Contre les Cieux 13 : La brume dangereuse

Traducteur : Nightgale
Adapt : Soreyawari
Check : Teldryn


Un petit post entre midi et deux~


 

« Um… Petite Tante, pourquoi me regardes-tu avec une expression si étrange ? » Réalisant soudainement que l’atmosphère était devenue gênée, Xiao Che retint son souffle un moment avant de poser prudemment cette question.

C’est seulement à cet instant que les magnifiques yeux de Xiao Lingxi, fixant le vague depuis un long moment, tremblèrent légèrement. Elle détourna précipitamment son regard et baissa la tête, en chuchotant doucement : « Tu n’as pas peur que ton épouse, Qingyue, puisse entendre les mots que tu viens de dire à l’instant ? »

Xiao Che prétendit regarder autour lui, puis dit avec un air innocent : « On dirait bien qu’il n’y a personne autour de nous, de quoi as-tu peur ? Mais même si elle pouvait m’entendre, je n’aurais rien à craindre. Tu ne sais pas qu’en fait elle ne souhaitait pas sincèrement m’épouser, et pour ma part, je n’en avais pas non plus envie. Si c’était petite tante par contre, je…
– Ne parles… Arrête de parler ! »

Xiao Lingxi tendit ses mains et les posa fermement contre les lèvres de Xiao Che, scellant ses prochains mots. Elle ne le relâcha qu’après un long moment, appuyant à nouveau son corps contre l’épaule de Xiao Che, et dit paisiblement : « Petit Che, même si j’ai un an de moins que toi, je suis vraiment, sans aucun doute, ta petite tante. Il y a des mots que tu peux dire à d’autres filles, mais que tu ne peux pas me dire… Pendant toute la durée de cette vie… tu ne peux pas les dire… Je sais que dans ton cœur, tu penses vraiment ce que tu dis… mais cela suffit… »

Pendant les deux dernières phrases, la voix de Xiao Lingxi devint très, très faible. Son chuchotement contenait de l’amertume et une tristesse qui aurait brisé le cœur de quiconque l’entendant.

Un frisson parcourut le cœur de Xiao Che. Il n’ajouta rien d’autre, ferma les yeux, et écouta paisiblement la respiration et les battements de cœur de la fille à son côté.

« Quand j’étais jeune, j’étais maigre, la peau tannée, et petite. Tout le monde me traitait de vilain petit canard, se moquait de moi et me martyrisait… » Xiao Lingxi se blottit contre lui, une voix rêveuse s’échappant de sa bouche : « Tu étais le seul qui jouait avec moi. Quand quelqu’un m’embêtait, petit Che se précipitait toujours pour se battre contre eux et les chasser au loin. Tu étais toujours couvert de coupures et de bleus… Les blessures que tu as reçues à l’époque étaient toutes à cause de moi. Je m’y suis habituée, et j’appréciais également le sentiment d’être protégée par petit Che. Je croyais que tu pourrais toujours me protéger ainsi… »

En écoutant ses mots, Xiao Che se souvint de Xiao Lingxi plus jeune. À cette époque, elle était vraiment maigre, bronzée, et petite comme elle l’avait décrit, dans tous les sens du terme, un vrai « vilain petit canard ». Mais parce qu’elle était sa petite tante, en tant qu’homme, et aussi parce qu’il était plus âgé d’un an, toujours, comme si c’était sa mission, il la protégeait de tout son être… Qui aurait pu prévoir que cette jeune femme serait si différente de la petite fille qu’elle était autrefois. L’ancien vilain petit canard s’était transformé en une beauté à présent. Qui sait combien de jeunes hommes du Clan Xiao bavaient en rêvant d’elle ?

« Plus tard, petit Che a découvert que ses veines profondes étaient déformées. J’ai commencé à cultiver sans relâche ma force profonde… parce que c’était à mon tour de protéger petit Che. À l’époque, je pensais que petit Che qui me protège, ou moi qui protège petit Che, tout cela revenait au même. Dans tous les cas, on serait tous les deux… Ce n’est que lorsque j’ai lentement grandi que j’ai fini par comprendre que petit Che trouverait une épouse, et que je devrais également me marier. À ce moment-là, nous ne pourrions absolument plus être comme avant… De plus, de toutes les filles au monde, la seule que petit Che ne pouvait épouser, c’était moi… Et de tous les garçons au monde, le seul que je ne pouvais épouser, était petit Che. »

Xiao Che : « …… »

« Après tout ce temps, je pensais l’avoir déjà entièrement accepté. Aujourd’hui petit Che s’est marié. Je devrais être contente, mais du matin au soir, c’était comme si quelque chose avait été enfoncé dans mon cœur. C’est une douleur indescriptible. Quand j’ai voulu m’endormir, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil, quoi que je fasse… Et petit Che, quand tu m’as dit ces tendres mots… J’étais en quelque sorte heureuse, mais triste à la fois… Que m’est-il arrivé ? »

Xiao Che sentit son estomac se nouer. S’il n’avait encore rien dit jusque là, il n’avait aussi aucune idée de ce qu’il devait répondre.

Ce vague et dangereux sentiment entre lui et Xiao Lingxi était né il y a bien longtemps. Quand ils avaient pris conscience de ces émotions, à la fois interdites et dangereuses, ils avaient tout de même continué de rester ensemble nuit et jour, mais n’avaient jamais eu ne serait-ce qu’un semblant de conversation sincère à ce sujet. En fait, dans leurs cœurs, ils les avaient mis sur le compte de l’affection familiale.

Sans les souvenirs de la vie sur le Continent du Nuage Azuré, Xiao Che avait été un pleutre ayant tendance à se rabaisser. Même aux portes de la mort, il aurait seulement essayé d’échapper à ces mots, qui lui étaient impossibles de prononcer à voix haute. Jusqu’à ce que ces sentiments soient complètement enfouis. Xiao Lingxi… n’avait, avant aujourd’hui, jamais révélé ce qu’elle ressentait, pas une seule fois. Mais le Xiao Che d’aujourd’hui n’était pas le même Xiao Che qu’hier, et il avait prononcé ces mots inconcevables. En réponse, l’indécisive Xiao Lingxi, au sommet de cette colline isolée, dans les montagnes à l’arrière, avait laissé échapper au cœur de la nuit ses irrépressibles émotions qu’elle s’était interdit de révéler.

Le cœur de Xiao Che s’emballa à un rythme affolant. Tandis qu’il inhalait l’arôme enivrant de cette fille, il tendit son bras droit, pour enlacer tendrement le corps de Xiao Lingxi. Elle trembla légèrement, mais ne résista pas. Xiao Lingxi ferma les yeux, se lovant silencieusement sur lui de tout son corps.

L’adorable corps de cette jeune fille était doux, comme dépourvu d’os, et semblait être du jade délicat, enivrant et chaleureux. Sa douce peau satinée, bien que couverte par plusieurs couches de vêtements, pouvait quand même faire vibrer l’âme d’une personne. Xiao Che n’osait pas l’enlacer trop fort, de peur de l’effrayer ou lui faire mal. Cependant, il sentit immédiatement une paire de bras semblables à du jade s’enroulant discrètement autour de son dos, prenant l’initiative de le tenir de plus en plus près. Un léger parfum léger et plein d’arômes, d’une provenance inconnue, s’insinua dans ses narines jusqu’à profondément dans son cœur.

L’audace de Xiao Lingxi dissipa l’hésitation dans le cœur de Xiao Che. Il tendit sa main gauche pour enlacer sa fine taille, mais son esprit se figea tout à coup. La destination de son bras avait accidentellement changé. Quand il la posa, la sensation d’une douce et chaude petite bosse fut transmise à sa main.

« Ah… »

La bouche de Xiao Lingxi laissa échapper un gémissement. L’esprit de Xiao Che était dans le chaos. Il voulut retirer sa main immédiatement, mais le délicat bras de jade de Xiao Lingxi se posa sur la main qui l’avait touchée avant qu’il ne puisse bouger. Au début, Xiao Che pensa qu’elle voulait écarter la main qui l’avait accidentellement bafouée, mais… sa main de jade attrapa seulement sa paume et demeura là, sans bouger, mais sans lui permettre pour autant de faire un quelconque mouvement. Entre cette paire de seins délicatement formée, Xiao Che pouvait clairement sentir les battements sauvages de son cœur.

Le bruit du souffle de Xiao Lingxi était lourd et saccadé. Un rougissement s’était étendu depuis longtemps de son visage jusqu’à son pâle cou de jade. Elle tenait ses yeux fermés, et avait enfoui sa tête contre la poitrine de Xiao Che, totalement immobile, comme si elle essayait de toutes ses forces de montrer qu’elle s’était déjà endormie.

Xiao Che ferma également les yeux, ne bougeant plus et silencieux, ils se blottissaient paisiblement l’un contre l’autre. À ce moment-là, aucun des deux n’avait envie de parler… de peur de briser ce rêve sans trouble.

La nuit suivit son cours. Quand Xia Qingyue les trouva, ils étaient encore dans la même position, mais dormaient d’un sommeil profond.

Xia Qingyue était partie à la recherche de Xiao Che. Elle pensait au début qu’il était juste sorti prendre un bol d’air frais. Alors qu’il était dehors en train de « prendre un bol d’air frais », elle avait également quitté son lit et étendu une couverture dans le coin, de façon à ce qu’il puisse dormir tranquillement une fois de retour. Mais après un long moment d’attente, il n’était toujours pas rentré.

Au lieu de cela, d’après la direction des bruits un peu plus tôt, il semblait être passé par dessus le mur menant aux montagnes à l’arrière du Clan Xiao.

Avec sa faible force profonde au premier niveau du Domaine Élémentaire Profond, il était allé dans les montagnes à l’arrière et n’était pas rentré après tant de temps, au beau milieu de la nuit… Xia Qingyue, incapable de se retenir plus longtemps, finit par sortir dehors le chercher. Ce qui, de ce fait, fit d’elle le témoin de cette scène, qu’elle fixa avec un air ébahi.

Pour elle et Xiao Che, c’était aujourd’hui leur premier jour en tant que couple marié. Quand il était venu la chercher sur le chemin du Clan Xiao, son attitude calme dénotait de la fierté. Dans le hall d’assemblée, il avait réprimé sa colère et sa haine. Dans la chambre nuptiale, bien qu’il ait dit toutes sortes de choses et vulgarités, son visage et l’expression dans ses yeux variaient sans cesse entre confusion, réticence et abattement. Il s’y trouvait également une morne solitude que même elle n’arrivait pas à comprendre…

Mais à ce moment-là, le Xiao Che blotti avec Xiao Lingxi dormait très profondément, les côtés de sa bouche légèrement remontés, révélant clairement un sourire chaleureux. Ses cinq sens étaient complètement relâchés, et son expression détendu, tranquille et paisible, comme un bébé dormant dans les bras de sa mère.

Tout à coup, un sentiment inconfortable flotta dans le cœur de Xia Qingyue… évidemment, cela ne voulait pas dire qu’elle avait de quelconques sentiments pour Xiao Che. Mais ils étaient à présent un couple marié. Elle avait toujours cru que ce mariage ne serait qu’une formalité pour elle, que les statuts de mari et femme n’étaient aussi que de simples titres, et que rien ne pouvait causer la moindre distraction dans son cœur. Cependant, pour certaines choses, notre cœur ne suit pas toujours nos attentes. C’était particulièrement vrai pour les femmes, qui, à moins d’être sans cœur, étaient davantage sujettes au sentimentalisme.

Après tout, elle et Xiao Che étaient déjà mari et femme. Dans sa tête, elle ne se souciait pas du tout de ce genre d’union, cependant le fait que Xiao Che était maintenant son mari s’était quand même distinctement imprimé dans son subconscient. Puisqu’il était son mari, il devrait, à juste titre, n’appartenir qu’à elle. Au lieu de cela, durant sa nuit de noces, il s’était blotti contre une autre femme jusqu’à ce qu’ils s’endorment tous les deux, avec une telle expression de chaleur et de satisfaction sur son visage… Il était naturel que son subconscient manifeste ce genre de réaction inhabituelle.

Même si la fille était sa petite tante.

Cette espèce de sentiment inconfortable causa dans son cœur glacial et féerique, d’habitude si calme, un léger pincement. Cet agacement lui permit de sortir immédiatement de ses rêveries, et de reporter rapidement toute son attention pour calmer son cœur. Après un long moment, ce sentiment perturbant disparut petit à petit, et son cœur fut libéré.

Elle ne dérangea pas Xiao Che et Xiao Lingxi et, à pas léger, s’en alla sans faire de bruit.

Après un court instant, Xia Qingyue revint sans se presser, une couverture écarlate dans ses bras. Elle déposa avec précaution la couverture sur les corps de Xiao Che et Xiao Lingxi puis s’en alla à nouveau sans émettre de son.

…………………

Quand Xiao Che se réveilla, l’aube pointait déjà. Blottie contre son torse, Xiao Lingxi dormait encore profondément, sa posture de sommeil était charmante et adorable… si l’on faisait abstraction de la large trace de bave sur la poitrine de Xiao Che.

Son esprit flou et endormi s’éclaira progressivement, et morceau par morceau, la scène de la nuit dernière repassa dans la tête de Xiao Che. Malgré son épaule engourdie et douloureuse après une nuit entière, il n’osa pas bouger d’un seul pouce pour ne pas perturber le sommeil paisible de Xiao Lingxi. Ce fut aussi à cet instant qu’il découvrit soudainement la couverture écarlate qui recouvrait son corps.

« Eh bien… m**de… » Tandis qu’il levait la main pour attraper la couverture, un faible et incontrôlable rugissement sortit de la bouche de Xiao Che… C’était clairement la couverture préparée la veille, et déposée sur le lit de sa chambre nuptiale.

Xiao Che tourna son regard en direction de sa propre cour, son cœur laissant échapper un grognement… Durant sa nuit de noces, non seulement il n’était pas resté dans la chambre nuptiale, mais en plus, il était sorti et avait dormi avec une autre femme, toute la nuit. Sa nouvelle femme avait également accouru personnellement pour lui apporter une couverture.

Ce scénario… était vraiment excitant !

Chapitre Précédent <~~  Sommaire  ~~> Chapitre Suivant

Un commentaire sur “Contre les Cieux 13 : La brume dangereuse

Laisser un commentaire