Perdu dans la nuit 4 : Un éclat maléfique.

Auteur : Ilanor
Check : C’est quoi ça ?


Salut tous le monde ! C’est (encore) moi… Première fois que je publie moi-même mon chapitre… Un peu tard non ? Pile pour l’introduction du premier personnage féminin. Étonnant non ? Enfin, vous en saurez plus en lisant, et plus encore dans le suivant… Bonne lecture ! :p


A mesure qu’Aln reprenait le contrôle de ses sens, sa silhouette trouble se dessinait progressivement sur le mur de la pièce. Bientôt, il se dévoila légèrement, exposé par la lumière éblouissante que produisait le petit joyau au centre du laboratoire qu’il découvrait petit à petit.

La salle n’était pas très grande, ou peut-être était-elle si encombrée qu’elle en semblait minuscule. En fait, Aln se rendit compte assez rapidement que s’il ne voulait provoquer une catastrophe, il valait mieux qu’il reste immobile. En effet, le laboratoire en entier était envahi de livres empilés les uns sur les autres, des cahiers de notes jonchaient le sol, et des papiers chiffonnés étaient jetés en boules dans un coin. Au moindre mouvement, il risquait de se faire remarquer, ce qui n’était vraiment pas au programme. Mais ce qui attira réellement son attention, c’était cette sphère qui trônait sur un piédestal de marbre au centre de tout ce fatras.

De nombreuses lucarnes avaient été ouvertes dans les murs, dans le plafond, de telle manière à ce que le joyau baigne toute la journée dans une belle lumière bleutée, qu’il diffusait ensuite dans toute la pièce, miroitante et vive. Ébloui, Aln ne pouvait pas la regarder directement, et pourtant il ne pouvait s’empêcher d’y jeter des regards en coin. Cette pierre lui rappelait confusément celle qu’il avait vue quelques années auparavant, minus le côté cataclysmique. Il se perdit dans sa contemplation, mais fut bientôt interrompu par une voix douce et emplie de majesté, qui résonna à quelques mètres de lui.

“Elle est magnifique n’est ce pas ?”

Aln se retourna, et s’apprêtait à répondre instinctivement quand il remarqua que ce n’était pas à lui que cette voix s’adressait. Deux personnes qu’il n’avait pas remarquées se tenaient là, alors que lui même était captivé. Un homme apparemment dans la cinquantaine tendait la main vers le joyau, les cheveux gris, les yeux gentils et le dos déjà légèrement courbé. Pourtant, une flamme vive brûlait dans ses yeux, lui donnant une étonnante prestance. Une jeune fille de 14-15 ans marchait à ses côtés. Malgré sa jeunesse, on la devinait déjà beauté naissante, céleste, mais déjà empreinte d’une certaine nostalgie. Cette impression saisit Aln, en même temps que l’enfant souriait tristement, d’un sourire qui détonait sur ce jeune visage, d’un sourire marqué d’une sourde douleur.

L’homme continua à parler, alors que l’adolescente semblait répondre machinalement.

“Cela fait si longtemps que la Nivmag s’est perdue, et enfin j’en ai reconstitué un éclat. Avec ça, peut-être devrais-je pouvoir redécouvrir la Sagmag…
Oui, sans doute.
Pour la première fois depuis je ne sais combien de décennies, je vais pouvoir la réutiliser. Regarde bien.”

Écartant la jeune fille, il s’approcha du joyau et appliqua délicatement sa main dessus. Savourant apparemment la sensation qu’il en recevait, il s’immobilisa quelques instants, avant d’inspirer profondément. Puis, d’un air sérieux, il prononça à voix haute quelques mots…

“Sil Avnaglim dlahil vi ahi”
(Viens à moi, lumière.)

A la suite de ces paroles, la lueur qui vacillait auparavant brilla d’un éclat plus intense, avant de se mouvoir rapidement vers l’homme et de l’envelopper. Aln sentit comme une révulsion viscérale alors que, quelques secondes après, l’éclat de la Pierre s’affaiblissait. L’instant suivant, l’homme releva la paume, et, la fixant, il se concentra, matérialisant une sorte de feu follet. Il la contempla quelques moments, avant de l’envoyer vers la jeune fille d’un petit mouvement de poignet. La petite boule de lumière flotta doucement jusqu’à s’arrêter devant les yeux ébahis de l’adolescente, puis elle faiblit doucement, avant de s’éteindre complètement

Prenant la parole, le vieil homme recula de quelques pas, et posant ses mains sur les épaules de sa petite fille, il la poussa en avant en lui disant.

“Vas-y, à ton tour maintenant. Fais comme je te l’ai dit. Visualise la lumière que tu désires, pose ta main sur la pierre, et prononce la même phrase que moi, en imaginant séparément chacun des mots, pour aboutir à ton image finale.”

Approuvant du menton, l’enfant s’avança sans un mot. Prenant la même posture que son aîné, le visage sérieux, elle prononça la même phrase de sa voix cristalline. De la même manière, la pierre s’éclaira d’un coup, transmettant son pouvoir à l’apprentie magicienne, avant de se ternir de nouveau. L’enfant ouvrit la main, révélant en son sein la même lueur.

Aln ne pouvait s’empêcher de sentir un sentiment malsain lui envahir le coeur. Comme un malaise, une révulsion instinctive ou une peur panique, il sentait au plus profond de lui même que quelque chose n’allait pas. Il ne devait pas rester ici, pourtant il ne savait pas comment partir. Un froid glacial le saisit. Il tressaillit, heurta une pile de livres, et sa main l’ayant traversé en la faisant vibrer, cette pile s’écroula.
La jeune fille sursauta. La peur se refléta dans ses yeux, et elle essaya de retirer sa main du joyau, sans y parvenir. Elle cria. Un feu mauvais s’alluma au centre de la pierre.

Le vieil homme resta interdit. Devant lui, une scène terrifiante se déroulait. Ce qui était pour lui une immense réjouissance se transformait en cauchemar : devant ses yeux sa petite fille chérie s’estompait. Oui, elle s’estompait. Elle perdait en consistance, se dérobait à la vue alors qu’elle se débattait. Le son de sa voix s’affaiblissait, ses yeux terrifiés perdaient de leur éclat, ses contours se troublaient. Elle disparaissait de ce monde.
Il s’élança vers elle en hurlant quelques mots :

“Sil tihiglim le itva”
(Reste ici !)

L’homme mit toutes ses forces dans cet ordre, imaginant sa petite fille à ses côtés, riant et pleurant avec lui. Cela ne suffit pas. La petite fille sembla seulement retrouver un semblant de vie, et de manière surprenante, elle sembla apercevoir Aln au fond de la pièce. Elle lui jeta un regard implorant qui le saisit au plus profond de son âme. Puis elle disparut.

Pourtant Aln avait le sentiment qu’elle était encore présente, quelque part. En tout cas, son image était imprimée à jamais dans son esprit, et il pouvait presque la sentir dans la pièce, comme si elle n’en était pas vraiment partie.

L’homme, quant à lui, s’écroula sur ses genoux. Le visage défait, il semblait avoir prit 20 ans. Autant dire qu’il n’était plus tout jeune. La puissance du sort qu’il avait lancé, qu’il avait du invoquer à partir de ses propres forces, l’avait épuisé. Le regard vide, il contemplait le lieu de la disparition. Il contemplait le joyau devant lui, ce joyau qui l’avait tant passionné, et qu’il regardait maintenant avec haine. Fermant à demi les yeux, il se leva difficilement, puis il s’en approcha.

“Pourquoi ? Tout devait bien se passer ! Il n’y avait aucune raison, pas une chance que ça arrive ? Pourquoi ? Pourquoi ? Rendez moi ma petite fille ! Rendez-la moi !”

Pris de désespoir, il saisit la pierre, et la jeta au sol, la brisant en mille morceaux. Il continua ses cris pendant quelques minutes avant de s’affaisser petit à petit, s’adossant à une étagère, et glissant lentement au sol, avant de rendre l’âme.

***

Aln resta interdit devant ces évènements. Le froid qui l’avait paralysé s’estompait petit à petit, et il commençait à se demander s’il verrait un jour quelque chose de beau dans cette illusion, et non des meurtres, cataclysmes, massacres ou tragédies. Remarque, mieux valait que cela arrivât dans son rêve plutôt que dans la réalité…

Il ne comprenait toujours pas vraiment ce qui s’était passé, bien qu’il eût évidemment été touché par la douleur du (très) vieil homme et par l’étrange disparition de la belle jeune fille, et pourtant il gardait son sang froid. D’une certaine manière, bien qu’il ne fût plus un enfant, il n’arrivait pas à saisir la gravité de la situation.

Ce n’était pour lui qu’un rêve. Un rêve réaliste, un rêve étrange, mais tout de même un rêve. Un rêve lucide éventuellement, mais rien de plus.

Pourtant, il n’arrivait pas à oublier le visage de la jeune fille, son expression à la fois enfantine et étonnamment mûre, le son de sa voix cristalline. Il ne l’avait vue que quelques instants, et ce n’était pas assez.

C’est à ce moment qu’il sentit comme un léger contact. Un effleurement, un toucher doux, presque imperceptible. La sensation était faible, elle ressemblait à une sensation rémanente, presque irréelle.

Intrigué, Aln explora du regard ses environs. Rien. Agitant ses mains autour de lui, il ne toucha rien, et pourtant, de nouveau cette sensation étrange de toucher quelque chose sans rien toucher. Il crut entendre quelque chose, sans que ce soit le cas. Il commença à douter de sa santé mentale, et mit ces étranges sensations sur le compte du stress psychologique. Et donc, ignorant cette étrange situation, il décida de se diriger vers le vieil homme étendu.

S’accroupissant devant lui, Aln chassa de son esprit la désagréable sensation d’être hanté – comme s’il n’avait pas déjà suffisamment de problèmes comme ça – et essaya de tâter le pouls du vieillard. Sa main traversa le poignet de l’homme étendu, en n’amenant rien d’autre que d’étranges crépitements d’éclairs bleutés et une révulsante odeur de chair brûlée. Mais, vu l’absence de réaction…

“Il est mort chuchota-t-il”

Ces mots brisèrent l’irréel de la situation. D’un seul coup, il prit conscience que tout ceci n’était peut-être pas un rêve. Aussi étrange que cela puisse être, aussi… magique que cela paraisse, il était peut-être réellement ici, maintenant, à cet endroit. C’était trop précis, trop réel, trop crédible pour être un rêve. Et cette simple pensée lui avait foutu les jetons. Il fut pris de tremblements incontrôlables, et s’adossa avec difficulté à côté du cadavre pour reprendre ses esprits. Le meilleur endroit pour se calmer : sur un tapis d’éclats d’une étrange pierre, à tenir compagnie à un cadavre d’un vieillard de 70 – ou de 50 – ans, alors que quelques instants auparavant une splendide jeune fille de 15 ans disparaissait sous ses yeux…

“Quel dommage, elle était vraiment mignonne…”

Il se prononça ces mots à lui-même, à voix haute. Il le regretta. Une magnifique encyclopédie de 4 ou 5 kilos lui atterrit sur le nez après un vol de trop courte durée. Pris au dépourvu, Aln ne pouvait y rien faire…

“Ow ! Que ?”

Une seconde de ces belles œuvres s’éleva dans les airs en vibrant. Étrange pour un livre de léviter de cette manière. Cette pensée traversa son esprit, avant qu’il ne se lève en catimini pour esquiver cette arme meurtrière : il saignait déjà du nez, ce n’était pas la peine d’y ajouter une lèvre fendue.

S’abritant derrière une étagère, il essaya d’identifier l’auteur du forfait. Pourtant, il ne ressentait plus aucune pression. La peur, l’oppression que lui imposait cet endroit sentant la mort à plein nez, tout cela avait été dissipé par l’arrivée complètement inopportune de l’encyclopédie.

Plus encore, il ressentait une certaine excitation : d’une certaine manière, il était maintenant étrangement persuadé que la jeune fille se trouvait grâce à son grand père dans une situation similaire à la sienne. C’était comme s’il le savait au plus profond de lui même, comme s’il le comprenait sans savoir pourquoi. Et puis, pourquoi aurait-elle lancé l’encyclopédie, sinon pour sa remarque ?

Pendant ses réflexions, le déluge de livres se poursuivait, bien que de courte durée. Maintenant persuadé de la justesse de son intuition, Aln cherchait une preuve de tout ceci.

Observant la manière dont les livres étaient lancés, il remarqua maintenant qu’ils étaient tous élevés à la même hauteur, et surtout qu’ils étaient pris de plus en plus loin de l’endroit où il se tenait quelques instants avant. En réalité, dans un rayon de 2 ou 3 mètres autour de son ancienne position, aucun livre n’y avait échappé.

Se convainquant qu’il devait y avoir quelque chose, imaginant la silhouette de la jeune fille qu’il avait brièvement aperçue, Aln se jeta en avant vers le centre de ce cercle, profitant d’une pause entre les tirs. Il y heurta violemment une forme tangible qu’il n’aperçut qu’au dernier moment, et malgré la tentative d’esquive de cette dernière, il tomba et sur le sol, et sur elle. Un choc électrique lui parcourut tout le corps, bien que ce qu’il sente sous lui ne soit pas le sol de pierre, mais ce qui, au toucher, ressemblait bien à un corps humain. A un corps féminin pour être plus précis…

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