Perdu dans la nuit 6 : Apprenti magicien

Auteur : Ilanor
Check : Samihuunter & Exserra


Yo ! Désolé des 8 jours de retard, les vacances m’ont pris sans prendre de PC, donc impossible de poster… Voilà déjà un chapitre, on en apprend un peu plus sur la magie et son fonctionnement, et une petite surprise à la fin… Bonne lecture !

Et pour moi aussi, un grand merci à Samihuunter et Exserra pour passer derrière moi, il y en a besoin… ^^’


L’un impatient d’en apprendre un peu plus sur la magie, l’autre traînant les pieds, Eliana et Aln se dirigèrent vers une pièce attenante, l’endroit étant peu propice à la discussion.

Il devait s’agir autrefois du bureau du grand père d’Eliana, car bien que le sol n’en soit pas moins en désordre que celui du laboratoire, un bureau en bois de noyer magnifiquement décoré y trônait. Derrière ce dernier, un fauteuil d’aspect très confortable n’attendait qu’une seule chose : qu’on s’y assoie; ce que fit immédiatement Eliana en entrant. Elle invita ensuite Aln à en faire de même sur la chaise de paille qui lui faisait face, et Aln s’exécuta d’un air maussade en grommelant des choses incompréhensibles quant à la politesse en tant qu’hôte, etc…

Eliana lui jeta un petit regard bassement satisfait, puis, prenant des airs de professeur (Qui ne lui allait par ailleurs pas vraiment), elle entama la conversation d’une voix recherchée.

– Je ne peux pas t’apprendre la Sagmag, tu mourrais avant même de pouvoir lancer un seul sort. Cependant, connaitrais-tu une magie pratiquée chez toi ?
– Une magie ? Mis à part la magie des runes, je ne vois pas… Et encore, parler de magie est un peu fort, la seule chose qu’on arrive à faire avec, c’est de faire tiédir de l’eau. Et on n’y arrive qu’en été… Sa seule utilité, c’est que d’une manière ou d’une autre, elle permet à l’ancien de repousser les Ombres.
– Ce n’est pas idéal, mais il y a pire comme point de départ. Et puis, en te voyant, ça ne m’étonne pas que les gens dont tu parles n’arrivent à rien…
–  Ça veut dire quoi ça ?

Eliana l’étudia quelques instants, de la même manière que l’on regarde un singe dans un zoo, puis elle lui répondit d’un air innocent.

– Oh rien, ne t’inquiète pas pour ça. Par rapport à la magie des runes, il y a trois points importants à connaître : l’inscription du mot sur la pierre, la connaissance des phénomènes impliqués, et enfin une utilisation cohérente, c’est à dire que la rune doit être utilisée strictement en accord avec le sens du mot inscrit.
– Traduction s’il te plait ?
– Tu dois savoir comment est ce que l’on crée une rune.
– Non, je sais pas.
– Pardon ?
– En fait, là, maintenant, je suis au beau milieu de ma cérémonie de passage à l’âge adulte.
– C’est impossible. L’Éveil se fait par la mise en présence de la magie. Tu ne l’as pas subi quand tu étais ici, donc tu as dû le subir avant.
– Et pourtant…
– J’aurais du commencer par là… Comment es-tu arrivé ici ?
– C’est.. compliqué. Lorsqu’on m’a trouvé – je suis orphelin – j’étais dans un berceau, et déjà je tenais dans mes bras un livre de cuir relié, un vieux livre qui doit probablement me venir de ma famille. Au début il était totalement vierge, mais je le gardais dans l’espoir qu’un jour il se passe quelque chose. Un jour, je suis sorti, pendant la nuit, et je l’ai pris avec moi. L’ouvrant, je me suis retrouvé dans la clairière, il y a 6 ans. Une seconde fois, et me voici.

Eliana se troubla. Un livre, un grimoire plutôt. C’était ce qui permettait à Aln de traverser les âges pour venir lui parler. De quel genre de famille venait-il ? Un objet d’une telle puissance signifiait que ses parents, ou un de ses ancêtres au moins, étaient de puissants magiciens. Peut-être même avaient-ils accès à la Nivmag, et comme ils avaient conservé cet objet, il ne pouvait s’agir que de Chercheurs. Pourquoi avaient-ils ainsi abandonné leur enfant avec l’héritage de leur famille ? Et pourquoi ce livre lui montrait-il spécialement ces passages du passé ?

Elle songea à ces questions qu’Aln devait se poser depuis des années, sans espérer de réponse.

Les deux restèrent ainsi silencieux, l’un se remémorant ses questions sans réponses, et l’autre réfléchissant aux implications d’un objet tel que le grimoire d’Aln. Cependant, au bout de quelques poignées de secondes, leurs visages s’illuminèrent, et ils s’exclamèrent de concert.

– C’est ça ! Dans la clairière !
– Est-ce qu’à ce moment, tu as vu défiler quelques mots – des runes – devant tes yeux ? reprit Eliana.
– Oui, si je me souviens bien, oui. A une différence près.
– Laquelle ?
– Ce n’était pas ‘quelques’ mais plutôt ‘quelques milliers’”

Lorsqu’il était dans la clairière, alors que la Nivmag commençait son déchaînement, Aln avait été soudainement assailli par d’innombrables mots inconnus, alors qu’une violente migraine l’avait envahi. Exactement comme Eliana l’avait décrit, si ce n’est pour la quantité. Une quantité qui, au vu de sa réaction, avait son importance.

En effet, elle était complètement abasourdie. Les yeux écarquillés, les mains crispées sur les bras de son siège, elle semblait paralysée de stupeur. On pouvait lire dans ses yeux une large déclinaison de sentiments allant du déni jusqu’au ridicule en passant par l’incrédulité. Le problème, c’est que cet état semblait parti pour durer.

Aln patienta. Dix secondes. Vingt secondes. Au bout de trente, il se leva. Il agita sa main devant le visage de la jeune fille. Aucune réaction. Enfin, à quarante, il lui pinça la joue.

– Aïe ! Mais qu’est ce que tu fais ?” réagit-elle enfin.
Il retourna calmement s’asseoir, et, ignorant sa plainte, il lui demanda.
– Qu’est ce que cela veut dire ?
Eliana lui jeta un regard noir, mais pourtant lui répondit amèrement.
– Tu ne plaisantais pas ?
– Non. Pourquoi je le ferais ?
Prenant une grande inspiration, elle le dévisagea, incrédule, et reprit à contre-coeur.
– Cela me rend malade de devoir l’admettre, mais… ça veut dire que tu es un génie des runes comme on en a jamais vu. De ce que m’a raconté mon grand-père, même les plus grands génies de cette magie n’en n’avaient vu qu’une centaine tout au plus lors de leur Éveil. A défaut du reste, il semblerait que tu aies au moins ce talent…

Et Aln se dit qu’effectivement, ça semblait lui faire du mal… Il répondit d’abord d’un ton joyeux.
– Haha ! Je savais bien que j’étais un génie ! Att… ça veut dire quoi ça ? reprit-il, piqué au vif.
– Trois fois rien, vraiment ! Plus important, ferme les yeux, et concentre toi sur les battements de ton cœur.
– Si, c’est important !
– Tu préfères que je t’explique comment créer ton Nivtoagl, ou que je t’explique ce que j’ai voulu dire, idiot ?
– … Le Nivtoagl…
– Parfait. Le premier talisman, le Nivtoagl, est le plus puissant, car c’est le seul qui te soit vraiment intimement lié. Il est en général moins puissant que la Sagmag, car comme toutes les autres runes, il n’a qu’une seule fonction, mais on peut le réaliser à moindre coût et de manière parfois plus efficace.
– Je vois.
– Tu ne vas pas vraiment l’inscrire, mais tu vas le visualiser. Une des runes que tu as vue lors de ton Éveil va t’apparaître, celle qui te définit le mieux. Ce faisant, tu vas le matérialiser. C’est très proche du fonctionnement de la Sagmag, mais cette rune va devenir une partie de toi-même. Tant qu’elle restera en bon état, aucun soucis, mais détruit, elle te causera… et bien, quelques petits problèmes.
– Quel genre de petits problèmes ?
– Tu veux vraiment savoir ? répondit narquoisement Eliana.
– Pas vraiment…
– Alors on passe à la suite. Ferme les yeux, et concentre toi sur les battements de ton coeur.

Marmonnant dans sa barbe, et invectivant la jeune fille en son for intérieur, Aln s’exécuta. Fermant les yeux, il se détendit, et échoua à percevoir les battements de son coeur. Il s’apprêtait à le faire remarquer, mais soudain il se sentit comme pris par la main, guidé en lui-même. La voix d’Eliana lui parvint, comme de très loin, irréelle et sans consistance, lui susurrant quelques mots.

«Tu devrais réussir bientôt à visualiser un mot. Ce mot, c’est celui qui s’inscrira par lui même sur ton Nivtoagl. C’est celui qui va le mieux représenter ton essence, ta vie, et qui t’accompagnera jusqu’à son terme… »

La suite s’étiola dans les ténèbres de sa conscience, ou plutôt Aln décida-t-il de l’ignorer.

Il était trop concentré sur ce qui se passait en lui pour y prêtait attention, et la sensation agréable qui le saisissait était accompagnée d’une certaine anxiété : Qu’allait donc être le mot de son Nivtoagl ? Force ? Feu ? Lumière ?

D’un ton moqueur, la voix du guerrier résonna dans son esprit.

« Tu aurais bien aimé, n’est-ce pas ? Malheureusement, non. Pas pour nous. Dommage, hein ? »

***

Quand Aln rouvrit les yeux, il se trouvait de nouveau au milieu de la place du village, protégé par la barrière de l’ancien, derrière laquelle se pressait quantité d’Ombres silencieusement inquiétantes. A la position de la lune, il devait avoir passé tout au plus quelques minutes dans son ‘rêve’, bien qu’il eût l’impression que cela fasse beaucoup plus longtemps.

Baissant le regard, il vit dans ses mains une petite tablette d’ébène mal taillée, sur laquelle était inscrit en rouge un seul mot : « Niholn ».

Il en connaissait la signification. « La Mort. » Une blague de mauvais goût.

Chapitre précédent <~ Sommaire ~> Chapitre suivant

4 commentaires sur “Perdu dans la nuit 6 : Apprenti magicien

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s