Auteur : Faust
Check : Miss X
Bon… D’accord, j’en avais promis 3 la semaine dernière… Mais je vais rattraper mon retard, petit à petit ! Enfin, voilà un personnage qui devait à l’origine ne pas exister, et qui se développe de lui même… J’ai même plus mon mot à dire ! :p
Ah, et pour DMW, le 40 arrivera ce week end sûr, et KnW 20 peut-être si j’ai la foi… le temps… Sur ce, bonne lecture !
Il n’y avait rien.
Aln s’attendait pourtant à retourner dans la clairière d’où il était parti, mais non. Au lieu de cela, après avoir quitté le monde du passé, il avait été déposé sur une plaine immense.
Le ciel était gris, teinté d’ocre, d’une couleur aussi morne que l’étendue sans fin qu’il recouvrait. Ces très vastes steppes étaient pourtant peuplées de créatures surprenantes. Inoffensives, elles ne semblaient pas remarquer Aln, elles le dépassaient sans lui accorder un regard, sans se détourner un instant de leur chemin. Leurs contours, indistincts, n’étaient que grisaille irréelle, et leurs gestes dégageaient un petit quelque chose d’inéluctable.
La plaine elle-même semblait en plein mouvement, comme si elle avançait (ou reculait, il n’aurait su le dire) en entraînant tout ce qu’elle portait. Aln était pris de hauts le cœur, comme s’il ne devrait pas être ici, et que son corps lui-même l’en prévenait.
Puis tout fut fini. Il cligna des yeux, et il se retrouva là où il devait être.
« Un rêve ? Enfin… Encore un rêve ? » Murmura-t-il.
Pourtant, il sentait que celui-ci était différent de ce dont il avait l’habitude. Il savait aussi qu’il était probablement sur le point d’être encore complètement dépassé par les évènements : cette vision n’avait aucun sens. Encore moins que celles que lui donnait son grimoire.
« Enfin, dit-il, au point où j’en suis… Je m’en préoccuperai en temps voulu. Pour le moment, mieux vaut retourner à l’auberge avant que Rieln ne s’inquiète trop.
– Oh, je ne m’inquiète pas, rassure toi. Je suis patient.
– … »
En y repensant, Aln n’avait pas vraiment fait attention à son environnement depuis qu’il était revenu. Or, Rieln était assis quelques mètres à côté de lui…
L’air goguenard, il regardait Aln avec intérêt. Habillé de vêtements amples noirs, il avait son épée rengainée à la taille, et son arbalète dans le dos. Il ne ressemblait plus à un soldat, mais plutôt à quelque sinistre mercenaire, bien que son regard ne recèle aucune hostilité.
« Quand est-ce que les gens vont arrêter de me surprendre comme ça… » Marmonna dans sa barbe Aln, puis il reprit à voix haute :
« Ah, Rieln… Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n’étais pas à l’auberge ?
– Si, mais après quelques heures, j’ai commencé à m’inquiéter pour mon pauvre compagnon de voyage. Quelle idée d’aller se promener la nuit sans prévenir ! Si je l’attrape, je lui ferai passer un sale quart d’heure !
– Hahaha, je ne pense pas que ce pauvre compagnon mérite ça, non ? Il est juste parti prendre un peu l’air après tout…
– Mmh… Mouais… Je pense que je lui rajouterai juste quelques heures d’entraînement intensif. Rien de bien méchant. »
Le visage d’Aln se décomposait petit à petit.
Vrai, il s’entendait bien avec Rieln. Mais concernant l’entraînement… C’était un démon. Aln lui avait juste demandé quelques cours, afin de pouvoir se défendre correctement, mais son professeur improvisé avait décidé d’en faire un véritable épéiste. Les entraînements normaux étaient déjà épuisants, et s’ils devenaient « intensifs », Aln en mourrait sans aucun doute. Au moins, cela épargnerait du travail aux Ombres.
En revanche, c’était maintenant difficile de voir Rieln comme un simple soldat. Quand ils étaient encore dans la ville, et même pendant les jours qui avaient suivis leur départ, il avait conservé une apparence de jeune soldat obéissant aux ordres, mais plus le temps passait, et plus cette façade se fissurait. Ce n’était pas normal pour un simple soldat d’être aussi doué à l’épée, et c’était encore plus étrange qu’il attende tranquillement dehors, la nuit, que son camarade veuille bien se réveiller.
Aln soupira.
« Ah… j’imagine que ça ne sert plus à rien de faire semblant, donc si nous jouions franc jeu ? »
Rieln semblait s’attendre à cette proposition, et il hocha la tête sans hésitation. S’étirant un peu, il réfléchit quelques secondes, puis répondit.
« Je pense que c’est une bonne idée. Nimronyn s’en doutait déjà, mais tu n’es pas le disciple d’un Archimage.
– Et toi, tu n’es pas un simple soldat. »
L’homme le regarda, visiblement surpris. Il s’attendait à ce qu’Aln joue franc jeu, mais il n’avait pas pensé être lui-même remis en cause. Il reprit :
« Oh ? Et qu’est-ce qui te fait dire ça ?
– Tu en connais trop sur la haute société et tu es trop bon à l’épée. Si je compare aux autres Patrouilleurs, tu es plusieurs niveaux au-dessus d’eux. Et surtout, aucun soldat normal ne garderait un sang-froid aussi parfait en étant encerclé par des Ombres.
– Hum, tu marques un point. C’est vrai, je suis plutôt une sorte de… oui, de garde du corps.
– De Nimronyn ? Pourtant elle t’a envoyé avec moi… »
L’homme sourit.
« C’est qu’elle n’est pas vraiment au courant. D’ailleurs, ce n’était absolument pas prévu, mais je dois avouer que tu m’as intrigué. Revenons-en donc à toi. Ce grimoire est-il à toi ?
– Effectivement.
– Pourquoi as-tu menti à Nimronyn ?
– Parce que je ne voulais pas prendre le risque qu’elle me le retire. Après tout, je n’aurais rien pu faire si elle avait décidé de le garder.
– Une bonne raison. Mais ce n’est pas ça le plus important. » L’homme regarda Aln avec intensité.
« Quel est le but de ce voyage ? »
Aln se tut. Au point où il en était, il ne pouvait pas vraiment mentir. En plus, il n’aimait pas ça. Bien qu’il soit mystérieux, Rieln n’avait pas l’air de lui vouloir du mal, et quand bien même, Aln n’y pourrait rien. Donc autant lui dire la vérité. Enfin, une partie de la vérité…
Après avoir hésité pendant quelques instants, il inspira profondément puis :
« C’est une longue histoire, donc rentrons d’abord à l’auberge.
– Mmh, d’accord, mais tu n’y échapperas pas !
– Je sais, je sais…
– Merci de ta coopération.
– Pfff… »
Ils se levèrent tous deux, et prirent le chemin du retour. Une fois arrivés dans leur chambre, ils s’assirent chacun sur leur lit. Aln commença alors à raconter son histoire.
« Par où commencer… Tout d’abord, ce livre, ce grimoire me vient de mes parents. Je ne sais pas vraiment comment ma famille a mis la main dessus, mais apparemment c’est une sorte d’héritage de famille. Mes parents avaient l’air d’en savoir beaucoup dessus, mais ils n’ont pas pu m’en parler. Afin d’en apprendre plus sur eux, j’ai essayé de remonter l’historique de l’Asninmaghisha, et c’est le but de mon voyage ici. J’ai appris qu’il y avait un lien avec Gal Ilksa, un Archimage des temps anciens, et comme on dit que son laboratoire se trouvait par ici, j’ai décidé de venir jeter un coup d’œil.
– L’Asnin-quoi ?
– Ah, ce n’est pas important. C’est le nom du grimoire, mais il est un peu…
– Mmh… Tu ne pouvais pas demander des précisions à tes parents ?
– Ils sont… morts… peu de temps après ma naissance. Je ne les ai presque pas connus. À vrai dire, jusqu’à il y a moins d’un mois, je ne savais même pas ce qui leur était arrivé, ni même s’ils ne m’avaient pas tout simplement abandonné.
– Désolé…
– Tu n’as pas à l’être. Enfin, tout ça pour dire que ce voyage, je le fais pour en apprendre plus sur ma famille. Je ne supporte pas de ne pas savoir pourquoi ils sont morts. Pourquoi m’ont-ils laissé derrière ? Pourquoi ne m’ont-ils rien laissé de plus que ce livre ? Alors qu’ils savaient à quel point il pouvait être dangereux.
– Dangereux ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
« Ah… Je me suis emporté. » Pensa Aln. Comment expliquer le fait que son grimoire était probablement à l’origine de l’arrivée de l’Ombre à Magasnin ? S’il apprenait que ce grimoire apportait de tels dangers, que ferait Rieln ? Aln ne le connaissait que depuis quelques jours, et même s’ils s’entendaient étonnamment bien, il était clair que Rieln privilégierait son devoir.
« C’est… compliqué. Tu ne vas sans doute pas me croire, mais s’il est dangereux pour moi, il est inoffensif pour les autres. »
Alors qu’il prononçait ces mots, Aln se surprit à remarquer que le nombre de ses mensonges augmentait jour après jour depuis qu’il s’était fait embarquer dans cette histoire. Bien que leur qualité ne s’améliore pas, vu l’expression peu convaincue de Rieln.
Par ailleurs, Rieln semblait perplexe. Il avait évidemment compris que ce n’était qu’un mensonge, pourtant il hésitait.
Il lui semblait étrange qu’un adolescent incapable de mentir correctement s’y applique autant. Comme s’il avait quelque chose à protéger absolument, et que le mensonge était le seul moyen qu’il lui restait.
Il était tout aussi étrange que lui-même hésite à accomplir son devoir après que le mot « danger » ait été prononcé d’une manière aussi sérieuse. Après la démonstration de magie d’Aln à Magasnin, il était clair que le danger en question n’était pas à prendre à la légère, il ne pouvait pas l’ignorer. Pourtant…
Aln remarqua évidemment cette hésitation, et essaya de l’exploiter. S’il pouvait convaincre Rieln de l’aider en toute connaissance de cause…
« Je sais que c’est difficile à croire, mais il y a quelque chose que je dois absolument faire, et pour ça j’ai besoin de mon grimoire. Je te donne ma parole que je n’ai pas de mauvaises intentions, mais j’ai besoin que tu me fasses confiance.
– Quelque chose que tu dois faire ? Tu ne cherches pas déjà à savoir pourquoi tes parents sont morts ?
– Si, mais je pense que les deux sont liés… C’est quelque chose de presque ridicule, au point que je me demande pourquoi est-ce que je veux le faire, mais il faut que je m’en occupe.
– Tu ne me diras pas ce que c’est ?
– Désolé… Pour le moment, je ne peux pas vraiment… »
Rieln le regarda longuement, en proie à un violent débat intérieur. Aln soutint son regard, comme si cela lui permettrait de mieux persuader Rieln.
Pourquoi ce dernier en était-il venu à considérer Aln comme un ami au bout de quelques jours à peine ? Lui-même ne le savait pas. Ce n’était pas dans ses habitudes. C’était un guerrier, il était plus habitué à tuer qu’à discuter. Il côtoyait bien la haute société, mais il ne s’y mêlait jamais. Jamais il n’y avait ouvert son cœur, et le mépris qu’il lui portait transpirait dans la manière dont il la décrivait à Aln.
Depuis son enfance, il n’avait jamais eu l’occasion de parler comme cela. Peut-être était-ce pour cela ? Quoiqu’il en soit, le voilà à enfreindre son devoir pour la première fois de sa vie.
Il soupira.
« Je ne devrais pas, mais juste pour cette fois, je vais te croire. »
Aln n’y croyait pas vraiment. Enfin, ce n’était pas logique. Il resta donc silencieux quelques secondes, comme pour digérer ce qu’il venait d’entendre. Puis il s’enquit d’une voix incertaine :
« Vraiment ?
– Oui. Ne me demande pas pourquoi.
– Merci !
– Par contre !
– Par contre ?
– Je ne vais pas te lâcher d’une semelle. Ne t’avises pas de t’éclipser encore une fois comme cette nuit, sinon je te le ferai vraiment payer.
– Compris ! »
Aln sembla considérer que la conversation touchait à sa fin, et se détourna pour se mettre au lit. Le soleil allait bientôt se lever, et, après tout ça, il se sentait épuisé. Cependant…
« Qu’est-ce que tu fais ?
– Bah… Je vais dormir ?
– Oh ? Vraiment ? Et tu n’oublies pas quelque chose ? »
Rieln décocha un sourire vraiment sinistre à son ami. Un sourire qui ne lui disait rien qui vaille.
« Non, je ne crois pas…
– Oh ? J’avais parlé d’entraînement intensif je crois, non ?
– Ah, euh… Maintenant que tu le dis… »
« Ce sourire fait vraiment peur. » Pensa Aln.
Cette pensée perdura les heures qui suivirent, un enfer dont Aln se souviendrait toute sa vie.
Il a payer sa dette a la société pour tout les crimes commis mais non prouver avec ces entrainements Y_Y
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