Pérégrinations en Monde Inconnu 10 : Là où on en apprend plus

Auteur : SamiHuunter
Check : Faust


Désolé pour hier ! J’ai pas d’excuse, mais je suis navré, c’est déjà ça ! XD

Ceci est un chapitre qui, comme son nom l’indique, apprend quelques trucs à nos héros :3

Merci à Faust qui a prit le temps de check ce chapitre x)

Sur ce, bonne lecture !


Quand les gobelins avaient escorté Tom vers l’extérieur, il s’était senti quelque peu inquiet. L’inquiétude du garçon avait empiré quand il entendit dire qu’il allait rencontrer le chef de leur village.

En sortant de la hutte qui couvrait l’accès à la prison, Tom étira ses membres ankylosés et ses articulations le firent souffrir le martyr.

Il resta à papillonner des yeux le temps qu’ils s’accommodent à la puissante lumière des soleils. L’adolescent sentit une migraine pointer le bout de son nez, mais il ignora la douleur et suivit les gobelins.

Ils avaient menotté ses mains avec une solide chaîne de métal, mais Tom se dit que s’était certainement pour des mesures de sécurité plus qu’autre chose.

La prison se trouvait un peu à l’écart du village. Située dans une petite clairière, il fallait suivre un sentier qui traversait un bosquet pour arriver au village des gobelins.

Plutôt qu’un village, c’était un rassemblement d’habitation.

Il devait y avoir une trentaine de huttes, réparties un peu partout sur un grand espace dégagé. La lisière des arbres avait été repoussée et on voyait ici et là des souches éparses, signe que ça avait été fait artificiellement.

Plusieurs lopins de terre cultivés étaient visibles. De l’autre côté, un grand lac reflétait les rayons solaires sur sa surface ondoyante.

Tom vit des gobelins y faire trempette, mais ils cessèrent leurs jeux et dévisagèrent le garçon avec curiosité quand ils le remarquèrent.

De nombreux gobelins traînaient entre les huttes en vaquant à leurs occupations. Certains transportaient des matériaux, d’autres cuisinaient, d’autres encore affûtaient leurs armes, assis contre des souches ou à même le sol.

L’expression de ces derniers quand ils le fixèrent fit frissonner Tom. C’était un regard haineux comme il n’en n’avait jamais vu.

« Étant donné que je ne leur ai rien fait, je pense pouvoir avancer qu’ils ne sont pas en bonne relation avec les humains… ou une espèce y ressemblant en tout cas. »

Les gobelins qui escortaient Tom s’arrêtaient parfois pour parler avec des congénères qui les interpellaient. Tom entendit de nombreux mots inconnus dans leurs conversations, mais il comprit tout de même qu’ils expliquaient sa présence dans le hameau.

Il leur fallut plus de dix minutes pour arriver à leur destination, à l’autre bout du village.

La manière dont le tout était arrangé rappela à Tom les villages du moyen âge, les habitations étant construites le long d’une grande route qui partait de l’église à la maison du Seigneur. À l’exception que cette route n’était pas droite mais se courbait en suivant les contours du lac et que des petits champs remplaçait l’église.

Une grande construction en bois se tenait là. Elle devait faire plus ou moins la moitié du dortoir du campement en largeur, et le tiers en hauteur. Pourtant, elle avait l’air extrêmement imposante.

Contrairement aux huttes en peau, ce bâtiment était fait entièrement de bois. De fins troncs d’arbres taillés en pointe jaillissaient du sol, à quelques centimètres des murs. De nombreuses statuettes en bois taillées grossièrement décoraient l’entrée, et certaines étaient recouvertes de quelque chose que Tom espérait être de la peinture rouge.

Le tout donnait l’impression d’être le crâne d’un animal fantastique ouvrant grand la gueule. La bouche, représentée par l’entrée, était partiellement recouverte d’un rideau fait de peau.

Le gobelin balafré entra en premier après avoir ordonné aux autres d’attendre à l’extérieur. Il ressortit rapidement en les informant qu’ils pouvaient faire entrer l’humain.

Le cœur battant, Tom souleva les peaux qui pendaient devant lui et pénétra dans le bâtiment.

Étonnamment, l’intérieur était assez bien éclairé.

C’était une unique grande salle où des peaux de fourrures traînaient ici et là, certaines pendant au plafond. Un entassement de peaux et de fourrures se trouvait à la droite de Tom. Il détermina que ce devait être un lit, et sa théorie se renforça quand il vit une silhouette roulée en boule dessus.

Quelques Gobelins étaient adossés au mur, dans son dos. Tom ignora leurs regards curieux pour se concentrer sur le reste de la pièce

Devant lui se trouvait un genre d’estrade et un siège en bois trônait à son sommet.

« Et bien dit donc, ils ont l’air de chasser souvent pour avoir autant de peaux et de fourrures ! Ah, le chef gobelin, je suppose que c’est celui qui est assis sur le siège ? »

Un gobelin siégeait en effet au-dessus de l’estrade.

En voyant Tom, il se leva et aboya un ordre au balafré. Ce dernier répondit une excuse en baissant la tête, puis il jeta un regard mauvais à Tom, comme s’il était la cause de cette réprimande.

–     Tu parles notre langue, humain ?

Tom reporta son attention sur le chef qui venait de lui adresser la parole.

–     En effet, je parle votre langue.

Un murmure de surprise parcouru le rang des gobelins qui les observaient, dans l’ombre contre le mur. À en voir leurs réactions, Tom se dit que c’était la première fois qu’ils entendaient un humain parler le Gobelin.

–     Pourquoi ?

« Est-ce qu’il me demande la raison pour laquelle j’ai appris le gobelin, ou est-ce qu’il me demande pourquoi je parle ? Ça m’étonnerait que les gobelins soient philosophes tout de même… »

–     Moi et mes compagnons avons rencontré Bulgulglu, et afin de communiquer avec lui, j’ai décidé d’apprendre sa langue. Comme ça ne fait que quelques jours, je ne parle pas très bien, veuillez m’en excuser.

Le chef gobelin se rassit sur son siège et resta quelques instants à réfléchir. Il reprit la parole et son ton contenait des traces de curiosité.

–     Pourquoi vous êtes venus ? Vous pouviez prendre le trophée de Bulgulglu et le vendre.

« Trophée ? C’est le même mot que trophée de chasse. Il veut dire que les gobelins sont chassés par les humains ? Dans ce cas, ça expliquerait les regards hostiles des autres gobelins et le comportement belliqueux de ceux qui nous ont fait prisonniers. Et s’il dit vendre, ça veut dire qu’il y a un semblant de société humaine dans ce monde, c’est bon à savoir… Donc la seule raison pour laquelle ils n’ont pas essayé de nous tuer c’est à cause de notre comportement étrange par rapport à Bulgulglu ? »

–     Nous sommes venus car vous êtes la première espèce qui n’essaye pas de nous tuer sans aucune raison. Ça peut vous sembler incroyable, mais nous venons d’un autre monde.

À ces mots, les yeux du chef gobelin brillèrent. Tom venait de titiller sa curiosité.

L’adolescent s’en rendit compte, et lui demanda la permission de s’exprimer. Quand il la reçut, il se mit alors à raconter leur histoire.

Buluglu était respecté parmi les siens.

C’était un Chasseur, un mâle de la Lance et de l’Épée.

Il avait affronté à lui tout seul un Démon Rouge, lors de son Rite de Passage. Même s’il avait reçu une grande cicatrice sur son visage et perdu l’usage de son œil, il avait remporté son duel.

Depuis lors, il avait continué à chasser toujours plus de Démons dans des combats aussi exaltants que dangereux.

Parmi tous ses camarades Chasseurs, c’était lui qui avait la hutte la plus décorée par la fourrure de ses proies. Il pouvait demander à n’importe quelle femelle de lui tenir compagnie, il savait qu’aucune ne refuserait une chance pareille. C’était pourtant rare qu’il fasse ce genre de demande. Il n’avait pas le temps pour ça, trop occupé à s’entraîner ou à prendre soin de ses armes favorites.

La raison pour laquelle Buluglu était aussi passionné par le combat était simple. Une histoire commune dirait-il :

Il avait quelques mois et commençait tout juste à apprendre à marcher.

Alors que les Chasseurs étaient dans la forêt, cherchant des proies à ramener au village, des humains les attaquèrent.

Il ne résetait à ce moment dans le village que ceux inaptes au combat.

C’avait été un carnage. Il ne se souvenait plus très bien du début de l’attaque, le tout ayant été très confus, mais les cris d’agonie et de terreur de ses congénères avaient alors été gravés dans sa mémoire au fer blanc.

Son père travaillait au champ. Il fut l’un des premiers à mourir. Une flèche s’était logée dans son crâne, mettant fin en un instant à sa vie.

L’un des humains était un magicien, il avait utilisé sa magie pour mettre le feu aux huttes les plus proches.

Sa mère, enceinte de quelques lunes, l’avait attrapé sous son bras et avait couru de toutes ses forces vers leur hutte. En entrant dedans, elle avait précipitamment récupéré les fourrures et les avait empilé sur son fils en lui ordonnant de rester caché et immobile.

Quand il lui avait demandé de se cacher avec lui car il avait peur, elle s’était contentée de caresser son ventre rond où son petit frère ou sa petite sœur grandissait. Elle l’avait embrassé sur le front et avait recouvert sa tête, le mettant complètement dans le noir.

Quelques secondes plus tard, il entendit les humains entrer chez eux. Il savait qu’ils étaient rentrés car ils riaient bruyamment et vulgairement.

Il entendit ensuite la voix de sa mère. Elle les suppliait de l’épargner et leur indiquait qu’elle était enceinte. Mais ils échangèrent quelques phrases puis leurs rires reprirent, plus forts que jamais.

Un instant plus tard, un cri suraigu s’éleva et Buluglu comprit que sa mère venait de mourir.

Au lieu de partir, les humains s’attardèrent et Buluglu entendit des bruits écœurants d’os brisés et de chair déchirée résonner dans la hutte. Dehors, c’était des cris de douleurs qui retentissaient.

Sous les peaux entassées, le petit être serrait ses minuscules poings en tentant de contenir ses sanglots. Sa mère lui avait ordonné de rester caché et de rester immobile, alors il essayait de son mieux, mais la terreur et son cœur qui lui faisait un mal de fou l’empêchaient presque de respirer.

Après ce qui lui parut une éternité, le silence était retombé dans le village. Il sortit de sa cachette et contempla le cadavre de sa mère.

Les humains s’étaient amusés à lui ouvrir le ventre et à en extraire le fœtus. La créature grotesque ressemblant grossièrement à un bébé était à moitié écrasée au sol, dans une mare de sang, toujours reliée à sa mère par un cordon.

En voyant ça, Buluglu se mit à vomir tripes et boyaux.

Cette scène resta à jamais gravé dans sa mémoire, ainsi que les rires abjects des humains qui avait fait ça.

À ce moment, il s’était promis de tuer tous les humains qui croiseraient sa route.

C’était un serment qu’il avait respecté jusqu’à maintenant. Il avait si bien fait son travail que certains humains s’enfuyaient rien qu’en le voyant, terrorisés par les histoires qu’on racontait sur le gobelin assassin balafré.

Jusqu’à maintenant, car récemment, il avait capturé vivant six humains.

Pourquoi il les avait capturés vivants ? C’était simplement car ils étaient étranges, totalement différents de tous les humains qu’il avait pu voir jusqu’à présent.

Alors que lui et d’autres Chasseurs étaient entrés dans la forêt depuis quelques heures, ils avaient entendu des voix et senti un feu.

Ils s’étaient approchés discrètement pour essayer de prendre les humains par surprise, mais Buluglu avait stoppé leurs approches en entendant leur langue. Jetant un coup d’œil rapide, il vit un humain aux cheveux noirs discuter avec l’enfant qui s’était récemment perdu dans les bois.

Autre que le fait qu’ils parlaient leur langue, les vêtements qu’ils portaient n’étaient pas ceux qu’il avait l’habitude de voir sur des humains. Normalement, ils avaient des habits de cuir ou de métal, ainsi que des armes, mais ceux-là n’avait que des bouts de tissus et aucune arme n’était visible.

Il s’apprêtait à apparaître devant eux quand l’humain qui parlait la langue demanda à l’enfant s’ils étaient loin du village.

Buluglu se figea.

Les humains cherchaient leur village ? Est-ce qu’ils prévoyaient de l’attaquer à nouveau ?

Son visage s’assombrit. Il ne voulait pas que ce genre de tragédies se répète à nouveau.

Il ordonna à l’un de ses camarades d’utiliser son arc pour tuer en premier celui aux cheveux noirs qui parlait leur langue.

Lentement, il s’exécuta, bandant son arc et visant l’humain, mais à peine la flèche venait d’être décoché que le géant s’était levé et s’était mis devant le garçon. D’un mouvement de bras, il dévia la flèche avec les gantelets qui venaient d’apparaître.

La flèche qui avait été repoussé se planta au sol, et à ce moment, les humains s’étaient levés et des armes étaient apparues dans leurs mains. Le plus petit d’entre eux avait un cercle magique qui flottait devant lui.

Buluglu se rendit compte qu’il venait de commettre une grossière erreur.

Ce groupe était bien plus puissant que tous ceux qu’il avait affronté jusque là.

La pression qui se dégagea de leurs corps quand leurs armes apparurent était suffisante pour leur couper la respiration. Il se mit à penser qu’un seul de ces humains-là était capable de réduire à néant leur groupe entier. Surtout le géant.

Pourtant, alors qu’il s’attendait à les voir charger dans leur direction, l’humain aux cheveux noirs se mit à crier dans leur langue.

Il déclara qu’ils n’étaient pas là pour se battre et qu’ils étaient prêts à déposer les armes s’ils promettaient de ne pas les attaquer.

Buluglu était persuadé que c’était un piège, mais parce qu’il savait que lui et ses compagnons n’avaient aucune chance contre ces monstres, l’écouter était la meilleure chose à faire. Cependant, s’il pouvait essayer de négocier, c’était encore mieux.

–     Si vous déposez vos armes, on ne vous attaquera pas !

Presque immédiatement après, l’humain répondit.

–     Très bien, mais sortez de votre cachette.

Des mots furent échangés avec ses compagnons, puis il les entendit déposer quelque chose au sol.

Les soupçonnant de jouer la comédie, il jeta discrètement un coup d’œil et vit les cinq silhouettes désarmées. Ils levaient leurs bras au-dessus de leurs têtes avec leurs mains ouvertes, montrant clairement qu’ils n’avaient aucunes armes.

Buluglu inspira profondément et sorti de derrière l’arbre où il se cachait.

–     Mettez-vous à genoux, les mains derrière la tête.

Le garçon se mit à parler à ses camarades. Buluglu remarqua qu’il n’avait pas répondu directement mais avait pris un petit moment avant de s’exprimer. Il se demanda si l’humain s’était demandé si oui ou non il devait obéir à cet ordre. Si c’était le cas, il devait être un excellent stratège pour peser le pour et le contre aussi rapidement en face d’un ennemi.

Les humains se mirent à terre, à l’exception du garçon qui communiquait avec eux.

Alors qu’il s’apprêtait à le forcer à s’agenouiller à son tour, Buluglu remarqua que son corps n’émettait pas de magie comme ses camarades le faisaient. Il détermina qu’il était le cerveau tandis que le commandant du groupe devait être le plus fort, soit le géant.

Buluglu indiqua  à ses camarades de le rejoindre d’un signe de main. Ils sortirent tour à tour de leurs cachettes et encerclèrent les humains à genoux.

L’humain aux cheveux noirs l’informa qu’un de leur camarade était parti faire ses besoins dans la forêt, et qu’il lui donnait cette information pour lui prouver qu’ils étaient amicaux.

« Étrange… Je n’ai pas l’impression qu’ils soient là pour nous chasser. Ils sont restés avec ce gosse, peut-être qu’ils cherchent à venir au village et à tous nous tuer une fois là-bas ? Pourtant je ne ressens aucune animosité chez eux. Peut-être qu’ils sont vraiment venus en paix ? Ce sont des humains pourtant. »

Il envoya deux subordonnés à la recherche du soi-disant membre du groupe dans la forêt. Mais à sa grande surprise, ils revinrent en effet avec un autre humain mâle.

Buluglu décida de les tester une dernière fois. S’ils acceptaient de se faire bander les yeux et ligoter, alors il accepterait de les amener au campement et de les laisser voir leur chef, comme l’humain lui avait demandé précédemment.

Sa surprise s’accentua quand il le vit saisir la main qu’il tendait et donner des ordres à ses compagnons.

Tout se passa sans incident, si on mettait de côté le petit mâle qui ressemblait à une femelle qui s’était mis à crier d’indignation et qu’il fallut bâillonner, ainsi que l’intention meurtrière que le mâle qui était arrivé en dernier avait libéré quand ses camarades avaient senti le corps de l’humaine.

Une fois les yeux bandés et ligotés, Buluglu les conduisit au village. Il les enferma en prison et attendit que leur chef qui était parti pour chasser seul revienne. Etant donné qu’il était parti il y a plus de deux jours, il n’allait pas tarder à rentrer.

Parce que ses congénères refusèrent de donner de la nourriture à des humains, ils allaient devoir se contenter de boire de l’eau pendant un temps, ça n’allait certainement pas les tuer, n’est-ce pas ?

Deux jours étaient passés et le chef rentra de la chasse avec un petit Démon d’Argent comme trophée.

Buluglu se dépêcha de le mettre au courant de la situation et de ramener Bulgulglu pour lui prouver ses actions. Le petit enfant semblait déprimé depuis qu’il n’était plus avec les humains, mais comme il lui avait interdit de s’approcher de la prison, il devait obéir.

Le petit enfant qui s’était perdu presque une lune plus tôt leur raconta comment il avait été traité gentiment par les humains et comment le campement était organisé, d’après ce qu’il avait vu.

Leur chef, Bulglul, demanda à ce qu’on lui ramène le chef du groupe.

Buluglu ordonna à cinq camarades de sortir de sa cage le mâle aux cheveux noirs qui parlait leur langue et de le ramener ici.

Ils attendirent une bonne vingtaine de minutes avant que l’humain ne se présente devant eux.

Bulglul s’énerva en voyant qu’il avait les mains entravées, mais il ne donna pas l’ordre qu’on lui retire ses chaines, se contentant de lui reprocher son manque d’hospitalité.

Hospitalité ? Il avait accepté de lui faire rencontrer le chef, mais rien ne l’obligeait à bien le traiter.

L’humain avait échangé quelques paroles avec leur chef, puis il s’était mis à raconter leur histoire.

Au bout d’une bonne heure à conter son histoire à l’aide parfois de quelques dessins quand il ne connaissait pas un mot, Buluglu se rendit compte qu’il écoutait l’humain parler avec grand intérêt.

C’était incroyable.

Littéralement.

Il déclarait qu’il venait d’un monde différent, et que lui et plusieurs autres humains étaient soudainement apparus dans la forêt, et qu’ils avaient combattu un Démon d’Argent et un Démon Rouge, et que deux de leurs compagnons étaient décédés à cause d’eux.

Ils avaient ensuite commencé la construction d’un campement afin de se protéger, et ils avaient désormais les moyens de repousser une attaque de plusieurs Démons en même temps.

La partie du campement collait avec ce que Bulgulglu avait raconté, mais pour le reste, l’humain ne pouvait pas le prouver.

Alors que Buluglu essayait de déterminer la véracité dans son histoire, l’humain demanda contre toute attente qu’on lui raconte l’histoire de leur peuple à eux.

Le chef Bulglul se mit à parler alors, contant l’origine de leur race.

C’était une histoire très connue. Tous les enfants la connaissaient par cœur.

La Déesse de la Terre, Daargän, avait créé une race avec ses frères et sœur divins, les Iorens. Parmi ces Iorens, certaines Ioranens décidèrent de consacrer leurs vies à l’entretien des merveilles que Daargän créait sur Terre.

Puis, des années et des années après, alors qu’un nombre formidable d’évènements avait modifié le monde, Daargän créa une race humanoïde à quatre bras pour aider les Ioranens dans l’entretien du jardin de la Déesse. Daargän baptisa cette race les Girohidithen car ils passaient leurs temps à travailler la verdure.

Ils vivaient en harmonie jusqu’à ce qu’une Ioranen du nom d’Irūne ne tombe amoureuse d’un Girothen appelé Zeran.

À l’abri de l’attention de la Déesse, ils laissèrent parler leurs passions en délaissant leurs travaux, jusqu’à ce Daargän les surprennent.

Sa colère fut terrible. Voir ainsi les plantes délaissées et le chaos qui résultait d’un manque d’entretien, Elle punit Zeran, le privant de voir sa bien-aimée et rendant tout contact avec la nature interdit sous peine de grandes douleurs.

Quant à Irūne, qui suppliait en sanglot qu’Elle les laisse se voir, Elle la priva de sa voix. Mais parce que la Ioranen continuait d’implorer à genoux, ce qui ne fit qu’accroître la colère de la Déesse, elle envoûta l’enfant qui grandissait en son sein, lui déclarant qu’il naitrait et grandira difforme.

Et parce que les paroles d’un Dieu sont absolues, Irūne, seul et dans la douleur, fut forcée de mettre au monde le fruit de son amour avec Zeran. Comme elle l’avait prédit, son enfant était difforme.

C’était un petit garçon à la peau verte et au lieu des quatre bras qui faisaient la fierté des Girothens, il les avait collés, ne formant que deux bras extrêmement déformés. Il possédait également une petite queue inerte au bas du dos.

Malgré tous ses défauts, Irūne l’éleva avec tout l’amour qu’elle pouvait lui offrir. Elle le nomma Aīhíani, jusqu’à ce que la Déesse vienne un jour lui rendre visite.

Parce qu’elle ne pouvait pas parler, Irūne ne parvint pas à empêcher son fils d’être impolie à son encontre. Vexée par un tel accueil, quand Elle venait pardonner sa fille pécheresse, Daargän déclara à Aīhíani qu’il n’avait qu’à imiter son père et le força sur sa mère.

Incapable de bouger, Irūne se retrouva enceinte de son propre fils.

D’horreur et de tourment, Aīhíani s’infligea la mort en se perçant le cœur d’une épine de rose, devant les yeux de sa mère.

Irūne, qui venait de perdre son fils après son aimé, donna naissance au produit de la relation incestueuse, et comme son père, le garçon avait la peau verte, les dents déformées, une seule paire de bras et une queue au bas du dos.

Elle grava sur un arbre son nom, Giroani, puis pleura jusqu’à ce Daargän prenne pitié de sa souffrance et ne la transforme en guêpe.

Giroani grandit sans parents, et ses enfants, loin de ressembler à leur mère, étaient presque le portrait craché de leur père. Ainsi que les enfants de ses enfants. Même les filles lui ressemblaient.

On commença alors à parler de la race Girothaninhidith, en référence à la couleur de leurs peaux.

Puis les humains vinrent et les chassèrent en les traitant de Démons. Ils leurs donnèrent le nom de Globs et se mirent à les tuer en échange de récompenses.

C’était donc la raison pour laquelle ils s’étaient réfugiés dans la forêt des Démons, afin d’échapper aux humains, mais ils devaient désormais faire face aux Démons et leurs attaques meurtrières.

Quand l’humain entendit la fin de l’histoire, il baissa la tête, l’air pensif.

–     C’est une belle histoire, même si elle est triste. Je suppose que ça explique en tout cas pourquoi votre ossature est aussi étrange.

Le chef des Globs se cala confortablement contre le dossier de son siège.

–     Oui, mais Daargän a ajouté qu’un jour peut-être, un des descendant de Giroani pourra briser la malédiction divine et renaître en tant que Girothen. Cependant, seuls les descendants directs de Giroani peuvent ainsi se libérer de cette entrave divine, mais jusqu’à là, aucun d’entre ceux-là n’y sont parvenus.
–     Un descendant direct ? Comment pouvez-vous les reconnaître ?

Bulglul rit, puis se retourna pour exhiber fièrement son arrière-train. Une queue qui atteignait l’arrière de ses genoux pendait entre ses jambes.

–     On peut le voir à la longueur de la queue. La queue d’un descendant direct continue de pousser quand un Giroaninthen vieilli. Quand il nait, elle est déjà plus longue que celle des autres. Le jeune Giroaninthen, Bulgulglu est lui aussi un descendant direct. Contrairement à moi, il vient d’une lignée de descendant direct. Parfois, un descendant apparaît dans une famille de descendant non direct.

Buluglu hocha la tête comme pour affirmer les propos de son chef.

Puis la conversation dériva sur le sujet le plus important : La raison de leur venue.

L’humain continua de clamer qu’il voulait simplement les rencontrer par curiosité et pour créer une relation amicale avec leurs voisins, et également pour ramener chez lui Bulgulglu et éviter un malentendu.

Il déclara également qu’ils avaient une puissance d’attaque suffisante pour annihiler une armée de Démon. Et quand Bulglul lui demanda des preuves, l’humain affirma qu’à part lui-même, les autres étaient capables de tuer à eux seuls un Démon.

Le chef tourna sa tête vers son subordonné balafré, une mine inquisitrice sur le visage. Buluglu hocha la tête pour confirmer les propos de l’humain. La puissance magique et la pression que chaque individu dégageait était monstrueuse, il se demandait surtout comment il était possible que deux d’entre eux soit mort.

Il ajouta que s’ils s’étaient laissés capturer et confiner, c’était pour montrer leurs bonnes intentions et leur détermination à rester pacifique à l’égard d’un peuple intelligent.

À la fin de sa déclaration, le silence étant pesant dans la pièce.

Le chef Bulglul ordonna de faire attendre l’humain dehors, puis il se mit à discuter avec Buluglu et un autre gobelin à la barbe blanche qui dispensait sa sagesse quand on lui posait une question.

Au bout d’un long moment, ils parvinrent à la conclusion que le choix le plus sûr était de rester neutres et amicaux avec eux.

Ils firent entrer à nouveau l’humain pour lui faire part de la décision qu’ils avaient prise, puis il ordonna à Buluglu d’aller libérer les autres humains et de leurs donner deux huttes pour qu’ils vivent dedans pendant un certain temps.

–     Vraiment ? Nous ne prévoyions que de vous saluer, dire au revoir à Bulgulglu et repartir chez nous.
–     Rien de presse, humain, la nouvelle Lune est pour bientôt, pourquoi ne pas rester avec nous jusqu’à là et partager notre plat ? Je suis certain que l’on peut apprendre un grand nombre de choses les uns des autres.

L’humain sourit et approuva l’idée du chef.

Buluglu, lui, bouillonnait de rage. Comment est-ce que le chef se permettait d’autoriser à des humains de partager ses plats ?  Il voulait crier son désaccord, mais comme il n’était pas le chef, il ne pouvait rien y faire.

Il conduisit à nouveau l’humain vers la prison, et ordonna aux cinq subordonnés qui le suivaient d’aller libérer les autres humains. Puis, une fois qu’ils finirent d’aller se soulager dans la forêt, il les conduisit vers les huttes qui leurs étaient attribuées.

–     Ouah, tu veux dire que le fils a eu un gosse avec sa mère ? Mais c’est immoral !

Eva s’était retenue de parler jusqu’à ce que Tom finisse de rapporter la conversation qu’il avait eue avec le chef gobelin.

–     Oui, Eva, mais c’est pas ça le plus important. On va devoir rester là jusqu’à la prochaine Lune, et vu que je ne suis pas sûr de ce que c’est, on va rester durant une période indéterminée. Vous vous souvenez de ce qu’il faut faire et ne pas faire ?

Étrangement, il fixa Elias et Eva en posant la question.

La petite adolescente bomba sa poitrine inexistante et parla d’un ton arrogant.

–     Bien entendu, qui crois-tu que je sois ? On doit avoir l’air amicaux, ne pas manger ce que tu nous as dit de ne pas manger, ne pas attaquer de gobelins, écouter les consignes et te demander la permission pour faire quelque chose.
–     Attends un instant, c’est quoi cette dictature ? La liberté d’expression, tu connais pas ?
–     Non, navré, je ne connais pas, bienvenu au goulag gobelin. Plus sérieusement c’est la seule manière que j’ai de m’assurer que vous fassiez pas de bêtises. Pour l’attribution des huttes, Jack, Elias et moi allons dormir dans l’une, et Margaux, Eva et Anthon dormirons dans l’autre.

Elias leva la tête du dessin qu’il faisait sur le sol à l’aide d’un bout de bois. Il dévisagea Tom en haussant un sourcil, l’air de se demander s’il avait bien entendu.

–     Tu veux dire que les filles vont rester avec Anthon alors que moi et Jack on se tape Tom ? Je sais que s’il se faisait pousser les cheveux il pourrait passer pour une fille, mais j’ai comme l’impression qu’on s’est fait avoir sur ce coup.
–     C’est bien ça, étant donné que c’est la meilleure chose à faire, je ne reviendrai pas sur cette décision. Anthon est le plus effrayant de nous tous, alors si des Globs essayent de se faufiler en douce, il sera là pour les empêcher. Et si Eva ne veut en faire qu’à sa tête, il sera aussi là pour l’en empêcher.

Il était évident qu’Elias n’approuvait pas complètement, mais il ne pouvait rien y faire.

Il soupira et se résigna à passer les prochains jours en compagnie de deux mecs au lieu d’être entourée par deux belles jeunes femmes… au moins d’une en tout cas.

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