Auteur : Mouton
Check : Faust
Le calme après la tempête, le calme avant la tornade.
Sahar arriva enfin à l’hôtel, essoufflé. Il avait dû demander de nombreuses fois le chemin à différentes personnes et avait couru tout ce temps. Il s’était perdu dans cette grande ville qu’était Provinäah et la conversation avec cette fille, Tornade, l’avait tout retourné. Bien qu’elle lui ait avoué lui avoir demandé s’il venait d’un autre monde pour plaisanter, Sahar ne pouvait pas s’enlever cette pensée de son esprit. C’était… trop étrange. La façon dont elle avait dit, le sérieux de son visage… Quelque chose au fond de lui-même lui criait qu’elle savait des choses sur lui. Ce n’était pas impossible, après tout : elle s’était peut-être assise pour lui parler parce qu’elle SAVAIT qu’il venait d’un autre monde. Toutes ces pensées se chamboulaient dans l’esprit du garçon. Il devait arrêter de se prendre trop la tête, sinon celle-ci allait exploser.
Après avoir monté les escaliers en haletant, Sahar toqua à la porte de sa chambre. En toute logique, Az devait être là. La porte s’ouvrit, mais la pièce était vide ; enfin, pas exactement. Sahar, toujours transpirant, salua à nouveau son « colocataire ».
– T’as couru ? demanda Azgoria.
– Héhé… O-Ouais, je me suis… perdu, en quelque sorte.
Sahar rentra dans la chambre et la porte se ferma derrière lui. Il se coucha sur son lit et soupira. Il pensa à nouveau à la fille avec qu’il avait parlé. Cette Tornade…
– Tu as fait quoi pendant qu’on était parti ?
Sahar regarda le lit d’à côté, là où devait se trouver Az. Il ferma les yeux et répondit en toute honnêteté.
– J’ai parlé avec une fille sur un banc et puis j’ai un peu regardé le paysage avant de revenir.
– Une belle fille, héhé ?
Sahar sourit. Il ne pouvait pas mentir : elle était très jolie. Il trouvait Nyara plus mignonne, mais Tornade était très haut dans le classement aussi. Ces longs cheveux vert pomme avaient l’air si doux et si… soyeux. S’il le pouvait, il aimerait les toucher.
– Très jolie, oui, répondit sincèrement le garçon.
– Ohoh !
Sahar pouvait entendre le sourire mesquin de l’homme. Il soupira, les joues teintées de rouge.
– Je ne vais pas partir en sucette pour si peu, calme…
– Partir en sucette…
Sahar ouvrit un oeil, les mains derrière la tête. Ne connaissait-il pas cette expression ? Pourtant, il l’avait déjà utilisée/ne l’avait-il pas déjà utilisée… ? Dans tous les cas…
– Comment elle est, cette fille ? demanda Az, curieux.
Le garçon soupira en voyant que l’homme semblait penser que Sahar avait eu le coup de foudre pour cette fille. Il lui répondit tout de même.
– Une belle fille qui doit avoir environ dix-huit ans aux longs cheveux vert pomme. Elle a deux yeux de couleurs différentes, un jaune et un rouge. C’est spécial, mais ça lui fait un certain charme. Elle s’appelle Tornade.
Azgoria resta silencieux. Sahar souriait et regardait le plafond. Nyara, Harmonie, puis Tornade… Il avait rencontré trois filles vraiment jolies. Certes, Harmonie était une petite fille, alors il n’était pas attiré par sa beauté ni rien, mais il lui était impossible de nier qu’elle était très mignonne. Bien que son idée d’harem ne lui traversât plus l’esprit, si celui-ci était composé de ces deux filles, il serait l’homme le plus heureux du monde…
Mais il ne voulait évidemment plus d’un harem. Il aimerait une femme, une seule et unique femme.
Az ne parlait toujours pas, ce qui inquiéta Sahar. Celui-ci ouvrit les yeux et tourna la tête.
– Pourquoi il est muet comme une carpe… ?
Il avait arrêté de parler directement après la description de la fille. N’avait-il rien à dire à ce point ? Ou—
– Elle a l’air… jolie !
Az parla enfin et son sourire était « audible » dans sa phrase. Sahar en esquissa aussi.
– Très jolie, même si Nyara est toujours la plus belle !
– Il est difficile de surpasser Nyara, héhé.
Sahar acquiesça. La beauté était objective, mais qu’est-ce qu’il trouvait Nyara jolie et mignonne !! Elle avait ce « quelque chose » qui faisait qu’elle brillait dans les yeux du garçon. Azgoria partit à nouveau dans un long silence. Sahar ne savait pas quoi dire. Quelle conversation devrait-il mener avec l’homme… ? Le garçon commença à réfléchir et se demanda si ce ne serait pas bien pour lui d’en apprendre plus sur le fonctionnement de ce Monde. Les mois, comment marchaient les années et les heures, certaines coutumes… En apprendre davantage. Il était vrai qu’il voulait vivre de plus d’action, mais actuellement, il ne pouvait rien y faire. Il ne connaissait rien de ce Monde, de Duzmog.
Après, il avait peur de demander. C’était bizarre de questionner l’homme à propos des mois ou des années. C’était comme si, sur Terre, il demandait comment fonctionnaient les saisons. Les gens allaient le prendre pour un fou. Tout le monde savait comment les saisons fonctionnaient, surtout sur son propre monde. Ici, c’était pareil.
Mais Sahar n’était pas originaire de ce Monde. Il ne savait pas combien il y avait de mois dans une année ni de jours, comment fonctionnaient les saisons et s’il y avait de la pluie, de la neige,… Il ne savait tellement rien que s’il était à vivre seul dans ce Monde, il mourrait probablement en quelques heures.
Il était possible que la pluie soit acide. Il était possible qu’à certains moments, l’étoile qui brillait dans le ciel devint si lumineuse qu’elle rendait aveugle. Il était possible qu’éternuer sans mettre sa main devant la bouche signifiait une envie de se battre à mort. Il était possible… que tout.
Malheureusement, Sahar ne pouvait pas demander tout cela. Il avait la carte joker « Oui, mais je ne viens pas de ce continent », mais elle ne marcherait pas pour tout. À partir d’un certain moment, Az aurait des doutes sur lui et à ce moment-là, Sahar ne pourrait pas continuer la mascarade très longtemps.
Heureusement pour Sahar, Az lui tendit une perche.
– Tu aimes notre capitale et notre continent ? demanda Az.
Le garçon aux cheveux blancs prit un certain temps à répondre, et cela pour une très bonne raison.
– C’est plutôt différent de mon continent, mais j’aime beaucoup ce que j’ai vu, en tout cas. Toujours impressionné par l’arbre Imäa.
Sahar espérait qu’Azgoria allait lui demander en quoi c’était différent, mais celui-ci ne le fit pas. Sahar voulait demander indirectement à l’homme certaines informations sur le continent, mais cela semblait compliqué. Il décida d’être plus direct, même si c’était plus risqué.
– Dites, est-ce qu’ici, il y a douze mois ?
C’était très risqué de sa part. Az devait se poser des questions, mais Sahar n’avait pas envie de tourner autour du pot trop longtemps.
Malgré la question étrange, Azgoria ne réagit pas. Il répondit totalement normalement, même s’il y avait un peu d’étonnement dans sa voix.
– Pas du tout. Les mois ici sont en fonction des saisons. Il n’y a que cinq mois, ici… Sur l’autre continent, il y en a douze… ?
Sahar acquiesça.
– Encore un mensonge…
Il n’avait pas vraiment le choix. Il voulait en savoir davantage maintenant et devait continuer dans cette voie. Mentir sur qui il est réellement, d’où il vient vraiment… Ne pas leur révéler qu’un autre monde existe. Il n’avait pas le choix… Excepté mentir.
Sahar écouta attentivement ce que racontait l’homme.
– Bizarre, tout ça… dit-il. Bref, tu ne sais rien de ce continent, dis-moi ? Tu as l’air totalement perdu.
Sahar acquiesça. Il ne savait rien sur le fonctionnement de ce continent… ni de ce Monde, en réalité. Az se contenta de lui expliquer en bref.
– Ici, il y a cinq saisons : la saison chaude, la saison neutre, la saison neigeuse, la saison pluvieuse et la saison invisible.
Sahar s’étonna sur le dernier nom. La saison « invisible » ? Le reste semblait normal, pourtant…
– Les mois sont tout simplement les saisons, mais parfois une certaine saison est plus longue que l’autre en fonction des années, alors nous avons décidé de créer des mois qui sont des jours précis pour se retrouver dans l’année. Actuellement, nous sommes le 19 Neytralora, dans la saison neutre. Parfois il fait grand soleil, parfois il fait pluie grise. Il n’y a jamais de neige, sauf parfois en toute fin du mois, enfin, les deux – trois derniers jours. Ce n’est pas comme ça chez vous ?
Sur Terre, il n’y avait que quatre saisons et cela ne fonctionnait pas comme cela du tout. Sur ce Monde, Duzmog, il y avait une saison seulement avec de la neige ? Une avec uniquement du brouillard et une autre avec du soleil tout le temps ? Sahar n’allait pas apprécier le mois où il n’allait avoir que du brouillard…
– Une saison, c’est trois mois, chez nous…
En réalité, c’était quatre mois, mais il voulait se rapprocher du fonctionnement de Duzmog. S’il y avait cinq saisons et que tous les trois mois, la saison changeait, cela voudrait dire qu’il y aurait normalement quinze mois. Cependant, ce n’était que du détail et Azgoria ne semblait pas vouloir en savoir plus. Il le croyait… Sahar se sentait toujours plutôt mal à propos de cela… De devoir mentir—
– Ah bon ? Vous comptez une année en 419 jours aussi ? demanda Azgoria.
Sahar sembla « buguer » pendant quelques secondes avant de répondre par un simple « Oui… ». Sur ce Monde, les choses étaient… différentes, c’était certain. 419 jours sur Duzmog, 364 ou 365 sur Terre. Ce n’était pas une grosse différence, mais Sahar allait probablement le sentir. De plus, comment Sahar allait-il réellement compter son âge ? Devra-t-il compter tous les jours et le « fêter » en fonction de la planète terre ?! Son anniversaire était un 18 Août, ce qui voulait dire… que cela devrait être… Il n’avait pas envie de calculer et soupira, ce qui interpella l’homme devant lui qui resta cependant silencieux. Dans tous les cas, il allait avoir du mal à savoir QUAND fêter son anniversaire. Lui qui était si impatient d’avoir dix-neuf ans… Il trouvait que le cap de cet âge était plus important que celui du dix-huit ans. Azgoria attendait la réponse du garçon qui finit par parler.
– O-Oui… Pareil.
– Ooh, je vois. Mais bon, ton chez-toi semble quand même pas mal différent d’ici. C’est… intéressant.
– Je vais devoir m’habituer à ce nouveau chez-moi, héhé… lâcha Sahar.
– Bah, je ne pense pas que ça posera problème. Tu devrais pouvoir t’habituer plutôt rapidement !
Sahar n’en était pas si certain, mais râler ne changerait rien à la situation.
Il n’avait aucun moyen de rentrer chez lui.
La Terre lui était inaccessible et il ne savait pas comment rentrer. Il n’avait pas forcément envie d’y retourner dans tous les cas, mais au moins dire à ses amis et à sa famille qu’il allait bien… Il aimerait au moins faire cela. Ramener peut-être certaines choses sur ce Monde et connaître la suite des mangas qu’il adorait…… Il allait probablement aimer Duzmog, mais la Terre avait quelques plaisirs qui allait lui manquer à coup sûr. Néanmoins, il devait faire avec. Chercher un moyen de rentrer sur Terre momentanément serait un de ses futurs objectifs, mais pour l’instant, il ne voulait pas trop y penser : il devait profiter de son temps ici. Qui sait, peut-être allait-il se faire renvoyer sur Terre dans quelques jours… ? Cela l’étonnerait, mais il était possible qu’il ait été téléporté sur ce Monde pour remplir un certain objectif. Après que ce dernier soit réalisé, il rentrerait chez lui. Vu qu’il ne savait pas qui l’avait « invoqué », il ne pouvait ni connaître son objectif, ni savoir si sa théorie était juste. Sahar ne voulait pas le savoir, en fait.
Azgoria pencha la tête tout en fixant le garçon devant lui.
– Dis.
– Oui… ?
– …… Sur l’autre continent, on parle parfois… des dix ?
– … ?
Sahar ne savait absolument pas de quoi il parlait et Azgoria ne semblait pas vouloir en dire plus. Des « dix » ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Les dix quoi ?
– Les dix… ?
– … Laisse tomber, laisse tomber.
– Mais… !
– C’est rien de bien important, héhé.
Sahar se mordilla la lèvre, mais il ne tenta pas d’en savoir plus : Azgoria ne semblait pas vouloir développer. Maintenant qu’il avait parlé de ces dix, la curiosité du garçon n’allait qu’augmenter encore et encore. Il devrait tenter d’en savoir plus le plus rapidement possible… ! Peut-être en demandant à Nyara ou à Tornade ? C’était une possibilité ! Alors que Sahar allait poser quelques questions sur la politique sur ce continent, un toc-toc se fit entendre à la porte. Azgoria se leva du lit et alla ouvrir avant de se faire repousser violemment contre le mur. Sahar se redressa de son lit pour savoir ce qu’il se passait. Il sursauta et se recula jusqu’au fond de son lit jusqu’à son dos touche le mur derrière lui. Devant le garçon se trouvait la tête mignonne et excitée de Nyara. Ses yeux pétillaient et elle semblait être impatiente.
– Sahar, Sahar !!
– Q-Q-Quoi… ?!
– Viens on va se promener ce soir dans la ville !!!!
– Heu…
– LA VILLE EST trop belle LE SOIR !!!!
– D’accord !! D’accord !! OK OK !!!
Elle se redressa et agita ses cheveux avant de montrer son pouce au garçon. Elle sortit de la chambre en fermant la porte. Sahar cligna plusieurs fois des yeux avant d’entendre le soupirement d’Azgoria.
– Une vraie enfant…
– Je… vois ça.
Sahar sourit. Il aimait bien ce genre de comportement, cette énergie qui émanait de Nyara.
Il était certain de bien s’entendre avec elle.
Est ce que le nombre de jours dans l’année est une question piège ? 😈
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