10;Drops 15 — [Je suis seule, même en étant entourée]

Auteur : Mouton
Check : Faust


Dans le noir brille toujours l’espoir.


Nyara ferma les yeux et pria. Les deux autres l’imitèrent, laissant Sahar seul dans sa confusion. Ce dernier décida de les imiter, bien qu’il ne sût quoi dire dans sa tête. Quand ils eurent fini leur prière, Nyara prit la louche remplie de petit pois, de carottes et d’aubergines tout en lâchant un…

– Bon appétit !!!

Elle versa toute la nourriture dans son assiette argentée en se léchant les babines. Elle n’avait qu’une chose en tête : manger tout ce bon petit plat préparé par Creel !! La fille ne comptait pas gaspiller une seule miette de son assiette ! Elle se resservit trois louches et la passa à Sahar pour qu’il puisse, lui aussi, profiter de ce repas.

Nyara était excitée et tout le monde le savait juste en regardant ses yeux. Ils s’observèrent les uns les autres avant de pouffer. Ils dégustaient tous ce plat rare : Creel ne cuisinait que rarement. La plupart du temps, Nyara préparait les repas. Az n’étant pas si doué pour cuisiner, il ne s’y amusait presque jamais. Les rares fois où il faisait à manger, c’était pour faire des crêpes ou des Wallazz.



Sahar se frotta le ventre en souriant. C’était succulent. Nyara, en voyant que le garçon venait de terminer son assiette, se leva d’un coup sec de sa chaise. Le claquement de celle-ci contre le sol fit sursauter Az Az : il n’appréciait guère ce son. Creel, un oeil fermé, s’énerva.

– N’abîme pas le sol, idiote ! dit-il.

Nyara secoua la main et s’excusa. Elle n’avait pas envie de se battre contre son frère alors qu’elle était si… excitée !! La fille prit la main de Sahar et le força à se lever avant de quitter la pièce avec lui. Creel et Az se regardèrent et soupirèrent de concert. Cette fille ne savait pas contenir ses émotions… Ils la connaissaient très bien, et pourtant, cela les étonnait encore. Une vraie gamine.


Nyara sortit de l’hôtel accompagnée de Sahar avec un sourire jusqu’aux oreilles. Elle regarda le garçon et sautillait presque d’excitement.

– Dis, dis !! dit-elle. Tu ne m’as pas dit comment tu trouvais cette ville !!

Sahar se gratta la joue et se mit à côté d’elle. L’air était plutôt frais… C’était donc pour cela que Nyara lui avait passé cette veste. Il regarda le ciel. Ce dernier était d’un noir charbonneux, mais les tonnes de paillettes étincellantes venaient peindre cette voûte. Toutes plus brillantes les unes que les autres, malgré leur nombre infini, il semblait qu’elles avaient toutes leur lueur à elle, l’une était différente des autres. Dans ce tableau étoilé se montrait Blanra, la lune de ce monde, dans une forme semi-entière. Sur Terre, Sahar n’avait jamais eu l’occasion d’observer une nuit si étoilée… C’était beau à voir. Ce Monde était fascinant. S’il pouvait trouver des paysages aussi sublimes que cette nuit, alors il s’en fichait de devoir se fatiguer pour les découvrir.

Sahar contempla Nyara en se disant que là aussi reposait le sublime de ce monde… Il finit par pouffer en hochant la tête, surprenant ainsi la fille à côté de lui.

Qu’est-ce que je me dis, moi… ? pensa le garçon. Si les autres m’entendaient, ils se foutraient de moi, ahah !

Sahar releva la tête et fixa la fille en souriant. Il ne lui avait pas encore répondu.

– C’est une très belle ville, avoua-t-il. Imäa m’impressionne encore et même si la capitale est bercée dans l’ombre de ces feuillages, je trouve… que c’est un endroit plutôt brillant !

La réponse de Sahar ne manqua pas de la réjouir. Elle lui donna un coup de coude gentil et leva les bras au ciel.

– Cette capitale… j’ai l’impression que c’est ICI, ma maison ! lui dit-elle. Je l’aime tellement, tu ne peux pas imaginer… ! Cette nuit magnifique… Je me demande encore et encore comment les étoiles peuvent passer à travers les feuillages d’Imäa, c’est un mystère qui n’a pas de réponse, on dirait.

Elle avait l’air heureuse et paisible. Son regard se remplissait des étoiles dans le ciel. Sahar n’y avait pas pensé : comment étaient-elles visibles ? Si même Nyara ne le savait pas, alors il n’y avait aucune chance qu’il puisse le découvrir. Il préféra laisser cette question se perdre dans son esprit et y revenir un jour futur. Il regarda autour de lui et s’émerveilla de voir la ville de nuit. Les bâtiments brillaient d’une lueur inexplicable. Des lucioles volaient tout autour d’eux et ajoutait quelque chose de superbe à l’ambiance. Les quelques poteaux plantés ici et là émettaient une faible lumière bleue. Les sons ambiants ne venaient que d’une foule calme et civilisée. Ils parlaient entre eux : certains riaient, d’autres ne faisaient que papoter. Pas un cri, pas un pleur… Juste un bruit de fond calme et apaisant. Le vent frais se taisait et caressait doucement les visages humains. Après une journée plutôt ensoleillée, le Monde avait décidé d’adoucir sa surface. Lui aussi, méritait sa pause.

Sahar voulut observer l’hôtel, mais Nyara reprit sa main et il faillit trébucher. La fille était rapide… ! Il la suivit en courant et profita de la douceur du vent contre son visage. Incapable de courir au même rythme que Nyara, il dut donner toute son énergie pour pouvoir rester à quelques mètres d’elle. Il n’avait pas sa vitesse ! Il voulut le lui dire, mais en voyant l’air ravi du visage de la fille, il se tut et ses lèvres formèrent un croissant de lune. Et de toute façon, il ne saurait pas parler ! Sahar ne savait pas pourquoi visiter la ville de nuit l’excitait tant, mais en même temps, il la comprenait partiellement.

Nyara courrait sans s’essouffler depuis 10 minutes. Sahar commençait à transpirer quand elle s’arrêta. Il fut soulagé de la voir enfin calmée. Il était content qu’elle soit joyeuse d’être ici, mais il n’avait pas envie de faire que du sport… Enfin, il s’était promis d’en faire beaucoup, alors peut-être devait-il en profiter… En tout cas, s’ils ne faisaient que courir, ils n’allaient jamais profiter de la vue !! Sahar observa les maisons devant lui quand il remarqua quelque chose d’étrange : derrière celles-ci une source lumineuse brillait plus que le reste. Nyara pointa du doigt cet endroit précis.

– Tu n’as pas encore vu cet endroit, pas vrai ?!

Il hocha de la tête. Même le jour, il ne lui semblait pas être venu par ici. Nyara lui fit signe de la suivre, et Sahar lui emboîta le pas. La fille passa au-dessus des barrières et entra dans le jardin de cette propriété privé. Les maisons ici avaient l’air plus riches que celles à travers toute la capitale. Ils devaient probablement se trouver dans un quartier plus luxueux que le reste. Sahar enjamba la barrière en se demandant s’ils avaient le droit de faire une telle chose. Entrer par effraction dans un jardin, il était certain que même ici, c’était illégal — et il était aussi certain que Nyara ne possédait pas un grade tel qu’elle puisse pénétrer dans des propriétés privés.

Cependant, il la suivit sans broncher, gardant ses craintes pour lui. Sahar savait qu’il pouvait lui faire confiance. Nyara passa entre les deux maisons et regarda la haute grille devant elle. Sahar se demandait comment ils allaient la traverser : elle était très probablement fermée à clef et s’élevait à trois, voire quatre mètres. De plus, des picots étaient posés au-dessus de cette grille. C’était vraiment protégé, ici… Nyara lui fit signe de reculer et il s’exécuta. Il pria pour qu’elle ne fonce pas sur la grille…

Elle recula de trois pas et commença à courir. Sahar s’en mordit les doigts. Elle allait vraiment le faire !!! N’était-elle pas complètement givrée ?!! Si on les entendait ?! Non, il n’était pas si tard, et même s’ils dormaient, un tel bruit allait réveiller les propriétaires de la maison ! Et même celle d’à côté !!

Cependant, Nyara ne fonça pas sur la grille. Elle sauta sur le mur de la maison et s’envola dans les airs. La fille était à l’envers quand elle regarda avec un sourire le garçon en-dessous d’elle. Nyara… était au moins à six mètres du sol !!! Elle passa au-dessus des piques et atterrit de l’autre côté sans problèmes. Elle lâcha un petit rire, laissant Sahar de l’autre côté.

– Tu me rejoins ?!

– J’SAIS PAS FAIRE CA !!!!! hurla Sahar.

– Tu veux que j’éclate la porte pour que tu passes ?

Sahar se frotta les yeux. Même s’il l’appréciait, elle était trop folle. N’avait-elle peur de rien… ? Qu’elle soit puissante ou pas…

– N—

– Bah, je le fais quoi que tu répondes.

PARDON ???!!!!

Sahar voulut lui crier d’arrêter cette plaisanterie quand il l’entendit courir. Elle était totalement timbrée celle-là !!!! Elle allait leur créer des soucis, c’était certain !!! Il se crispa quand le bruit de sa course cessa tout d’un coup. Sahar ouvrit un oeil et entendit un autre son : celui de la porte qui s’ouvrait… doucement… calmement… Le visage souriant de la fille apparut à travers l’ouverture. Son sourire était moqueur.

– T’y as cru ?? Je t’ai fait peur, Saaaahaaaar ???

– Tais-toi…

Il soupira de soulagement. Nyara rigola et frappa Sahar dans le dos, ce qui le fit tomber par terre. Elle s’excusa dans ses gloussements et l’aida à se relever. Même si Sahar n’était pas totalement amusé, il ne put s’empêcher de sourire. Il finit par passer devant, même si la fille lui vola la première place instantanément. Sa vitesse était à craindre… Est-ce que posséder un pouvoir augmentait la vitesse des individus ? Il avait l’impression que n’importe qui de puissant pouvait se déplacer rapidement… Cela n’avait pas de sens.

Après avoir dépassé le jardin, les deux « hors-la-loi » arrivèrent devant un grand buisson. Derrière celui-ci brillait la source lumineuse que tentait d’atteindre la fille. Sahar lui demanda pourquoi ils passaient par ici. Elle lui répondit brièvement.

– Il doit avoir trop de monde par les autres entrées.

Elle lui lâcha un clin d’oeil pour une raison qui dépassait Sahar. C’était donc un endroit fréquenté… Il avait hâte de voir quelle était cette chose. Nyara traversa le buisson, mais Sahar resta de l’autre côté. Il était heureux de passer du temps avec la fille… Il voulait réellement devenir… son ami. Une main sortit du buisson et se ferma. Elle se rouvrit instantanément et Sahar comprit qu’il devait la prendre. Il s’exécuta et se fit entraîner dans le buisson. Il serra les lèvres et ferma les yeux et ne les rouvrit que quand il arriva à la hauteur de la fille. Cette dernière lui dit de regarder le spectacle devant lui.

Sahar ne put détourner le regard de la beauté qui s’offrait à lui.

Un lac multicolore se nichait là. Des lucioles dansaient autour de l’eau et dessinaient un spectacle merveilleux aux gens. Un arbre aux feuilles vertes flottait au milieu de cette étendue et brillait dans un rouge fluo. A la surface du lac sautillait des sortes de grenouilles mauves. Elles… pouvaient marcher sur l’eau ! Du fond du lac émanait une lumière diffuse. Toutes ces choses formaient un extraordinaire spectacle qui stupéfia le garçon. Une centaine de personnes étaient aussi venu voir ce lac… Non, bien plus !!

Sahar avait la bouche bée en regardant tout cela. C’était si coloré, si beau, si…

Si magique.

Nyara profitait de la vue aussi. Quand était-ce la dernière fois qu’elle était venue ici… ? Elle avait si peu de temps libre, lorsqu’elle venait à la capitale… Pouvoir la visiter à nouveau, cela lui faisait tant de bien. En plus… Elle se tourna vers le garçon à ses côtés. Son air étonné la fit presque rire. C’était la première fois… qu’elle visitait la capitale avec quelqu’un. Creel s’en fichait et Az… Il ne disait pas non lorsque c’était la journée, mais malheureusement, ce n’était pas sa tasse de thé. La nuit… Il devait le faire. C’était comme cela. Nyara était si contente, si heureuse, si joyeuse d’avoir quelqu’un à ses côtés… Elle savait que c’était naïf et stupide de sa part, mais ce quelqu’un…

Elle voulait lui faire confiance dès à présent.

Elle voulait être son amie dès à présent.

Elle voulait le voir… comme son ami dès à présent.


Elle en avait marre de passer sa vie seule.


Malgré Creel et Az à ses côtés, elle…

Je suis seule, même en étant entourée.

Les deux personnes qui l’accompagnaient ne l’empêchaient pas de se sentir seule. Elle attendait depuis si longtemps que quelqu’un arrive… Que quelqu’un devienne son ami. Nyara avait toujours voulu avoir une personne qui la soutienne à ses côtés, mais cela avait toujours été impossible.

Faire confiance aux autres, c’était compliqué. De plus, vu qu’elle était souvent en mission, se faire un ami, c’était presque mission impossible. Les gens tentaient parfois de la tromper, de l’amadouer dans leur filet pour se servir d’elle. Comment pourrait-elle les croire ? Eux, ils ne voulaient pas devenir amis avec Nyara. Ils voulaient sa force. Ils voulaient Az. Ils voulaient… se servir de Nyara.

Toutes les personnes en lesquelles elle a cru ont finit par périr. De ses mains, soit de celles de Creel, soit de celles d’Azgoria. Avant le jour d’avant, elle n’avait jamais montré ses oreilles de renard à quiconque — excepté à son frère et à Az. Quand elle avait rencontré Sahar, elle avait senti… une sorte de liaison entre eux. Comme s’ils… étaient faits pour se rencontrer. Evidemment, c’était une pensée absurde, cela n’avait été qu’une impression… mais elle avait osé montré son  vrai soi.

Elle avait osé montrer ses oreilles de renard.

Quand les gens qui voulaient se lier d’amitié avec Nyara apprenaient qu’elle était une Kitsune*, ils… mouraient toujours. Parce qu’ils voulaient profiter de Nyara. Parce qu’ils voulaient se servir de Nyara.

Parce que les gens ne pensaient qu’à eux.

(* : Kitsune veut dire « Renard » en Japonais et ici est un terme pour définir les filles aux attributs de renard.)

Les humains étaient comme ça…


Pourtant, Sahar n’a pas réagi comme eux. Malgré l’incident, il n’avait aucune malice dans son regard… ni dans son coeur. Il s’était réellement pardonné et ses excuses avaient été sincères. Lorsqu’ils rigolaient juste après s’être pardonnés, Nyara avait senti quelque chose qu’elle pensait avoir oublié pour toujours. Quelque chose qu’elle n’avait ressenti qu’une seule fois dans le passé…


La chaleur d’une réelle amitié.


Elle savait que c’était trop rapide. Elle savait que c’était naïf. Elle savait que ses émotions prenaient le dessus et qu’elle ne réfléchissait pas assez. Nyara savait tout cela.

Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de voir Sahar, déjà maintenant, comme un ami. Elle devait encore attendre, aller trop vite n’était pas une bonne idée, mais elle le voyait déjà comme cela, ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait changer. Son esprit, son coeur…

Nyara voyait Sahar comme un ami et voulait passer plus de temps avec lui. Ils ne s’étaient pas beaucoup parlé et avaient passé moins d’une journée ensemble, alors pourquoi… Pourquoi se sentait-elle comme cela ? Elle avait une idée, mais sur le moment, en regardant Sahar s’émerveiller du spectacle devant lui, elle n’y pensa pas.

Nyara était presque certaine que le fait de se sentir si seule et d’avoir enfin quelqu’un à côté la rendait bien trop heureuse. Elle savait que Sahar et elle allaient devenir amis, alors elle le voyait déjà comme tel.

Nyara était impatiente par nature. Elle pouvait patienter pour certaines choses, mais pas pour cela.


Le garçon se tourna vers la fille tout en souriant.

– C’est si… beau !!!

Nyara laissa ses pensées s’envoler dans le vent frais et sourit à son tour.

– N’est-ce pas ? Ce lac s’illumine comme cela tous les quatre jours. Lors de ma mission d’aujourd’hui, certaines personnes en parlaient sur le chemin. Je ne suis pas impatiente à ce point-là quand je visite Provinäh, mais pour voir un tel spectacle…

– Je te comprends !!! cria-t-il. En plus, d’ici, on voit super bien !

Ils étaient seuls à cet endroit-là. Nyara n’osait pas dire à Sahar que c’était de base interdit de se trouver là et qu’ils allaient probablement fuir à toute vitesse quand on allait les remarquer, mais elle voulait passer du temps avec lui. Si elle voulait devenir son ami, alors elle n’allait pas attendre pour être à ses côtés. Elle se tourna vers le lac.

– Le lac aux milles couleur, lâcha-t-elle. Un moment magique qu’il ne faut pas louper…

Sahar aurait bien voulu avoir son téléphone pour en faire des photos. Il aurait reçu tellement de likes sur Twitter pour un tel spectacle… ! Nyara continua de parler.

– Tous les quatre jours, ces petites bêtes qu’on appelle « Lumias » se rassemblent tout près du lac et bizarrement, l’eau commence à prendre des couleurs diverses pour toute la nuit. Chaque fois, le nombre de couleur et les couleurs elles-mêmes changent. Parfois il y a du jaune, parfois non. Ici, on a de la chance de voir tant de diversités. La dernière fois que j’étais venue, il n’y avait que du bleu foncé et du vert. C’était quand même magnifique, mais rien d’incroyable… Pas comme cette fois-ci.

Sahar était chanceux de pouvoir voir un spectacle aussi beau et il en était reconnaissant. Il voulait d’abord voir le côté magnifique de Duzmog — le côté sombre pouvait attendre. Nyara observa les gens autour du lac et remarqua avec joie que personne ne les avait encore démasqué. Ils étaient assis sur une herbe fraîche au-dessus des grillages qui empêchaient aux gens de pénétrer l’intimité du lac. Si quelqu’un osait y rentrer, il avait des conséquences qui pouvait effrayer n’importe qui. Les juges osaient être cruels, à Provinäh…… D’ici, le grillage ne gâchait pas la vue. Même d’en bas la vue était magnifique, mais de là où se trouvaient Nyara et Sahar, c’était bien plus agréable. Il n’était pas compliqué d’atteindre la hauteur, mais pour une raison ou une autre, c’était interdit. Heureusement que Nyara était rapide, même en portant quelqu’un sur son dos ! Elle l’était encore plus quand elle ne cachait pas ses attributs de Kitsune, mais elle n’allait sûrement pas les révéler au grand jour, même pour sauver Sahar. Ami ou non, elle avait ses priorités. Elle pouffa en y pensant : elle était trop dure ! Si elle devait sauver Sahar devant tout le monde, oserait-elle montrer qu’elle était une fille-renard devant la foule… ?

Elle n’eut pas le temps de répondre à cette question : elle sentit un regard les transpercer. Nyara se leva avec agilité et força Sahar à se lever. Il la questionna du regard.

– On a assez profité, on bouge.

Elle n’avait pas dit à Sahar que c’était interdit d’être là et ne comptait pas lui dire : avec un minimum de cerveau, il comprendrait. Sahar la suivit et ils coururent pour cinq nouvelles minutes. Ils arrivèrent dans une rue totalement vide. Nyara reconnaissait cet endroit. Elle se tourna vers le Sahar fatigué. Il n’était pas essoufflé, mais il suait. Il devait… faire plus de sport.

– On est proche de la seule forêt de Provinäh, je viens rarement ici… lâcha Nyara. On pourrait y faire un tour, je connais un bon recoin où on peut monter dans les arbres ! La vue y est vraiment plaisante, mais il faut savoir monter les arbres.

Sahar n’était pas certain qu’il pouvait le faire, mais il VOULAIT le faire. Il n’allait pas mentir à la fille à propos de cela, mais il n’était pas réellement confiant de ses capacités.

– Je peux toujours tenter, dit-il.

– Tu n’as pas la hylophobie, rassure-moi ?

– Nope.

Sahar avait étudié plus de deux-cent phobies avec ses amis sur Terre pour rigoler. C’était deux ans plus tôt, mais le garçon avait toujours apprécié avoir plus de vocabulaire. Pourquoi ? Pour faire le savant, bien évidemment. De plus, il était sérieusement intéressé par la langue française et les phobies, alors les étudier ne lui posait aucun souci. Malgré les apparences, Sahar pouvait être très intellectuel. Même s’il parlait familièrement, il pouvait aussi tenir des discussions soutenues. Il savait très bien que l’hylophobie était la peur des forêts. En réalité, Sahar n’avait aucune phobie en particulier. Plus petit, il avait l’ophiophobie : la peur des serpents. Désormais, la seule phobie était celle qu’on appelait « l’angrophobie » : la peur de se mettre en colère. C’était compréhensible, vu ses problèmes émotionnels… Même s’il n’était pas certain que cela soit réellement une phobie dans son cas, il n’avait pas de meilleure terme.

Il suivit Nyara et ils parlèrent sur le chemin.

Il fallut vingt bonnes minutes pour arriver dans la ruelle qui les conduisait à la forêt. De là où ils étaient, il pouvait voir la frontière entre la forêt et et la ville. Sahar pointa du doigt l’horizon.

– On voit la lisière de la forêt !! lâcha-t-il.

– On y va ? Tu veux que je te tienne la main si tu as peur du noir ??

– Je ne suis pas un petit enfant !!

Ils rigolèrent en avançant. Sahar n’osa pas dire qu’il aimerait bien lui tenir la main, en réalité… Pas parce qu’il était effrayé ou quoi que ce soit, juste… Juste comme ça.


Tandis que les deux s’avançaient vers la forêt, une femme les observait de plus loin. Elle plissa des yeux tout en touchant le bouton doré de son vêtement. Elle se lécha la lèvre supérieur et ensuite celle inférieure tout en souriant. Son regard revenait toujours sur ces deux-là. Le garçon avait l’air si pitoyable et si faible. Aucune Aura ne sortait de son corps. La fille n’avait presque rien aussi. Elle devait cacher sa « réelle » capacité, mais ne devait pas être puissante. La voleuse sauta du toit et atterrit sur les pavés de la ruelle sans heurts. Son sourire lui arrivait aux oreilles. Il ne montrait aucune sympathie.

– Si je les tue et que je prends leurs coeurs à tous les deux, peut-être…

Elle lécha sa dague.

– … en tirerai-je une bonne somme !!

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