Tom ne pouvait comprendre ou déchiffrer un traître mot. Dès qu’il avait l’impression de comprendre les bases ou même l’alphabet, le tout semblait changer et il devait recommencer à nouveau.

Elle pouvait aussi donner un morceau de papier provenant de son cahier, et la personne le possédant pouvait à tout moment accepter ou non de partager ses pensées.

Il y avait eu une distribution de page et tous portait sur eux leurs bouts de papier.

N’ayant presque aucune limite de distance, au cas où quelqu’un disparaissait ou se perdait, elle pouvait le localiser grâce à son pouvoir.

Les « Supports » n’avaient pas leurs capacités physiques décuplées de la même manière que les autres. Ils étaient plus faibles mais possédaient des pouvoirs spéciaux.

Il n’y avait que sept personnes dans cette « classe » : Joseph et sa capacité à modeler les matériaux avec son couteau, Lily et son pinceau qui pouvait aussi changer de forme en fonction du dessin qu’elle voulait produire.

Zoé et son livre, William et sa flûte.

Apparemment, il pouvait lui aussi la forme pour utiliser d’autre instrument à sa guise, mais il préférait rester avec sa flûte lorsque les gens travaillait. Les instruments avaient chacun des capacités différentes, mais la flûte était la plus favorable au soutien psychologique et à l’amélioration du moral.

Andy avait un marteau et il leur annonça qu’il pouvait forger n’importe quoi. N’ayant pas de métaux à travailler, il ne pouvait démontrer son art et boudait en attendant le moment où il pourrait enfin tester son pouvoir.

Charlotte aussi faisait partie de cette catégorie. Elle avait une règle en bois, le genre que l’on trouvait à la main des professeurs il y a de ça plusieurs décennies. Son pouvoir était une obéissance à un ordre donné en même temps qu’un coup de règle. Elle pouvait également modifier les performances des gens un peu de la même manière que William.

La dernière était Julie. Une belle fille à la peau foncée qui utilisait un tablier. Quand elle l’enfilait, les plats préparés semblaient devenir meilleurs et revigorer d’une manière incroyable quiconque les mangeait.

C’était le groupe qui s’occupait de ramasser des ingrédients dans la forêt.

Quand ils partaient en excursion pour récolter des fruits ou cherchaient de nouvelles choses à manger, l’un des deux groupes responsable de la protection les accompagnait.

La garde était maintenue vingt-quatre heures sur vingt-quatre, même si Tom se demandait si les jours étaient aussi longs que sur leur planète originelle. Le groupe d’Anthon et celui de Jack se reliaient. L’un le matin et l’autre l’après-midi. Le soir, c’était deux autres qui prenaient leurs places. Nathan avait décidé d’allonger la durée des tours de garde la nuit pour laisser se reposer un maximum les deux groupes diurnes. Quand ils avaient du temps libre, ils aidaient la construction ou s’entraîner.

Joseph avait reçu l’ordre de Nathan de fabriquer plusieurs sets d’une trentaine d’armes chacun.

Quand les constructions seront finit, le leader voulait faire en sorte que les « Guerriers » entraînent les autres adolescents à manier leurs armes respectives. Tom avait déjà commencé à apprendre les bases du combat à l’épée par Nathan et le maniement des dagues par Sarah, une fille aux cheveux noir et à la peau mate qui faisait ressortir le vert de ses yeux.

Grâce à sa capacité d’analyse d’une efficacité incroyable et sa mémoire absolue, il apprenait très vite.

Même s’il ne pouvait rivaliser avec ses professeurs à causes de ses capacités physiques limités, il aurait très bien pu dominer un adulte normal.

Lily et Zoé avaient décliné l’offre et étaient repartis dans leur coin. Elles passaient leurs temps penchées sur une table, la plume de Lily ne s’arrêtait de se mouvoir que très rarement.

Nathan, qui avait appris par Charlotte ses penchants particuliers ne voulait pas savoir ce qu’elle pouvait bien dessiner pour être aussi concentrée.

Parfois, elle relevait la tête et se mettait à observer les garçons qui passaient, une expression de prédateur qui observe sa proie déformant son visage. Tom sentait souvent son regard dans son dos et quand il en fit part à Nathan, son ami se contenta de lui tapoter l’épaule en lui disant d’un air désolé :

–          Je sais ce que tu ressens, c’est la même chose pour moi… Juste ignore la, elle finira par se lasser.


La journée touchait à sa fin et le sous-sol était presque entièrement terminé.

Le groupe de récolte était rentré de leur sortie, les bras chargés d’ingrédients.

Les jeunes étudiants étaient toujours dans leur trou à empiler le bois et à le positionner quand un rugissement retentit en provenance de la forêt.

Les mouvements cessèrent immédiatement.

Le cri ne ressemblait pas à celui qui avait précédé l’apparition du loup monstrueux, mais la peur s’insinua quand même dans leurs cœurs. Ce cri n’était en rien plus amical que celui de leurs souvenirs.

Le groupe d’Anthon, qui était actuellement de garde, apparut. Ses membres coururent vers le centre du campement où Nathan et Tom se trouvaient en compagnie des autres « Supports ». Le reste de la classe s’extirpa du trou et les rejoignirent à leurs tours.

Joseph était blême et grattait nerveusement sa prothèse comme si elle lui faisait mal.

Nathan se mordit la lèvre inférieure. De la sueur froide dégoulinait dans son dos. Il se tourna vers Anthon et son groupe. Leurs visages affichaient leur angoisse partagée.

–          Quelqu’un a vu d’où venait le cri et qui l’a produit ?

Romane s’avança.

–          Oui, j’ai cru apercevoir la silhouette d’une grosse créature poilue. Je n’en suis pas sûr, mais peut-être…

Un nouveau rugissement déchira le lourd silence qui s’était abattu sur le camp et coupa le rapport de l’adolescente.

La source semblait se rapprocher.

Des craquements accompagnaient les grognements de la bête.

Sous le couvert des arbres, les lycéens purent apercevoir une ombre se mouvoir dans leur direction.

Au niveau de la tête, quatre points brillaient d’une lumière sombre.

–          Préparez vos armes !

Nathan ne parvenait pas à articuler correctement, mais tous les soldats obéirent. Tom se dirigea à reculons vers l’emplacement où les non-combattants étaient regroupés. Les « Mages », un peu en retrait des « Guerriers », avaient commencé leurs incantations et nombre de cercles magiques flottaient devant eux.

En rugissant, la créature apparue à la lumière. Franchissant la bordure végétale en déracinant un arbre d’un coup de patte, elle s’arrêta devant eux et observa les humains.

Témoins de la puissance dévastatrice de cette chose, ils avalèrent leurs salives avec difficulté.

Pourvue de six pattes, la créature était recouverte d’une fourrure rougeâtre épaisse. Si son corps velu était similaire à celui d’un ours avec une paire de jambes supplémentaire, sa tête était complètement différente d’un ursidé.

Avec deux paires de petits yeux cruels, un museau se recourbant sur un groin dégoulinant de mucus, deux larges défenses dépassant de sa mâchoire inférieure et ses longues oreilles tombantes, la ressemble avec un sanglier était plutôt flagrante, même si la structure osseuse du crâne semblait présenter un lien avec celle d’un ours.

Levée sur ses quatre pattes arrières, ses deux membres avant étaient accolés à son torse poilu.

Ainsi levé, le monstre atteignait au moins les quatre mètres de hauteurs. En long, elle devait en faire au moins autant.

Il observa les humains sans produire d’autre son que celui de sa respiration qui résonnait à travers le corps des humains comme de puissantes basses.

Un bruit grave retenti. Puis un autre. Le bruit se transforma en battement régulier.

Nathan jeta un regard rapide par-dessus son épaule pour apercevoir William qui tenait un tambour dans ses mains. Chaque pulsation vidait un peu plus l’esprit des gens qui l’entendaient et le remplissait d’une énergie combative nouvelle.

En rythme avec le tambourinement, les guerriers s’avancèrent et commencèrent à encercler l’ours colossal.

Anthon fut le premier à agir, il jeta son poing recouvert de protections dans le flanc de la créature.

Incapable de réagir, l’ours bascula sur le côté en poussant un cri de colère et de souffrance. Elle se stabilisa et atterrit sur ses six pattes. Sa tête se tourna vers l’humain qui venait de lui infliger une blessure et ses yeux s’illuminèrent d’une lueur mauvaise.

Elle rugit et banda ses muscles, prêtes à raccourcir la distance qui la séparait de sa proie, mais une hache trancha les muscles d’une de ses pattes en traversant sa fourrure facilement. Son chemin fut stoppé par l’os et elle resta bloquée.

Avant qu’elle ne puisse se retourner pour voir qui avait bien pu essayer de lui couper la jambe, Margaux tira sur la gâchette d’une de ses armes. Un cercle magique flottait à l’extrémité de son canon. Avec une détonation semblable à celle d’une arme à feu, un projectile s’échappa de l’arme et atteignit l’œil de la bête. Même pas une demi-seconde plus tard, une flèche s’enfonçait dans un autre œil.

Du sang gicla sur le sol alors que l’ours hurlait sa souffrance en donnant des coups de pattes autour de lui.

Sans se laissait impressionner, les adolescents esquivèrent les coups maladroits et aléatoires en sautant en arrière. Dans le dos de la créature, Chris, un garçon au teint de peau foncé et des tresses, se préparait à abattre son marteau de guerre sur son bassin dans le but de l’empêcher de se mouvoir. Jack enfonça sa lance dans un flanc mais elle passa entre les côtes et resta coincé.

Une patte se souleva et s’abattit soudainement sur lui. Jack chercha à l’éviter mais c’était trop tard, il ferma les yeux en priant pour que ce soit rapide et indolore quand Anthon le poussa sur le côté.

Le coup contacta la patte gigantesque de l’animal au torse solide du garçon.

La puissance développée par l’ours en pleine panique avec ses instincts de survie la décuplant était considérable.

Anthon entendit ses côtes grincer et craquer et il fut soulevé de terre. Un liquide au goût métallique emplit sa bouche. Projeté comme un boulet de canon, il s’envola et atterrit contre un arbre. Il s’effondra comme un pantin désarticulé et ne bougea plus.

Amélie courut vers lui en commençant une incantation.

Les deux yeux restant du monstre venait d’être percé et Romane abattit violemment sa masse sur le crâne de la bête. Sentant un danger, cette dernière s’était reculée, mais pas assez rapidement. La masse brisa les dents de sa mâchoire inférieure et dans un bruit écœurant de cartilage qui craque, les muscles se déchirèrent et la mandibule fut séparée de la tête.

Elle était restée accroché par des filaments de chair et pendouillait pitoyablement. Son énorme langue dépassait et se contractait de manière grotesque tandis qu’un hurlement inarticulé s’élevait du monstre en pleine souffrances.

Certains sortilèges furent lancé par les « Mages » et des mains faites de pierre surgirent du sol et attrapèrent les membres de la bête, l’immobilisant complètement. Un éclair parcouru le ciel et s’abattit sur le corps massif de l’animal.

La lumière et le son qui l’accompagnèrent les aveuglèrent tous. Avec leurs oreilles qui sifflaient douloureusement, ils avaient du mal à entendre quoique ce soit.

Heureusement pour eux, le monstre était dans la même situation qu’eux, si ce n’est pire.

L’éclaire qui l’avait frappé de plein fouet l’avait laissé brulé à l’endroit où il s’était abattu dans son dos et une odeur répugnante de chair brûlée s’en dégageait et emplissait leurs narines.

Nolan, un garçon bien bâti, frappa là où il estimait que le cou du monstre se trouvait avec son épée longue ressemblant à une claymore. Il trancha les muscles et une artère principale. Le sang jailli avec force et l’aveugla. Une petite quantité rentra dans sa bouche et il l’avala sans faire attention.

–          Éloignez-vous !

Une voix de fille les avertit en criant et ceux qui avaient recouvré une partie de leur audition tirèrent leurs camarades en arrière.

Juste après, sous l’ours disproportionné apparut une petite flamme.

Il ne réagit pas. Son corps était atrocement mutilé et le fait qu’il ne criait plus les laissa penser qu’il avait perdu conscience.

De cette flammèche, un tentacule de feu surgit et cingla l’air. Il s’enroula autour du corps massif de l’animal. D’autres tentacules surgirent et bientôt, la flamme s’élargit.

Ceux qui observaient la scène étaient persuadés qu’elle avait pris la forme d’une bouche gigantesque s’ouvrant pour avaler le monstre en entier. Cependant, avec la vague de chaleur qui se dégagea et les força à détourner le regard, ils ne purent voir clairement ce qui venait de se passer.

Quand le grondement s’atténua, il ne restait plus rien de l’ours.

Seul un cercle d’herbe carbonisé demeurait. Au centre du cercle, il n’y avait qu’un tas de cendre. Quelques flammes finissaient de s’éteindre.

–          Je sais pas ce qu’il s’est passé, mais ça a tué ce truc…

La voix stupéfaite de Chris brisa le silence dans lequel le campement était plongé.

Anthon s’approcha, un bras passé autour des épaules d’Amélie qui le soutenait du mieux qu’elle pouvait.

Romane se précipita vers eux et demanda d’une voix inquiète s’il allait bien.

–          Haha, y’a pas à s’inquiéter, il avait juste quatre ou cinq côtes cassées et un bras aussi, mais je l’ai soigné, il n’y a plus qu’à attendre qu’il se repose et il sera comme neuf.

Soupirant de soulagement, elle passa le bras libre d’Anthon autours de ses épaules et sourit en regardant la guérisseuse.

–          Je m’en occupe, je vais le ramener dans la maison, tu peux rester là.

Amélie sourit d’un air compréhensif et laissa l’adolescente transporter le garçon qui tenait à peine debout. Elle les regarda s’éloigner en admirant silencieusement la dévotion dont Romane pouvait faire preuve quand il s’agissait d’Anthon.

Quand ils étaient dans leur monde, la classe entière savait les émotions qu’éprouvait la grande blonde à l’égard du gentil géant. Aussi timide que lui, elle n’arrivait pas à avouer son amour pour lui, mais elle ne perdait pas espoir.

Maintenant que l’occasion se présentait où elle pouvait être prendre soin de son bien-aimé, elle n’allait pas la laisser filer.

Revenant à la réalité, Amélie se retourna et demanda s’il y avait des blessés, mais apparemment, personne d’autre qu’Anthon n’avait subits de dégâts.

Nathan s’approcha des « Mages ».

–          Une petite explication peut-être ? J’ai rien à dire sur le derniers sort qui a tué le monstre, mais que celui qui a fait l’éclair se dénonce.

Un garçon s’avança, une expression désemparée sur le visage.

–          C’est… C’est moi, désolé, j’ai pas pensé que ça ferait ça…
–          « Pas pensé » ? Daniel, tu imagines si cette chose n’était pas immobilisée quand ton sort s’est déclenché ? Et puis ç’aurait pu nous toucher aussi ! Qu’est-ce que tu aurais fait si ça ne l’avait pas aveuglé lui aussi ?

Daniel balbutia piteusement des excuses que Nathan balaya d’un revers de main.

–          On s’en fout de tes excuses, tout ce que je veux, c’est que tu me dises si tu as compris où non ton erreur. Tant que toi et les autres comprenaient qu’il faut réfléchir avant d’agir, je n’aurais rien à redire. Aujourd’hui ça allait, mais si plusieurs monstres nous encerclent et que vous jetez vos sorts inconsciemment, c’est nous qui risquons d’y passer.

Nathan avait posé sa main sur l’épaule de Daniel et jeta un regard circulaire sur les autres « Mages » avec une expression sérieuse.

Daniel baissa honteusement la tête et murmura un petit « J’ai compris. » avec la voix d’un enfant qui vient de se faire gronder.

–          C’est l’essentiel… Mais je pense qu’il faudrait qu’on sache ce que chacun est capable de faire avec ses pouvoirs. On pourrait créer des stratégies pour se débarrasser des monstres sans avoir à les affronter directement…

À peine eût-il finit sa phrase qu’Évangeline se planta devant lui, ses poings planté sur ses hanches.

Eva était une jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux bleus.

Elle avait toujours une attitude hautaine et disait avait du sang royale dans ses veines. Ses parents étaient certainement riches, mais l’ayant gâté un peu trop depuis sa naissance, elle avait tendance à devenir insupportable en essayant de forcer les gens à la respecter. Son complexe de supériorité pouvait rapidement devenir incontrôlable et il fallait alors être vigilent à ses côtés.

–          Fufufu, dans ce cas-là, parlons de mes pouvoirs qui ont réduits cette petite bête insignifiante à néant…

Une colère sourde s’empara de Nathan. Une veine apparut sur son front. Essayant de réprimer sa fureur, il articula d’une voix dangereusement basse.

–          Insignifiante… petite bête… Tu te permets de parler ainsi alors que tu n’étais même pas aux premières loges ?… Je te conseille de fermer ta bouche avant que quelqu’un s’étant fait blesser ou qu’une personne risquant sa vie en face d’un monstre ne te la fasse taire plus violemment… ça ressemble peut être à un jeu pour toi, mais c’est nos vies qui sont en suspend ici…

C’était la première fois depuis longtemps que Tom voyait Nathan ainsi en colère. Son visage était un masque sans expression, ses mâchoires étaient contractées et il serrait les poings si forts que ses jointures en devenaient blanches. Dans ses yeux, un tourbillon d’émotions était visible.

Eva avait perdu son expression hautaine et elle avait l’air mal-à-l’aise. Tom déduisit qu’elle avait compris son erreur mais qu’elle était trop fière pour l’avouer. Elle serra à son tour ses poings, prêtes à défendre inutilement son honneur et releva ses yeux larmoyants.

« Ah… la princesse n’aime pas qu’on pointe du doigt ses erreurs… » Pensa Tom en la regardant.

Avant que la situation ne dégénère, Will porta sa flûte à ses lèvres et se mit un jouer une mélodie calme. Nathan se détendit aussitôt, relâchant ses muscles et expirant fortement, comme pour chasser sa colère.

Jetant un regard noir au musicien, Eva ouvrit la bouche et s’apprêta à se justifier quand une exclamation s’éleva derrière eux.

Nolan venait de s’effondrer au sol.

Amélie, qui avait poussé le cri de surprise, se précipita vers lui.

–          Stop ! Arrête, ne t’approche surtout pas !

Nathan qui venait d’entendre l’exclamation précipité de Tom, tendis la main et attrapa le bras d’Amélie, coupant sa course et la forçant à s’arrêter.

Il ne savait pas pourquoi il voulait l’empêcher de s’approcher d’un blessé, mais il avait pris l’habitude de ne pas questionner l’exactitude des propos de son ami. Sa réaction avait été immédiate et inconsciente.

–          Vous tous, écartez-vous !

Les adolescents autours du gisant se bousculèrent et s’éloignèrent promptement, Louis attrapa la main de Sarah qui observait Nolan avec des yeux terrifié et la tira en retrait.

–          Mais qu’est-ce que vous faite, vous ne voyez pas qu’il est blessé ?! Lâche-moi Nathan !

Amélie se débattait pour s’échapper mais la poigne de Nathan la retenait aussi bien qu’un mur le ferait.

Il jeta tout de même un regard paniqué à Tom qui frottait l’arrête du nez en marmonnant rapidement et trop bas pour que ce soit audible.

–          Tom ?
–    Oui, si quelqu’un à un sort de protection ou une cage ou n’importe quoi d’hermétique, qu’il le jette immédiatement sur Nolan. Les autres, éloignez-vous le plus possible et ne vous touchez pas. Aucun contact, c’est bien clair ?

Obéissant à ses ordres donnait avec une voix pressé et autoritaire, seul Jules et une fille du nom d’Astrid étaient restés. Ils finissaient leurs incantations, et une énorme bulle d’eau engloutit Nolan. Puis le sort d’Astrid fut activé et de l’air se forma à l’intérieur de la bulle, lui laissant de quoi respirer.

Tous s’approchèrent et Nathan demanda une explication d’une voix encore plus paniqué. Ce qui arrivait à mettre Tom dans cet état était certainement une chose à redouter.

Tom, une explication si possible, on est perdus là !

Il cessa de se toucher le nez et sembla prendre conscience de leurs présences.

–          Oui, pardon, c’est juste qu’entrer en contact avec son corps ou rester près de lui est dangereux.
S’il s’est effondré sans avoir subi de dommages physiques, internes ou externes, c’est qu’il a contracté quelque chose comme une maladie ou un parasite. Je n’arrive pas à voir ce qu’il a pu ingérer de diffèrent par rapport à nous, et vu que les autres ont l’air d’aller bien, surtout moi et mon physique inférieur, la seul chose qui reste c’est une maladie. Contagieuse ou non, on ne sait pas comment elle se transmet. Si on peut au moins limiter la transmission, c’est une bonne chose de faite.
Tu peux toujours essayer de jeter un sort de soin, Amélie, mais je doute que ça marche.

Amélie avait déjà commençait son incantation sans attendre la fin de sa phrase. Mais en essayant de placer le cercle magique, il rebondit sur la pellicule d’eau qui formait la cage aqueuse.

En voyant l’expression désespéré d’Amélie, Jules proposa gentiment.

–          Je peux changer un peu la cage pour qu’elle ne soit plus aussi hermétique si tu veux, je pense que le sort pourra la traverser alors.

Relevant la tête, la guérisseuse s’apprêta à accepter quand Tom intervint avec force.

–          C’est absolument hors de question. Avec le volume d’air qu’il y a là-dedans, il en a pour environ dix minutes, une fois les dix minutes passées, je demanderai à Astrid de relancer son sort pour renouveler sa réserve d’oxygène, mais impossible de changer la cage, si la maladie est transmissible par voie orale, on s’expose à un risque. Il devra se passer de ta magie.

Massant ses tempes, Tom finit par s’adresser à Nathan.

–          Nat, va voir les autres et demande leur s’il ont vu Nolan manger quoique ce soit de bizarre ou s’il a fait des choses étrange récemment.

Nathan parti, ils fixèrent Nolan avec des regards inquiets.

Il était allongé sur le ventre, la tête tourné vers eux. Son corps était agitait de petites convulsions. Soudainement, il releva le haut de son corps et se mit à vomir du sang.

Le liquide rouge recouvrit la membrane d’eau et dégoulinât au sol.

De son nez et de ses oreilles, du sang coulait.

Il convulsa et vomit du sang à nouveau.

Nathan revint en courant.

–          C’est du sang, Sarah l’a vu boire le sang du monstre quand il lui a tranché la gorge ! Ça veut dire que c’est pas contagieux !

Tom hocha la tête et soupira de soulagement. Le peur qu’ils soient tous décimés par un virus inconnu avait disparu. C’était peut-être une action insensible par rapport au blessé, mais du point de vue rationnel de Tom, la vie d’une personne ne valait pas qu’on sacrifie celles d’une trentaine.

–          Je vois, ça veut dire que tu peux modifier ta cage, Jules, fait en sorte que les choses puissent entrer mais pas ressortir, à part l’air. Juste l’air ! Il vaut mieux éviter tout contact avec lui.

En acquiesçant silencieusement, le garçon commença à chanter dans la langue incompréhensible.

Un scintillement parcouru la membrane aqueuse et Amélie jeta à nouveau son sort sur l’adolescent qui se roulait au sol dans son propre sang.

La magie fit son effet et ses tremblements cessèrent. Il ouvrit les yeux et aperçut les visages penchés sur lui à travers l’eau, les traits soucieux et angoissés.

–          Qu’est-ce… qui m’arrive ?

Sa voix était faible.

Tom ne broncha pas, son visage resta de marbre. Ils étaient dans la même situation qu’avec Joseph, mais cette fois-ci, il ne voyait aucun moyen de le sauver. Des hypothèses et des idées apparaissaient, mais elle n’était pas forcément viable.

–          Tu te rappelles avoir bu le sang du monstre dans la confusion tout à l’heure ? C’est très certainement la raison de ton état. On ignore comment te soigner, les sorts d’Amélie ont l’air de diminuer un peu ta douleur, mais ça ne va pas te guérir…

Le garçon à terre commença à divaguer, aucun indice indiquait qu’il avait saisi le sens de ses paroles. Des petites gouttelettes de sang commençaient à se former sur la peau visible, suintant par les pores de son épiderme. Ses vêtements étaient imbibés et prenaient une couleur carmin.

–          Je vois, ton sort de soin le rend lucide pendant un tout petit instant… Dans cette situation, j’avoue n’avoir aucune idée de comment le sauver. L’écoulement du sang par les oreilles et les yeux est en générale l’indication d’une hémorragie cérébrale…

Amélie avaient les larmes aux yeux et les autres étaient blêmes. Peut-être réalisaient-ils que la mort pouvait rendre visite à n’importe qui, quel qu’en soit la raison.

–          T’es sûr qu’il n’y a pas un moyen de le sauver ? N’importe quoi serait bien puisqu’on a aucune idée pour commencer.

Regardant Nathan droit dans les yeux, Tom y lut sa peur et son impuissance. Il baissa la tête et se remit à se frotter frénétiquement le nez.

–          J’ai peut-être une idée, mais les chances pour que ça fonctionne sont très faibles… Le risque d’empirer sa situation est très élevé.

Amélie secoua la tête.

–          On ne peut pas se permettre de risquer sa vie dans une expérience ! Trouve une solution plus sûre !

Exaspéré, Tom voulut lui faire une rapide leçon de morale en présentant des arguments logiques, mais Nathan le prit de court.

–          Non, ce qu’on ne peut pas se permettre, c’est de rester là à rien faire, s’il est en train d’agoniser, je préfère essayer de faire quelque chose pour le sauver, c’est pas comme s’il avait quelque chose à perdre. Tom, qu’est-ce qu’on peut faire ?
–          Demande aux autres d’aller chercher le genre de fruit qu’on avait jeté, tu sais, avec les points et les lignes violettes. Ramassez que ceux qui ont beaucoup de violet sur eux et ramenez-les.

Se levant d’un bond, Nathan se précipita vers le groupe resté en retrait qui murmurait anxieusement. Leurs expliquant rapidement la situation, tous se dépêchèrent vers la forêt.

Cinq minutes n’était pas passées que Nathan revint en courant, les bras chargé de fruits.

–          Ok, il faut que tu lances ton sort de soin pour qu’il redevienne lucide, Nathan va lui expliquer le deal. S’il refuse de les manger, on ne pourra que le laisser dans sa cage et attendre qu’il trépasse. Au vue de la vitesse de réaction cependant, je ne pense pas qu’il en ait pour longtemps.

Le sort fut lancé et Nathan se dépêcha de lui présentait les options qui s’offrait à lui, manger le fruit qu’ils avaient placés dans la bulle ou attendre de mourir.

–          Non… Je… Je veux pas… mourir…

Ses yeux se perdirent dans le vague et il se remit à divaguer. Nathan se mordit les lèvres, se sentant impuissant à le convaincre.

–          Amélie, relance ton sort de soin.

L’ordre de Tom fut exécuté.

–          Nolan, tu vas crever, c’est sûr et certain. Essaie au moins d’avoir une utilité pour ceux qui vont vivre. Si on peut savoir si cette chose est sans danger ou non, t’es le sujet parfait. T’as plus rien à perdre et j’estime qu’il y a une chance que ça puisse te sauver… Maintenant choisis, et en vitesse.

Un rictus s’afficha sur le visage de Nolan déformé par la douleur.

–          Enfoiré… t’as pas… de cœur…

Il s’empara du fruit devant lui qui trempait dans sa mare de sang.

C’était une sorte de baie verte de la taille d’un grain de raison avec le cœur d’une couleur violette si concentré qu’il en devenait noire. Il semblait que c’était le fruit avec la plus grosse concentration de matière violette trouvable aux alentours.

D’un mouvement qui lui fit grincer des dents tant la douleur était importante, il le fourra dans sa bouche et mordit dans la chair juteuse.

La réaction fut presque immédiate. Une fumée s’échappa par tous ses orifices en volutes sombres, flottant au-dessus de lui, retenu par la membrane aqueuse. Sa peau aussi en dégageait mais plus faiblement. Un hurlement à glacer le sang s’échappa de ses lèvres et son corps se cambra.

Son arme, un genre de claymore, brilla d’une intense lumière et s’agrandit significativement. Elle atteignit une taille si importante qu’elle étirait grandement la cage d’eau où elle était contenue.

Le corps de Nolan fut parcouru de convulsions qui produisaient des craquements sinistres. Sa peau fumante était comme agitée par quelque chose qui se déplaçait à l’intérieur de son organisme. Ses mains se tordirent et en craquant, ses doigts se brisèrent en formant des angles étranges.

Ils continuèrent de s’agiter en grinçant. Sa peau se déchira et les os percèrent les lambeaux restant. Ils étaient plus longs que précédemment, comme si les craquements les faisaient pousser de force.

Pendant un moment, Tom et Nathan pensèrent qu’il pouvait être sauvé. Même si cette transformation paraissait douloureuse, peut-être allait-il se débarrasser du sang qui avait empoisonné son corps et se transformer en un super homme ou quelque chose dans ces lignes-là.

La fumée commençait à couvrir son corps. Les adolescents aperçurent une de ses jambes. En quelque secondes, ses os se brisèrent et ressortirent en transperçant sa chair.

Nolan hurlait toujours.

La fumée devint si dense qu’ils n’apercevaient plus rien à l’intérieur.

Approchant leurs visages pour essayer de discerner quelque chose dans le brouillard épais, ils plissèrent des yeux.

Le cri de Nolan venait de s’arrêter.

Un bruit horrible explosa et la cage fut recouverte de l’intérieur par un liquide rouge. Ici et là, on pouvait apercevoir des parties plus clairs ou plus foncés.

La fumée avait disparu, et le sang commençait à coulait le long de la paroi sans laisser de trace.

Jules, apercevant l’intérieur de sa cage, se mit à vomir bruyamment. Astrid et Nathan firent de même. Amélie s’était évanouie. Même Tom était blême.

À l’intérieur de la prison aqueuse, la vision sordide du cadavre de l’adolescent était digne d’un des meilleurs films gore.

Nolan était introuvable, seul persistait un squelette éclaté et des morceaux d’organes et autres muscles. Tom cru reconnaitre un bout de crâne, mais il n’en était pas certain avec tout ce sang.

–          Et bien maintenant on sait que la substance violette n’est pas comestible…

Personne ne releva son commentaire.

Après qu’ils aient retrouvé leurs aplombs, Tom demanda à Eva de réutiliser son sort pour faire disparaître le cadavre de leur camarade.

–          Impossible, c’est mon sort le plus puissant, quand je l’utilise, je deviens si fatiguée que je suis incapable de recommencer à faire de la magie.

Tom chercha alors à ce que quelqu’un se débarrasse magiquement du corps sans laisser de traces. Elias se porta volontaire et utilisa un sort pour désintégrer les restes de Nolan et la cage d’eau en même temps.

Amélie avait été transportée jusqu’à une des maisons provisoires par Nathan.

Jules et Astrid, secoués, avait le regard perdu dans le vague, incapable de parler tant le choc était important.


Le reste de la journée se passa en silence. William jouait encore de sa flûte, mais même lui affichait un air sombre. La mélodie qui emplissait le campement en deuil était triste et lente.

Joseph avait taillé un morceau de bois en forme de pierre tombale. Il y avait inscrit le nom complet du trépassé, ‘Nolan Lavaut’, ainsi qu’un petit ‘5’. Il avait fait de même avec ‘Mathieu Cornet’, à la différence que celle-ci avait un ‘1’.

Ils avaient tenu une petite cérémonie durant laquelle un grand nombre d’élève avait prononcé quelques mots en l’honneur du défunt.

Les stèles avaient été plantées en bordure de la forêt, loin du campement.

Le soir venu, ils avaient respecté une minute de silence pour Nolan et Mathieu. Une fois le repas terminé, ils partirent se coucher tandis que le groupe de garde prenait place.

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6 commentaires sur “Pérégrinations en Monde Inconnu 4 : Là où on saigne

  1. Très sympa comme histoire. Les symptômes décrits mon plus fait penser aux fièvres hémorragiques (type ébola, Marburg, fièvre jaune,…) qu’à une hémorragie cérébrale. Je me demande ce qu’est cette substance violette, vu l’état du client ça a des propriétés détonantes (il y a plein de tests que j’aimerai faire dessus).
    Enfin pour Tom, pour son prochain patient, je recommande un traitement symptomatique par sort de soin le temps que la toxine soit éliminé.

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    1. Ouaip, une hémorragie cérébrale va pas avoir de saignement externe puisque c’est dans le cerveau x’)
      Après, l’agent est extrêmement rapide ( et malheureusement pour toi, tu ne verras pas Tom faire des tests avec bien qu’il ne manquera pas d’en faire). Sans vraiment te spoil, la ‘toxine’ n’en est pas véritablement une, c’est plus complexe que ça XD

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