Un élève et sa rédaction un peu trop fantaisiste

Traducteur : Salty Lemon
Check : Yurane


Mesdames et messieurs, enchanté !

La vie est triste, le monde décadent et les obligations chronophages au possible. Le temps vous manque peut-être même pour lire un bon roman. Ne perdez pas encore espoir et lâchez vos nœuds coulants l’espace d’un instant.

En effet, je vous propose aujourd’hui de lire une nouvelle tout ce qu’il y a de plus courte et de plus innocente pour apaiser vos cœurs meurtris.

Blague à part, ça me ferait plaisir que vous me disiez ce que vous pensez de l’histoire vue que c’est une de mes nouvelles préférées alors n’hésitez pas à commenter (^-^) Bonne lecture !


« Au revoir Maître.
— Au revoir ! Faites attention en rentrant. »

En m’adressant d’une voix énergique aux élèves rentrant chez eux, je leur dis au revoir d’un geste de la main. Nous sommes le premier septembre. N’échappant pas à la règle, l’école élémentaire pour laquelle je travaille a tenu aujourd’hui sa cérémonie d’ouverture. Les longues vacances d’été sont terminées et le second trimestre vient de commencer. Je pose sur mon bureau les bulletins et les rédactions que les élèves viennent de me rendre, avant de ranger rapidement la classe.

Cela fait déjà quelques années que je suis devenu professeur des écoles. Cette année, je suis en charge d’une classe de CE2 plus espiègle que la moyenne. Il est vrai que j’ai été surpris par leur puissance pendant le premier trimestre, mais j’ai encore en moi la suffisance d’un jeune homme. Et d’une façon ou d’une autre, j’ai tenu le coup jusqu’à finir par trouver ce groupe d’enfant honnête et intéressant.

« Tout de même, ils sont plein d’entrain, comme toujours. Et tous présents. Qui plus est, ils ont tous fait leur travail. Je les ai déjà félicités mais je devrai le refaire demain. »

Tout en approuvant ma décision d’un hochement de tête, je jette un œil à l’horloge accrochée au mur de la classe vide. Aujourd’hui, il n’y avait cours que le matin. Je vais être occupé toute l’après-midi par des réunions et diverses préparations mais j’ai encore du temps. Je sors d’un sac en plastique les onigiri que j’ai achetés plus tôt et les mange. Puis je m’assieds sur ma chaise avant de m’emparer des rédactions que je viens de collecter.

Si c’était un autre devoir, il faudrait que je passe du temps à entourer les fautes, à les corriger et à noter mais, pour les rédactions, le temps libre que j’ai sur les mains devrait suffire à les feuilleter. Et je suis plutôt curieux de savoir quel genre d’été les enfants de ma classe ont passé. Je dirige alors mon regard vers la « Rédaction d’été » que j’ai prise en main avec ces sentiments superficiels.

Voyons voir… oh, elle est plutôt épaisse. Il avait tant que ça à écrire ? Ah, c’est celle de Hiroshi-kun. Il est un peu tête en l’air mais c’est un enfant sérieux. Je me demande s’il est parti en voyage ?

Le 20 juillet, les vacances d’été ont commencé et ma famille a décidé de tout de suite partir en vacances.

« Hmm, je me demande bien où il est allé ? »

Enfin, c’est ce que je pensais, quand une lumière dorée est apparue sous mes pieds et, le temps que je la remarque, je me trouvais dans un autre monde.

« Fwah !? »

Ma voix dérape.

Autour de moi, il y avaient plein de gens qui ressemblaient aux chevaliers qu’on voit dans les animes. Il y avait aussi une princesse. « Bienvenue, brave héros » a-t-elle dit. J’étais étonné.

« Effectivement, la plupart des gens seraient étonnés. »

C’était surprenant d’être entouré d’autant de monde mais je me suis quand même levé. « Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? » a dit papa.

« La famille est là aussi ?! »

Enfin, je devrais plutôt me réjouir qu’un enfant de CE2 ne soit pas allé seul dans un autre monde. Attends, déjà, c’est quoi ce délire avec un autre monde ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pendant les vacances d’été pour que Hiroshi-kun, pourtant si sérieux, écrive une rédaction aussi délirante. Alors qu’il m’a salué gaiement il y a peine quelques heures. En plus, sa famille (un adulte) a fait son apparition.

La princesse nous a expliqué la situation. Le Roi Démon se déchaînait et elle voulait qu’on sauve le monde. Elle nous a amené à l’endroit où étaient rangées les armes légendaires. En chemin, maman, d’un air sérieux, a parlé avec la princesse. Elle a dit quelque chose à propos de dommages et intérêts, d’enlèvement, de garantie de niveau de vie et tout ça. Elle a fait pleurer la princesse.

« Elle est forte, ta mère. »

Après que j’aie consolé la princesse en lui disant que tout irait bien, nous avons continué à marcher en nous tenant la main. Une fois arrivés à la salle aux trésors, il s’y trouvait une épée et une lance. « Ceci est l’épée légendaire » a dit la princesse, qui avait arrêté de pleurer, tout en l’amenant. Quand l’épée a touché sa main, elle a soudainement commencé à briller. Maman était l’Elue.

« Elle est incroyable, ta mère ! »

Je vais remettre à demain la discussion que je dois avoir avec Hiroshi-kun et continuer à lire. En fait, la suite m’intrigue.

La lance a été donnée à papa, et à Akihiko une paire de griffes. Puisque les lames étaient trop dangereuses, j’ai pris un bâton qui traînait dans un coin de la pièce. « Il est tout poussiéreux, ça va quand même ? » m’a-t-on dit, mais il me plaisait bien donc je l’ai pris. Après quoi, la princesse a sorti des friandises de ses manches et me les a données. En répondant « Je ne dois pas pas accepter de bonbons de la part d’étrangers », je lui ai rendu. Elle avait l’air triste.

C’est bien, Hiroshi-kun. Mais enfin, une princesse qui se promène avec des bonbons…

J’ai aussi rencontré le roi. C’est maman et papa qui ont discuté avec lui. « Quand vous aurez fini votre travail, vous pourrez rentrer chez vous. » a-t-il dit. Mon père a répondu : « Je n’ai pris qu’une semaine de congé payé, il n’y pas moyen de s’arranger ? ». Moi aussi j’ai dit : « Dans une semaine, j’avais promis de jouer avec Kengo-kun, donc je voudrais bien rentrer. » La princesse a essayé de convaincre le roi. Apparemment, dans une semaine, on pourra rentrer à la maison une fois.

« Et ça vous va ?! »

Vous êtes tellement docile face à votre fille, roi ! Et puis, vous êtes tellement docile face à Hiroshi-kun, princesse !

Par la suite, il semblerait qu’ils puissent aller et venir entre l’autre monde et la Terre. La première semaine, ils resteraient dans ce monde-là. Après quoi, puisque la mère était femme au foyer, elle travaillerait comme héros pendant l’après-midi. Le père participerait le soir et les week-ends. Hiroshi-kun, quand il aurait le temps au fil des vacances. L’enfant du nom de Akihiko-kun allait manifestement rester dans l’autre monde jusqu’à ce qu’il vainque le Roi Démon. Hein ? Il va bien, Akihiko-kun ?

Jusqu’à ce qu’il le vainque, c’est-à-dire qu’il peut se permettre de ne pas rentrer sur Terre. Donc, ce n’est ni un étudiant, ni un adulte qui travaille. Puisqu’il peut manipuler des objets tranchants, il doit être plus vieux que Hiroshi-kun…hein ? Mais Hiroshi-kun écrivait son nom sans y attacher un suffixe, je crois ? Quelqu’un que même plus jeune que lui décrit sans suffixe ; un NEE… arrêtons-là. Quelque chose d’un peu triste m’est venu en tête. On va éviter d’y penser.

Pendant une semaine, il a été décidé que nous nous entraînerions. Ils ont dit que, puisque nous avions été invoqués, nous étions forts. C’est le vieux magicien qui m’a entraîné. Après une semaine, j’étais devenu capable de produire de l’eau avec mon bâton. Elle était bonne et rafraîchissante. Mais à part de l’eau, je ne pouvais rien produire. Quand maman et les autres étaient fatigués après l’entraînement et que je leur donnais de l’eau, ils avaient l’air content donc je me suis dit que ce n’était pas si mal comme ça.

« Eeh, c’est presque touchant. »

Maman aussi tirait des éclairs avec son épée, et elle a un peu cassé le château. Papa et Akihiko pouvaient maintenant battre plein de soldats. J’ai donné de l’eau à la princesse qui sanglotait après avoir vu ça. « Du réconfort… » a-t-elle dit en me prenant dans ses bras. J’en ai aussi donné aux gens de l’armée, ils avaient l’air de retrouver de l’énergie. Et cela bien que je ne puisse pas utiliser de magie curative. C’était mystérieux.

« A n’en pas douter, tu es le guérisseur. »

Ensuite, il a donné de l’eau au roi, qui se tenait le ventre de douleur à cause des problèmes que la famille lui causait, ainsi qu’à d’autres personnes haut placées qui finirent par le choyer comme si il était leur petit fils. Les gens de l’autre monde aussi ont la vie dure. Ils n’ont que ce qu’ils méritent cela dit.

Ensuite, nous sommes partis en voyage. Moi et ma famille sommes partis en compagnie de la princesse, du vieux magicien, et de trente soldats.」

« C’est beaucoup !? … Ou alors ce serait normal ? La famille de héros n’est pas toujours là qui plus est. »

C’était le vieux magicien qui s’occupait des invocations. Apparemment c’était lui qui, pendant le voyage, nous invoquait et nous renvoyait chez nous tous les jours.

« Il est pas mort de fatigue, cet homme ? »

La princesse aussi venait avec nous. « Protège le réconfort du monde, à tout prix ! » lui avaient dit le roi et plusieurs autres personnes en levant le pouce pour nous dire au revoir. Alors que c’est une princesse, elle se bat avec une massue. Elle a dit que c’était de bon goût pour une demoiselle. Et puis elle a dit qu’on n’était plus des étrangers et j’ai eu plein de friandises. C’était bon.

« C’est quoi ce tas de paradoxes ? »

A partir de ce moment, le voyage continuait plus sous forme de résumé. Peut-être est-ce parce qu’après une semaine, Hiroshi-kun rentrait fréquemment chez lui. Sous prétexte qu’il était impensable de lui donner des repas rudimentaires et de le laisser dormir dehors, ses parents et d’autres gens du pays avaient décrété que Hiroshi-kun rentrerait sur Terre dès 8 heures, dînerait avec un de ses parents et dormirait tranquillement dans son lit. Le magicien va vraiment finir par s’écrouler.

Ensuite, le père a terrassé un groupe de bandits, la mère a terrassé des bataillons de monstres, Akihiko-kun a terrassé 3 des 4 Rois Célestes. Les gardes ont honnêtement fait de leur mieux pour se rendre utile, la princesse est passée derrière eux quand ils en faisaient trop et le magicien s’est bel et bien effondré à plusieurs reprises. Hiroshi-kun a agi à sa guise, distribuant aux ennemis comme aux alliés l’eau qu’il créait, et surveillant la guérison qui s’en suivait.

Pour ne pas montrer de sang à Hiroshi-kun, tout le monde utilisait le plat de l’épée apparemment. Cela mis à part, les affrontements étaient sans pitié. Alors, pourquoi est-ce que les monstres, traumatisés et à moitié morts, les accompagnaient jusqu’au château du Roi Démon ? Peut-être était-ce parce que Hiroshi-kun les avait soignés mais, plus sérieusement, c’est quoi cette situation ? Au début, la princesse et les autres étaient méfiants. Après 5 jours, plus la moindre suspicion, ils se disaient juste « Aah, encore… » et passaient leur chemin. Tu es génial, Hiroshi-kun. Reste comme tu es.

C’est écrit du point de vue de Hiroshi-kun donc ça paraît plaisant, mais le voyage était chaotique, c’est sûr. Par la suite, accompagnés par les monstres, montant parfois sur leur dos, ils arrivèrent au château du Roi Démon. En temps normal, ils ne seraient jamais arrivés jusqu’au boss final en 40 jours mais, au vu de la famille, je me suis dit que c’était inévitable et j’ai continué à lire, étrangement convaincu. Je pense qu’à la prochaine réunion parents-professeurs, je vais faire profil bas.

Enfiiiiin… Même si c’est très réaliste comme rédaction, ce n’est pas une histoire qui s’est vraiment passée, hein ? T’en fais pas. T’en fais pas.

Nous étions finalement arrivés au château du Roi Démon. Après avoir pris une photo avec le dragon noir qui nous avait amenés, je lui ai dit au revoir. Il était classe. Apparemment, les monstres ne peuvent pas parler mais tous ceux qui nous ont accompagnés étaient très gentils.

« Heein, c’est bizarre. Entre deux feuillets de la rédaction de Hiroshi-kun, il y a une photo de lui avec un vrai dragon. A partir d’aujourd’hui, comment est-ce que je suis supposé me comporter avec ta famille ? En fait, il reste encore 7 mois, tu sais ? »

Dans le château du Roi Démon, il y avait beaucoup de monstres. Pourtant, on progressait rapidement. La princesse exterminait tous les monstres qui venaient vers moi, donc ça allait. Elle criait : « Aller, soldats ! Si Hiroshi-kun a ne serait-ce qu’un bleu, je ne tiens pas à avoir à faire à sa famille. » Tout le monde a été incroyable.

« Pourquoi est-ce que tu as tenu à inclure ça dans la rédaction que tu devais rendre à ton professeur ? Quelle menaçante pression que celle de la responsabilité qui vient de menacer ma vie ! J’aurais préféré ne rien savoir ! »

De toute ma vie d’enseignant, ou plutôt, de toute ma vie, la plus grande crise vient d’apparaître, et elle vient de la rédaction d’un écolier. En tant qu’enseignant, je sais bien qu’il ne faut pas faire de favoritisme. Mais enfin, si il arrive quelque chose à Hiroshi-kun, je vais, genre mourir quoi. Je suis pétrifié, mais pour le moment, qu’est-ce que je peux faire sinon continuer à lire ? Qui sait ?peut-être que la dernière ligne, c’est : 「Et je me suis réveillé.」Si seulement.

Nous sommes entrés dans une grande salle du château où se trouvait un homme démon de grande taille. « Celui qui, moi mis à part, a vaincu tous les Rois Célestes, le héros Akihiko, se trouve parmi vous, n’est-ce pas ? Je sollicite un duel entre lui et moi. » a-t-il dit. Nous nous sommes tournés vers Akihiko : il hochait la tête comme pour nous dire de partir devant. Il acceptait le duel.

« Akihiko-kun, quel héros ! »

Quand Akihiko s’est avancé, allez savoir pourquoi, le quatrième Roi Céleste est comme tombé de haut, il était littéralement bouche bée, et sa garde était pleine de trous. Donc nous avons décidé de croire en Akihiko et nous avons continué en avant. Nous entendions « wah ! wah ! whooooooof !! » : un combat épique se déroulait dans notre dos. Sois prudent, Akihiko.

« C’était un chien, Akihiko ?! »

Au début de ma lecture, j’ai imaginé que c’était un NEET, mais non ! Si c’est un chien, alors il est normal que Hiroshi-kun le décrive sans honorifique et que son arme soit une paire de griffes.

Attends… Tout ce qu’Akihiko a fait alors que je pensais que c’était un être humain, a été fait par un chien. Ça veut dire que les 4 plus puissants Rois Célestes de l’armée du Roi Démon ont été battus par un chien ! Tu m’étonnes que le dernier ait du mal à s’en remettre ?!

« J’espère que ça se passera bien pour Akihiko. » ai-je dit. Avec un sourire charmant, la princesse m’a rassuré : « Jusqu’à maintenant, Akihiko a triomphé sur de nombreux monstres et démons. Il est le vaillant canidé qui a brisé en petits morceaux la confiance aveugle qu’ils avaient en leur force. Pour ce qui est du dernier Roi Céleste, il va sûrement perdre tout esprit combatif et aller se terrer quelque part, comme les autres. »

« Ou est passée la princesse qui était encore à peu près décente au début ? »

Enfin, nous sommes arrivés à la chambre du Roi Démon. Les soldats ont préparé leurs armes, maman son épée, papa sa lance, la princesse son marteau d’armes. En tenant mon bâton et la photo du vieux magicien qui s’était écroulé en chemin (encore en vie), j’ai ouvert la grande porte.

« Le vieux magicieeeeeeen ?! »

Le Roi Démon était assis sur une chaise. Il nous a posé une question : « Pourquoi est-ce que des humains de l’autre monde iraient si loin pour celui-ci ? ». Maman a répondu en souriant : « C’est vrai qu’au début, je pensais que c’était aberrant. Mais je ne déteste pas à ce point les habitants de ce monde. Je ne voudrais simplement pas qu’il leur arrive malheur. » Papa est resté bref : « le destin. » La princesse et les autres, en versant des larmes, ont dit « Merci beaucoup. » Auparavant maman disait que vaincre des monstres lui faisait faire de l’exercice, que c’était déstressant ; en plus qu’une fois que tout serait fini, on empocherait une récompense suffisante pour rembourser la prêt de la voiture, de la maison et tout ça et que donc hurrah ! Ça a un peu changé, non ?

« C’est le monde des adultes. Enfin, j’aurais préféré rester dans l’ignorance. En fait j’aurais bien voulu être ému avec la princesse et les autres. »

Ensuite, comme on pouvait s’y attendre, d’une façon ou d’une autre, ça s’est terminé par la victoire du groupe de Hiroshi-kun. Le Roi Démon était sans doute aussi très fort mais bon, avec cette famille-là et en plus la princesse, il m’était tout bonnement impossible de les imaginer perdre. C’est peut-être là toute l’explication qu’on peut demander.

A sa façon, Hiroshi-kun a fait de son mieux pour décrire le combat. Seulement le résultat ressemble à quelque chose comme « et là, l’épée de maman a fait Wouuuuh et a coupé le château ! » ou à « Le marteau de la princesse a démoli le mur puis a envoyé voler le Roi Démon ! » alors la seule impression que j’ai, c’est que ce n’est vraiment pas humain, tout ça. Roi Démon, t’as fait tout ce que t’as pu.

Le Roi Démon est tombé à genoux. C’est alors qu’une fille du même âge que moi à peu près a soudainement émergé d’une porte au fond de la pièce. Devant le Roi Démon, elle a pleuré à grosses gouttes. Tout en toussant, elle s’est mise en travers de notre chemin. Il semblerait que c’était la fille du Roi Démon qui souffrait d’une maladie incurable du nom de « fièvre maléfique ». Après avoir retourné tout le Monde des Démons sans trouver de remède, ils auraient découvert dans un ancien livre qu’il existerait dans les terres des hommes un bâton divin qui aurait le pouvoir d’apaiser les cœurs et de soigner tous les maux, y compris celui dont souffre la fille du Roi Démon. Ce serait pour l’obtenir qu’ils s’étaient attaqué aux terres des hommes.

« Le Roi Démon aussi avait ses raisons. »

Dans ce bâton résiderait une divinité et seul celui qui était aimé de cette divinité pourrait utiliser le bâton. Il pourrait produire de l’eau sainte qui purifierait les cœurs. D’après la légende, même les cœurs maudits des monstres pourraient être purifiés. Quand j’ai demandé ce que ça voulait dire, on m’a répondu que ça permettait apparemment de devenir amis avec les monstres. C’est alors que la fille a dit à l’intention de la princesse et des soldats : « Il ne me reste que peu de temps. Et quand je mourrai, mon père cessera d’attaquer les terres des hommes ! Alors… » Tout ça m’a rendu très triste.

« …Attends un peu, de l’eau sainte ? Un bâton divin ? Ça purifie les cœurs des hommes et ceux des démons ? »

Durant leur voyage, de nombreux monstres s’étaient tenus sur leur chemin. Mais en même temps, c’étaient des monstres qui les avaient accompagnés jusqu’au château du Roi Démon. Allant jusqu’à les faire monter sur leur dos, ils ont fourni un effort tel que tout le groupe est arrivé au château en l’espace des vacances d’été. Mais est-ce qu’ils avaient une raison d’autant se hâter ? D’aller même à l’encontre de leur précieux empereur ?

…Oui, eux aussi avaient une raison. Même si ça signifiait aller contre la volonté du Roi Démon, même si on les verrait comme des traîtres, même si ils ne pouvaient pas le transmettre par des mots, ils avaient un vœu qu’ils tenaient à réaliser. Ce vœu, ils l’ont confié à un petit héros, à un gentil héros.

Je voulais consoler cette fille, qui n’arrêtait pas de pleurer. Alors j’ai brandi mon bâton. Parce qu’avec maman, papa, avec Akihiko, la princesse, le vieux magicien, avec les soldats ou le roi ou tous les gens du pays ou même avec les monstres, ça les avait fait sourire. J’ai pensé que peut-être, ça la ferait sourire aussi.

« Hiroshi-kun… »

Quand j’ai produit de l’eau, la fille a eu l’air étonnée. « C’est de la bonne eau. C’est de l’eau super qui va te faire sourire. » Tout en disant cela, je lui ai tendu l’eau. Je lui ai dit : « Si tu as peur, on n’a qu’à boire ensemble ? » et nous avons nerveusement bu ensemble. C’est alors que le corps de la fille s’est soudainement mis à briller, et quelque chose de noir, d’étrange, s’en est échappé. J’ai été surpris, puis la fille a recommencé à pleurer à grosses larmes mais, finalement, elle a laissé entrevoir un petit sourire. Ça m’a fait très plaisir.

Incroyable. Même avec tout ce chaos, il est parvenu à un si beau dénouement. Hiroshi-kun, tu es incroyable.

Par la suite, le Roi Démon m’a remercié, et s’est incliné devant la princesse. Il s’est aussi excusé auprès de maman. Tout ça alors qu’il était en si piteux état, j’étais désolé pour lui.

« Garde précieusement ce cœur innocent. »

IL finit par y avoir une négociation entre les pays des hommes et les terres des monstres. La princesse m’a dit qu’ils allaient peut-être pouvoir bien s’entendre. Il semblerait que les monstres qui nous ont accompagnés aidaient aussi à retenir les autres monstres et à sauver des humains. Elle m’a dit que c’était grâce à ça. A l’avenir il y aurait des tas de difficultés mais ils allaient faire de leur mieux.

Le pays avait apparemment organisé une fête grandiose pour le retour des héros. La médiation avec le Roi Démon aussi avait été prise en charge par la princesse. Cette fois-ci le Roi Démon était responsable pour beaucoup, alors il allait sans doute être lourdement puni.

Dans la rédaction de Hiroshi-kun, l’emphase est mise sur le fait que les plats servis étaient délicieux donc, on ne sait pas vraiment en détails… mais je ne pense pas que ça puisse si mal tourner. Que ce soit pour les hommes, les monstres, ou la famille du Roi Démon.

« … hein ? Maître ?
— Eh ! Hiroshi-kun ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
—Euuh, désolé. En fait, j’avais oublié ma gourde et… ma mère m’a fait comprendre qu’il valait mieux que je revienne la chercher.
— Ta gourde, hum. Je vous avais pourtant rappelé de ne rien oublier. Ahh, et moi qui pensais vous féliciter demain de n’avoir rien oublié.
— Maiiiis, Maître. Laissez passer pour aujourd’hui. Je vous assure que je n’oublierai plus rien ! »

Après qu’une voix d’enfant a interrompu ma lecture de la rédaction, je me rends compte qu’un élève dont je suis responsable est entré dans la salle. Ni plus ni moins que l’auteur de la rédaction que je lisais jusqu’alors. Après un soupir, je réponds à Hiroshi-kun, qui plaide son cas en joignant les mains, que ça ira pour cette fois. Son visage souriant alors qu’il me remercie est, à n’en pas douter, celui d’un élève comme on en trouve partout. Et ce serait le héros tout juste sorti d’une aventure épique pendant les vacances d’été ? Je ne peux pas m’empêcher de pouffer un peu à cette idée.

D’ailleurs, puisqu’il est justement ici, je ferais peut-être bien de lui demander ce que c’est que cette rédaction. C’est très bien en tant que fiction mais ce n’est pas le genre de choses qu’on rend comme devoir. Encore moins quand le sujet est « Vos vacances d’été. » Voilà ce que je m’apprête à dire quand je suis interrompu dans mon élan par de lourds bruits de pas venant du couloir.

« Hiroshi ! Ne t’en va pas sans moi, j’étais sur le point de me perdre !
— Ah, Diina ? Tu ne devais pas attendre à l’entrée ?
— Euh, oui mais l’école a piqué ma curiosité. Tu sais bien que j’ai toujours vécu au château… »

À la vue de cette petite fille qui rougit timidement, j’ai écarquillé les yeux, comme par réflexe. C’est la première fois que je vois des cheveux aussi parfaitement argentés. Ce n’est pas du blanc, mais réellement une jolie couleur argent. Déjà, elle n’est sans doute pas japonaise. C’est comme si elle vivait dans un monde à part, voilà l’impression qu’elle donne. C’est une jeune fille qui laisse une telle impression que j’en ai oublié ce à quoi je pensais avant.

Peut-être qu’elle vient de se rendre compte que je la regarde, ou alors est-ce qu’elle vient seulement à l’instant de se rendre compte que je suis ici ? Le visage de la fillette du nom de Diina est devenu encore plus rouge puis elle est partie se cacher derrière Hiroshi-kun. Il semblerait que j’en ai trop vu. Au temps pour moi. Heureusement, après que Hiroshi-kun lui a expliqué que j’étais un enseignant, le malentendu a été réglé.

« Ah oui, et puis Diina, il ne faut pas que tu coures dans les couloirs. Maître, excusez-là, elle est juste venue jouer chez moi et elle ne connaît pas encore les règles de l’école.
— Euuh, aah. Dé-désolé. Excusez-moi d’avoir couru dans les couloirs.
— Eh bien, tant que vous en êtes conscient, ça va. Je vous préviens parce que vous pourriez glisser et vous cogner la tête ou alors vous cogner contre quelqu’un et vous blesser. C’est pour ça qu’il faut faire attention.
— Effectivement, il y a habituellement beaucoup de monde dans une école. Mes remerciements pour cet avertissement ! »

Quand cette jeune fille m’a remercié si énergiquement, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Même si elle avait une façon de parler quelque peu étrange, ce semblait être un enfant honnête. Toujours est-il que je ne pouvais pas retenir ces enfants indéfiniment.

« Bon, aller. Rentrez chez vous maintenant. Et faites attention aux voitures et aux vélos sur le chemin du retour.
— Les voitures, ce sont ces véhicules rapides à 4 roues, si je me souviens bien. Et les vélos, ce devait être ceux à 2 roues. Je me souviens comme grande sœur a paniqué quand elle en a vus pour la première fois.
— Et maintenant, elle a appris à se servir des passages piétons. Elle regrettait de ne pas pouvoir aller jusqu’à l’école cela dit.
— La prochaine fois, allons-y tous ensemble. Il y a tellement d’endroits où j’ai envie d’aller. …un jour, avec mon père aussi. » 

Après que mes quelques mots ont enclenché leur conversation, ils m’ont salué ensemble. Puis ils se sont inclinés et ont quitté la salle de classe. Je les ai regardés partir puis, en haussant les épaules, j’ai dirigé mon regard vers la rédaction de Hiroshi-kun que j’avais arrêté de lire avant la fin.

C’est le 31 Août, l’école reprend demain. Je n’oublierai jamais ces vacances d’été. Maman et papa sont rentrés aussi, ils essaient d’utiliser la récompense pour rembourser leurs prêts sans que ça ait l’air suspect. Akihiko a emmené les 4 Rois Célestes qu’il a vaincus avec lui, et s’est embarqué dans un voyage de réformation de l’autre monde. Ça avait l’air amusant alors tant mieux pour lui mais je lui ai quand même dit de rentrer de temps en temps. Ce à quoi il a répondu « Wah ! » Le vieux magicien est revenu à la vie et, après avoir bu de mon eau, il a dit qu’il allait faire de son mieux à son travail.

Ce qu’il y a d’écrit est vraiment stupidement fantastique mais, mystérieusement, j’ai un sourire aux lèvres.

Au moment de rentrer, la princesse m’a dit « Appelle-moi grande sœur » Ça m’a fait plaisir alors je suis devenu son petit frère. Le roi m’a dit que je pouvais revenir quand je voulais, donc je pense y retourner.  Et puis, à ma grande surprise, il a été décidé que la fille du Roi Démon viendrait avec nous. Sa magie et ses capacités physiques seraient scellées mais il semblerait que les gens de l’autre monde puissent aussi venir dans le nôtre. Grande sœur aussi aimerait venir à ce qu’elle m’a dit, donc nous nous sommes promis de nous revoir. Je veux lui montrer tout ce qu’il y a de beau sur Terre.

Je vais faire de mon mieux pour faire sourire Diina.

« Bonne chance, jeune homme. Et puis, pour ce qui est du reste, du jour des parents et de la réunion parents-professeurs, bonne chance, moi. Si je tourne contre moi des héros, un royaume et un Roi Démon d’un autre monde, ça ne va pas être beau à voir. »

Perplexe, je me suis gratté la tête et je suis parti vers la salle des professeurs, prenant avec moi le reste des rédactions et tout ce dont j’avais besoin. J’ai senti que, quelque part, tout ça m’avait fait chaud au cœur.


Source : https://ncode.syosetu.com/n0691cu/

Traduction anglaise : https://yoraikun.wordpress.com/2016/10/17/that-one-time-the-essay-a-child-wrote-over-summer-break-was-way-too-fantasy/

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5 commentaires sur “Un élève et sa rédaction un peu trop fantaisiste

  1. Et bien, cela m’a fait vraiment sourire (et j’en ai vraiment besoin vu les tuiles qui me tombent dessus).

    Travail rémunéré dans un autre monde comme  »mercenaires », le fisc japonais risque de tombé sur le dos de notre famille surtout si la mère essai de régler ses prêts avec des pièces d’or ! Je ne pense pas le Royaume est des devises convertibles en yens 🙂

    Il y a une seconde histoire d’après ce que l’ai sur le site anglais, Il est prévu qu’il soit traduite ?

    J’aime

    1. Je suis ravi que l’histoire te plaise ; elle est tellement mignonne et drôle ^^
      C’est vrai qu’une séquelle existe et elle est du même acabit que la première histoire. Je l’aime beaucoup également et je compte bien la traduire. Mais je préfère varier les plaisirs alors ce ne sera pas mon prochain projet.

      J’aime

  2. Merci pour cette histoire qui m’a beaucoup fait sourire. C’est différent des isekai habituelle, alors j’ai beaucoup apprécié. Et j’ai hâte de lire la séquelle de cette histoire ^^.
    Donc bon courage pour la suite, même si ce n’est pas prévue pour l’instant.

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