Auteur : Faust
Check : Miss X
Yo ~ Un chapitre de plus, un peu (beaucoup) moins rose que les derniers ~ Je VAIS rattraper mon retard au fur et à mesure, mais quand… En tout cas, les sorties resteront aléatoires jusqu’à ce moment… Un par semaine au moins, j’espère ! Sur ce, bonne lecture !
C’était enfin fini… Sa vie touchait finalement à son terme, et il allait pouvoir reposer en paix. Si c’était pour finir comme cela, il aurait dû abandonner bien avant. Ça n’avait été que souffrances et tortures.
Aln rassembla ses dernières forces pour ramper sur le sol, dans la cour de l’auberge, essayant désespérément de fuir le monstre qui le surveillait. Un monstre des plus souriants.
Rieln l’attrapa par l’arrière du col, et le releva. Il le regarda l’air soucieux. Ou alors était-il dégouté par le mollusque qu’il soutenait ? En tout cas, Aln eut un regain d’espoir en voyant le regard plein de pitié que lui jetait son tortionnaire. Puis ce dernier sourit.
« Si tu peux encore espérer, c’est que tu as de la réserve… On y retourne !
– Ah… »
C’était tout ce qu’Aln pouvait encore prononcer.
L’entraînement durait depuis il ne savait plus combien d’heures. En fait, il ne savait plus vraiment ce qu’était une heure. 60 secondes ? Non, ça c’est un jour. Et une heure c’est 365 jours. Oui, c’est ça. Alors ça devait faire 1 heure. Ou deux.
Bref, ce n’était pas important. Ce qui était important, c’était de revoir Eliana. Non, pardon, d’en apprendre plus sur son chat…
Il finit par s’évanouir.
Rieln regarda d’un air déçu le petit tas de chair informe qui s’était écroulé par terre. Il aurait tant voulu continuer à s’am… À entraîner son ami… Enfin, on n’y pouvait rien, l’homme avait ses limites. Il était même impressionné qu’Aln ait tenu aussi longtemps, et à vrai dire, il n’avait jamais été aussi inventif pour de simples entraînements.
En effet, bien qu’Aln l’ignore encore partiellement, son ami était loin de n’être qu’un simple soldat. Là d’où il venait, il donnait de temps à autres quelques cours d’escrime, et les prétendants désirant y participer étaient nombreux. Malheureusement pour eux, les élus étaient rares, et finalement il n’avait eu qu’une petite dizaine d’élèves. Parmi ceux-là, peu avaient survécu plus de quelques heures.
Pour cette raison, il débordait d’enthousiasme quand il s’agissait d’apprendre les « bases » de l’escrime à son jeune camarade. Il avait imaginé toutes sortes d’exercices loufoques et (probablement) efficaces allant des plus simples, comme escalader à la force des bras les murs extérieurs de l’auberge (avec des poids attachés aux pieds, pour plus d’efficacité) jusqu’aux plus compliqués.
Celui dont il était le plus fier, ainsi que le plus amusant, était aussi plus difficile à mettre en place. Il s’agissait d’entraver Aln en lui reliant les pieds par une corde longue d’une vingtaine de centimètres. Après cela, l’élève devait tenir dans sa main gauche une petite cruche remplie d’eau, pesant environ 5kg, sans en faire tomber une goutte, tout en essayant de parer les coups de son professeur avec son épée à la main droite. Il va sans dire que dans tous les cas, il récoltait une volées de coups du plat de la lame. Mais comme Rieln trouvait qu’Aln n’était pas encore assez motivé, il avait ajouté un petit bonus : sous chaque bras, Aln était équipé d’éclats de poterie passablement effilés, de manière à piquer assez désagréablement si ce dernier avait la merveilleuse idée de baisser les bras. Enfin, pour finir, si Aln s’écartait d’un mince couloir tracé au sol, il devait alors se tenir les bras écartés, chacun portant une cruche d’eau, pendant une trentaine de secondes.
Combien de cruches avait-il brisées ?
Le plus agréable avait été de contempler le visage décomposé d’Aln alors qu’il comprenait petit à petit la gentillesse toute relative de l’épreuve.
« Cette fois, la punition n’est pas trop horrible. » Avait-il pensé au premier abord. Puis, au bout de quelques dizaines de minutes, il avait changé d’avis. À la fin, il s’entendait murmurer : « Pas l’extérieur… L’extérieur fait peur…».
Rieln soupira.
Il devait se débrouiller avec les moyens du bord et comme il manquait de matériel pour concocter un véritable programme d’entraînement, il se contentait d’exercices simplistes comme ceux-ci. Alors qu’il avait un si bon élève…
Chargeant Aln sur son dos, il le ramena à la chambre de l’auberge et le jeta à moitié sur son lit, puis il s’allongea sur le sien. Peut-être avait-il été un peu trop enthousiaste…
***
Le lendemain, Aln se réveilla tard, le corps plus qu’engourdi et la mémoire embuée. Il ne se rappelait pas de la nuit dernière, juste d’un cauchemar duquel il n’arrivait alors pas à s’enfuir. Dans son rêve, un être sans visage mais arborant un large sourire le torturait pendant des heures, avant de lui laisser une lueur d’espoir, puis de reprendre son supplice.
Pour une raison inconnue, il hésitait à passer le pas de la porte. Il avait un mauvais pressentiment.
C’était une porte ! Une simple porte ! Et pourtant…
C’était une ligne tracée entre la chambre et le couloir.
Ligne ? Couloir ?
Pourquoi ces mot lui semblaient-ils maintenant si sinistres ?
Rieln le poussa gentiment, souriant comme à son habitude.
« Oh, tu as à ce point peur des lignes maintenant ? »
Aln le regarda sans vraiment comprendre, puis haussa les épaules. Il devait surmonter cette épreuve. Même s’il avait l’impression d’oublier quelque chose d’important.
***
Les jours passèrent.
Aln comptait à l’origine arriver au plus vite au laboratoire de Gal Ilksa, mais ce qu’il avait vu lors de sa dernière rencontre avec Eliana l’avait fait réfléchir…
Lorsqu’il avait exposé son hésitation à Rieln (Il n’avait plus de raison de le lui cacher), celui-ci avait juste légèrement froncé les sourcils. Puis, regardant Aln avec attention, il avait annoncé son verdict.
« Entraînement intensif, nous voilà ! » s’était-il joyeusement exclamé.
À partir de ce jour, Aln enchaîna les cauchemars.
Toutes les nuits ! Tous les jours ! Le même cauchemar ! Comme c’était étrange !
Il fallut cependant se rendre à l’évidence : un cauchemar ne pouvait pas provoquer une telle phobie des lignes, et pourtant, maintenant, dès qu’il en voyait une, Aln avait la chair de poule.
L’entraînement continuait la nuit comme le jour, aussi considérer cela comme un « cauchemar » relevait évidemment du déni. Quand Aln s’habitua à cette routine douloureuse, comme on s’habitue à tout, il dépassa ses limites. Bien qu’il n’en retira aucun plaisir…
Au bout de quelques semaines, alors que la récompense offerte par Nimronyn commençait à s’épuiser, ils décidèrent enfin de reprendre la route.
Il était difficile de croire que quelqu’un puisse assimiler pleinement les bases de l’escrime en quelques semaines à peine, pourtant c’était ce qu’Aln avait réussi à faire. Peut-être était-ce dû à l’efficacité traumatisante des exercices de Rieln, ou peut-être Aln était-il naturellement doué, mais selon l’évaluation de Rieln, il pouvait déjà affronter la plupart des épéistes chevronnés.
La nuit tombait alors qu’ils passaient les portes de la ville de Norsigl. Pourtant, il était encore tôt, mais ils comprirent bien vite la raison de cette obscurité précoce : le soleil ne s’était pas couché, mais un voile d’une âcre fumée recouvrait toute la ville et ses environs, la plongeant dans un noir d’encre dès lors que la lumière du soleil baissait.
L’ambiance de la ville était en adéquation avec sa sinistre lumière tamisée. Si Magasnin était débordante de vie en journée comme en soirée, Norsigl n’abritait qu’une morne procession d’êtres humains à peine vivants se pressant dans des rues bondées. Des enfants au teint blême et à la silhouette famélique s’attroupaient sur les côtés de la rue, fouillant du regard la foule afin d’y découvrir une possible proie. Des hommes et des femmes étaient adossés aux murs, les yeux vides, la bouche ouverte.
La rumeur des usines était assourdissante, écrasant de sa masse colossale les vies humaines.
Aln frissonna. Il était reconnaissant de la présence rassurante de son ami, qui semblait ici à son aise. Peut-être reconnaissaient-ils un des leurs, mais les passants ignoraient Rieln là où ils dévisageaient Aln avec insistance.
Ils eurent du mal à trouver une auberge décente, et les prix en étaient encore plus élevés que sur la route. Le bâtiment ressemblait plus à un fortin qu’à une pacifique auberge. Bâti sur une petite colline, il surplombait la ville et semblait clamer son appartenance à un autre monde tant son luxe contrastait avec la pauvreté des environs.
« Est-ce vraiment toujours la Fédération ? » murmura Aln d’une voix mal assurée.
« Oui. Même dans la Fédération, il existe des endroits comme celui-ci. Ils sont simplement concentrés dans les territoires les plus reculés. »
Mal à l’aise, Aln ne répondit pas. Il se perdit dans ses pensées, ce qui fut loin de rassurer Rieln. En effet, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que lorsque son ami prenait ce genre d’air, c’était qu’il nourrissait un projet souvent ridicule.
Et effectivement…
« Il faut que je vois ça de plus près. »
Rieln soupira. Il s’y attendait. À partir du moment où Aln apprenait l’existence de quelque chose de nouveau, il fallait qu’il en fasse lui-même l’expérience.
Et cette fois-ci encore, cette manie allait révéler ses dangers.
Le duo se prépara donc à ressortir dès qu’ils eurent déposé leurs affaires dans leur chambre. La sécurité semblait impeccable, aussi ne craignaient-ils pas qu’on les leur vole. Ils ne gardèrent avec eux que leurs armes ainsi qu’un peu d’argent.
S’éloignant de l’auberge, ils s’aventurèrent au hasard des rues, car Aln éprouvait une curiosité presque scientifique devant cette pseudo-vie qui allait se dévoiler devant lui. En effet, la pauvreté n’existait pas vraiment dans son village : là-bas, tous avaient un toit et de quoi manger.
L’obscurité se fit rapidement profonde. Dehors, le soleil ne devait pas encore être couché, ici, les rues avaient déjà revêtu les mornes couleurs de la nuit. Les ténèbres descendaient sur les cœurs des hommes comme sur la ville, et déjà le silence s’appesantissait d’une manière presque surnaturelle.
Oui, comme lors des nuits d’enfer à Magasnin, lorsque l’Ombre chassait. C’était ce genre d’impression que laissait Norsigl une fois la nuit tombée. Quelque chose se cachait là, d’indéfinissable et de dangereux.
Les rues presque désertes n’offraient au regard que de tristes masures délabrées et, parfois, quelque passant avançant rapidement, le regard baissé, les épaules rentrées, comme s’il cherchait à se faire le plus petit possible.
« Désolant… » Murmura Aln.
Pourtant, il persévérait dans son exploration.
Les minutes s’égrenaient, et cette étrange inactivité lui portait sur les nerfs. Les secondes alourdissaient son cœur, comme si chacune d’entre elles avait une masse qui venait s’appuyer sur lui. Il ne faisait que marcher, pourtant chaque pas lui demandait un effort démentiel. Une tension d’origine inconnue lui contractait les épaules, son champ de vision se réduisaient aux quelques mètres devant lui.
Rieln le suivait sans mot dire. Peut-être considérait-il cela comme un test, ou bien n’était-il pas sensible à ce glissement de l’ambiance, mais il restait impassible.
Avant qu’Aln ne s’en rende compte, les torches qui jusque-là illuminaient tant bien que mal les rues avaient disparu. Il ne restait que lui, Rieln, et leurs souffles presque imperceptibles.
Perdu dans ses pensées, il les avait mené bien plus loin que de raison, quoique que Rieln ne semblât même pas s’en être rendu compte.
Alors qu’il se faisait (enfin) cette réflexion, une violente odeur nauséabonde l’assaillit. C’était peut-être la plus répugnante qu’il ait jamais sentie. C’était l’odeur de la mort, mais d’une mort horrible, ignoble. Si tant est que la mort puisse ne pas l’être.
Devant lui, à une dizaine de mètres, se trouvait un pâté de maisons écroulées. Les restes de murs décrépis étaient souillés de multiples manières, et perdues aux milieux des décombres quelques dizaines de personnes étaient avachies, le regard vide, la respiration si lente qu’elles semblaient mortes.
Aln porta instinctivement la main à la bouche, tant pour se boucher le nez que pour retenir son cri de surprise. Rieln lui-même fit une moue de dégoût.
C’étaient à quelques exceptions près des femmes, voir même des enfants. Parfois nues, parfois avec des lambeaux de vêtements, enchaînées les unes aux autres, il ne fallait pas plus d’un regard pour deviner leur sort.
La puanteur venait de là. Le sol était pire qu’un égout, et mieux valait ne pas décrire l’état des personnes qui y étaient allongées. Aln ne le savait pas encore, mais derrière une des rares portes encore debout, là où son regard n’arrivait pas, une scène plus dure encore se devinait aux sons assourdis qui s’échappait.
Ironie du sort ?
Le poids qui l’oppressait s’envola, mais il fut immédiatement remplacé par la rage.
Le jeune homme grogna quelque chose en serrant les dents. Il jeta un regard significatif à Rieln, et celui-ci comprit qu’encore une fois, l’arrêter ne servirait à rien, si ce n’est à perdre tout le respect d’Aln. Un respect qui avait fini par beaucoup compter pour lui. Il approuva du menton.
Peut-être parce qu’elle les avait entrevus, une jeune fille se releva à moitié, et d’une voix délirante se mit à hurler.
Dérangés par ces cris, quatre hommes sortirent de derrière la porte, offrant à la vue leur pantalons encore mal attachés, et aux oreilles des gémissements indescriptibles.
Le sang d’Aln ne fit qu’un tour, et il dégaina son épée avant de se jeter sans hésiter sur ceux qu’il ne considérait déjà plus comme des êtres humains.
Traumatiser a vie par les lignes T_T
tu nous a mis un suspens avec sa dernière apparition en ville.
Pareil pour les hommes qui vont être traumatiser ……
Il est passer où Jion du coup
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