Perdu dans la nuit 7 : Jouer avec le feu

Auteur : Ilanor
Check : Samihuunter


Yo ! Désolé du retard, j’ai du mal à m’y remettre… L’approche de la fin des vacances sans doute… Enfin, voilà un petit chapitre 7, qui annonce de grands changements ! Peut-être. Sur ce, bonne lecture, et n’hésitez pas à laisser vos commentaires ! :p


Dans les ténèbres tournoyantes enserrant l’obscure place de son village, Aln se tenait au milieu des chandelles. Assis, il ne voyait pas leur lueur, mais seulement les ombres presque vivantes qu’elles projetaient, comme un rappel sinistre de la procession macabre qui l’attendait à l’extérieur du dôme protecteur.

Figé, il attendait. Les sens aux aguets, le coeur serré, il ressentait profondément le léger bruissement des herbes folles ; le léger sifflement de la brise dans ses oreilles résonnait comme un glas lointain. Les formes de la place, pourtant si familières, lui semblaient étrangères et inquiétantes par leurs contours indistincts.

Était-ce une simple pierre ? Ou bien une Ombre, maladivement immobile ? Il le savait, mais il l’oubliait presque

Cette attente malsaine durait, alors que les ténèbres extérieures reflétaient l’intérieur de son coeur bouleversé.

Incrédulité.
Doute.
Réalisation.
Oppression.

Oui, c’était de l’oppression. L’oppression de la nuit qui pressait son corps et son esprit, dont la menace subtile se révélait dans les Ombres étranges, ses peurs.

La Mort allait être son outil et sa compagne. Une malédiction naturelle et malsaine.

Cette réalisation soudaine provoqua en lui un déclic. Il se reprit, et, au coeur des ténèbres, celles de son âme encore choquée s’éclaircirent. Si la mort devait être son outil, il en ferait bien un outil, mais contrôlé à la perfection.

Si par peur, il fuyait maintenant, si par crainte, il abandonnait la seule magie qui lui était accessible, il perdrait la chance de changer cela.

Cette pensée traversant son esprit, Aln sortit de sa torpeur, et jetant d’abord un regard sur les flammes des bougies de nouveau lumineuses, il scruta les Ombres. C’était la première fois qu’il y attardait son regard. Toujours, il le détournait, ne percevant leur présence que du coin de l’oeil. Il en avait trop peur pour les regarder en face.

Un voile se leva. Ses yeux s’ouvrirent à la réalité.

Les formes inhumaines des créatures d’outre-tombe se précisèrent, un linceul de flou se déchira, et elles n’étaient plus étrangères. Elles étaient humaines.

Sursautant, Aln contempla les créatures grotesques dont il était depuis longtemps terrifié. C’était des simulacres d’êtres humains, difformes et ridicules. On distinguait leurs bras, leurs jambes, leur tête, mais pas leur visage. Ou plutôt, elles n’en avaient pas. Leurs traits étaient brouillés, sans identité, toujours identiques, bien qu’on les devine grossièrement humains.

Dans leur yeux brillait une lueur malé… En fait, non, rien n’y brillait. On n’y voyait que le vide d’une mort sans rédemption, un vide dans lequel elles essayaient machinalement de plonger leurs anciens semblables.

Elles ne faisaient pas vraiment peur, elles étaient juste… perturbantes. On les sentait sans volonté, agissant par instinct. Des hommes devenus bestiaux, qui dégageaient une aura nauséabonde qu’Aln ne remarquait que maintenant.

“C’est de ça dont j’ai eu peur tout ce temps…” pensa-t-il, et, comme ce qui est connu perd son étrangeté et son intérêt, il se détourna.

Maintenant qu’il les voyaient, elles étaient presque normales. Bien qu’il ne veuille pour rien au monde s’en rapprocher. Il se concentra donc sur des considérations plus actuelles : il avait enfin le temps de se repasser tout ce qu’Eliana lui avait dit dans son pseudo-rêve, et il en avait besoin…

Elle avait l’air honnête, bien que son attitude désobligeante soit et surprenante, et énervante. Sa situation semblait vraiment être ce qu’elle avait décrit – du peu qu’Aln en sache – et elle n’avait pas de raison de mentir, il la croyait donc pour la majorité de ce qu’elle avait dit.

Pour son livre, c’était une autre paire de manches. Passait que cela lui permette de revoir le passé, mais si ce qu’Eliana en avait dit était vrai, en réalité, son esprit lui-même était envoyé dans le passé, et apparemment, c’était un exploit de le réussir. Il voulait bien le croire aussi, mais alors, qui avait lancé un tel sort ? C’était un héritage de famille, c’était sûr. Mais quel était le lien entre sa famille et ce qu’il voyait ?

Il se posait aussi une autre importante question.

“Merde, mais de quel genre de famille je viens ?”

Il allait devoir enquêter là-dessus. Il s’était toujours secrètement demandé pourquoi ses parents l’avaient abandonné, mais tant que rien ne se passait, il avait préféré ne pas chercher à déterrer une vérité peut-être désagréable. Et quoiqu’il arrive, il n’en avait alors pas les moyens. Maintenant, peut-être que si.

“Et puis ce… guerrier, qui est là à chaque fois, qui est-il ? Il a dit ‘pour nous’, donc on a un lien, mais lequel ? Il ferait partie de ma famille ?” se demandait-il encore.

Aln parlait tout seul. Il n’était pas fou – pas encore – mais curieux. Cependant, il n’aimait pas ressasser des questions sans réponses, et s’intéressa donc à un autre problème.

Comment utiliser son talisman ?

Il se rappelait des rapides instructions d’Eliana : la création, l’imagination, et enfin l’activation, et chercha donc un éventuel cobaye. Pas un être humain, bien sûr. Malheureusement, ou heureusement pour eux, il n’y avait pas un chat. Quant aux créatures grotesques de l’extérieur… et bien, le plus loin il en était, le mieux ça vaudrait. Ne restaient donc que les pauvres petites herbes folles poussant un peu partout entre les pierres… Elles allaient y passer.

“La connaissance des phénomènes impliqués… j’imagine que ça veut dire que je ne peux pas me contenter d’imaginer le résultat, mais aussi les moyens d’y arriver… En gros, je dois me débrouiller avec ce que j’ai.” murmura-t-il.

Il réfléchit. Du feu, des plantes.

Aln eut un petit sourire amusé. Ca pourrait fonctionner. C’était un raisonnement un peu tordu, mais bon… Il n’était pas pyromane, et ne pouvait pas contrôler le feu, mais…

Tenant toujours son Nivtoagl d’une main, de l’autre il déracina une herbe. L’approchant de la flamme, il la garda cependant suffisamment éloignée pour ne pas l’enflammer, puis il ferma les yeux. Il imagina la flamme de la bougie se pencher et venir lécher la plante, et celle-ci s’enflammer brutalement pour finir en cendres, tout ceci en détail.

Il se concentra ensuite sur son talisman, et essaya de superposer à l’image formée dans son esprit la rune associée. La mort évidemment… La mort par le feu, et donc, en contrôlant le moyen – le feu – il donnerait la mort à la plante.

Simple comme bonjour, quoiqu’un peu tordu, et sans effet. Il avait perdu la vue d’ensemble, et s’était retrouvé juste à imaginer la rune… Il réessaya de nombreuses fois, oubliant le temps, oubliant le lieu, et se perdant dans le plaisir de la découverte, bien que chaque essai se finisse de la même manière. Toujours, à un moment ou à un autre, une partie de l’image se perdait, et il devait tout recommencer.

La fatigue commençait à se faire sentir, de même que l’on sentait poindre l’aurore, les Ombres disparaître et les ténèbres s’éclaircir. Aln persévérait encore. Il avait perdu le compte de ses tentatives, mais il continuait.

Enfin, alors que le soleil se levait et que le monde reprenait ses couleurs, il essaya une dernière fois. C’en était devenu automatique. Il attendait presque que ça rate pour pouvoir éventuellement encore recommencer, et… Il se brûla les doigts.

Surpris, il ouvrit les yeux et la main, laissant tomber la plante embrasée vers laquelle se penchait la flamme des restes de la bougie.

Il avait réussi.

Juste au moment où les derniers Ombres grotesques se retiraient à regret, où l’ancien et les autres villageois sortaient, délivrés de la menace des Ombres.

***

Les jours passèrent rapidement.

Personne dans le village ne connaissait la signification de sa rune, pas même l’ancien du village. Il bredouilla donc évasivement que c’était en rapport avec le feu, qu’il pouvait un peu contrôler. C’était après tout la seule chose qu’il ait réussie à faire. Les villageois ne s’enquirent pas plus longtemps de ce qu’il pouvait faire avec, puisqu’en théorie, le Nivtoalg ne servait à rien. Ils avaient festoyé pendant la journée, avant que la vie ne reprenne son cours initial.

En revanche, le simple fait que l’ancien ne connaisse pas sa rune fit dire à la majorité des villageois qu’Aln était un talent rare, car après tout, l’ancien l’était car il connaissait toutes celles des villageois… Il put donc recevoir les cours particuliers de ce dernier, et fut dispensé pour le moment du reste de ses tâches, par respect pour la magie hérité de leurs ancêtres, bien qu’elle soit inutile.

Les jours suivant furent donc consacrés à l’apprentissage de la magie des runes, un apprentissage qui se finit bien vite, lorsqu’au bout d’une semaine à peine l’ancien du village le renvoya chez lui, disant qu’il n’avait plus rien à lui apprendre…

En fait, la seule chose qu’Aln eut besoin d’apprendre, c’était la technique – compliquée – pour créer d’autres talismans. La magie était un don à polir, mais ici, c’était impossible.
Pour cette raison parmi d’autres, une idée commençait à germer dans son esprit. Une idée qui allait chambouler sa vie (encore plus qu’actuellement), mais qu’il sentait devoir réaliser.

Il devait quitter le village.

Chapitre précédent <~ Sommaire ~> Chapitre suivant

5 commentaires sur “Perdu dans la nuit 7 : Jouer avec le feu

  1. Sa commence ! on lui dit dit sa rune sert a tuer et il brule une innocente chose puis veux partir en faire plus O_o non mais c’est un psychopathe, un futur meurtrier !!!!!! i il va cramer son village en partant je le sent bien !

    J’aime

Laisser un commentaire