Auteur : Ben Ornau
Check : Yurane
Salut à tout le monde pour une nouvelle année !
Merci à Yurane pour le check de ce nouveau chapitre, j’espère qu’il vous plaira.
N’hésitez pas à lire la suite sur mon site (en version « plun deux fotes »). Je préviens de leurs sorties sur Facebook et Twitter.
Sniper
J’étais hors de danger, pour le moment. Perché au second étage et ayant vu les autres blobs se disperser, j’osais ré-utiliser mes pouvoirs.
[RENOUVELLEMENT D’ÉNERGIE]
Le flux d’énergie s’intensifia en moi et mes membres atrophiés reprenaient leurs formes comme un sac en papier chiffonné qui s’enfle d’air.
Les blobs en dessous s’étaient agités mais, comme la dernière fois, aucun n’eut l’idée de grimper les débris pour m’atteindre. J’étais rassuré mais je ne voulais pas tenter ma chance plus que nécessaire. Je comprenais maintenant ce qu’étaient vraiment ces blobs. Certains animaux ne sont que pur instinct et les blobs feraient sûrement partie de cette catégorie s’ils possédaient les mêmes genres de sens. Si je n’avais pas mes souvenirs d’avant, si toute mon identité était balayée de l’être que j’étais, la seule chose qui resterait dans ce corps visqueux serait la faim! Une faim sans appétit poussée par un besoin continuel d’absorber de l’énergie. Rien ne pouvait aller contre ça, c’était comme respirer pour un homme. Je le ressentais en moi, ce besoin primaire, cette demande mue par la simple survie. C’était au delà du simple désir de vivre, une chose inscrite dans chaque être vivant, où chaque cellule d’un corps cherchait à n’importe quel prix à vivre.
J’aurais pu haïr les blobs en dessous de moi pour s’en être pris à moi mais je me rendais finalement compte de ce qu’ils étaient. Aveugles et sourds, la seule chose qu’ils avaient jamais connu était la faim. Le monde qui les entourait n’était fait que de ce qu’ils pouvaient manger et de ce qui pouvaient les manger. Ce n’étaient pas des animaux, c’étaient des bactéries. Ils n’étaient ni des prédateurs ni des victimes, juste des survivants de leur propre condition.
“Pourquoi suis-je si différent ?”
La question n’avait pas pour but d’avoir une réponse mais juste de mettre un point d’orgue à mes pensées.
“Peu importe ce qu’ils sont, je dois trouver un moyen de me débarrasser d’eux.”
La peur qui m’avait envahi pendant l’attaque des blobs alimentait ma détermination plutôt que de nourrir mes doutes. Je n’étais pas un simple blob, j’étais un homme prisonnier dans le corp d’un blob. De l’extérieur, ça ne voulait peut-être rien dire mais, pour moi, cela signifiait que je faisais partie d’une espèce qui avait surmonté des prédateurs bénis par la nature et des cataclysme à l’échelle dévastatrice. Que ces victoires soient attribuées à nos facultés d’adaptation, notre inventivité ou quoi que ce soit d’autre, chacun de ces arguments avaient une chose en commun : l’humanité refusait d’abandonner et, moi non plus, je n’en avais pas l’intention.
Si j’étais le plus malin dans cette pièce, il fallait que je me serve de ça. Je fis le tour de l’étage en cherchant quelque chose que j’aurais pu louper plus tôt. Je n’espérais pas vraiment trouver quelque chose, mais il fallait que je mette un plan sur pied et maintenant que j’avais des jambes, je ne voyais pas l’intérêt de réfléchir assis sur mes fesses. Surtout que je ne possédais pas de fesses.
J’avais grimpé sur la rambarde de l’étage et observais un blob à quelques mètres en dessous.
[FLÉCHETTE D’ÉNERGIE]
Le fin projectile d’énergie fila dans l’air en direction du blob. Sans la pression des blobs qui m’entouraient, j’avais pris le temps de viser le coeur du blob et la fléchette décrivit une légère courbe en direction du noyau de ma cible. Elle atteignit le blob mais, comme une flèche tirée dans l’eau, la fléchette perdit en un instant sa force, en pénétrant le corps du blob et, en quelques secondes, l’énergie à l’intérieur avait été absorbée.
Les blobs avaient au moins 40 centimètres d’épaisseur de “gelée” autour de leurs noyaux et même une fléchette bien placée n’avait pas réussi à franchir les 20 premiers centimètres.
“Ça aurait été trop simple de pouvoir les descendre d’ici.” Pestais-je.
Leur capacité d’absorption était bien plus grande que la mienne et la moindre chose qui rentrait en contact avec eux était vidée de toute son énergie. Ma fléchette était faite d’énergie donc plus loin elle s’enfonçait dans le corps de mes cibles et plus elle se vidait de sa force destructrice.
Le blob que j’avais touché était déjà entrain de résorber la plaie que je lui avait fait sans montrer aucun changement dans son attitude. La soudaine explosion d’énergie avait attiré l’attention d’autres blobs mais cela ne changerait rien, ils ne pouvaient pas m’atteindre.
En augmentant la puissance de mes tirs, je pourrais les sniper d’en haut, bien en sécurité, mais ce n’était pas aussi simple. Ma Génération d’énergie et Manipulation d’énergie avaient bien progressé depuis que je les avais obtenues mais cela me prendrait tout de même un certain temps pour créer une fléchette plus puissante. Il y avait beaucoup trop de paramètres incertains pour que cela puisse être vu comme le début d’un plan. Mon problème majeur était mes réserves limitées d’énergie. Plus j’insufflerais d’énergie dans mes fléchettes et plus j’aurais besoin d’énergie pour les façonner, les manipuler et même les projeter avec précision. La force actuelle de mes fléchettes n’était pas un hasard, c’était le résultat d’un ratio puissance/contrôle contre lequel je ne pouvais pas faire grand chose.
Donc apparemment la solution pour passer les blobs dans le but d’obtenir plus d’énergie était d’obtenir plus d’énergie !
“Tu parles d’un serpent qui se mord la queue.”
Il fallait que je trouve une meilleure idée. J’étais persuadé que mes fléchettes étaient assez puissantes pour détruire leur noyau, si seulement il n’y avait pas de corps autour.
En cherchant une solution, j’étais revenu sur mes pas et je me trouvais à côté de la flaque.
“Peut-être que je devrais faire comme Archimède et reprendre un bain …”
Ma plaisanterie fit résonner quelque chose en moi et une idée commençait à prendre forme dans mon esprit.
“Ça pourrait peut-être marcher…”
…
Quelques heures plus tard, je me trouvais à nouveau perché sur la rambarde à la recherche de ma future victime. A côté de moi se trouvait mon arme secrète, deux boules faites de ma propre chair et qui avaient la taille d’une balle de tennis.
Je venais de trouver le blob que je cherchais. C’était celui qui m’avait attaqué plus tôt et par chance, il n’était pas très loin.
[GÉNÉRATION D’ÉNERGIE]
L’utilisation de ce pouvoir avait pour seul but d’attirer l’attention des blobs et de mettre ma future victime à portée de tir. Ma cible s’était approchée mais j’hésitais un peu. Mes armes secrètes n’étaient pas aussi légères qu’elles paraissaient et j’avais pas mal galéré à les monter sur la rambarde. Il m’avait fallu du temps pour les créer donc je ne voulais pas gâcher ma chance.
[GÉNÉRATION D’ÉNERGIE]
[SÉPARATION]
J’avais appris des petits trucs sur la Séparation durant ces dernières heures donc je les mis à profit. J’avais généré de l’énergie à l’extrémité de mon bras gauche et avait sectionné cette partie. Le morceau séparé, gorgé d’énergie, tomba sur le sol du premier étage. Comme des requins attirés par le sang, les blobs s’approchèrent de mon appât, et ma cible qui était la plus proche, se trouvait maintenant juste en dessous de moi.
“J’aimerais dire que ça n’a rien de personnel, mais ça serait mentir.”
Utilisant mon bras droit et le reste du gauche, je fis rouler la première boule qui se trouvait à mes côtés. Après une petite poussée, la boule tomba d’un coup et atterrit directement sur mon ennemi. Par expérience, je savais que la surface, apparemment lisse du blob, était en fait recouverte de minuscules cils et comme prévu, la boule qui était faite de mon propre corps, resta accrochée au blob.
Pendant une seconde rien ne se passa mais le blob ne pouvait lutter contre ses instincts. La boule avait été faite grâce à la Séparation et donc était entièrement faite d’énergie. Le blob commença à absorber la boule en lui et à siphonner la moindre trace d’énergie à l’intérieur.
“Grosse erreur.” Triomphais-je en observant la boule à demi-immergée dans le corps de mon ennemi.
Toute la partie autour de la boule se mit soudainement à s’effondrer sur elle-même, comme un ballon de baudruche qui se dégonfle en un instant.
Mon arme secrète, ce n’était pas la boule mais ce qu’elle contenait. D’ailleurs, plus qu’une boule c’était en réalité une bulle, une bulle remplie d’eau. J’avais utilisé l’eau de la flaque et, après l’avoir aspirée dans mon corps, j’avais formé une bulle que j’avais séparé du reste de mon corps !
Arrivé à faire ça m’avait demandé un nombre d’essais astronomiques. Il fallait que la membrane soit assez épaisse partout pour contenir l’eau, qu’elle possède assez d’énergie pour exister en dehors de mon corps suffisamment longtemps pour exécuter mon plan et bien d’autres contraintes.
Mais mes efforts n’étaient pas vains et, comme je l’avais imaginé, le blob n’avait pas développé de résistance à l’eau comme je l’avais fait.
Je saisis la seconde “bombe à eau” et la poussais aussi en direction du blob avant qu’il n’ait le temps de réagir. Comme pour l’autre, la boule s’accrocha et le blob se comporta exactement de la même façon qu’avant. Il l’engloutit et la membrane se rompit face à son Absorption d’énergie avant de déverser le liquide à l’intérieur de son propre corps.
Il y avait trop peu d’eau pour faire “fondre” le corps de mon opposant mais ce n’était pas le but de la manœuvre. La petite quantité d’eau était suffisante pour perturber la forme et la structure du blob et c’était tout ce dont j’avais besoin. Je rassemblais mon énergie devant moi, concentré sur une unique cible, je focalisais toute mon attention sur le point vert sombre au centre de mon ennemi.
[FLÉCHETTE D’ÉNERGIE]
L’énergie se matérialisa devant moi et prit une forme allongée avant de foncer vers l’étage inférieur. La fléchette pénétra le blob par le même endroit où la seconde bombe à eau avait atterri et s’enfonça dans le corps ramolli de ma cible. C’était impossible à voir à l’oeil nu mais je sentais la densité d’énergie faiblir à l’intérieur de ma fléchette. Une seconde à peine avait passé depuis que j’avais tiré mais j’avais l’impression d’observer un impact de balle au ralenti. La fléchette continua sa trajectoire et manqua de 2 centimètres le centre du noyau de mon adversaire.
“Merde !”
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