Auteur : Zakkarin
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Voici le deuxième mouvement de l’opus 2, normalement il devrait y avoir un troisième mouvement et ce sera la fin de l’overture ! (Les deux premiers opus sont simplement un prologue si vous préféré)
Sur ce, bonne lecture !
Jack était immobile.
Il avait l’impression de flotter dans un univers où seules les ténèbres existaient.
Pendant un instant, il se demanda si cette obscurité était bel et bien ce qui l’entourait ou s’il avait simplement les yeux fermés, mais il fut incapable de répondre. Il ne sentait pas son corps, comme s’il avait été statufié.
Des bribes de souvenirs percèrent la surface de son esprit brouillé.
La neige, le toit, la poursuite, les tirs, la branche, la chute…
La forme indistincte d’un souvenir commença à prendre forme.
Les chiens-loups, la rivière, l’arbre, l’explosion, la douleur…
Oui, c’était cela. Il se rappelait à présent.
Il était tombé dans l’eau gelé.
Je vois… Je dois être mort alors, ou sur le point de l’être, c’est ça ?
Ce fut la seule pensée cohérente qu’il parvint à faire émerger du brouillard glacial qui incapacitait son esprit.
Jack avait déjà expérimenté l’effet du froid sur son corps. Il savait aussi qu’une exposition prolongée au froid engourdissait le corps, jusqu’à faire ralentir le cerveau et vider la personne de son énergie vitale.
Il comprenait maintenant pourquoi il était incapable de mouvoir son corps. Quant à cette sensation de flottement, il ne pouvait dire si son corps était réellement ballotté par les flots ou si c’était simplement une étape par laquelle la conscience passait pour se séparer du corps.
C’était très certainement la dernière fois qu’il pensait. Ces pensées étaient les derniers soubresauts de son cerveau sur le point de lâcher.
Bientôt, le maelström dans lequel son corps était plongé aller rattraper son esprit et étouffer la dernière flamme de vie qui vacillait en lui.
Sans doute le froid y était pour quelque chose, mais Jack était relativement calme pour une personne qui s’apprêtait à mourir.
Il se revit enfant, à dormir dans la rue, à voler et à se battre contre les autres mendiants pour survivre, les horreurs auxquelles il avait été témoin. Peut-être était-il mort au moment où ses parents l’avaient abandonné ? Peut-être avait-il vécu sur un temps emprunté et que la mort ne venait que maintenant remettre en ordre les choses ?
Que ce soit cela ou simplement la justice qui le condamnait pour être né avec des iris vertes, il était simplement reconnaissant d’avoir la possibilité d’expérimenter une mort indolore.
Jack se rendit compte que ce qu’il avait lu dans les livres était réel, il voyait vraiment sa vie défiler alors qu’il se préparer à trépasser.
Badump
Dans le silence qui enrobait cet univers obscur, ce qui n’avait été qu’un murmure résonna distinctement aux oreilles du garçon.
Jack fronça ses sourcils, ne comprenant pas d’où provenait ce bruit.
Il eut un instant l’impression que quelque chose aux tréfonds de lui essayait de s’exprimer, mais il était incapable de réfléchir.
Badump
À nouveau, le même son parcouru le monde triste et gelé.
Jack essaya de se souvenir de quelque chose, mais il ne parvenait pas à passer outre cette couche impénétrable qui couvrait son esprit et limitait sa réflexion.
Badump
Cette fois ci, il ne fut pas surpris. Ces battements semblaient résonner à un rythme régulier et lui étaient étrangement familier.
Presque imperceptiblement, le voile mortel qui finissait d’envelopper l’esprit de l’adolescent cessa son avancée et commença à se retirer.
Badump
Aussi soudainement que l’apparition des battements, Jack eut l’impression que quelque chose venait de faire irruption dans son univers sombre et froid, réchauffant légèrement la gangue glaciale qui l’immobilisait.
Badump
Malgré le fait qu’il ne ressentait plus son corps, le garçon cru sentir la présence le prendre dans ses bras.
Badump
Malgré son engourdissement, il se persuada qu’une chaleur bienfaitrice se dégageait de l’entité invisible.
Badump
De ce qui avait un jour été sa poitrine, quelque chose commença à se réchauffer.
Badump
Il se souvint enfin. Un jour, son cœur avait produit ce même son.
Badump
Jack comprit. Son heure était venue.
Badump
Le glas résonna une nouvelle fois à travers son être.
Badump
La mort raffermit son étreinte sur son corps et l’adolescent se laissa aller.
Badump
Il était temps pour lui d’abandonner sa conscience et se détacher de son corps.
Badump Badump
Il sentit son corps astral se mettre en mouvement tandis que l’univers gelé se défaisait.
Badump Badump
Les ténèbres commencèrent à se faire éparses.
Badump Badump
Avec la disparition des ténèbres, sa résolution vacilla.
Badump Badump
L’univers se défit.
Badump Badump
Une lumière s’approcha à grande vitesse de Jack.
Badump Badump
Luttant contre son corps qui refusait de lui obéir, le garçon parvint à étreindre la lumière et s’y accrocha avec la force du désespoir.
Badump Badump
Non ! Son heure n’était pas encore venue !
Badump Badump
Badump Badump
BADUMP BADUMP
Dans sa poitrine où le sang avait cessé de circuler, entre deux poumons remplit d’eau, lentement et faiblement, le cœur de Jack se remit en marche.