Pérégrinations en Monde Inconnu 5 : Là où on s’entraîne

Auteur : SamiHuunter


Chapitre 5 dans les bacs o/

Tant que Wari ne vient pas, je continuerai de vous inonder de mes conneries, muéhéhé !

Sur ce, bonne lecture 😀


Une semaine s’était écoulée depuis la mort de Nolan.

Grâce à William et son pouvoir spécial, les visages avaient perdu leurs expressions sombres pour sourire à nouveau.

Charlotte avait été la plus traumatisée par le décès du garçon. Après la disparition de Mathieu, un de ses élèves trépassait sans qu’elle ne puisse rien y faire.

Nathan et Tom avaient essayé de lui remonter le moral, mais ils finirent par la laisser assise à côté de William pour qu’elle profite de sa musique réparatrice au maximum. Elle resta trois jours à ses côtés, ne se séparant de lui que pour dormir, une expression hébétée ne quittant pas son visage.

Au bout du quatrième jour, elle sortit enfin de sa torpeur et reprit du poil de bête.

Anthon était en pleine forme. Il s’était réveillé le lendemain en même temps qu’Amélie et avait repris les commandes de son groupe. Romane afficha un petit air triste en comprenant qu’elle ne pourra pas s’occuper plus longtemps de son amoureux, mais il se dissipa rapidement.

Les travaux avaient bien avancé en une semaine. Le rez-de-chaussée était terminé et ils dormaient désormais dedans. Le premier étage était entamé et Joseph estima que trois jours serait suffisants pour finir entièrement la construction le dortoir.

Une idée de toilette et de douche avait été soumise aux responsables des travaux, Charlotte et Joseph, mais ils firent appel à Tom pour créer quelque chose de fonctionnel.

Un prototype de toilette fut créé par Joseph en suivant les indications de son camarade, et ils furent satisfaits du résultat.

L’eau devait être créée par la magie à chaque fois pour remplir la chasse et un système de levier devait être utilisé pour séparer les types de déchets. Les excréments étaient envoyait à travers des tuyaux en bois dans une grande cuve préparé pour l’occasion, à l’extérieur du campement.

C’était une idée de Charlotte, créer un composte naturel dans l’hypothèse où ils auraient à faire pousser des légumes ou des plantes.

Durant la semaine qui était passée, aucun événement majeur ne s’était déroulé.

Les relations entre les survivants s’étaient renforcées avec la mort d’un de leur camarade, à part celle entre eux et Tom. Amélie avait exprimé son opinion sur ce qu’il avait forcé Nolan à faire dans ses derniers moments.

–     C’est inhumain ! Il était en train de mourir, et toi tu l’as traité comme un simple sujet d’expérimentation ! C’est comme ça que tu nous vois, hein ? Un moyen d’approfondir ton savoir en faisant des tests sur nous ? Tu me répugnes !

Le masque de dégoût sur son visage quand elle lui jeta ces paroles à la figure de Tom le laissa de marbre.

Il l’ignora et se détourna d’elle pour reprendre sa marche en direction du site de construction.

–     Attends un peu ! Ne crois pas que tu peux t’en sortir comme ça !

Lâchant un soupir exaspéré, Tom se retourna vers elle, quelque peu irrité.

–     Et alors ? Tu veux que je fasse quoi ? M’excusez auprès de sa tombe ? Il est mort, c’est terminé. Je sais que j’ai fait le bon choix, tu vas peut-être me dire qu’il allait être guéri, mais dans la situation où il était, il nous a permis d’éviter de mettre en danger inutilement un autre camarade. J’aurais été à sa place que j’aurais fait la même chose.
Au cas où tu ne le savais pas, certains médicaments contre le cancer ou d’autre maladie sont testés directement sur des patients en stade terminale, ils n’ont plus rien à perdre et ils pourraient être guéris. C’était la même chose avec Nolan, il a choisi de manger le fruit pour qu’on sache ses effets avec le risque de précipiter sa mort. Je ne l’ai pas forcé.
Si tu veux me détester pour avoir fait quelque chose d’utile au groupe, je t’en prie, mais juste fais-le en silence.

Le ton presque indifférent de Tom amplifiait sa colère et la faisait trembler. Elle serra les poings et baissa la tête pour cacher son visage. Des larmes de rage lui étaient montées aux yeux.

C’était la première fois qu’elle sentait sa colère rager à l’encontre de quelqu’un. Le fait que Tom traite un camarade de classe comme un cobaye alors qu’il était mourant était une chose qu’elle jugeait immorale. Elle comprenait l’idée générale, mais les méthodes étaient trop dures pour être acceptées.

Tom était déjà parti quand elle releva la tête.

Furieuse contre elle-même pour laisser libre cours à ses émotions, et encore plus contre son camarade nonchalant, elle marcha à grand pas vers une des cabanes provisoires. Amélie claqua violemment la porte et se retrouva en face de Lily et Zoé qui la regardait avec des expressions stupéfaites.

–     Tu devrais peut-être t’excuser auprès d’elle tu sais, elle t’en veut juste de toujours avoir l’air blasé.

Nathan termina sa phrase en esquivant la botte que Tom essaya de placer.

Ils s’entraînaient au combat à l’épée avec des armes faites par Joseph. C’était une routine qu’ils pratiquaient tous les matins et tous les soirs pendant une heure au moins. Nathan possédait un savoir de la maîtrise de son arme grâce à ses pouvoirs et Tom apprenait à une vitesse époustouflante.

La disparité persistait dans la différence des capacités physique. Pour Tom qui n’avait ni pouvoir magique, ni physique amélioré, son corps rarement entraîné le faisait souffrir le martyre et les courbatures s’accumulaient de jour en jour.

Nathan avait l’air à l’aise, contrairement à son ami qui transpirait à grosses gouttes.

–     C’est pas la peine. C’est mieux comme ça. Vaut mieux qu’elle continue à penser que je suis mauvais. Comme ça je peux continuer à jouer mon rôle.

Son souffle court le forçait à faire des réponses courtes. Il abattit son arme en diagonale dans l’espoir de toucher son partenaire d’entraînement, mais il l’esquiva avec aise.

–     Trop évident et pas assez rapide. Si tu penses que jouer le méchant est une bonne chose, je crois que tu te trompes. Amélie est une fille intelligente, elle s’en rendra compte au bout d’un moment. Ta garde est trop ouverte.

En donnant un coup d’estoc, son arme s’enfonça dans le ventre de Tom qui s’effondra en terre en gémissant pitoyablement.

–     On fait une petite pause.

Tom grogna son accord.

Les deux compères s’adossèrent à un tronc d’arbre qui gisait en attente de se faire transporter au campement.

–     Amélie est peut-être une fille intelligente, mais elle est trop pure et déborde d’idée positive sur les gens. Même si je lui expliquais correctement la logique derrière mes actions, elle continuera de croire que j’ai mal agi. Pour elle, utiliser un mourant est une chose irrespectueuse, elle sait que j’ai raison au fond d’elle-même, mais pour rien au monde elle ne l’avouera.
Et puis honnêtement, si c’est le seul gars du groupe incapable de pratiquer la magie ou d’aider pendant les travaux physiques qui s’occupe des basses-besognes, ça arrange tout le groupe. Dans notre monde, y’a bien des gens qui nettoient nos chiottes, c’est la même chose ici.

Nathan sentait de la tristesse dans la voix de son ami, mais il se retint de faire un commentaire. Il comprenait son point de vue, et même s’il n’était pas entièrement d’accord avec lui, il ne voulait pas commencer un débat qu’il savait perdu d’avance.

–     Je vois… Si c’est ce que tu veux, je ne dirais rien dans ce cas. Laisse-moi juste te dire que des gens risquent de te détester pour ça.

Avec un énième soupir, Tom répondit.

–     Je sais, mais ça ne me change pas trop de la classe, je peux continuer à rester seul, c’est pas comme si je n’en avais pas l’habitude.
–     Et voilà que tu me fais le discours typique de l’héroïne tragique !

Un sourire aux lèvres, l’adolescent continua de plaisanter jusqu’à ce qu’Anthon fasse irruption.

–     Ah, vous voilà, je me demandais où vous étiez passés.

Anthon avait changé depuis leur arrivée dans ce monde. Sa timidité avait disparu, remplacé par de la confiance en soi. Il était toujours le même dans sa façon de traiter les gens avec délicatesse, mais il avait cessé de marcher courbé pour se déplacer maintenant avec assurance.

–     Salut Anthon, on prend une petite pause avant de reprendre l’entraînement, tu veux participer ?

Le géant s’illumina en entendant la proposition de Nathan.

Quand il s’agissait de se battre, il devenait peut-être un peu trop enthousiaste.

En voyant le visage radieux du nouveau venu, Tom grimaça.

–     Urgh, sans moi, j’ai déjà assez mal comme ça, je tiens à limiter les dégâts.

En riant de la réaction excessive de son ami, Nathan saisi son épée et jeta celle de Tom en direction d’Anthon. Il la rattrapa habilement et se mit en garde.

Il tenait son arme un peu maladroitement, comme un débutant le fera, et pourtant son corps entier clamait le contraire.

Anthon possédait peut-être une force supérieure à tous les humains du campement, il n’avait aucune véritable maîtrise sur les armes. Il s’entraînait dès qu’il pouvait en compagnie des autres « Guerriers », mais il ne pouvait pas apprendre à la même vitesse que Tom. Il compensait son manque de technique par une force brute associée à un instinct et des réflexes extrêmement aiguisés.

Nathan se jeta sur lui, pointe en avant, dans une tentative d’estoc.

Avec une vitesse qu’on aurait crue impossible, Anthon dévia l’épée qui fonçait vers lui tellement fort que l’assaillant en fut déstabilisé.

Nathan retrouva son équilibre tant bien que mal mais le géant avait déjà amorcé sa contre-attaque.

Forcé de parer la lame en bois qui risquait de lui briser la tête, avec son équilibre précaire et la force incroyable qui alourdissait l’arme, Nathan sentit le choc de la rencontre des deux épées remonter dans son bras en l’engourdissant et fut incapable de garder sa stabilité.

Sautant en arrière pour se rétablir et se distancer d’Anthon, il changea sa main d’arme et opta pour une garde plus défensive.

Avec son pouvoir, s’il se servait de son arme de prédilection, l’épée, même avec sa main gauche, il ne perdait en rien son avantage en matière de technique et de maîtrise.

Ils restèrent plusieurs minutes à s’échanger des coups, Nathan s’effaçant en déviant l’épée de son adversaire juste assez pour éviter d’être touché.

Anthon faisait confiance en ses instincts pour empêcher la lame de Nathan de le toucher et il parait presque toutes les attaques. Il en recevait quelque un, mais ils n’était pas accompagné d’une grande force et ne lui infligeaient aucun dommage signifiant.

Soudain, ils s’éloignèrent l’un de l’autre et se regardèrent en essayant de reprendre leurs souffles.

Cette fois-ci, ce fut Anthon qui bougea en premier.

En s’élançant vers Nathan qui l’attendait de pied ferme, le géant brandit son arme en bois et l’abattit en direction de l’adolescent devant lui.

Se savant incapable de recevoir un coup asséner par Anthon et sa force monstrueuse ou même de le parer sans perdre l’usage momentané de son bras, il fit un pas en arrière et guida la lame qui le visait avec la sienne d’un petit mouvement de poignet.

Il sentit le mouvement d’air provoqué par le coup d’Anthon sur son visage quand il passa à quelques cheveux de lui.

Ne pouvant stopper son élan, Anthon essaya de modifier la trajectoire de sa lame, mais Nathan avait déjà fait un pas sur le côté et d’un coup sec, il frappa le poignet du géant en y mettant toute sa force.

Avec un grognement de douleur, Anthon laissa son épée s’échappait de ses mains et atterrir sur le sol.

–     Pfiou, c’était limite, si tu savais un peu mieux te servir de ton épée, j’aurais été dans la mouise.

Anthon lui répondit en affichant un sourire enfantin tout en massant son poignet endoloris.

« Se battre doit vraiment lui faire plaisir » pensa Tom en le regardant.

Il avait observé le duel en essayant d’en soutirer le maximum d’information possible, mais même s’il pouvait suivre leurs mouvements des yeux, il était dans l’incapacité totale de reproduire leurs vitesses, encore moins d’y ajouter de la force.

S’il devait se battre contre le colosse, il était certain d’en ressortir horriblement mutilé. Sa certitude était renforcé en voyant le bras de Nathan continuer à trembler, même après tout ce temps et avec sa résistance, il était toujours inerte et tremblait légèrement.

Dans l’hypothèse où Tom venait à parer Anthon de la même manière, son bras se briserait comme une vulgaire petite brindille.

La voix de Nathan le fit revenir sur terre.

–     Oi, on va manger, tu restes ici ou tu bouges ?
–     Désolé, je réfléchissais, j’arrive.

Les trois jeunes cheminèrent vers le campement d’où provenait une bonne odeur de nourriture.

–     Franchement, je commence à en avoir marre de toujours manger la même chose.
–     C’est vrai, toujours du poisson et ces fruits, à force, ça en devient presque dégoutant.

Chris et Jules, qui venaient de prononcer ces mots, sentirent soudainement un frisson parcourir leurs échines.

Ils se retournèrent pour découvrir Julie qui les regardait en souriant. Son sourire était sans joie et il y avait quelque chose de terrifiant qui se reflétait dans ses yeux foncés.

Les deux garçons déglutirent péniblement.

–     Haha, c’était juste une blague Julie, t’en fais pas, c’est vraiment super bon ce que tu prépares !
–     Oui, mauvaise blague, je te l’accorde, mais une blague quand même… c’est vraiment super méga bon… alors ne nous tue pas s’il te plait…

Ils rirent nerveusement.

Voyant l’absence de réaction de Julie qui continuait de les regarder en souriant, ils se turent en baissant piteusement leurs têtes.

–     Une blague, hein ? Je vois, mon sens de l’humour est certainement trop atrophié pour la saisir, pas la peine de vous mettre dans cet état… Je ferai tout de même des efforts pour vous offrir le meilleur de mon art pour la prochaine fois.

Elle s’était exprimée avec un ton mielleux mais ses propos charriaient des menaces qui firent empirer l’état déjà misérable de Jules et Chris.

Nathan, qui dévorait avec appétit sa part, releva la tête et finit de mâcher.

–     Ils ont quand même raison sur un point… on a pas assez d’ingrédients. On a pu constater que manger de la viande de monstre est impossible et la pluparts des fruits sont eux aussi non-comestible.

Tout le monde baissa la tête en se remémorant les restes du cadavre de Nolan.

–     Ce qu’il faudrait, c’est explorer un peu les alentours pour voir si on ne peut pas trouver autre chose que des arbres. Avec un peu de chance, d’autres humains existent dans ce monde.

Unanimement, les adolescents et les deux professeurs acquiescèrent.

Nathan reprit la parole.

–     Dans ce cas, il faut d’abord qu’on finisse la construction du dortoir pour faire la première palissade, après ça, on pourra envisager d’envoyer un groupe en exploration.

C’était la meilleure chose à faire.

Avec la muraille intérieure, les gardes nocturnes pourront être allégées et une absence prolongée de plusieurs éléments du groupe sera plus facilement compensée.

En entendant sa proposition, le groupe se sentit gonflé à bloc.

Plus ils travailleront dur, plus vite ils pourront obtenir des renseignements sur ce monde. C’était évident que pour rentrer chez eux, il fallait obtenir un maximum d’informations, et de ce fait, finir les constructions devenait une chose primordiale.

Ils terminèrent le petit-déjeuner rapidement et se dirigèrent vers le chantier en bavardant joyeusement.

L’objectif de la journée était de finir au moins le premier étage avant de commencer à poser le toit.

Tous se mirent à travailler avec enthousiasme.

Les soleils avaient disparus derrière la ligne d’horizon représentée par le feuillage épais des arbres.

La construction du dortoir avait grandement avancé. Les adolescents n’était pas parvenu à finir le premier étage, mais ça serait chose faite le lendemain.

Le déjeuner et le diner avaient été avalés rapidement et maintenant, un grand nombre d’élèves étaient partis dormir.

Chris et Jules s’étaient couchés en ronchonnant.

Ils avaient eu droit à des plats spécialement préparés pour eux par Julie. Ils étaient tout à fait comestibles, mais elle avait fait en sorte de leurs donner un goût si horrible que l’odeur qui s’en dégageait avait fait fuir toutes les personnes aux alentours.

–     Et bien alors ? Vous ne mangez pas ? J’ai fait exprès de préparer quelque chose de différent pour vous changer du goût habituelle, si vous trouvez que ça pourrait être meilleur, je peux toujours essayer d’autres choses.

Jules avait interprété différemment ses propos : « Voici votre punition, si vous refusez de manger, je vais créer quelque chose de pire encore. »

Le pire était certainement le regard qui les fixait et les empêcher de se désister.

Ils se pincèrent le nez et avalèrent une bouchée. En se retenant de tout vomir, ils se forcèrent à tout avaler. Julie hocha la tête et en souriant, acheva les deux suppliciés d’une phrase.

–     Oh ! Puisque vous avez l’air d’aimer ça, je vais me faire un plaisir de continuer à vous en préparer.

Les visages décomposés des deux garçons faisaient trop pitié pour qu’on rigole d’eux.

Ils avaient eu la même chose pour le dîner. Julie semblait avoir la rancune tenace.

Tom, qui ne pouvait pas aider sur le chantier du fait de son faible physique, était resté à l’écart, faisant des tests sur les fruits regorgeant de la substance mauve. Cependant, il n’avait rien découvert.

Perdu dans ses pensées, il n’entendit pas Nathan s’approcher. Sa voix le ramena sur terre.

–     Tu viens ? Anthon a déjà commencé tout seul.

Relevant la tête, il soupira et suivit son ami qui marchait vers la forêt.

Ils retrouvèrent Anthon qui répétait des mouvements simples avec une épée d’entraînement.

Après un échauffement rapide, Nathan et Anthon échangèrent quelques coups tandis que Tom reproduisait des techniques qu’il avait observées plus tôt.

–     Hey, ça te dis un petit match, Tom ?

Tom haussa un sourcil en regardant Anthon qui venait de lui poser la question.

–     Tu veux te venger de quelque chose ? Je préfère conserver mes membres et ma tête sur mes épaules.
–     Allez, fait pas le rabat-joie, je veux juste voir comment tu te bats, je vais pas être sérieux.

Lâchant un long soupir, Tom finit par accepter.

Il déposa l’épée qu’il tenait pour en prendre une autre. À la différence de la précédente, qui ressemblait à une rapière, celle-ci était bien plus légère. Elle avait une forme semblable à un fleuret, même si la lame était moins flexible.

Il n’avait jamais réellement pratiqué l’escrime, mais il avait tout appris sur ce sport.

Au collège, Camille s’était inscrite au club d’escrime. Ne connaissant rien à ce sport, elle était allée demander de l’aide à son meilleur ami avec pour raison qu’elle n’avait pas envie d’avoir l’air stupide pour leur premier entraînement.

Tom avait alors passé plusieurs jours à chercher sur internet et dans des livres le maximum d’information possible. Il avait ensuite concocté un programme compact pour lui apprendre les bases.

Possédant un don inné pour tout type de sport, elle avait absorbée comme une éponge les explications que Tom lui fournissait. Son niveau avait atteint un niveau proche du professionnel en quelques jours.

Grâce à sa mémoire absolu, Tom, lui, se souvenait de tout. Il pouvait facilement affronter un maître et être sur un pied d’égalité avec lui. En théorie.

Dans la pratique, il n’avait jamais tenu de fleuret. Ses habitudes de rester enfermer dans une pièce pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, n’étaient en rien quelque chose de sain.

Il n’avait presque aucun muscle, si ce n’est ceux qui s’étaient développés depuis qu’ils étaient arrivés dans ce monde.

Même avec sa nouvelle constitution, il restait faible.

Tom fit quelques moulinets avec le fleuret pour juger sa vitesse d’attaque et la force qu’il pouvait employer. Jetant un coup d’œil à Anthon, il grimaça en se rendant compte que même s’il possédait une plus grande force, il y avait peu de chance de vaincre un colosse comme son camarade.

Une simple claque pouvait très certainement faire voler Tom sur plusieurs mètres.

Découragé, il se mit en garde.

Anthon observa son adversaire avec attention. La pose qu’il venait de prendre était quelque chose qu’il n’avait jamais vu.

Ses deux pieds écartés à bonne distance et positionné perpendiculairement sur le même axe, la jambe avant légèrement pliée, le dos droit et la tête haute. Son bras droit était dans son dos et sa main gauche tenait son arme sans crisper sa poigne.

Il exposait ainsi une plus petite zone, contraire à Anthon qui se tenait de face et offrait son corps entier comme surface d’attaque.

–     Commencez !

Dès que le géant entendit le signal, il commença son assaut.

Il n’était pas sérieux, voulant juste voire la réaction de Tom face à son attaque.

En quelques enjambées, il réduisit à néant la distance les séparant et abattit son arme sur Tom. Il n’y avait presque aucune force dans le coup, son but n’était pas d’écrabouiller son adversaire, mais de le tester.

Anthon s’attendait à ce que son coup soit paré ou qu’il touche Tom, mais ce dernier avait disparu. Les instincts de combat d’Anthon lui envoyèrent un avertissement. Même pas une demi-seconde plus tard, un coup lui fut porté sur le poignet et sur l’arrière du genou.

Tom avait vu le géant foncer sur lui et avait réagi au tout dernier moment.

Essayer de parer équivalait à risquer sa vie, et il ne voulait pas prendre de la distance entre lui et son adversaire. Il s’était effacé sur le côté en remontant sa lame pour toucher le poignet de son assaillant, il contourna Anthon en tournant sur lui-même alors que son ennemi ne pouvait stopper immédiatement son élan.

Il profita de sa rotation pour abattre son arme sur la jambe d’Anthon.

Avec sa force, il était inutile de chercher à le blesser, il avait donc décidé d’attaquer les articulations et les endroits non protégés par son armure naturelle qu’était ses muscles.

Anthon avait balancé son épée vers l’emplacement où il avait estimé la présence de Tom. En se jetant en arrière, Tom parvint à éviter de peu le coup qui l’aurait touché à la tête. Malgré la force réprimée d’Anthon, il sentit tout de même un puissant déplacement d’air cingler son visage.

Bien qu’en déséquilibre, Tom lança sa lame contre le poignet d’Anthon qui n’avait toujours pas fini sa course. Utiliser la force de son ennemi était la seul manière de lui infliger de véritable dégât.

Le choc de son arme contre le bras d’Anthon failli faire tomber Tom en arrière. Il avait serré sa main assez fort pour produire une résistance, mais pas assez pour risquer de recevoir complètement le contrecoup. Son arme lui échappa presque des doigts.

« Ça va vraiment être difficile. »

Alors que cette pensée lui effleurait l’esprit, il s’avança souplement vers Anthon et visa son épaule avec sa lame.

Son fleuret était une arme spécialisée pour des coups d’estoc et non pas dans des attaques visant à trancher, mais du fait de la grande résistance du bois que Joseph avait utilisé pour créer l’épée, frapper avec la fine lame n’aller pas la briser.

En touchant l’épaule, elle se courba avec un claquement sec. Comme un fouet, la lame s’enroulait presque et laissa une zébrure rouge.

Tom s’était déjà écarté d’Anthon. Il avait de nouveau jeté son bras en arrière et si Tom avait été plus lent, son épée l’aurait très certainement touché.

Le géant sentait une petite douleur dans son épaule, rien de bien fâcheux, mais étrangement, il ne parvenait pas à utiliser correctement sa force. Il ne savait pas ce que Tom avait bien pu faire, mais c’était surement à cause de lui qu’il ne parvenait plus à contracter ses muscles comme avant.

Tom se remit en garde.

Prudemment, Anthon s’approcha et tenta de le toucher au bras. Tom s’avança souplement et esquivant la lame et frappa le poignet et le coude d’Anthon. Il s’effaça à nouveau, se mettant hors de portée de son adversaire.

Tom cherchait à incapaciter Anthon. Contre Nathan et ses technique à l’épée, il n’avait aucune chance de même l’effleurer, mais contre Anthon qui ne maîtrisait pas son arme, sa probabilité de le vaincre quand il n’était pas sérieux avait augmenté de quelques point de pourcentage.

Il n’attaquait pas, se contentant d’esquiver Anthon et ses assauts.

Avec sa vitesse grandement inférieure, il utilisait ses capacités intellectuelles pour analyser ses mouvements et prévoir les trajectoires des attaques avec plus ou moins de précision. Il se mouvait en frappant encore et encore le bras armé de l’adolescent.

Quel que soit la position où il se trouvait, il arrivait à le toucher. Il visait toujours les mêmes endroits sur le bras d’Anthon. On aurait pu croire qu’il effectuait une chorégraphie tant ses mouvements était étranges.

Ses coups étaient portés manière inédite, et à chaque fois qu’il prenait une position bizarre et moulinait son bras armé, un claquement sec résonnait.

Les coups portés finirent par faire trembler le bras du grand garçon. Il n’avait pas compris comment il avait fait, mais Tom avait certainement limité ses mouvements. Il grogna en sentant la douleur qui lui parcourait le bras quand il essayait de le mouvoir.

Son épée s’échappa de ses mains et tomba au sol.

–     Je suppose qu’avec ça, on est bon ?

Haletant, Tom brisa sa garde et s’assit sur le sol en expirant longuement. Son duel n’avait pas duré plus de dix minutes, et pourtant, il avait l’impression qu’il avait combattu pendant plusieurs heures. Il transpirait abondamment. Les muscles de son bras lui faisaient atrocement mal et son rythme cardiaque était erratique.

Nathan, qui avait jusque-là regardé en silence le match éleva sa voix.

–     On peut dire qu’il t’a infligé une bonne leçon Anthon !
–     Hum, je me retenais… Mais c’est vrai que je m’attendais pas à ça. Comment t’as réussi à rendre mon bras inutile ?

Tom essuya d’un revers de main son front couvert de sueur.

J’ai juste attaqué plusieurs fois à certains endroits. C’était pas si dur parce que tes mouvements à l’épée sont assez prévisibles. Si tu étais sérieux, j’aurais eu aucune chance.

Anthon fronça les sourcils et se remémora le combat.

–     Je vois…

Il revoyait Tom attaquer sans arrêt les mêmes zones. Les dommages, bien qu’insignifiant, s’accumulaient et finissait par affaiblir les muscles.

Anthon se prit à admirer Tom.

Dans une situation où prendre ne serait-ce qu’un coup pouvait gravement le blesser, il n’était pas resté en retrait et s’était aventuré dans la zone d’action d’Anthon. Grâce à son sang-froid et sa capacité d’analyse, il avait tout esquivé et en avait même profité pour le contre-attaquer.

Tom avait prouvé que son cerveau était supérieur à ses muscles. Anthon se doutait que s’il attaquait sérieusement, Tom serait dans l’incapacité de réagir, mais tout de même, il méritait qu’on le respecte pour ne pas abandonner malgré l’importante différence entre eux.

–     Et depuis quand tu sais faire de l’escrime ? Je croyais que tu ne faisais jamais de sport ?
–     Je n’en ai jamais fait, j’avais appris à Camille l’escrime, et c’est resté dans ma tête. Il suffit juste de reproduire ce que j’ai observé et le tour est joué. Je pourrais vous apprendre si vous voulez, quoi que je doute que ce soit adapté à Anthon…
–     Quand c’est si gentiment proposé, comment pourrais-je refuser ?

Nathan souriait et des étoiles brillaient dans ses yeux. Apparemment, il avait été impressionné par les mouvements de Tom. S’il pouvait apprendre lui aussi à se battre ainsi, fusionné à son physique amélioré et ses techniques à l’épée, il deviendrait presque imbattable.

Tom haussa les épaules.

–     Je vois pas le problème, juste que l’escrime est inutile contre les monstres. C’est pratique contre les humains seulement.
–     On sait jamais, c’est toujours un avantage d’en savoir plus.

Le coin des lèvres de Tom se relevèrent. Cette phrase lui plaisait. Elle représentait bien Tom et sa soif infinie de connaissance.

Le sourire de Nathan s’accentua en voyant l’expression de son ami.

–     Bon, et bien c’est décidé ! On commencera demain !

Anthon ne disait rien. Il repensait encore à son duel et se demandait ce qu’il pourrait faire s’il se retrouvait en face d’un ennemi possédant une force similaire à la sienne avec des techniques égales à celle de Tom.

Contre Nathan, il pouvait prendre facilement des coups. Son combat pouvait se résumer en une confrontation de deux forces brutes et le premier qui arrivait à infliger le plus de dégâts gagnait. Si Anthon associé ça à ses protections, il devenait presque invincible.

Cependant, Tom venait de lui prouver que même une force surpuissante pouvait être contrée. Un adversaire qui analysait calmement sa cible, même sous la pression des coups, et qui assenait des attaques précises pouvait le vaincre facilement.

En regardant le visage profondément concentré d’Anthon, Tom comprit assez facilement son conflit intérieur.

Depuis qu’ils étaient arrivés, Anthon avait vraiment changé.

Le fait d’être dans un autre monde ne lui faisait ni chaud ni froid. Il était devenu une sorte de machine de guerre. Le combat semblait avoir pris une place irremplaçable dans sa vie.

Peut-être était-ce dû à ses armes ?

Tom ne connaissait pas la raison, mais le fait d’avoir perdu contre quelqu’un de plus faible que lui, même s’il n’était pas sérieux, le troublait grandement.

En ce moment, il devait se demander « Pourquoi il a réussi à gagner ? », Tom en était certain en voyant sa face troublée.

–     C’est parce que tu te fis trop à tes instincts, sans techniques et sans réfléchir, c’est impossible de gagner contre quelqu’un qui analyse l’opposant.

Anthon releva sa tête. Il était perplexe.

–     Vraiment ? Mais si on réfléchit trop, on risque de penser à des trucs inutiles, non ?
–     Pas faux, mais si tu réfléchis pas assez, tu finis par ne rien penser du tout et d’agiter ton épée devant toi en espérant toucher quelqu’un. Avec un peu d’entraînement, je suis certain que tu pourrais corriger tes défauts, même si ça vient de quelqu’un qui n’y connais pas grand-chose !

Anthon le remercia. S’il pouvait profiter de l’analyse de Tom pour trouver ce qui n’allait pas et s’améliorer, il accepterait volontiers.

–     Bon, c’est pas tous les gars, mais je pense qu’il faut aller se coucher, demain va être chargé.

Approuvant la déclaration de Nathan, lui et Tom laissèrent Anthon dans la clairière et partirent se coucher.

Étant de garde, Anthon pouvait rester à s’entraîner. Tant qu’il faisait attention aux alentours, il faisait son travail et en profiter pour s’exercer. Il faisait d’une pierre deux coups.

Il resta dans la clairière sous la lumière des lunes qui scintillait sur son corps luisant de sueur. Il répétait les mouvements de base que Nathan lui avait appris encore et encore.

Quand la relève arriva, il se rhabilla rapidement et parti se dormir à son tour.

Il voulait être en forme pour commencer l’entraînement le lendemain.

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4 commentaires sur “Pérégrinations en Monde Inconnu 5 : Là où on s’entraîne

  1. *Bave énormément*
    *Aime beaucoup cette histoire*
    *Pense qu’il faudrait kidnapper l’auter et le faire travailler dans notre cave comme mes autre esc– heuu … auteurs pour en avoir plus*

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    1. ça fait plaisir à entendre en tout cas, pas la partie ou tu menaces de me kidnapper et de me faire travailler 24h/7j bien évidemment !
      Chapitre 6 qui sort quand j’aurais fini le check de GBI de Andecarus x)

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