Maître des âmes 25 : Après les pleurs, le deuil

Auteur : Nightgale
Check: Miss X


Chapitre 25 ! Et par la même occasion, fin du premier arc ! Banzaï !

Début du deuxième arc pas avant… une semaine ?

Eh ? Quoi ? C’est comme d’habitude alors ?

Enjoy.

P.S : Je suis à fond sur FFXV et j’ai pas écrit un seul mot depuis une semaine. Sois maudit Square Enix. ^^


Quand Fang fut enfin calmé, le soleil commençait à faire son apparition à l’horizon. C’était comme si les larmes avaient évacué une partie de son chagrin. Bien que ressentant toujours un vide dans son coeur, il se leva et décida de retourner chez lui.

En chemin, il s’arrêta à l’endroit où les événements de la nuit dernière s’étaient déroulés. Bercé par la lumière du jour, Fang put voir dans sa totalité les traces laissées par son combat.

Des arbres déracinés ou bien tranchés, ainsi que les nombreux impacts ici et là, donnaient l’impression qu’une tempête était passée dans la zone. Sans oublier le fait que les traces de sang asséchées au sol apportaient une touche de glauque dans cette vision chaotique. La forêt, qui paraissait en temps normal idyllique, ressemblait désormais à une scène de carnage causée par un affrontement entre deux bêtes féroces.

Fang posa son regard sur la chose qui était située au pied d’un arbre et fronça légèrement les sourcils. Il s’agissait du cadavre de Hong. Son corps n’avait pas bougé d’un pouce, à la différence près que des mouches volaient à présent tout autour de lui. Il resta un moment immobile, l’air pensif, avant de s’approcher finalement de lui.

Fwooch !

L’endroit où se trouvait précédemment Hong n’était à présent plus qu’une parcelle de terre aux herbes aplaties et imprégnées de sang. Quant à son cadavre, il était soigneusement entreposé dans l’anneau interspatial qui appartenait désormais à Fang.

« Qu’est-ce que tu comptes faire du corps ? » Demanda Shen, curieux.

« Tu verras », répondit simplement Fang.

Shen, sentant que celui-ci ne désirait pas discuter davantage, n’en dit pas plus et le laissa en paix. Fang reprit ensuite son chemin sans se presser. Il ne lui fallut pas longtemps avant d’arriver à proximité de sa maison.

Au loin, il pouvait voir que sa mère était déjà levée. Elle était apparemment en train de tendre le linge. Elle avait l’air particulièrement joyeuse et de bonne humeur aujourd’hui. En la voyant ainsi, cela permit à Fang de laisser échapper un petit sourire, une expression qu’il avait l’impression de ne pas avoir montré depuis longtemps.

Tandis qu’il s’approchait lentement, sa mère finit par remarquer sa présence. Son sourire fut vite remplacé par un visage rempli d’inquiétude et elle se précipita soudainement vers son fils.

« Fang, tout va bien ? Ce sang… » Demanda-t-elle, d’un ton plus aigu que d’habitude.

Quand il entendit les paroles de sa mère, il jeta un bref coup d’oeil sur ses vêtements. Avec tout ce qui s’était passé, Fang en avait oublié qu’il était dans un piteux état. Il leva sa tête vers elle et lui répondit calmement pour la rassurer.

« Ne t’inquiète pas. Tout va bien. J’ai juste… envie de parler un peu. »

Beaucoup de choses s’étaient passées en très peu de temps et Fang ne pouvait plus garder ça pour lui. Le seul ami qu’il avait n’étant plus de ce monde, la seule personne restante à qui il pouvait se confier était sa mère.

Après que celle-ci l’ait pressé de se laver et de mettre des vêtements neufs, Fang obéit bien sagement. Il se sentit un peu mieux après s’être débarrassé de cette odeur de sang qui s’était imprégnée.

Une fois propre, il s’installa silencieusement à table. Sa mère en avait profité, durant ce temps, pour lui préparer un copieux petit déjeuner. Malheureusement, Fang n’était pas d’humeur à manger quoi que ce soit.

Sa mère remarqua rapidement que son fils n’avait pas d’appétit. Elle s’assit alors en face de lui, prête à entendre ce qu’il avait à raconter. Fang commença alors sa narration depuis le moment de sa rencontre avec Shen. Cependant, il préféra ne pas révéler la nature exacte de leur relation et resta donc vague à ce sujet.

Il n’avait aucun doute sur le fait que sa mère puisse garder un secret. Mais moins elle en savait, et moins étaient les chances que l’on s’en prenne à elle. Fang avait peur que la même tragédie qu’avec Ping se reproduise. Si quelque chose devait arriver à sa mère… il ne pourrait jamais se le pardonner.

Tandis que Fang poursuivait son récit, sa mère ne pouvait s’empêcher de révéler l’anxiété qui la rongeait. Bien qu’elle n’était pas présente au moment des faits, et bien que Fang lui épargnait quelques « détails » sur ses péripéties, elle avait toutefois une vague idée par quoi son fils avait dû passer.

Quand son histoire se conclut finalement par la mort de Hong, ainsi que celle de Ping, elle ne put s’empêcher de se lever soudainement de sa chaise avant d’enlacer Fang dans ses bras avec les larmes aux yeux.

« Ping était vraiment un ami formidable. Je suis désolé que tu l’ais perdu… » Murmura-t-elle doucement, tout en resserrant son étreinte.

Fang fut touché par cet élan d’affection et ferma ses yeux un moment pour profiter de cet instant de tendresse maternelle. Après de longues secondes, sans mouvement ni parole, il se leva en douceur, puis s’adressa à sa mère.

« Je suis épuisé. Je vais aller dormir un peu. »

Elle hocha de la tête. Mais avant que son fils ne se dirige vers sa chambre, elle ne put s’empêcher de demander d’un air inquiet :

« Tu as tué Hong… Est-ce que ça va aller ? Sa famille ne restera tranquille pas sans rien faire. »

« Ne t’inquiètes pas maman. Un jour ou l’autre, ça devait forcément arriver. Mais je ne suis plus le même qu’auparavant. En plus, ma position dans le village n’est plus la même non plus », répondit Fang avec un sourire énigmatique.

En voyant l’assurance qui émanait de son fils, elle n’en rajouta pas plus. Après que Fang soit entré dans sa chambre, elle laissa échapper un faible soupir.

Non seulement elle n’était qu’au sixième niveau du stade humain, mais elle était née avec un corps facilement en proie à la maladie. Depuis longtemps déjà, elle craignait de n’être qu’un fardeau pour son fils. Cependant, celui-ci ne s’était jamais plaint, malgré la situation peu enviable dans laquelle il avait grandi.

Elle avait constaté les changements qui avaient eu lieu chez lui ces derniers temps et le récit de ce dernier n’avait fait que confirmer son pressentiment. Dans un avenir proche, elle était certaine que son fils s’élèverait sûrement au-delà de Mura et prendrait finalement son envol dans le vaste monde.

À cette pensée, elle joignit ses deux mains en face de sa poitrine, puis ferma ses yeux. Elle savait très bien qu’elle ne pouvait rien faire pour aider son fils dans les épreuves à venir. La seule chose en son pouvoir était seulement de prier pour que son enfant reste sain et sauf.

____

Ces derniers temps, bien qu’il essayait de rendre visite à sa mère autant que possible, il avait rarement passé une nuit chez lui à cause de son entraînement. Sa chambre était loin d’être l’apogée du luxe. Mais après tout ce temps, son lit lui semblait tellement doux et confortable qu’il sombra dans un profond sommeil comme il ne l’avait pas fait depuis bien longtemps.

Plusieurs heures s’écoulèrent paisiblement et Fang ouvrit enfin les yeux. Il constata, en regardant par la fenêtre de sa chambre, que la nuit était déjà tombée. Il était tellement épuisé qu’il avait dormi comme une masse durant toute la journée.

Maintenant qu’il était reposé et qu’il avait l’esprit plus clair, il remarqua que sa chambre était exactement telle qu’il l’avait laissée. Non pas qu’il y avait quelque chose de notable dans sa chambre : rien qu’un lit de pailles et de plumes et un petit meuble en bois fait à la main pour ranger ses effets personnels. Autant dire vraiment le strict nécessaire.

Mais ce qui étonna Fang, c’était qu’il n’y avait aucune trace de poussière ni de saleté dans sa chambre. Apparemment, sa mère devait quotidiennement la nettoyer dans le cas où celui-ci puisse surgir à tout instant.

Cette attention lui fit chaud au coeur et il se leva ensuite pour sortir de sa chambre. Il devait apparemment être assez tard car sa mère n’était pas dans la pièce principale. Fang pouvait entendre sa faible respiration, indiquant qu’elle devait dormir paisiblement, et redoubla alors de prudence pour faire le moins de bruit possible.

Alors qu’il s’apprêtait à sortir, il vit un petit panier posé sur la table à manger. Il remarqua avec surprise que sa mère lui avait préparé un repas. Ce n’était que de petites attentions, mais Fang savait qu’il ne serait jamais assez reconnaissant pour toute la tendresse qu’elle lui témoignait.

Il se pencha alors en avant pour saluer en direction de sa chambre pour exprimer sa gratitude, puis il sortit silencieusement de la maison. Une fois dehors, il inhala de grands bols d’air frais tandis qu’il se dirigeait à nouveau vers Mura.

Une fois l’entrée du village atteinte, il concentra son attention sur ses environs avant de progresser furtivement dans les rues. Malgré l’heure tardive et le faible risque de rencontrer quelqu’un, Fang ne souhaitait pas que quelqu’un le voit accomplir sa « tâche ». Il s’efforça donc de rester le plus discret possible. Dans sa lancée, il ne mit pas longtemps avant d’atteindre sa destination désirée : le pilier sacré.

Fang s’arrêta un moment pour regarder le monument de loin, avec un air nostalgique dans ses yeux. Pour lui, ce pilier était le symbole d’une seconde chance dans sa vie, et représentait également le point de départ de tout ce qui lui était arrivé… et de ce qui se produirait à l’avenir !

Fang jeta un dernier coup d’oeil prudent aux alentours. Après s’être bien assuré qu’il n’y avait personne, il se précipita au pied du pilier. Il ne lui suffit ensuite que d’un court instant pour accomplir sa besogne, pour ensuite disparaître aussi rapidement qu’il était apparu.

Tandis qu’il s’éloignait du centre du Mura, Shen se manifesta soudainement dans son esprit.

« Petit, tu es sûr de ce que tu fais ? »

Il y avait une légère inquiétude facilement perceptible dans sa voix.

« C’est un geste parfaitement calculé », répondit Fang avec confiance. « De toute façon, je ne pourrais pas cacher la vérité indéfiniment. Puisque c’est le cas, autant en faire quelque chose de marquant. »

« … »

Shen resta sans voix. Il devait admettre que ce garçon avait du cran ! Il craignait avant tout que Fang agisse sous le coup des émotions et prenne des risques inconsidérés. Mais il semblerait bien que celui-ci avait encore la tête sur ses épaules. Rassuré, il n’insista pas plus sur le sujet et posa alors une autre question à la place.

« Maintenant que tu as terminé, tu as encore quelque chose à faire ici ? » Demanda-t-il en remarquant que le jeune garçon ne semblait pas pressé de quitter le village.

« Hum… on peut dire ça comme ça… »

Fang n’élabora pas davantage et se contenta de marcher en silence. Au bout de plusieurs minutes, ils se retrouvèrent dans la partie sud du village. Quand Shen vit l’endroit devant lequel celui-ci s’était arrêté, il comprit la situation et laissa le garçon à ses pensées.

Fang traversa alors le terrain vague qui se trouvait devant lui. Tout autour, de nombreuses pierres étaient érigées sur le sol. Tandis qu’il avançait lentement un pas après l’autre, il finit par trouver l’emplacement qu’il cherchait.

En observant le sol, on pouvait voir que la terre avait été fraîchement retournée. Une pierre taillée de façon rectangulaire était plantée dans le sol un peu plus loin et un nom était gravé dessus. On pouvait y lire : Ping.

Une journée s’était à peine écoulée que Ping était déjà enterré dans le cimetière de Mura. Cependant, cela ne surprenait guère Fang. Le village avait son compte de morts. Sans parler de ceux qui décèdaient de mort naturelle, d’une quelconque maladie ou d’un accident, il n’était pas surprenant d’avoir au moins un ou deux villageois morts chaque mois.

En général, il s’agissait d’adultes qui s’aventuraient trop loin du village, devenant ainsi la proie de bêtes ou de brigands. Bien que davantage de ressources se situaient dans ces endroits éloignés, ces régions étaient également plus dangereuses, même pour les membres de la garde de Mura.

Il n’était pas rare d’avoir des morts parmi eux lorsqu’ilsi partaient en expédition. Cependant, malgré le danger, c’étaient les ressources obtenues durant ces expéditions qui permettaient à Mura de prospérer.

Le principe était simple : plus un village avait de puissants pratiquants, plus les chances étaient élevées d’obtenir des ressources. Et plus les ressources d’un village augmentaient, plus grandes étaient alors les chances de produire de puissants pratiquants. C’était un cycle sans fin, et c’était aussi une des raisons pour lesquelles la force faisait loi en ce monde.

Quant à Ping, vu le niveau que lui et sa famille possédaient, les gardes ne s’étaient sûrement pas attardés à enquêter sur les circonstances de sa mort. De plus, en observant sa blessure, il était facile de deviner que c’était l’oeuvre d’un autre être humain et non d’une bête ou d’un accident quelconque.

Même si personne ne le disait, tout le monde savait que si un jeune du village était mort d’une telle façon, il était presque sûr que cela ne pouvait venir que de Hong. Avec l’influence de sa famille, même la garde de Mura était à leur botte. Si les parents de Ping venaient à contester les faits, ils seraient sûrement forcés au silence d’une façon ou d’une autre.

C’était la triste vérité sur la domination que possédait Shang sur Mura. Son importance était telle que même le chef Han ne pouvait rien lui dire, en tout cas, tant que les choses ne prennaient pas de proportions démesurées.

Fang s’installa lentement à côté de la stèle de Ping. Il leva ensuite sa tête pour observer la lune, l’air pensif. Cette nuit là, il avait été incapable de rencontrer les parents de Ping face à face. Il avait même l’impression qu’il ne serait plus jamais capable de les regarder droit dans les yeux.

Ping avait été tué. Il ne fallait pas être un génie pour lier ce fait à Hong, et par la même occasion, lier ces événements avec Fang également. La dernière chose que Fang souhaitait c’était subir les regards, remplis de reproche, de la part des parents de son meilleur ami. Rien qu’à cette idée, il laissa échapper un long soupir.

« Je suis un lâche… Ton meilleur ami est un gros trouillard, Ping », dit-il à haute voix.

Il toucha son anneau interspatial et en sortit le panier repas que sa mère avait préparé.

« Tu vois, ma mère m’a préparé un festin. Je suis sûr que tu aurais apprécié. Tu ne peux peut-être pas manger là où tu te trouves. Dans ce cas, ne m’en veux pas de manger pour nous deux. »

Fang dévora alors ses plats avec vigueur, puis passa le reste de la nuit à se remémorer et à raconter à haute voix différentes anecdotes que lui et Ping avaient vécues.

Absorbé dans sa “discussion”, le temps passa inexorablement. Les lueurs accompagnant le lever du soleil firent lentement leur apparition, berçant Fang dans une douce chaleur. Il se leva alors de l’endroit où il s’était assis des heures durant, puis fit face à la tombe de son défunt ami.

Malgré son âge, Fang était du genre rationnel et pragmatique. Pour lui, les morts ne pouvaient plus entendre les paroles des vivants. Cependant, la soirée qu’il avait passée était pour lui une étape essentielle pour pouvoir faire le deuil de son meilleur ami.

« Ping, tout ce que je t’ai dit cette nuit, je regrette de ne pas en avoir parlé avec toi de ton vivant », commença à dire Fang. « Cependant, mes souvenirs de toi resteront toujours présents dans mon coeur, et je te fais la promesse solennelle de devenir plus fort, assez fort pour que ce genre de choses n’arrive plus jamais. »

Après avoir réaffirmé sa volonté, Fang se mit à genoux et posa ensuite son front sur le sol. Il resta dans cette position un long moment, pour symboliser toute la gratitude qu’il ressentait envers l’amitié que Ping lui avait accordée. Une fois son deuil terminé, Fang reprit sa route vers le centre de Mura. Une nouvelle flamme plus intense que jamais brillait dans ses yeux.

« Vu l’heure, je pense que quelqu’un a dû s’en apercevoir à présent… J’ai hâte de voir ce qui va se passer. »

Shen, qui était resté silencieux depuis tout ce temps, lança brièvement cette remarque après avoir constaté l’expression déterminée de Fang.

Celui-ci ne lui répondit pas. Tout en gardant le silence, un sourire diabolique commença à se dessiner lentement sur les lèvres du jeune garçon tandis qu’il poursuivait sa route.

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