10;Drops 4 — Même pas une seule journée

Auteur : Mouton
Check : Faust


Chapitre 4 de 10;Drops ici, commandant.


 

[Même pas une seule journée]

Sahar cligna des yeux : il ne comprenait toujours pas ce qui venait de se passer. Nyara mit une main sur l’épaule du garçon confus.

– Uuuh… Ne fais pas gaffe, c’est juste… Creel, dit-elle, sans donner plus de détails.

– …. Uugh.

Sahar faillit tomber quand il sentit un mal de tête le saisir, une sensation de tournis parcourant son corps. Nyara l’aida, mais il secoua la main.

– Non, ça…… va.

Inspirer, expirer. Sahar ferma les yeux afin de se calmer petit à petit.

Il n’avait pas du tout prévu de se faire attaquer comme ça, au milieu d’une conversation. Heureusement, Az avait convaincu ce « Creel » de le laisser tranquille.

– Pourquoi, tiens ? se demanda Sahar.

Il était normal qu’il ne veuille pas voir un invité se faire brutaliser d’un coup sans raison ; mais Az avait eu une voix très menaçante. Sahar en avait carrément eu des frissons. Nyara lui caressait le dos en espérant qu’il n’avait pas trop mal.

– Saleté de Creel…

– Quoi ? demanda Sahar, qui n’avait pas entendu la fille.

– Rien, rien, désolé pour ça.

Elle soupira et s’avança vers la porte d’entrée. Alors qu’elle allait l’ouvrir, elle le regarda du coin de l’oeil.

– Si tu tentes quoi que ce soit qui me fasse du mal…

Elle se tourna carrément vers lui. On aurait dit que ses beaux yeux rouges brillaient.

– … je ne te promets pas que tu resteras en vie.

Sur ces mots, elle sortit et laissa le garçon paumé au milieu du salon.

– …. Eh ?

Bouche bée, clignant des yeux, il avait été choqué par la brutalité de cette phrase. On aurait dit qu’il allait se faire couper en deux. Tombant sur ces fesses, il rit nerveusement.

– Ahahah…

Il regarda le plafond, soutenu par ses deux bras.

– C’est quoi ce putain de Monde… ?

Nyara ferma la porte et finit par sourire.

– J’aurais adoré voir sa réaction, ahah !!

Elle se mit une main sur le ventre et marcha dans le couloir, rigolant toute seule. La fille s’essuya la petite larme qui s’était formé dans son œil droit et secoua la tête.

– Aaaah…….

Elle reprit un air un peu plus sérieux, sans se défaire de son sourire.

– jAr————————————————————————————————

Elle sursauta et se retourna d’un coup, en position de défense.

Mais il n’y avait rien.

Elle plissa les yeux, certaine d’avoir entendu…… quelque chose. C’était la même voix que…

– Ne me dis pas… que tu es là… ? Tu fais quoi, ici ?

– …

– Hey ??

– …

– ……….

– …

– Bon, si tu veux te cacher, fais ce que tu veux.

– …

– …… Ouhlà, j’aurais dû dormir plus, hier soir…

– …

Sahar attendait à l’extérieur. Il avait les yeux levés vers le ciel, profitant de cette belle couleur azur. Nyara lui avait dit qu’ils iraient voir s’il possédait un pouvoir, mais elle traînait il ne savait où. Elle ne pouvait pas avoir oublié, quand même ? La conversation s’était passée à peine dix minutes avant ! Peut-être était-ce lui qui s’excitait trop vite… ?

– Et puis, même, qu’est-ce qu’elle fait… ?

Sahar était gêné d’être aidé par… une fille. N’était-ce pas censé être LUI le héros ? Nyara aurait dû lui demander de l’aider, ou quelque chose dans ces eaux-là, et lui, l’aurait aidé sans aucun souci, et ensuite son histoire aurait… commencé !!

– Mais non, là, je suis planté là, assis dans cette herbe dorée, à attendre de savoir si j’ai un pouvoir… De toute façon, je suis certain d’en avoir un, héhé !

Souriant comme un débile à la fin de sa phrase, il secoua un peu la tête de gauche à droite.

– Pardon du retard !!!

Il se retourna. Fermant la porte derrière elle, la fille aux sublimes cheveux menthes se dirigea vers lui en ajustant sa tenue. Elle n’était désormais plus en pyjama, mais dans une sorte de manteau blanc, la taille serrée par une ceinture brune. Cet habit se finissait au niveau de ses mollets ; c’était probablement trop grand pour elle. Il remarqua qu’elle portait autour de son cou une sorte de collier indescriptible et relié à son vêtement. Sahar se leva, impressionné par la beauté de la fille. Cependant, la chose qu’il trouva la plus surprenante, hors les marques rouges sur son visage, c’était le katana qu’elle portait. Nyara, voyant le regard du garçon posé sur son arme, sourit.

– Ah, oui, je ne t’ai pas dit, mais je manie un « katana » ! Héhé ! dit-elle, fière.

– C’est…… giga stylé !!!

– Je suppose !

– Je peux en avoir un ?!!

– Je suppose que non !

– …… Pourquoi… ?

– Tu en as déjà manié un ?

Sahar ne pouvait pas mentir, même s’il en avait envie. Il avait vu énormément d’animes de combats, de vidéos et même lu un manga sur des combats de sabre ; alors il devait s’y connaître un minimum !

– Je me suis beaucoup… renseigné, sur le sujet. Cependant, je n’en ai jamais manié un, nooon.

– Bah alors abandonne, lâcha-t-elle froidement.

– … Hé ?

– Enfin, sauf si tu veux apprendre, mais ça prendra du temps.

– ……

– Regardons si t’as un pouvoir, déjà… Non ?

– ………. S-Si…

Elle lui sourit et il baissa la tête. Il espérait que son pouvoir surpuissant serait relié à la maîtrise du katana ! Il adorait les épées, les sabres et autres !! Nyara marchait devant lui, silencieuse. Elle réfléchissait. Pas à propos de l’entraînement de Sahar ; mais d’autre chose.

Autre chose… de plus personnel.

Le bruit de leurs pas écrasant les feuilles mortes sonnait mélodieusement à leurs oreilles. Ils en firent voler quelques-unes derrière eux en se dirigeant vers un lieu que la fille ne connaissait pas bien, mais que Nyara trouvait favorable pour vérifier si oui ou non, le garçon possédait un pouvoir. Elle ne lui avait pas expliqué correctement comment les pouvoirs fonctionnaient, vu qu’il devait le savoir ; il ne venait pas d’une autre planète, non plus ! Sahar la suivait de près. Il ne savait pas quoi dire et préférait imaginer tous les possibles pouvoirs s’offrant à lui.

– Un bon pouvoir du feu surpuissant, un pouvoir extraordinaire de la maîtrise du sang ou encore la possibilité d’arrêter le temps – tout cela me plairait bien, imagina Sahar. Tant que ce n’est pas un truc tout nul, comme cracher de l’acide ou contrôler les animaux… Tiens, en y pensant, je n’ai pas encore vu d’animal, moi… si ?

Plus ils avançaient, plus la forêt devenait sombre. Le feuillage devenait plus dense et leur couleur rose s’assombrissait vers un mauve foncé. Sahar observait le paysage tout en contemplant de temps en temps le ciel qui se montrait timidement à travers les feuilles. Le garçon fredonnait une chanson de T-Rex, même s’il ne se souvenait que du refrain.

– Ah… !

Tout d’un coup, la fille lâcha un petit cri. Sahar leva le regard et ferma un œil, aveuglé par la lumière. Ses yeux avaient commencé à s’habituer au noir de la forêt. Il parvint à ouvrir à demi les yeux et remarqua que Nyara avait disparu. Sahar avança droit devant lui, ses yeux s’habituant à nouveau à la lumière. Le sol sous ses pieds changea radicalement de texture, passant d’une terre plutôt molle à de la pierre. Le garçon ouvrit complètement les yeux et remarqua qu’il se trouvait dans une steppe dénudée.

Il n’y avait rien à au moins trois-cent mètres à la ronde. Les arbres les plus proches étaient évidemment ceux derrière lui. Il tourna le regard dans toutes les directions, cherchant la présence de Nyara.

La fille n’était plus là.

– ……. ?

Sahar avança sans savoir quoi faire. Où était-elle ? Etait-ce déjà le premier test… ?

– Peut-être vérifie-t-elle si je peux sentir sa présence… ? se dit Sahar.

Il s’arrêta et prit un bon bol d’air, les yeux fermés. Il devait… se concentrer. Juste… se concentrer. Les yeux toujours clos, il ne bougea pas d’un pouce et écouta le bruit du vent qui soufflait dans ses cheveux. Il était… si reposant, si… calme. Si faible. Le poids de son corps commença à se faire ressentir, ce qui prouva à Sahar qu’il était vraiment concentré. Il avait appris des techniques de Yoga avec sa mère, quand il était toujours sur Terre.

Bref, il n’y a pas longtemps du tout.

– ……

Sahar………

……ne ressentait absolument rien.

Soit il n’y avait personne et il n’y avait donc aucune présence à ressentir ; soit il ne pouvait pas les ressentir. Il espérait que Nyara ne soit juste plus là, pour l’instant…

Sahar tourna le regard vers la droite, puis vers la gauche. Il n’y avait rien de spécial : juste des arbres, et la plaine rocheuse où il se trouvait. Il n’avait aucune idée de POURQUOI il se trouvait ici, ni POUR QUOI faire. Est-ce que Nyara avait une idée derrière la tête ? Alors, pourquoi était-elle partie… ? Il avança, son instinct lui disant de ne pas rester proche des arbres. S’il y avait des ennemis et que Nyara s’était faite kidnappée… Il préférait qu’elle soit la seule. C’était une pensée égoïste, certes, mais il fallait bien que quelqu’un aille chercher de l’aide.

– … Nyara… ?

Son appel s’évapora dans le vide, emporté par le vent

Il commença à ressentir des frissons, l’angoisse s’emparant de lui. Sahar tenta de se calmer, mais il n’aimait pas cela… Nyara qui disparaissait d’un coup…… Cela n’annonçait rien de bon. Il s’arrêta et se retourna ; les arbres étaient loin devant lui. Si quelqu’un devait s’approcher de lui, il le verrait… de loin. Comme il avait une belle vue sur la forêt qui l’entourait, son angoisse partit petit à petit… Nyara avait beau ne plus être là, il n’avait pas peur.

Ici, rien ne pourrait arriver.

– ……

Sahar continua d’attendre, espérant que Nyara revienne… Il voulait savoir s’il avait des pouvoirs, lui… La fille aux cheveux menthe en avait, en tout cas. Il se demandait qu’elle était la nature de celui-ci… ? De la glace ? Ténèbre ? Gravité ?

Ou quelque chose de plus compliqué ?

– J’espère vraiment en avoir un “OP”… héhé, lâcha tout haut Sahar.

La main dans ses cheveux blancs, le garçon regarda le ciel bleu au-dessus de lui. Il se demanda si, ici aussi, ils disaient “Soleil” et “Lune”. Peut-être n’y avait-il pas de Lune, au fond ?

– Quelle heure est-il, quand j’y pense ? se demanda-t-il.

Quand il avait été téléporté dans ce nouveau Monde, il devait être environ huit heures du matin, dans SON monde — sur Terre. Il n’avait aucune idée de combien de temps il avait passé “ici”, mais en tout cas, la nuit n’était jamais tombée. Une chose était sûre : il n’avait pas faim.

Donc midi n’était toujours pas passé.

– J’espère qu’ils ont des bons plats, dans ce Monde…

Sahar soupirait quand il sentit une main lui toucher l’épaule. Il sursauta et se retourna d’un coup. Un joli visage s’offrit à lui et la fille sourit comme pour se moquer du garçon effrayé.

– Alors comme ça on a peur ? demanda Nyara.

– Nya… Nyara ?! Tu fais… enfin, tu faisais quoi ? T’étais passé où ?!

– Mmmh… Je m’étais caché, voyant comment t’allais réagir ou si t’allais sentir ma présence ; mais on dirait que tu ne m’as pas sentie… C’est pas bon signe, tsk.

Elle claqua la langue en fin de phrase, montrant son mécontentement. Sahar soupira/expira, se calmant.

Il avait donc vu juste.

La fille se craqua la nuque en même temps que son épaule et regarda Sahar, toujours souriante.

– Bref, je ne veux pas trop tarder et louper le Déjeuner, même si on doit avoir encore une, voire deux heures, lui dit Nyara. Et si on commençait à voir si tu as un pouvoir ?

Sahar était excité. Il était prêt, prêt à connaître la vérité.

– Ai-je un pouvoir ?

Il se demandait cela depuis qu’il avait compris qu’il était téléporté dans ce nouveau Monde. C’était une question essentielle pour lui. Il n’avait désormais que cela en tête. Sahar s’en fichait du reste ; il voulait juste connaître la nature de son pouvoir. Il se demandait s’il en avait un, mais il n’imaginait pas vraiment en être dénué.

Cela serait trop ridicule.

– Sans te mentir, je suis venu ici au cas où ton pouvoir raserait le manoir, mais je te préviens : ce sont des exercices très courts, commença Nyara.

Sahar l’écouta, attentif.

– On ne prendra pas longtemps, mais si tu as un pouvoir, ça peut nous prendre trente minutes, voire quarante, pour savoir précisément ton Origine, continua-t-elle.

– Origine… ?

– Quoi, vous ne connaissez pas ça non plus ? Enfin, bref, on s’en fiche. C’est juste pour savoir si tu as une “base”, mais sans te mentir, c’est un procédé qu’on n’utilise plus, c’est un peu vieux jeu. Bref. Je vais commencer simple, je vais tester tes réflexes, je te préviens que ça peut faire…… mal, soyons honnête, finit la fille aux yeux rouges.

Sahar acquiesça, lui montrant qu’il était prêt à souffrir pour savoir s’il avait un pouvoir.

Il était excité. Très excité.

Nyara se mit devant Sahar, à quelques centimètres de son visage. Elle recula de deux petits pas et sourit.

– Bon, on va voir si tu peux voir mes mouvements rapides ! dit-elle.

– Je suis paré ! fit Sahar, des yeux déterminés.

Le garçon avait pris une position maladroite, mais il la pensait correcte. Ses jambes étaient un peu trop pliés et on aurait dit qu’il voulait se battre ; et non se défendre. Nyara le remarqua et soupira, mais décida de ne rien dire. Ici n’était pas le but. Elle se crispa un peu et plaça sa jambe droite un peu vers l’arrière, une main sur le katana qu’elle possédait. La fille-renard ferma les yeux et prit une bonne inspiration. Sahar déglutit bruyamment, mais ne se laissa pas impressionner. Il devait juste se concentrer un maximum… Il pouvait le faire. Il croyait en lui. Pendant que le garçon se réconfortait, la fille ouvrit les yeux. Le rouge dans ses iris fixèrent la cible devant elle. Nyara n’avait qu’à rapidement élancé sa lame vers Sahar, mais s’arrêter à temps. S’il réagissait à temps, ils pourraient conclure qu’il y a des chances qu’il ait un pouvoir comme la vitesse, la vision ou quelque chose dans cette branche. Sahar vit que la fille s’était totalement crispé. La seconde d’après, elle avait plissé ses yeux, avant de faire un mouvement minuscule de la main. Elle sembla vouloir sortir le katana, mais il la vit le rengainer.

Elle n’avait rien fait d’autre.

Sahar, confus, ouvrit la bouche.

– Qu’est-ce que tu……

Il ne réussit pas à finir sa phrase. Au milieu de sa question, Sahar sentit le vent le frapper en plein dans le bras gauche. Ses os semblaient se faire broyer par une force invisible, ce qui le propulsa violemment vers la droite. Ses pieds ne touchaient plus le sol et tout son corps s’envola. Il ouvrit la bouche pour lâcher un cri, mais ses poumons avaient été vidé de tout leur air. Il tomba sur le sol, transi de douleur, tout tremblant et les yeux larmoyants.

La douleur lui déchirait le visage.

Quand elle vit cela, Nyara accourut vers le garçon sans attendre. Elle lui toucha le bras, mais Sahar finit par crier.

– AAaAAAAAHH !!!

Il reprit enfin sa respiration. Ses yeux crépuscules tremblaient dans leur orbite, cherchant une aide quelconque.

Sahar n’arrivait pas à supporter cette douleur, et il finit par s’évanouir.

– Sahar… ?

Un oeil après l’autre, le garçon ouvrit ses yeux avant d’en cligner. Il tourna doucement la tête vers la droite, essayant de savoir de qui provenait cette voix. La première chose qu’il vit en se réveillant fut le visage attristé d’une femme.

– Nya…. ra… ?

Elle acquiesça, retrouvant son sourire habituel.

– On dirait que j’y suis allé trop fort… dit-elle.

– Et que je ne peux pas voir venir tes coups… soupira Sahar, essayant de se remettre debout.

La douleur semblait s’être bien calmé, étant donné qu’il ne sentait déjà presque plus rien. Il s’étonna de se remettre aussi vite. Il questionna Nyara à propos d’un éventuel pouvoir de guérison. Elle pencha la tête.

– On peut toujours vérifier, mais je n’ai pas fini avec le reste. Puis, je pense surtout que c’est… Enfin, non, rien.

Sahar voulut insister, mais la femme l’aida à se relever et puis s’éloigna déjà un peu. Elle semblait être pressée… Il venait à peine de se réveiller !

– Hé… ! cria-t-il. Je suis resté inconscient combien de temps ?!

Nyara se retourna et lui répondit sans pour autant s’arrêter.

– Genre, trente minutes ? Voire un peu moins !

Sahar fut bouche bée. A peine… trente minutes ? C’était si… peu. Il aurait pu se désespérer de ce premier échec, mais cela ne fit que renforcer sa conviction : et si son pouvoir touchait à la guérison ou à la robustesse ?! Ce n’était pas impossible du tout ! Il se chargea d’ondes positives et se sentit ravivé. Il marcha vers Nyara et entendit ses os craquer un peu, mais il n’avait pas si mal que cela. C’était certes dérangeant, mais rien que Sahar ne pouvait pas supporter ; même un petit enfant aurait probablement pu.

– Bon, est-ce que du coup il faut que je vérifie sa Forme… se demanda Nyara, parlant tout bas.

Sahar n’entendit rien. Il avait bien vu les lèvres de la fille bouger, mais ses paroles n’arrivaient pas à ses oreilles. Elle devait réfléchir et parler dans sa barbe. Elle finit par lever le regarde et sourit tout en fixant le garçon.

– Bon, il va falloir que tu gardes un maximum ta concentration, là ! lâcha-t-elle.

– Je suis prêt, encore une fois… ! Sauf si je me refais battre comme… Non, même.

Sahar n’était pas prêt à ressentir une douleur pareille une seconde fois. Il était certes motivé, mais il ne voulait pas non plus mourir ou perdre la tête. Sa santé était importante.

Nyara le regarda et lui donna des ordres.

– Rejoins tes mains comme… ça ! Oui, voilà ! Ensuite, tu regardes vers le ciel et tu fermes les yeux. Tu te concentres et t’essayes de sentir le “flux” dans l’air. Pas très compliqué, tu as dû déjà faire ça sur ton continent, non ?

La fille semblait s’amuser, ce qui surprit Sahar. Qu’y avait-il de drôle à tout cela ?

– Pas grave, tant mieux si elle s’amuse… se dit le garçon, les yeux clos.

Il prit une bonne inspiration avant de tout expirer calmement. Bizarrement, la douleur semblait revenir petit à petit ; mais toujours rien d’insupportable, juste un peu dérangeant. Les piqûres de moustiques l’étaient bien plus ; et Dieu sait combien il en avait!

– Vide bien ton esprit, hein ! fit une voix lointaine.

Sahar prit une nouvelle inspiration et écouta Nyara : il fit le vide à l’intérieur.

Mais c’était si compliqué.

Il y avait toujours quelque chose qui passait par son esprit et n’arrivait pas à se concentrer au maximum. Il pouvait le faire ; il croyait en lui.

– Juste… ne… pense… à rien.

Nyara le regarda d’un peu plus loin, fixant le garçon. Il semblait être concentré, mais pas autant qu’elle aurait voulu. Il devait être excité : c’était probablement très compliqué pour lui. Elle se dit que c’était suffisant et sourit.

– Bon, ça ira comme ça ! Maintenant, ouvre les yeux et tranche l’air devant toi avec ton katana !

Cela perturba Sahar : quel katana… ? Il n’en avait pas ! Cependant, il décida de lui faire confiance et ne réfléchit pas plus que ça. Il s’imagina un katana dans les mains et ouvrit les yeux, tranchant l’air devant lui.

Mais rien ne se passa.

Et il n’avait rien dans ses mains.

Sahar resta immobile, attendant une quelconque réaction de la fille…

– Bon, tu n’as pas une Forme kataniste, hein… ugh.

Elle semblait être déçue. Sahar resta immobile, les yeux fixant un nuage flottant dans le ciel azur.

– Tu peux bouger, hein !! cria Nyara.

Il baissa les bras et la regarda, un air déçu accroché au visage, malgré un petit sourire en coin.

– Ouais…… lâcha-t-il.

Nyara remarqua que Sahar se sentait encore plus mal. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure.

– J’espère qu’il en a un, de pouvoir… Sinon, ça serait très gênant… se dit-elle.

Et malheureusement.

Après quarante minutes d’essais, de “tests”, d’exercices…

– On dirait que tu… n’en a pas………..

Lâcha la fille aux cheveux menthes.

Le garçon la regarda de ses yeux crépuscules. Il était à quelques mètres d’elle, et il venait de “rater” son dernier test.

– Je…

– Tu n’as pas de pouvoir, ou alors il est si faible que tu ne peux l’utiliser. L’inverse m’étonnerait.

Ses mots lui étaient jetés à la figure sans compassion ; c’était ce qu’il pensait. Nyara était en fait très désolé pour lui, elle aurait espéré lui dire “Sahar, tu as un pouvoir !”

Mais le destin en avait choisi autrement.

Le garçon baissa le regard, fixant le sol gris. Il ne sourit pas, il ne bougea pas, il ne parla pas. Les “tests” de Nyara avaient été variés : certains étaient simplement des “jeux” de concentration, d’autres plus physiques. Et certains autres avaient été plus… violents.

Sahar sentait encore ses jambes gémir de douleur. Il avait dû sauter d’un arbre et voir s’il pouvait “atterrir correctement” — ce qu’il ne comprenait toujours pas —, mais malheureusement, cela s’était… mal passé. Nyara n’avait pas été de main morte avec lui ; tout ça pour qu’ils apprennent qu’il n’avait PAS de pouvoir.

– ……

Sahar resta immobile, la forêt agitée beuglant derrière lui ; le vent s’était levé. Nyara secoua la tête quand ses propres cheveux vinrent lui obstruer la vue et lui rentrer dans la bouche. Avec un petit cri de dégoût, elle les remit en place, relevant un peu plus la tête.

– On dirait bien que le vent se lève… lâcha-t-elle dans le vide. Après, c’est pas grave, vu qu’on a fini–

– Je n’ai vraiment… rien… ?

Alors que Nyara se livrait à un monologue, Sahar l’interrompit. Elle se tourna vers lui et le fixa de ses yeux rouges.

– Malheureusement, il semblerait bien que oui. Excepté si vous avez d’autres pouvoirs chez vous, mais ça me semble—

– Tu as fait… tous les tests ? demanda Sahar.

– J’en ai même fait trop. J’aurai dû m’arrêter avant, mais je… j’avais espoir, disons.

– ……

– Au pire, tu sais, tu n’as pas forcément besoin de pouvoir ! lâcha-t-elle joyeusement. C’est vrai que tout le monde en a, excepté une partie de la population qui ont des pouvoirs trop faibles pour en faire quoi que ce soit sans entraînement, mais… mais ce n’est pas grave… Je suppose ?

Nyara se perdait dans ses mots, mais l’intention était là : elle voulait réconforter Sahar. Certes, elle ne pouvait pas le considérer comme “ami” ou quoi que ce soit, mais elle aimerait pouvoir l’appeler comme ça dans le futur. Ils avaient à peine parlé, mais Nyara se sentait plutôt seule ; alors un peu de compagnie ne pouvait pas faire de mal. Le garçon serra un poing.

– Pourquoi.

La fille leva la tête, le vent lui balayant les cheveux. Devant elle, le garçon regardait toujours le sol sans bouger d’un pouce. Il sembla à Nyara qu’il venait de parler, mais elle n’avait rien entendu.

– … Pardon ? demanda-t-elle.

– POURQUOI ?!!

Sahar rugit en serrant les poings au maximum. Nyara ouvrit grand les yeux, étonnée. Son cri se fit emporter par le vent qui devint encore plus violent. La fille ne supportait pas que ses cheveux vinrent devant son visage.

– POURQUOI JE N’EN AI PAS ?!!

Sahar rugit à nouveau, avec encore plus d’intensité. La rage dans ses mots arriva aux oreilles de Nyara, qui recula d’un petit pas, ne sachant pas quoi dire.

– … Je… Je sais que tu es déçu, mais—

—mais c’est comme cela que le monde fonctionne. Certains sont faibles, d’autres le sont moins.

Nyara ne réussit pas à finir sa phrase. Sahar avait levé la tête et maintenant fixait Nyara de ses yeux noyés de larmes. Elles coulaient sur ses joues rouges tandis que de la morve sortait de son nez. Il fixait la fille avec un regard énervé, comme si elle avait tué quelqu’un qui lui était cher. Nyara tenta de le calmer, mais—

– POURQUOI TU EN AS, ET PAS MOI ?!!

Sahar cria à nouveau, ne lui laissant pas la parole. Elle recula le bras et pinça les lèvres. Que voulait-il dire… par là ? Elle plissa un peu les yeux, cherchant un sens à sa phrase. Sahar serra les dents si forts qu’il aurait pu se les craqueler.

– JE… C’est moi…. JE DEVRAI AVOIR UN POUVOIR, MOI AUSSI ! cria-t-il dans la direction de la fille. POURQUOI JE SUIS SI…

faible.

– … C’EST MOI LE HÉROS !!! ALORS JE… DEVRAI ÊTRE…

La rage ne lui permettait plus de formuler ses phrases en entier. Nyara ne comprenait en rien son charabia. Héros ? Pourquoi serait-il un héros ?

Sahar ne réfléchissait même plus à ce qu’il disait. Ses propos étaient si suspects ; et pourtant, il les disait ouvertement. Ce n’était plus Sahar qui parlait ; c’était ses émotions. Il n’arrivait pas à les contrôler.

Il était possédé par celles-ci.

Nyara ne savait pas comment le calmer. Tout cela… l’embêtait. Elle n’avait pas à avoir ce rôle-là. Il était énervé parce qu’il n’avait aucun pouvoir, c’était compréhensible. Elle devrait le laisser seul et le laisser se calmer… seul. Sahar remarqua qu’elle venait de tourner les talons. Sans rien dire. Elle allait… le laisser seul… après… tout ça… ? Il s’élança d’un coup, et—

– JE PARIE QUE J’AI UN POUVOIR, TU VAS VOIR !!!

— hurla tout en fonçant sur elle. Ses poings étaient levés et ses yeux ne montraient que rage et tristesse. Il arriva à portée de Nyara, qui ne faisait toujours que marcher, et lança son poing droit sur elle, visant la tête.

– ……

Nyara mit sa main droite sur le katana qu’elle portait sur elle. Elle se retourna vivement, agitant sa main d’un coup si rapide qu’il ne put le voir. Sahar se fit projeter vers l’arrière brutalement, ce qui arrêta son attaque avec efficacité. Il recula et sentit son ventre lui faire mal. Si mal. Si mal. Si mal. Il crut qu’il allait vomir tellement c’était insupportable. Il leva la tête, le visage mouillé par ses larmes salées. Nyara le fixait avec des yeux fatigués et menaçants.

– Ne m’attaque pas.

D’un coup, le vent autour d’eux fut repoussé de tous les côtés ; ainsi que Sahar. Il s’envola dans les airs, s’éloignant de la fille qui avait son katana au bout du bras droit. Elle le regarda rouler sur le sol avant de s’arrêter au pied d’un arbre. Sahar se releva avec difficulté, tout son corps lui faisant un mal de chien. Il avait mal. Mal. Mal. Mal partout. Pourquoi l’attaquait-elle… ? Qu’avait-il… fait… ? Pourquoi…

… se faisait-il déjà battre ?

N’était-il pas…

… le héros… ?

Sahar se cogna contre l’arbre derrière, le monde devint flou autour de lui. Nyara remit le katana dans son fourreau et tourna les talons, les lèvres tremblantes.

– … Putain…

Elle se sécha ses yeux après avoir juré.

– Je déteste ça. Merde.

Et sur ces mots, elle quitta les lieux. Elle s’éloignait d’où elle venait, mais elle voulait se calmer à un bar du coin. Elle ira manger là-bas.

Sahar, lui, regardait le sol sans le savoir. Il ne sentait plus rien tellement il avait mal partout.

Il n’avait pas passé une seule journée qu’il avait déjà été assommé en un seul coup de poing.

Il n’avait pas passé une seule journée qu’il s’était déjà fait battre par quelqu’un qu’il ne connaissait pas.

Il n’avait pas passé une seule journée qu’il s’était déjà évanoui.

Il n’avait pas passé une seule journée qu’il s’était déjà fait laminer par la fille avec laquelle il aurait voulu continuer l’aventure.

Même pas une seule journée.

Et tout allait de travers.

(Couverture du Chapitre 4 ici chef !! : ICI)

 

Chapitre Précédent <~~ Sommaire ~~> Chapitre Suivant

5 commentaires sur “10;Drops 4 — Même pas une seule journée

  1. Je suis en train de le lire le passage où on va voir si il a un pouvoir, je parie qu’il n’en a aucun ou alors à la limite un pouvoir éclaté à première vue,si j’ai raison c’est que ton scénario est trop prévisible.

    J’aime

Laisser un commentaire