Auteur : Vhail
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Bien le bonjour tout le monde. J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année. Je voulais vous donner des nouvelles concernant JIM et je me suis dit pourquoi ne pas le faire en préambule d’un one shot qui n’a rien avoir avec cet univers. Donc, j’ai fini le plan des 7 premiers arcs de JIM et je vais donc m’attaquer sérieusement à la réécriture. Les deux premiers arcs seront l’arc 1 actuel en plus développé, l’arc 3 sera inédit, le 4 un développement de l’arc 2 actuel et les suivants seront inédits. Voila, je ne vous donne pas de dates parce que je ne sais pas combien de temps ça va me prendre de retravailler l’arc 1 mais j’espère vous livrer ça d’ici la fin de l’année. A la prochaine, Vhail.
Le vent soufflait doucement sur la plaine, faisant s’agiter les herbes au gré de ses mouvements. Le bétail broutait paisiblement à l’ombre des montagnes projetée par le soleil couchant. Le jeune Erwan, à peine entré dans l’âge adulte du haut de ses seize ans, surveillait le troupeau familial, laissant son esprit vagabonder, l’entrainant dans de folles aventures. Parfois, le jappement des deux chiens de troupeau le ramenait à la réalité lorsque l’une des bêtes, attirée par de jeunes pousses tendres s’éloignait un peu trop et était forcée par les deux canidés à rentrer dans le groupe.
La vie de fermier ne déplaisait pas au jeune homme bien que les longues heures passées sur les bancs de l’école communale et les interminables leçon d’histoire de son professeur, lui avaient donné des envies de voyage et de découvrir le monde à l’extérieur de cette vallée entre les montagnes. Cependant, les récits de ses parents et des anciens du village relatant les terribles dangers du monde extérieur l’en dissuadaient, de même que ses maigres économies qui ne lui permettraient pas de subvenir à ses besoins très longtemps loin de chez lui.
A défaut de pouvoir physiquement voyager, il laissait son esprit l’emmener dans cet ailleurs qu’il ne connaissait que par les bouches des conteurs du village, de son professeur et des livres qu’il avait eus l’occasion de lire. Il ne pouvait pas non plus laisser sa mère seule pour élever ses deux jeunes sœurs depuis la mort de son père il y avait deux hivers de cela. Il faisait donc de son mieux pour élever les bêtes afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille dans l’espoir qu’il pourrait un jour s’évader de ce lieu qu’il connaissait comme sa poche.
Sortant de ses pensées, il se leva du muret sur lequel il était assis depuis bien longtemps, s’étira et commença à faire des exercices avec son bâton de berger comme s’il maniait une lance. Son père lui avait appris le maniement de cette arme car selon ses dires « On ne sait jamais ce que l’avenir réserve » et qu’il valait mieux parer à toutes les éventualités. Le bâton traçait de grands cercles lents mais très précis, la trajectoire d’un mouvement se superposant parfaitement à la précédente. Ses longues années de pratique lui permettaient d’avoir une grande précision dans ses mouvements, le bâton était pour lui une extension de son corps et même s’il avait déjà tenu une véritable lance dans ses mains, il n’avait jamais combattu avec sa vie en jeu. Il avait bien récolté des coupures lors de combats avec une arme réelle mais rien de plus que des combats de tournois amicaux.
Après avoir réalisé ses exercices pendant de longues minutes, il appuya son bâton sur le muret, le troquant contre une gourde d’eau fraîche dont il vida la dernière moitié de son contenu. Il essuya la sueur qui coulait sur son front, non pas dûe à l’effort physique mais plutôt à l’intensité de la concentration nécessaire afin de faire ses exercices. Les deux chiens accoururent vers lui pour réclamer son attention qu’il leur donna bien volontiers puis il les envoya rassembler le troupeau afin de rentrer les bêtes dans leur étable pour la nuit.
Pour une fois, les animaux ne furent pas réticents à quitter leur lieu d’alimentation et le chemin du retour se fit sans encombre. Une fois les animaux à l’abri, Erwan fit le tour de l’étable afin de vérifier qu’aucun trou n’avait été fait dans les murs en bois du bâtiment et se rassura en vérifiant une nouvelle qu’il avait bien verrouillé la porte. Il siffla ses chiens et rentra dans la maison. A peine avait-il poussé la porte que les deux canidés se précipitaient dans la cuisine vers leurs gamelles que la mère d’Erwan avait remplies en prévision de leur retour. Il ne fût cependant pas plus détendu pour autant car peu après, deux petits monstres répondant à l’appellation « petites sœurs » lui sautèrent dans les bras en le bombardant de questions pour savoir comment s’était déroulée sa journée.
Comme d’habitude, il commença d’abord par les embrasser puis il répondit patiemment une à une aux questions de ses deux sœurs bien que les réponses étaient les mêmes que celles de la veille et de tous les autres jours auparavant. Mais cette routine du soir lui plaisait et il s’y pliait bien volontiers. Après un repas pris en silence, ils ne parlaient presque plus à table depuis la mort de leur père, Erwan monta dans sa chambre afin de lire avant de se coucher. Son livre préféré était un que son père lui avait offert pour ses douze ans et qui contait l’histoire d’un ménestrel, voyageant de villes en villes et accompagnant les aventuriers pour conter leurs histoires une fois les expéditions finies.
Lui et ses compagnons rencontraient des créatures fantastiques, des peuples oubliés et des ruines de civilisations éteintes depuis longtemps. Chacune de ces aventures avaient quelque chose de différent par rapport à la précédente et Erwan s’émerveillait en même temps que le protagoniste à chaque nouvelle découverte. Il avait arrêté de compter combien de fois il avait relu ce livre mais celui-ci lui provoquait toujours cette même envie d’ailleurs à chaque lecture. Ayant terminé son chapitre, il posa son livre sur sa table de chevet avant d’aller ouvrir la fenêtre de sa chambre pour laisser entrer l’air frais de la nuit et de souffler la bougie qui lui servait de lumière.
Ses rêves l’emmenaient aux quatre coins du monde en compagnie de son héros favori, à l’aventure et à la découverte de mystères. Mais, cette nuit-là, quelque chose le réveilla. Dans la nuit si paisible habituellement, il lui semblait entendre un murmure porté par le vent, comme si quelqu’un chantait avec, comme public silencieux, la lune pleine et les étoiles. Au départ, Erwan crut que ce chant incongru faisait partie de son rêve mais lorsqu’il prit conscience qu’il fixait le plafond de sa chambre, il se rendit à l’évidence que tout ceci était réel. Pas une seule fois, d’aussi loin qu’il se souvenait, il n’avait rêvé du village dans lequel il habitait. Intrigué, il se dirigea lentement vers sa fenêtre de peur d’effrayer ce chanteur inconnu dans le cas où celui-ci serait proche de sa maison et, passant la tête par-dessus le rebord de l’ouverture, il scruta les alentours.
La bâtisse se situait aux abords du village et un peu en hauteur si bien qu’il pouvait voir à la fois dans le village et à l’extérieur de celui-ci depuis sa chambre. La visibilité était très limitée car le village n’était pas éclairé si tard dans la nuit, les bougies des réverbères s’étaient éteintes depuis un moment déjà, aussi il ne vit rien dans cette direction. Il tourna ensuite son regard en direction de la forêt bordant le bourg et crut apercevoir une silhouette humaine à la lisière de celle-ci. Les nuages s’écartèrent et la lumière de la lune révéla une jeune femme à la longue chevelure, debout à l’orée du bois qui chantait, entourée par de petits animaux, écureuils, lapins, renards et autres qui l’écoutaient attentivement.
Subjugué par cette mélodie envoûtante, Erwan se pencha par la fenêtre pour essayer de distinguer le visage de la chanteuse mais sa main glissa du rebord et il dut se rattraper en catastrophe pour ne pas tomber trois mètres plus bas. Cependant, ce rattrapage in extremis délogea l’un des pots de fleurs accrochés au montant de la fenêtre qui termina sa course en s’écrasant bruyamment au sol. Le chant cessa immédiatement avec ce bruit inopiné et la chanteuse ainsi que les animaux tournèrent la tête dans cette direction. Erwan n’eut pas le temps de rentrer dans sa chambre pour se cacher, il fut repéré. La jeune femme et ses compagnons animaux tournèrent les talons et disparurent dans la forêt.
Erwan attendit un peu dans l’espoir que cette mystérieuse personne réapparaisse mais il dut se résigner et retourna se coucher, dépité que sa maladresse ait interrompu un chant aussi beau. Le reste de sa nuit fut peuplée de rêve concernant cette mystérieuse personne dont il ne savait rien.
Le lendemain matin, comme à son habitude, Erwan se réveilla le premier, prit son petit déjeuner et le repas pour midi que sa mère avait préparé la veille et quitta la maison. Lorsqu’il ouvrit la porte, les deux chiens se ruèrent dehors pour se dégourdir les pattes. Les laissant à leurs jeux pour le moment, il se dirigea vers l’arrière de la maison et ouvrit l’étable, laissant le passage ouvert au troupeau dont les bêtes ne se firent pas prier pour sortir. Voyant cela, les deux chiens cessèrent leur jeu et entreprirent de maintenir le groupe en un seul bloc pendant qu’Erwan effectuait un rapide tour de l’étable, sans remarquer de problèmes particuliers, et récupérait son bâton.
Il emmena ensuite le troupeau vers les montagnes afin qu’il broute toute la journée. Le chemin passait fortuitement par la forêt et il en profita pour regarder attentivement dans les bois afin de voir s’il apercevait de nouveau la jeune femme de la nuit mais rien. Alors que le troupeau sortait du bois et qu’ils arrivaient dans les prairies, une jeune brebis décida de s’enfoncer entre les arbres sans que les chiens ne fassent rien pour l’en empêcher. Erwan eut beau leur ordonner de la ramener, ils ne l’écoutèrent pas et continuèrent à mener le troupeau vers son lieu de pâturage.
Voyant qu’elle s’éloignait de plus en plus et qu’elle n’allait bientôt plus être visible, il s’élança à sa poursuite afin de la ramener dans le troupeau. La poursuite dura un bon moment car à chaque fois qu’il était sur le point de la rattraper, la brebis accélérait puis ralentissait afin de ne pas le distancer. Elle s’arrêta finalement sous un frêne solitaire au milieu d’une clairière pour brouter tranquillement. Erwan s’approcha précautionneusement, de peur de la faire fuir mais elle l’ignora, préférant se concentrer sur l’herbe fraîche au pied de l’arbre.
Arrivant à côté d’elle, il se pencha pour la prendre dans ses bras mais des mouvements semblables à ceux d’une goutte tombant dans l’eau commençant à se propager à la surface de l’arbre l’interrompirent. Il recula et finit par tomber par terre lorsque la chanteuse de la veille sortit du tronc comme si elle habitait à l’intérieur. Erwan se demanda s’il devait s’enfuir mais sa curiosité prit le dessus et il décida d’attendre la suite des évènements en examinant la jeune femme.
Il estima qu’elle ne devait pas être bien plus vieille que lui, peut-être un ou deux ans de plus. Elle avait de longs cheveux châtains qui tiraient sur le blanc à leurs extrémités, des yeux bleu-vert qu’il trouva très beaux et un corps dont les formes étaient très peu cachées par le tissu presque transparent de son habit, ce qui fit détourner le regard à Erwan, gêné.
La brebis qui, jusque-là, broutait paisiblement s’approcha d’elle et se mit à lui lécher la main, ce qui engendra un rire cristallin chez la jeune femme du fait de la sensation de chatouille. Au son de ce rire si pur, Erwan tomba sous le charme immédiatement. A présent, il ne pensait plus à fuir à toutes jambes si les choses tournaient mal mais aspirait à connaitre cette personne si charmante. Celle-ci se présenta sous le nom de Mélody. Elle était une Méliade, une nymphe des bois protectrice des troupeaux. Elle était venue s’établir dans la région après avoir voyagé sur tout le continent du nord au sud à la recherche d’une région où s’établir sans en trouver une seule qui ne lui convienne.
La veille au soir, ce n’était pas la première fois qu’elle avait vu Erwan. Elle le surveillait depuis un long moment déjà car il avait attiré son regard au vu de la gentillesse avec laquelle il traitait ses animaux. La nuit dernière, elle avait chanté non loin de chez lui car elle voulait confirmer quelque chose qu’elle soupçonnait depuis un certain temps et qui avait donc été vérifié : seule l’âme sœur d’une Méliade pouvait entendre son chant. Erwan mit quelques secondes pour réaliser ce que la sublime jeune femme venait de déclarer et sentit son cœur s’accélérer follement alors qu’il se relevait.
Lui, l’âme sœur d’une si magnifique créature dont il ne connaissait l’existence que par les récits qui lui avaient été contés ? Ce ne pouvait être possible. Voyant son hésitation et son désarroi, Mélody ouvrit la bouche et entonna la même chanson qu’il avait entendue la nuit dernière. La musique était si douce et si belle qu’il ne put que se rendre à l’évidence et comprendre qu’elle disait vrai. Remarquant qu’il s’était finalement rendu à l’évidence, la jeune méliade s’approcha de lui mais il l’arrêta. Il venait juste de la rencontrer et souhaitait apprendre à mieux la connaitre avant de se décider de passer sa vie avec elle.
Constatant qu’elle ne pourrait pas l’avoir tout de suite, la jeune femme prit dans ses bras la brebis qui avait conduit Erwan en ses lieux et décida de l’accompagner pour le reste de sa journée afin qu’il puisse écouter ses histoires tout en surveillant ses bêtes. Tous deux ressortirent donc de la forêt, trouvant le troupeau paisiblement en train de brouter dans les pâturages sous la garde vigilante des deux chiens. En voyant leur maître revenir, les deux canidés lui firent la fête de même qu’à l’illustre inconnue qu’ils ne connaissaient pas. Pendant le reste de la journée, Mélody raconta son histoire et ses aventures à un Erwan particulièrement attentif. Le soir se coucha bien trop vite car ils avaient perdu la notion du temps et la jeune femme fit promettre à Erwan qu’elle pourrait le revoir le lendemain.
Ainsi, tous les jours de l’été, elle le rejoignait au matin lorsqu’il traversait le bois et ils passaient la journée ensemble, à parler de tout et de rien. Cette situation aurait pu durer pendant bien des mois si un beau soir d’automne, le jeune homme n’avait pas sauté le pas et embrassé sa dulcinée, la prenant par surprise. Celle-ci ne résista pas, attendant cela depuis bien trop longtemps. Leur destin était enfin uni à jamais et Erwan n’avait plus autant envie de quitter cet endroit pour découvrir le monde.
Cependant, lorsque ses sœurs furent assez grandes pour prendre la relève dans la surveillance de bêtes, ils partirent tous deux en voyage, arrachant des larmes à la mère du garçon qui s’était préparée à ce jour en espérant qu’il n’arrive jamais. Leurs pérégrinations les emmenèrent dans des lieux inexplorés, des villes vibrantes de vie et cette forêt encore sauvage à l’époque où ils posèrent les bases de notre cité.
Si un jour vous vous perdez dans les bois, peut-être aurez-vous le privilège qu’ils vous raccompagnent mais pour l’heure les enfants, il est temps d’aller vous coucher.