Auteur : SamiHuunter
Hum, j’ai l’impression d’être forcé de sortir ce chapitre, je ne sais pas pourquoi…
En tout cas, profitez de la lecture, parce qu’une fois rattrapé avec mon site, ça prendra le même format que les autres œuvres originales o/
Déjà que je pense me faire remonter les bretelles pour sortir tous les jours la même histoire sans en parler avec Wari x)
Même si je vous conseille de suivre les sortie plutôt sur Soreyawari parce que je repasse sur mes vieux chapitres et qu’en plus de les corriger, je fais des petits ajouts 😀
Dans ce chapitre, Tom parle beaucoup… genre, beaucoup, donc je suis désolé d’avance D:
Sur ce, bonne lecture !
En plein milieu de la nuit, Tom se réveilla.
Il resta allongé sur le dos à observer les étoiles qui peuplaient le ciel complètement noir. Il ne parvint à trouver aucune constellation similaire à celle qu’il avait l’habitude d’observer en compagnie de son amie d’enfance, ce qui étoffa la théorie selon laquelle ils se trouvaient sur une autre planète.
Au lieu de la lune familière de leur monde, il y avait trois astres qui brillaient, hauts dans les cieux. Deux avaient une taille similaire au satellite terrestre, mais la troisième était plus grosse. Elle était presque pleine tandis que les deux autres étaient plus ou moins à leurs premiers quartiers.
Se relevant lentement pour ne pas éveiller les deux silhouettes allongées à côté de lui, Tom s’éloigna sur la pointe des pieds en direction de la forêt.
Il s’approcha d’une silhouette assise sur le sol et elle se retourna en l’entendant approcher.
– Tu vas où ?
M. Thomas le regardait. Même avec le peu de lumière que les lunes parvenaient à réfléchir, il apercevait ses yeux sans éclat le dévisager et un frisson descendit le long de son échine.
– Je vais juste aux toilettes.
– D’accord. Ne t’éloigne pas trop. Si tu vois quelque chose de suspect, hurle.
Hochant la tête, il se désintéressa de Tom et se remit à fixer la lisière de la forêt avec ses yeux de poisson mort.
Tom passa à côté de lui et s’enfonça sous le couvert des arbres.
Il marcha plusieurs secondes avant de juger qu’il était assez loin du camp.
Commençant à reboutonner sa braguette après s’être soulagé, il s’immobilisa quand il entendit un bruissement à quelque pas de lui. Il s’apprêtait à courir quand un visage familier apparu.
– Tom ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
– C’est à moi de te poser cette question Nat, t’es pas censé dormir en ce moment ? Il y a déjà eu deux changements, ne me dis pas que t’es resté éveillé pendant tout ce temps ?
Mal à l’aise à cause du regard acéré de Tom qui semblait sonder les tréfonds de ses pensées, Nathan afficha machinalement un sourire.
– Haha, impossible de te décevoir…
Tom haussa un sourcil, voyant que son ami n’était pas dans son état normal.
– Il se passe quelque chose ? Tu veux en parler ? Même si je risque pas de t’être d’une grande d’aide, je peux toujours t’écouter, tu sais.
Soupirant, Nathan s’assit par terre, accolé contre un arbre. Il attendit que Tom le rejoigne pour commencer à parler.
– J’arrive pas à dormir. Dès que je ferme les yeux, je revois le monstre manger Mathieu. Je n’arrive pas à me sortir de la tête son visage qui me regardait, ses yeux qui me fixaient… Et maintenant, toute la classe me regarde comme si j’allais les sauver, ils me suivent sans poser de questions. Je pourrais leurs demander de sauter dans le fleuve qu’ils le feraient, j’en suis certain…
Mais, tu sais, ils ont beau penser que je vais les sauver, je peux rien faire moi… Quand le loup nous a attaqués et que je nous ai sauvés, tu peux pas savoir à quel point j’étais soulagé d’être toujours vivant… Mathieu avait beau être mort et Joseph sur le point de se faire dévorer, je ne pouvais pas bouger, j’ai juste pensé « heureusement que je suis toujours en vie ». J’ai regardé Anthon faire tout le travail et ensuite, tu m’as demandé de jouer le rôle du chef, mais comme je pourrais faire ça, moi ? Je suis mort de trouille ! Tout ce que je veux, c’est que quelqu’un prenne ma place et me laisse tranquille ! Je veux m’enfuir et retourner chez moi…
Sa voix était désespérée et tremblante de sanglots contenus. Il termina sa déclaration et elle se brisa.
– Je vois, tu sais ce que c’est la peur ?
Parce que Nathan resta immobile, les yeux rivés sur ceux de Tom, ce dernier se mit à expliquer :
– – C’est une simple réaction chimique dans le cerveau. En présence d’un danger ou d’un stress, des hormones sont produites par les glandes surrénales, dont l’adrénaline. Cette hormone va augmenter la pression artérielle en provoquant une constriction des vaisseaux sanguins. Le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent. Les pupilles se dilatent. La digestion s’arrête pour augmenter les stocks d’énergie disponible. La vue et la réflexion sont améliorées, mais c’est pas tout. Des réserves sont libérées et vont fournir de l’énergie aux muscles… En bref, la vitesse de réaction et la vision sont améliorées, le corps est plus puissant et plus réactif, la sensation de douleur est désinhibée à un certain point. Pour résumer en quelques mots : un individu terrifié va devenir un super-homme pendant un petit moment.
Si après avoir entendu ça, tu estimes toujours qu’avoir peur est une mauvaise chose, je ne sais pas quoi te dire. Je ne te demanderai pas d’aller mourir pour les autres, c’est normal de vouloir sauver sa peau, il n’y a pas de quoi en avoir honte. Qu’est-ce que le courage si ce n’est la force qui te pousse à te surmener dans le besoin ?
C’est juste que tu l’as dit toi-même, Nat, tu veux que quelqu’un prenne ta place de chef. Eux, ils veulent avoir un chef. Je pense honnêtement que t’es le mieux taillé pour ce boulot, eux aussi. Ils ne t’auraient pas écouté sinon.
Si tu espères que quelqu’un va venir et nous sauver, laisse-moi douter du bien-fondé de cette idée. On ne sait même pas s’il existe autre chose que ce monstre dans ce monde. Si tu veux toujours croire en un miracle, fais-le en assumant le rôle. Ils ne te demandent pas de combattre tout par toi-même ou de trouver un moyen de rentrer, mais juste de les guider et de garder le groupe soudé.
Être une figure immuable, qui n’a pas peur ou qui n’hésite pas. Je ne te demande pas de ne pas avoir peur, mais juste d’avoir l’air calme devant eux. Si tu es terrifié, gardes le pour toi.
Je sais que ce que dis peut paraître difficile et que ça te met la pression, mais c’est pas comme si j’avais le choix.
Quant à te sentir coupable, l’instinct de préservation est naturel chez toutes créatures pensantes. Et si tu crois que quelqu’un qui fait don de soi pour les autres sera souvenue en tant que saint, peut-être que tu as raison, mais il n’en sera pas moins l’une des premières victimes.
Nathan l’avait écouté sans l’interrompre, le fixant avec une expression misérable.
– T’as beau me faire un beau discours, comment tu peux être sûr que je suis un bon leader ? Ça me parait évident que n’importe qui d’autre est mieux placé pour les diriger, même Anthon ferait un meilleur boulot !
– Tu dis ça uniquement parce que t’es en pleine dépression. D’habitude t’es bien plus enclin à aider les autres. Je te connais depuis un bout de temps, Nat, je sais que t’es un mec bien. Tout le monde t’adore. T’as du charisme. C’est pas une chose que tout le monde peut se vanter d’avoir. Ai un peu plus confiance en toi.
Nathan baissa la tête à ces mots.
« Il n’a pas l’air très convaincu mais il a au moins compris ce que la classe attend de lui. »
Gardant cette pensée pour lui, Tom tapota gentiment le dos de son ami.
– Allez, il faut que t’ailles dormir maintenant, ça serait idiot d’être dans un sale état demain et de rien pouvoir faire.
Tom raccompagna Nathan jusqu’au camp.
Mason et son groupe venait de changer avec celui de M. Thomas. Ils les regardèrent avec une expression interrogatrice en les voyants apparaître ensemble à la lisière de la forêt, mais ils ne firent aucun commentaire.
Tom se rendormit presque immédiatement en se couchant, mais Nathan, allongé entre lui et Joseph, resta éveillé à se ressasser les propos de Tom.
« Un chef, huh… »
Laissant ses pensées dériver, il finit par s’endormir à son tour.
Le lendemain, Nathan fut réveillé par l’agitation qui parcourait le campement.
Les élèves passaient à côté de lui en discutant, portant du bois sur leurs épaules. Des sons résonnaient régulièrement en provenance de la forêt, et parfois, un grand bruit et des craquements retentissaient à travers les arbres, couvrant tout le reste.
Se levant en se frottant les yeux collés par le sommeil, Nathan chercha des yeux les personnes qui avaient dormis à ses côtés, mais il n’y avait d’eux aucunes traces autres que les marques dans la terre, à ses pieds.
Tom était introuvable.
Des notes de musiques lui parvinrent aux oreilles. En les entendant, il se retourna pour déterminer leur provenance.
William était là, en plein milieu du campement. Ses camarades passaient à côté, chargés de matériaux, et s’arrêtait parfois pour l’écouter avant de reprendre leurs marches, un air joyeux détendant leurs traits.
Assis en tailleur, il soufflait dans la flûte qu’il avait reçue avec une expression d’allégresse que Nathan n’avait jamais vue. La flûte était un long instrument possédant de nombreuses similarités avec une flûte traversière de leur monde, mais elle était tout de même foncièrement différente. La lumière qui se reflétait dessus étincelait quand il la bougeait en déplaçant ses doigts.
Le son qu’elle produisait avait un effet incroyable. En écoutant la musique qui s’échappait du tube, il sentait sa tête se vider de toutes ses pensées et émotions négatives qu’il avait accumulées. L’étau qui écrouait son cœur disparu et il se senti libéré d’un poids.
Des animaux étaient regroupés autour du musicien. Des oiseaux chantaient la mélodie en cœur, confortablement installés sur ses cheveux bruns. Des petits rongeurs et une espèce de lapin à la fourrure blanche possédant deux paires de longues oreilles et une petite corne qui dépassait de son front étaient blottis contre William.
En voyant Nathan, William abaissa son instrument et le regarda avec un large sourire.
– Salut, Nat, bien dormi ?
Quand la musique s’était arrêtée, la petite armée de bestiole avait commençait à piailler d’un air mécontent, comme s’il voulait que le musicien reprenne sa performance.
– Très bien, merci, t’aurais pas vu Tom par hasard ?
Nathan n’était pas en état de chercher de la logique dans la scène qui se déroulait devant ses yeux, alors il essaya de son mieux de faire fi des bizarreries et d’aller droit au but.
– Aux dernières nouvelles, il était dans la forêt avec Charlotte et le groupe d’Anthon. Ils coupent du bois et les autres le ramènent. Joseph est avec eux, ils testent des trucs pour lui fabriquer une jambe en bois.
Nathan le remercia et se retourna vers la direction que son camarade pointait du bout de sa flûte. Il ne put s’empêcher de revenir sur ses pas et de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.
– En fait Will, pourquoi tu fais de la musique, non pas que ça me dérange, mais je suis curieux quand même. Et surtout, c’est quoi toutes ces créatures ?
William avait replacé l’embouchure de son instrument contre sa bouche et se préparait à reprendre sa performance. Sans changer de position, il rit à sa question, des notes claires et hautes s’échappèrent de la flûte.
– Pourquoi je joue de la musique ? Tu ferais mieux de me demander pourquoi je respire, je serai en mesure de te donner une réponse bien plus satisfaisante.
C’est juste que la musique est une chose joyeuse. Quiconque entend une belle mélodie va être un peu plus heureux. Et mon pouvoir fait que les gens qui entendent ma musique ont leurs performances amélioré, c’est pour ça que Tom m’a demandé de jouer pour tout le monde. Quant à ces petites bêtes, elles sont juste venues quand j’ai commencé à jouer. Elles sont mignonnes et inoffensives, alors j’ai rien à dire.
Il gratta la tête de l’étrange lapin qui ferma les yeux et produit un son semblable à un ronronnement puis il reprit sa musique.
Nathan s’éloigna en direction de la forêt et salua les élèves qui passaient, des morceaux de bois sur leurs épaules.
Il se fit accompagner par Jack qu’il croisa à la lisière des arbres, se tenant droit et armé de sa lance. Il le dirigea vers la source des bruits qu’il entendait depuis tout à l’heure. Il le laissa en lui disant de continuer seul sur les prochain mètres et reparti à son poste.
Nathan suivit son indication et déboucha sur une trouée en plein milieu de la forêt.
De nombreuses personnes se trouvaient là.
Il repéra Tom, penché sur Joseph qui était assis au sol. Les deux semblaient être en pleine discussion.
Tout autour, Anthon et cinq autres garçons étaient torse nus et balançaient des haches contre les épais arbres en face d’eux. Une seule fille était présente parmi eux : Romane Hildeborg.
Elle swinguait sa hache avec autant d’entrain que les autres, si ce n’était plus. Ses yeux bleus fixaient l’écorce en face d’elle avec concentration. À chaque coup, ses tresses blondes sautaient sur ses épaules.
Romane avait gardé la chemise de son uniforme, mais sa sueur rendait la fabrique transparente. On pouvait apercevoir son soutien-gorge à travers, et quand Nathan le remarqua, il détourna promptement la tête. Se remplir le cerveau de ce genre de pensées n’était pas la meilleure chose à faire dans ce monde.
Il y avait deux personnes par arbres, abattant leurs haches à tour de rôle et en rythme. Anthon, lui, travaillait seul.
Au milieu de la clairière artificielle, Charlotte et Lily parlaient, assises sur une souche d’arbre récemment abattu.
Lily était une jeune fille à la peau blanche, aux cheveux roux et aux yeux bleus. En classe, elle ne parlait pas souvent et préférait dessiner en compagnie de sa seule amie.
S’approchant de son professeur, il lui demanda ce qui se passait.
– Oh, bonjour Nathan, on a pas voulu te réveiller puisque tu dormais si bien. On est juste en train de commencer la construction du camp. Tom m’a demandé de superviser les préparations jusqu’à ce que tu te lèves. On travaille sur le plan du camp. Tu veux nous donner ton avis ?
Lily tendit une large feuille sur laquelle se trouvait un dessin à l’encre noire. Elle récita quelques mots et la feuille commença à vibrer. L’encre tourbillonnait et petit à petit, les bâtiments dessinés s’élevèrent.
Nathan tenait dans sa main une petite maquette du futur camp.
– Wow, c’est quelque chose… Mais même si je voulais donner mon avis, j’ignore ce que tout ça représente …
Charlotte lui expliqua à quoi correspondait chaque construction.
Le plan était assez simple. Toutes les constructions étaient en bois pour l’instant, n’ayant aucun autre matériau à disposition.
Le campement était entouré par une double muraille. Elle l’encerclait entièrement et avait deux niveaux. Six petites tours étaient érigées à intervalle régulier. À l’extérieur du camp, une fosse profonde était présente.
C’était les seuls mesures de sécurité qu’il avait prisent. Charlotte ajouta que les ennemis n’étaient pas des humains, donc ces fortifications devraient être suffisantes pour repousser les attaques des monstres.
Le bâtiment supposé contenir leurs chambres était le plus grand. Il était accolé à la muraille intérieure. Les chambres seraient assez grandes pour contenir chaque groupe. Faire une chambre par personne était chose impossible car il aurait fallu un espace considérable.
Une petite route traversait le camp, de la porte dans la muraille jusqu’à un bâtiment, en face de l’entrée. Plus petit que les dortoirs, c’était un endroit où ils pouvaient se réunir pour manger ou pour prendre des décisions si nécessaire.
À l’opposé des dortoirs se trouvait un endroit couvert. C’était supposé être un terrain d’entraînement.
Même si Nathan ne voyait pas vraiment en quoi il pourrait être utile, il ne le dit pas à haute-voix.
– Voilà, c’est tout ce qui est prévu pour le moment, les enfants sont en train de préparer le matériel pour construire en priorité le dortoir et la palissade intérieure, le reste sera fait plus tard. On hésite à faire ou non un canal relié au lac. Ça pourrait servir pour récupérer de l’eau pour un bain ou même piéger des poissons, mais je pense que c’est une mauvaise chose… Si jamais quelque chose remonter le canal, les fortifications auront été inutiles.
– Je vois… Pour l’instant, ce n’est pas prévu de le creuser, non ? On est juste au début, donc on pourra voir ça plus tard. Mais je dois avouer que c’est impressionnant, vous avait l’air de vous y connaître toutes les deux en construction fortifié.
Lily secoua la tête.
– Uun, c’est Charlotte qui a tout fait, j’ai juste dessiné le plan…
Charlotte sourit en lui tapotant le dos. Avec sa taille, elle parvenait tout juste à atteindre ses omoplates.
– Fais pas la modeste, Lily, t’en sais plus que moi sur le sujet, alors que je suis une prof d’histoire !
Elle se tourna vers Nathan et se pencha d’une manière sérieuse, comme pour lui donner des renseignements secrets.
– En fait, elle dessinait un manga qui se passait dans un camp romain, et elle a appris comment ils formaient les camps et d’autres informations de ce genre-là comme référence. Apparemment, c’était une histoire d’amour entre un grand général romain et un esclave gaulois…
– C’est bon, j’ai pas besoin d’en savoir plus ! Merci !
Il regarda Lily qui se tordaient les mains avec une expression embarrassé. Nathan afficha un sourire compréhensif.
– Tu sais, j’ai aucun droit de juger ce que tu fais, surtout si c’est ce que tu aimes. Au contraire, c’est bien d’afficher avec fierté les choses qu’on apprécie, même si c’est pas commun…
Les yeux de sa camarade se remplirent de larmes et elle s’enfuit en courant, le visage cramoisi.
Nathan la regarda courir, perplexe.
« Qu’est-ce qui la mise dans cette état ? »
– Ah ! Nathan ! T’as fait pleurer Lily !
– Quoi ? Mais non ! C’est elle qui s’est mise à pleurer toute seule !
– Rhaa, et on avait pas fini de discuter de ce canal. Je vais la chercher !
Charlotte s’en alla à la poursuite de Lily.
Laissé tout seul, Nathan regarda autour de lui.
Anthon et ses camarades étaient toujours en train de s’acharner sur les arbres. Ils avaient beau posséder une force supérieur à la normal, ces arbres semblaient être fait en béton plus qu’en bois. Dans leur monde, un ou deux coups de hache assener par Anthon et sa force décuplée aurait été suffisant pour abattre un arbre épais d’un mètre, mais ceux-là prenait coups sur coups et seul quelques égratignures apparaissaient.
Il avisa Tom et Joseph, toujours plongé dans leur conversation qui semblait de plus en plus vivante.
En s’approchant, il entendit Joseph s’écrier.
– Et moi je te dis qu’avoir des ressorts est inutile, il suffit de mettre un genre de loquet qui bloque le mouvement et ça devient utilisable !
Tom soupira, comme s’il répétait encore la même chose, il parla d’une voix exaspéré.
– C’est impossible, même avec des matériaux résistant, le risque d’un dysfonctionnement est trop important, si tu veux privilégier l’esthétisme à l’efficacité, alors au moins accepte de mettre deux ressorts ici.
Arrivant à leur hauteur, il vit deux jambes en bois qui gisait au milieu d’une montagne de copeau.
– Salut Jo, content de voir que tu vas mieux.
Tournant la tête, Joseph et Tom prirent conscience de sa présence. Le garçon mutilé éleva la voix en pointant du doigt le garçon impassible à côté de lui :
– Ah, Nat, tu tombes à pic, explique à cette tête de mule que mon idée est meilleur que la sienne. Regarde et dis-moi quelle jambe est la plus classe.
Nathan observa les jambes en bois. L’une ressemblait à une prothèse, très similaire à une jambe réaliste, avec des magnifiques décorations gravées dessus. L’autre était semblable à une jambe normal jusqu’au genou, puis ressemblait à des os pourvu d’un mécanisme au niveau de la cheville. Le pied avait été remplacé par une simple plaque.
– Je dirais celle avait les gravures dessus, mais j’ai pas l’impression qu’elle va marcher des masses.
Joseph leva les yeux au ciel et se tint la tête comme si elle lui faisait mal.
– Bon, j’avoue que je dois encore travailler sur l’aspect fonctionnel de la chose, mais je refuse catégoriquement d’avoir une prothèse qui ressemble même pas à une vraie jambe !
Tom eut un sourire satisfait.
– Nous y voilà, tu admets que ton « chef d’œuvre » ne fonctionne pas.
– On se calme les gars. Jo, si tu veux vraiment mon avis, je pense qu’il serait dans ton intérêt d’écouter Tommy. C’est vrai qu’elle est moins belle, mais on s’en fiche un peu. L’essentiel c’est que tu puisses marcher à nouveau, non ?
Une expression résignée s’afficha sur le visage de Joseph.
– Ok… D’accord… Écoutons le graaand Tom et son génie incroyable… Voyons le bon côté des choses : avec cette jambe en bois, je vais ressembler à un pirate… Me manque plus que tricorne, le cache-œil et un perroquet et me voilà maître des mers !
Riant à sa blague, les deux garçons aidèrent Joseph à enfiler sa prothèse. Nathan lui donna un coup de main et il se releva. Faisant quelque pas, Tom en profita pour commenter son prototype.
– Hum, ça semble assez stable et viable. J’ai fait du bon boulot.
– Hey, oublie pas que c’est moi qui l’ai fabriqué !
Joseph brandit le petit couteau tenu par sa main droite et l’agita, comme pour lui prouver qu’il était responsable.
Nathan venait remarquer l’arme.
– C’est quoi ce couteau ? C’est ton arme ?
– C’est plus un outil qu’une arme, je suppose que je peux quand même l’utiliser pour planter les matelots désobéissants. C’est lié à mon pouvoir, j’ai pas d’incantation dans ma tête, mais je peux utiliser mon couteau sur des matériaux. Je peux créer ce que je veux avec, ça prend du temps, mais c’est assez fiable et comme j’aime bien, je me plaints pas.
– Oh, je vois, ça va nous être utile !
Dans un bruit de fin du monde qui recouvrit complètement la voix de Nathan, un arbre s’effondra derrière eux, faisant trembler la terre.
Sursautant, les trois adolescents se retournèrent rapidement pour apercevoir Anthon lever sa hache d’un air triomphant. Il s’avança devant un arbre intact et se remit à donner des coups.
Nathan avait le cœur qui battait à cent à l’heure. L’intensité du son avait fait sonner ses oreilles et l’avait pris au dépourvu.
– Tommy, t’es sûr que c’est une bonne idée de faire un boucan pareil ? Juste hier, tu disais qu’il fallait faire attention à ne pas faire de bruit pour ne pas attirer de bête…
Tom le dévisagea un instant, puis il se remémora la discussion de la veille.
– Ah oui, c’est vrai que j’ai dit ça… T’inquiète pas Nat, je sais ce que je fais… Le son des haches et des arbres qui tombent est assez fort pour faire peur aux petites créatures, avec un peu de chance, les plus grosses resteront à distance elles aussi. Et puis, même si elles nous attaquent, Anthon et les gars ont des armes et sont prêt à se battre. Aux cas où elles seraient trop nombreuses, ils peuvent se replier vers le camp. Si elles attaquent le campement, le reste des ‘guerriers’ est disposé à la lisière. Ils devraient être en mesure de repérer un monstre s’approchant et de se réunir assez vite pour le défaire.
– Hum, en bref, c’est assez sécurisé.
Tom haussa les épaules, indifférent.
– Bah, on est bien obligé de récolter des matériaux. Si on reste à rien faire, je pense qu’on est amplement plus vulnérable que si on s’active. Et puis ça occupe les esprits. En plus, grâce à William, on a un distributeur d’émotions positives.
Joseph s’incrusta dans la conversation.
– Hé les mecs, c’est pas tout mais on a du pain sur la planche, les bâtiments vont pas se construire tout seul, vous savez ?
Tom et Joseph prirent le chemin de retour et Nathan les rejoignit après avoir salué Anthon.
Arrivé au campement, la musique de William leurs parvint aux oreilles.
Un sourire illumina aussitôt leurs visages.
Nathan nota que sa musique était en rythme avec les coups de hache qui résonnaient plus loin, on aurait dit qu’il les utilisait en tant que métronome et qu’ils prenaient la place d’une basse dans sa mélodie.
Le nombre de spectateur bestial s’était accru, et quelques élèves étaient assis autour de lui, les yeux fermés, un sourire fendant leurs lèvres.
– Olà moussaillons ! Voilà qu’j’vous prenne encore à déserter le navire pour vous aller écouter un saltimbanque ! Tout l’monde sur le pont ! Et plus vite que ça ! Celui qui rechigne sera jeté en pâture aux requins avec un canon attaché à la cheville !
Joseph venait de s’avancer devant eux. Dans les yeux de William, de la surprise était lisible, mais il ne cessa pas de jouer, au contraire. La mélodie qui était jusque-là paisible et envoutante se transforma et tous purent reconnaitre le thème d’un célèbre film de pirate.
Certains adolescent s’écrièrent en cœur « Ay cap’taine ! » et ils suivirent leur camarade estropié jusqu’à un grand carré de terre délimité par des morceaux de bois.
William les avait suivis en continuant de souffler dans son instrument. Une ribambelle de créatures le suivait à la queue leu leu. Il s’assit un peu en retrait du groupe et les animaux se lovèrent contre lui.
Joseph avait posé sa jambe valide sur un morceau de bois qui traînait non loin de là et posa sa main contre sa hanche.
– Oi ! Matelots ! Not’ cap’taine va vous causer, alors ouvrez bien vos esgourdes bande de marins d’eau douce ! Celui qu’j’vois à jacasser est un pirate mort, c’est clair ?
Nathan s’avança après l’introduction de Joseph et le regarda du coin de l’œil.
« Étonnamment, c’est un rôle qui lui va bien… Avec une épée et un perroquet, je suis sûr qu’il passerait pour un vrai. Il manque que le bateau en fait. »
– Merci… général ? Bon, il faut qu’on commence la construction du campement. À ce que je vois, vous n’avez pas chômé pour le ramassage des matériaux. C’est bien. J’aimerai pouvoir vous dire ce qu’il faut faire et vous donnez des ordres, mais comme j’ai pas la moindre idée de comment construire même une niche, je vais laisser les responsables se charger du boulot ! J’aimerai aussi qu’un groupe se dévoue pour aller pêcher et cueillir des fruits.
Finissant son annonce, Tom s’avança et se mit à leurs expliquer la première étape.
– Tout d’abord, le bon capitaine Joseph va vous fournir des pelles et vous aller creuser. Ne vous inquiétez pas, avec vos capacités physiques, ça devrait aller assez vite. Vous voyez la zone délimité par les branches planté ? Il nous faut un trou de quatre mètre de profondeurs environ…
La zone qu’il pointait du doigt était la démarcation au sol d’où les dortoirs allaient s’élever. C’était un rectangle d’environ soixante-dix mètres de long pour quinze de large. À chaque extrémités, une avancé d’une dizaine de mètre de long donnait à la construction une forme de C.
En regardant la surface et imaginant ce que quatre mètres pouvaient représenter, les visages des étudiants se décomposèrent. Des plaintes commençaient à s’élever mais Tom tendit la main devant lui dans un geste qui se voulait apaisant et leurs expliqua plus en détail :
– Je sais que ça peut vous sembler beaucoup de travail, mais c’est nécessaire. Nathan à décider qu’on allait rester ici, alors ce campement va devenir notre base. Vous imaginez si la base, là où tout le monde vit, n’a pas des systèmes de défenses ? Le trou que vous allez faire sera les sous-sols. On ne pourra y accéder que par une trappe.
Au cas où des monstres envahissent la zone sécurisée qui sera protégé par des murailles et une fosse, ça sera un endroit presque impossible d’accès pour autre chose qu’un humain. Alors je veux pas vous voir vous plaindre. Dans tous les cas, c’est vous qui allez aussi creusez la fosse, donc si vous êtes découragés juste par un petit trou, je sais pas ce que ça va donner pour la suite.
Comme c’est pas nécessaire de tout vous expliquer maintenant, vous pouvez commencer à creuser. Faites en sorte que les parois soit assez lisses quand même. Jo ?
Tom termina son discours qu’il avait prononcé avec un ton blasé. Il se tourna vers Joseph qui taillait un morceau de bois depuis tout à l’heure. Des copeaux s’envolaient et recouvraient le sol. Quelques secondes plus tard, il arrêta de mouvoir son couteau et tous purent admirer la pelle qu’il venait de créer.
Joseph la tendis au premier adolescent venu et se mit à travailler sur une autre pelle presque immédiatement.
– N’en fais qu’une dizaine, la moitié va commencer à creuser le trou et on va faire des tests avec les autres.
Concentré sur le mouvement de sa main qui se déplaçait autour du bois avec une précision d’expert, Joseph se contenta d’hocher la tête pour montrer qu’il avait compris.
Il lui fallut plusieurs minutes pour faire dix autres outils. À chaque fois qu’il en finissait un, quelqu’un s’en emparait et rejoignez ceux qui avaient commencé à creuser.
– C’est bon les gars, maintenant, on va essayer de monter plusieurs type pour voir lesquels sont les mieux adaptés.
Comme un petit troupeau, ils se mirent à suivre Tom et à suivre ses ordres.
Cela faisait presque trois heures que les élèves creusaient.
Le demi-groupe qui avait construit les prototypes de construction sous l’œil vigilent de Tom et Joseph avait fini les trois modèles demandés et avaient été envoyés rejoindre les autres dans le trou qui s’approfondissait.
Les soleils étaient hauts dans le ciel.
Leurs rayons implacables les transperçaient alors qu’ils répétaient les mêmes mouvements en boucle
Les adolescents avaient retiré leurs chemises et leurs corps étaient recouverts d’une pellicule de sueur. Les filles ne pouvaient que nouer leurs hauts pour ne pas faire preuve d’indécence en essayant d’avoir moins chaud.
Leurs peaux ainsi exposées étaient sujet à certain regard de la part des garçons, mais Joseph veillait au-dessus d’eux, assis sur un tabouret qu’il avait construit.
– Ola mon gaillard, qu’est-ce que je vois ? Un regard lubrique ? C’est parfait, je vais bientôt tomber à court de matos. Allez ! T’es parti, Jules, fais-moi deux allez retour, bien chargé. Et vous autres, les yeux sur vos mains et vos mains sur vos pelles ! Et que ça saute, faut pas que ça s’arrête !
Il passait son temps à les réprimander et profitait de la moindre raisons pour les exploiter. Tom lui avait demandé de préparer un grand nombre de planches et d’autres matériaux comme des madriers. Ses mains ne s’arrêtaient plus.
William était toujours assis dans son coin, à les encourager de sa musique.
Les ventres commençaient à gronder et à réclamer qu’on les remplisse.
L’équipe chargée d’assurer leurs pitances venait de revenir. Ils avaient allumé un feu au milieu du campement et une délicieuse odeur flottait dans l’air.
Nathan apparut au côté de Joseph et les prévint qu’ils pouvaient venir manger.
Avec des cris de joie, les élèves s’extirpèrent de leur trou avec vigueur et se dépêchèrent de rejoindre le centre du camp.
Le groupe des bûcherons était déjà assis et dévoraient avec entrain les poissons grillés. Les jeunes qui montaient la garde étaient introuvable : ils étaient toujours à leurs postes, ils se feront relayer par Anthon et son équipe après le repas et rejoindrons l’équipe de construction. Ceux qui avaient préparé le déjeuner feront de même et un autre groupe ira récolter les provisions pour le dîner.
Ils mangèrent en riant du spectacle comique que Joseph leurs prodigua pendant que Will s’occupait de l’ambiance sonore.
Regardant la classe hurler de rire devant Joseph qui imitait son nouveau rôle favori, il sourit en se disant qu’ils semblaient aller mieux par rapport à hier. Même s’ils étaient dans une situation précaire, leurs visages et leurs regards n’étaient plus ombragés par l’appréhension.
Le repas s’allongea durant deux heures, puis tous se remirent au travail.
S’approchant des constructions tests qui s’étaient élevés, Nathan les examina.
La construction semblait assez simple, le bois était découpé en madriers qui étaient emboités les uns sur les autres. Il y avait un étage qui était soutenu par un certain nombre de pilier. Essayant de se représenter la forme finale elle sembla assez satisfaisante pour qu’il affiche un sourire.
Le bâtiment rappelait les chalets en bois qu’il était possible de trouver dans les montagnes ou dans les campagnes. Le toit était assez pentu, mais l’absence de tuile rendait le tout étrange aux yeux de Nathan.
Il avait l’habitude des maisons normales avec tout le confort que la technologie pouvait lui apporter. Même la maison que ses parents possédaient dans les montagnes était confortable.
Ce chalet paraissait plus pratique et confortable. Le sol était un parquet bien aligné et les murs des longs morceaux de bois.
Aucun tapis ou mobilier n’était visible.
Juste du bois, aucune isolation.
Nathan eut un sourire sans joie. Il accepterait volontiers de dormir ici, pour sûr.
Dormir une nuit sur le sol terreux et sans couverture était une chose qu’il n’avait jamais voulu expérimenter, mais il n’avait pas le choix dans sa situation. L’inconfort d’avoir des cailloux lui labourer le dos durant son sommeil et les courbatures qu’ils lui prodiguaient était quelque chose qu’il n’avait pas l’intention de sentir à nouveau.
– Bon, je crois qu’il faut que je mette la main à la patte moi aussi.
Énonçant ses pensées à haute-voix, il se détourna de la maison provisoire et marcha en direction de l’endroit où un grand nombre de camarades travaillaient activement à creuser le sous-sol de leurs prochains abris.
Je plus, plus, toujours PLUS !!!!!
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Très bon chapitre, mais attention au titre 😉 »de » ou »du » bois…
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Hum.. je ne vois pas de quoi tu parles… *détourne le regard*
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Merci^^
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