JIM – Chapitre 24-2 : Interlude II

Auteur : Vhail
Check : Miss X


Chapitre un peu plus court que le précédent, même carrément plus court. Un nouveau personnage et des trucs mis en place pour la suite. Bonne lecture.


 

Un bruit de marteau qui martelait une enclume résonnait contre les parois de la grotte. À la lueur rougeoyante des flammes de sa forge, un homme travaillait le métal. Ses coups précis donnaient peu à peu forme à l’arme qu’il était en train de manufacturer.

Les armes, les pièces d’armures et les boucliers en tous genres étaient alignés, soigneusement rangés dans des râteliers ou sur des mannequins placés le long des murs de son antre.

La grotte comportait aussi une pièce à part, équipée sommairement servant de lieu de vie. Un seul endroit dans cet atelier détonnait par rapport au reste du décor. Une étagère circulaire exagérément ouvragée, munie d’une porte en verre trônait au centre de la forge. Huit sphères de couleurs différentes étaient rangées en son sein sur des coussins de velours.

Chaque sphère émettait un éclat lumineux particulier, donnant des reflets particuliers et changeants aux fabrications qu’elles éclairaient. Des nuances de bleu, vert, rouge, jaune, orange et de violet. Sur les deux dernières, l’une brillait d’un éclat blanc pur tandis que l’autre était entièrement noire et absorbait la lumière, ne renvoyant aucun éclat.

L’artisan était petit et trapu avec une forte musculature du haut de son mètre quarante-cinq. Il avait de longs cheveux bruns en bataille et une barbe fournie lui arrivant aux genoux. Son tablier en cuir était muni de nombreuses poches toutes remplies d’outils divers et variés.

Un nuage de vapeur s’éleva dans les airs lorsqu’il plongea la lame qu’il venait de finir dans le bac d’eau juste à côté de lui. Une fois qu’elle eut suffisamment refroidi, il l’examina de près pour voir le résultat et siffla de mécontentement devant la finalité de son travail.

N’importe quel maître forgeron aurait trouvé que la lame était une véritable œuvre d’art mais pour lui, il s’agissait juste d’un produit défectueux. Dépité, il jeta la lame vers un tas de métal constitué de travaux plus ou moins complets mais qu’il considérait tous comme non aboutis.

« Tes lames ne peuvent pas être aussi bonnes que celles de elfes de Norengar. » railla une voix en provenance de l’entrée de l’atelier.

L’artisan fronça les sourcils et sans relever la tête répondit à son visiteur.

« Amine, tu me compares encore une fois avec ces sales bouffeurs de salades pas fichus de forger un couteau avec un tranchant à peu près correct et je te jure que tu vas le regretter ! »

« Oh ?? Le grand Nenato Givanodeluheq, plus grand maitre forgeron de tous les temps dans le multivers serait-il vexé ? Pourtant, je n’ai pas parlé de tes amis poilus noirs et blancs mangeurs de bambous. » continua le dénommé Amine d’un ton moqueur.

« Ma patience a des limites alors j’espère que tu as une bonne raison d’être venu parce qu’après avoir parlé de pandas, tu risques fortement de te retrouver suspendu, nu comme un vers, au-dessus des fournaises de Firenzia pendant la saison des amours des danse-lave. » répliqua Nenato sur un ton cassant comme du verre. (NdA : pour ceux qui ne savent pas, une danse-lave est une sirène qui vit dans le magma à l’intérieur des cratères des volcans en activité, jolie mais légèrement brûlante.)

Son interlocuteur déglutit avec difficulté en entendant cette menace.

« Je venais voir si tu avais fini ma commande. » expliqua-t-il d’une voix fluette afin de détourner la conversation.

Le forgeron renifla avec dédain et reposa ses outils qu’il avait en main sur son enclume. Il s’approcha d’un râtelier et en sortit une serpe dont la lame, qui formait un demi-arc de cercle, brillait de reflets dorés avec un manche d’environ vingt centimètres de long. La longueur totale de l’arme s’approchait des quatre-vingt centimètres. Il tendit l’arme à son visiteur qui la prit et l’examina en la faisant tourner dans ses mains.

« C’est quoi ce bordel ? » demanda-t-il après quelques secondes d’examen.

« Un problème ? »

« Comment ça ‘Un problème’ ? Oui et pas qu’un peu !! C’est quoi cet engin pour couper du gui ? Je t’avais demandé une épée, pas une saloperie d’ustensile de druide ! » s’exclama-t-il.

« Si tu coupes du gui avec, je te découpe en dés. »

« Ok, ok. C’est bon calme-toi. Mais pourquoi tu as fait un truc pareil ? »

« Haha, parce que tu penses que j’ai eu le choix ? Je n’ai pas fait ça volontairement. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Mon petit gars, quand tu demandes à quelqu’un de te forger une arme en Soul Steal, il faut te renseigner sur ce qui est faisable ou pas avec. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Je croyais que tu étais le meilleur forgeron du multivers. »

« Le talent de l’artisan ne compte pas vraiment quand le matériau est du Soul Steal. Tu peux demander à n’importe quel forgeron qui a travaillé ce métal, ils te répondront tous la même chose. C’est impossible de forger ce que tu veux avec ce métal. C’est lui qui décide en quoi il veut être forgé. »

« Comment c’est possible que du métal décide de quelque chose ? »

« C’est une histoire de compatibilité entre le métal et l’âme avec laquelle il est destiné à se lier. Une histoire de résonnance entre les deux. Tout est déjà prédéfini en amont sans que qui que ce soit puisse le changer. J’ai eu juste assez avec ce que tu m’as amené de métal pour faire ton arme mais si j’en avais eu plus, j’aurais dû le fragmenter. J’ai fait le test une fois et peu importe le nombre d’essais, le bloc que j’assemblais et désassemblais se séparait toujours en morceaux de la même taille d’un essai à l’autre. »

« Donc tu ne pouvais pas forger autre chose que cette serpe avec le bout de métal que je t’ai passé. »

« Exactement. »

« Je vais devoir m’entrainer un peu, ça me rappellera des souvenirs. » dit Amine en rangeant l’arme à sa ceinture et en s’apprêtant à partir.

« Bon entraînement, si tu as de la chance, tu devrais pouvoir l’utiliser dans un combat réel d’ici trois-quatre ans. »

« Tu me sous-estime grandement. Je ne vais pas avoir besoin d’autant de temps pour maîtriser cette arme. »

« Oh mais pour ça je te fais confiance, c’est juste qu’à cause du Soul Steal, tu ne pourras pas l’utiliser avant d’avoir trouvé la personne dont l’âme est liée au métal. »

« Quoi ?? »

« Et oui, c’est comme ça. Le premier combat réel que tu feras avec sera forcément contre la personne dont tu vas emprisonner l’âme. »

Amine soupira de dépit.

« J’aurais dû plus me renseigner avant de te demander de me faire une arme. »

Et à ces mots, il se dirigea vers la sortie.

« Ah, et une dernière chose. » dit Nenato sur un ton nettement plus menaçant.
L’autre se mit instinctivement en position défensive en voyant les mains du forgeron se mettre à luire. Une goutte de sueur perla sur son front mais elle n’était pas due à la chaleur du lieu.

« Ne t’avise pas d’essayer de partir sans payer. »

Amine se détendit légèrement, mit la main à la poche et sortit une sorte de stylo qu’il tint à l’horizontale. Il fit un mouvement sec de haut en bas et le stylo s’ouvrit en deux dans le sens de la largeur, révélant un écran fin et transparent. Il pianota rapidement dessus et montra l’écran à Nenato.

« C’est bon le transfert a été effectué sur ton compte. »

« Alors tu peux partir. »

« Merci beaucoup pour ton travail. J’espère que je ne serai pas déçu. » Et il sortit sans attendre la réponse.

Une centaine de mètres plus loin, un vaisseau spatial était posé et la rampe s’abaissa. Alors qu’Amine montait, il composa un numéro sur l’écran et porta l’appareil à son oreille.

« Oui allo ? C’est Amine. Il n’en a plus pour très longtemps. Le plan se déroule sans accros. D’ici deux ou trois ans, quatre grand maximum, le grand Nenato Givanodeluheq ne sera plus qu’un souvenir dans la mémoire des gens. »

Il rangea le stylo dans sa poche après avoir replié l’écran et la rampe se referma.

« C’est bien dommage de devoir supprimer une personne si talentueuse mais bon Dieu ! La {Magie des Dix} est sacrément terrifiante. » se dit-il pour lui-même.

Puis le vaisseau décolla dans le ciel silencieux.

Au loin, à l’entrée de son atelier, Nenato regarda l’engin prendre son envol dans le ciel. Une fois qu’il eut disparu derrière les nuages, il fit demi-tour et se dirigea vers l’étagère au milieu de la pièce. Il ouvrit la porte et retira la sphère verte. Trois coussins étaient à présent vacants. Il referma la porte de verre et les trois sphères manquantes réapparurent.

« Si vous croyez que je vais me laisser mourir en vous laissant l’œuvre de ma vie, vous ne pouvez pas plus vous tromper. » murmura-t-il avec un sourire.

Il se dirigea vers la pièce à vivre de son atelier, passa la main sur le mur du fond, révélant un passage caché dans la roche. Il s’y engouffra sans hésiter, la porte secrète se refermant derrière lui, plongeant l’atelier dans un silence peu habituel.

 

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10 commentaires sur “JIM – Chapitre 24-2 : Interlude II

  1. Hah, hah j’ai des spasmes

    Mon coeur bat à donf,
    Hé! Vhail!
    Ta voulut me tuer ou quoi!
    Fait pa de chapitre aussi délicieux wesh.^^

    Merci pour le chapitre.

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