Auteur : Faust
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Yo ! Comme promis, un premier chapitre de PN, et d’autres dans le courant de la semaine ~ Aln commence à être un peu instable parfois… Il commence…
DMW 39 arrivera demain, et comme promis il en aura un troisième d’ici la fin de la semaine ! Sur ce, bonne lecture, et n’hésitez pas à laisser des commentaires !
Ils n’étaient pas prêts.
Tandis que le voyageur sortait tranquillement une dague de l’intérieur de ses vêtements, Aln et Eliana regardaient sans comprendre la scène qui se déroulait devant eux.
C’était toujours le même escalier, mais le soleil qui aurait dû briller haut dans le ciel avait disparu. Des torches brûlant d’un feu sans chaleur éclairaient le chemin, et projetaient des ombres tremblantes sur les abruptes parois rocheuses longeant le passage.
Mais étaient-ce vraiment de simples ombres ?
Quelque chose se détacha des murs. Oui, ça s’était détaché. Une forme indistincte se découpait sur les parois, des traînées visqueuses d’une matière noire répugnante pendouillant encore entre la roche et la chose.
Ils entendirent l’écho insistant d’un bruit de succion. Puis un autre. Et un autre…
Aln et Eliana étaient toujours à quelques mètres au-dessus du sol, pourtant ils avaient l’impression d’être aussi démunis que s’ils avaient été par terre, pieds et poings liés.
Ils étaient encerclés.
Contrairement aux Ombres normales, elles ne ressemblaient pas du tout à des êtres humains. Contrairement à celle qu’avait affrontée Aln à Magasnin, elles n’avaient pas l’air particulièrement puissantes.
C’était leur nombre, et leur apparence, qui les rendaient redoutables.
Leurs corps n’avaient pas de forme fixée. D’aspect gélatineux et gluant, ils étaient parcourus d’étranges ondulations agitant la chair tremblante de ces monstres. Et pourtant, malgré leur mollesse, plus Aln les regardait, et plus il se sentait impuissant.
Leur forme dégoûtante avait une sorte d’effet hypnotisant qui lui faisait perdre ses moyens, comme si quelque chose s’insinuait dans son cerveau et le dévorait petit à petit. Eliana semblait souffrir de la même manière, mais elle n’affichait pourtant rien d’autre qu’un léger rictus.
Quant au voyageur, il souriait franchement.
Oui, il souriait, et d’un revers du poignet il lança sa dague au milieu des monstres. Elle se figea dans le front de l’un d’entre eux, et aussitôt la créature s’affaissa sur elle-même. Immédiatement, toutes les autres s’effondrèrent à leur tour.
« Ah… et dire que j’espérais qu’après avoir recueilli sa petite-fille il se calmerait un peu. Il n’y a qu’un fou pour penser à se servir d’une Ombre comme portier. »
Encore haletant, peinant à retrouver son sang-froid, Aln restait bouche bée. Il ne comprenait absolument pas ce qui s’était passé.
Une illusion ? Un cauchemar ? Pourtant, des flaques d’une eau boueuse traînaient encore ici et là. Il jeta un regard interrogatif à Eliana, mais celle-ci semblait aussi choquée que lui, et elle secoua la tête pour signifier son ignorance.
Sans leur laisser le temps de reprendre leurs esprits, l’homme continua son ascension en sifflotant, comme si ce qu’il venait de traverser n’était qu’une formalité.
Un silence de plomb s’abattit sur le trio.
Finalement, au bout de quelques minutes, Aln prit la parole d’une voix incertaine.
« Il s’est passé quoi, au juste ?
– Je ne comprends pas non plus…
– Tu n’as jamais vu quelque chose de ce genre ?
– Je ne sais des Ombres que ce que mon grand-père m’en a dit, c’est à dire pas grand-chose. Il était étonnamment secret quand ça les concernait.
– Pfff… Et vous voulez que je traverse ça ? Sans savoir comment il a fait ? Que j’affronte toutes ces… choses, tout seul ? »
Eliana baissa les yeux. Aln reprit d’un ton sarcastique.
« Ah, non, pardon, je ne serais pas seul bien sûr. J’aurais un bon épéiste avec moi. A nous deux, nous allons écraser toutes ces Ombres en moins de deux !
– Tu n’es pas obligé de le faire, murmura Eliana, et tu n’as rien à gagner en le faisant.
– C’est vrai, je pourrais ne pas le faire, et attendre dans la joie et la bonne humeur que la prochaine Ombre vienne me faire la peau. Non, c’est trop tard maintenant. A partir du moment où j’ai ouvert pour la première fois mon livre, c’était déjà fini. Je n’ai plus qu’à affronter ce à quoi l’on m’oppose, et je ne peux qu’espérer ne pas mourir en chemin. La belle vie quoi. Merci bien ! »
La jeune fille se tut quelques instants, puis…
« Je suis désolée, dit-elle dans un murmure à peine audible. C’est de ma faute si tu es dans cette situation, et… »
Elle retenait les sanglots qui menaçaient de la noyer.
« Et je ne peux rien faire. Encore une fois je ne peux rien faire… Je suis désolée. »
La voir au bord des pleurs fit à Aln l’effet d’une douche froide.
« Mais qu’est-ce que je raconte ? » pensa-t-il.
Si lui était en danger de mort, il était encore vivant. Il l’avait dit lui-même, il avait encore l’espoir de s’en sortir. Mais Eliana ?
Depuis des siècles elle était une prisonnière d’entre les mondes. Sans voir personne, sans vieillir, parfois même sans ressentir le cours du temps. Elle ne pouvait qu’attendre désespérément que quelqu’un réussisse à la sortir de là. Elle ne pouvait véritablement rien faire. Comment pouvait-elle rester saine d’esprit dans cette situation ? Et surtout, comment lui pouvait-il perdre le contrôle parce qu’une petite armée d’Ombres le menaçait ?
Bon, d’accord… Il avait le droit d’être terrifié quand on lui montrait ce qu’il allait devoir vaincre, mais, devant elle ? Non, il ne voulait pas être aussi pathétique. Sa présence ici, tout ce qui lui était arrivé jusqu’à maintenant, c’était le résultat de ses propres choix. Il n’avait pas le droit d’en rejeter la faute sur Eliana.
« Non… C’est moi qui suis désolé. J’ai perdu le contrôle de mes émotions pendant un moment. Ces Ombres étaient étranges… Comme si elles avaient amplifié mes peurs… J’ai eu l’impression d’être dépouillé de tout. Je suis vraiment désolé. Ce n’est pas de ta faute si je suis dans cette situation, et tu es dans une situation bien pire que la mienne. »
Eliana sembla surprise par ses excuses, puis elle le regarda droit dans les yeux. Elle les avait encore humides, ces beaux yeux noirs en amandes, et bien qu’Aln y lut un mélange de suspicion et d’incrédulité, son cœur rata un battement. Cependant…
« Tu ne devrais pas dire des choses que tu ne penses pas…
– Je le pense. Je n’ai pas l’habitude de mentir.
– Mais on déroge souvent à une habitude. C’est l’exception qui confirme la règle non ?
– … Mais pas cette fois. »
La jeune fille sembla hésiter quelques instants, puis elle soupira.
« J’imagine que me mentir ne te servirait à rien, donc je vais te croire. »
Aln se demanda pourquoi elle semblait aussi réticente à accepter ses excuses. Elle n’était pas responsable de la situation. Pas directement en tout cas. Puis il repensa à ce qu’elle avait dit juste avant.
« Tout à l’heure tu as dit que tu allais ‘encore’ ne rien pouvoir faire. Qu’est-ce que tu voulais dire par là ?
– J’ai vraiment dit ça ? Je ne m’en souviens pas… »
Aln fronça les sourcils. Encore un mur. Il devait y avoir un secret derrière ce mutisme, d’autant plus qu’Eliana semblait être sincère dans son déni. Comme si quelque chose l’empêchait de s’en rappeler. Ne lui demandez pas pourquoi, mais il sentait que l’homme dans son grimoire avait un rapport avec ceci.
Il fut interrompu dans ses réflexions quand le voyageur qu’ils suivaient arriva devant une porte taillée dans la roche.
Ils étaient enfin arrivés en haut des escaliers, et l’homme commença par tirer sur la cordelette qui pendait à côté de la porte. Une fois, deux fois, puis, comme personne ne venait, il entra, suivit automatiquement par Aln et Eliana.
Ils entrèrent dans ce qui devait être un vestibule avec trois portes. Là, tout était poussiéreux, comme si personne n’était entré ici depuis des mois, voire même, depuis des années.
Aln prit la parole.
« Ça doit faire longtemps depuis que… je suis venu ici, pour que ce soit aussi poussiéreux.
– Ah, ça ? Ça ne veut rien dire. On utilisait rarement cette partie du laboratoire, donc elle n’était presque jamais nettoyée. »
Aln ne dit plus rien.
En effet, lorsque l’homme prit la porte d’en face, ils entrèrent dans le bureau où Aln et Eliana avaient parlé autrefois, tout y était encore comme ils l’avaient laissé. La poussière avait à peine commencé à s’accumuler.
Le voyageur savait où aller, et il se dirigea rapidement vers la bibliothèque, l’endroit où le grand père d’Eliana passait le plus clair de son vivant. Et de sa mort…
Ouvrant la porte, il s’arrêta sans vraiment comprendre ce qu’il voyait.
Des éclats de verres étaient répandus au sol, au centre de la pièce, baignant dans une douce lumière s’échappant des lucarnes creusées dans la pierre. Jusque-là, rien de vraiment choquant. Puis il aperçut le squelette adossé à une étagère.
Il pâlit, puis il grommela.
« Je voulais t’engueuler pour m’avoir ignoré, mais là au moins, tu as une bonne excuse pour y échapper. »
Puis, jetant un second regard au centre de la pièce, il continua.
« Tes recherches t’ont finalement tué. Je t’avais prévenu. J’espère juste que tu n’as pas impliqué Eliana dans ton irresponsabilité. Mais, même toi tu n’aurais pas pu mêler une enfant à tout ça, hein ? »
Eliana pouffa à côté d’Aln, et elle lui glissa :
« Je crois que le jour même où mon grand-père m’a recueillie, il m’a montré ses recherches et m’a laissé étudier avec lui…
– Tu avais quel âge ?
– Hmmh… Pas plus de 8-9 ans je pense. C’était juste après la disparition de mes parents.
– Ah… Je suis désolé.
– Non, pas de problème. Dans tous les cas, ça date de quelques siècles. »
Alors que l’homme explorait les autres pièces, visiblement de plus en plus inquiet, Aln demanda en désignant le voyageur.
« Comme tu as dit que c’était un ami de tes parents, j’imagine que tu devais le connaître, non ?
– Oui, je le connaissais. En fait, c’est l’un des anciens étudiants de mon père. Il s’appelle Alsag. Je sais qu’il a connu mes parents pendant ses études, mais il les a vite dépassés. Je crois que quand mon grand-père m’a recueillie, il considérait déjà Alsag comme son égal, mais il faisait profil bas, donc il n’était pas très connu. Si quelqu’un a conçu ton grimoire, je pense que c’est lui.
– Mmh… Il a l’air de se préoccuper de toi, et tu sembles dire qu’il aurait les pouvoirs pour créer l’Asninmaghisha, donc s’il a appris ce qui t’es arrivé, c’est possible. »
Ils étaient revenus dans le bureau, et Alsag était avachi dans le fauteuil. Plongé dans ses pensées, il regardait dans le vide, si immobile qu’on aurait pu le croire mort. Puis il se redressa brusquement.
Il se leva, et se dirigea vers la bibliothèque.
Il portait en bandoulière un petit sac, et il en tira une petite pierre ainsi qu’un stylet de gravure. Puis il inscrivit quelque chose sur la pierre et ferma les yeux.
Aln observait avec attention la magie de cet homme, espérant en apprendre quelque chose, mais il ne comprenait rien à ce qui se passait. Il avait bien vu la rune inscrite, mais il ne la connaissait pas, ce qui était rare, et il n’avait rien compris aux concepts qu’avait utilisés Alsag. Comme attendu d’un Archimage.
Une image apparut devant le mage. Eliana et Aln regardèrent incrédules ces scènes qui se rejouaient devant leur yeux. Là, Eliana posait ses mains sur la reproduction de la Nivmag, puis disparaissait, tandis que son grand-père désespéré essayait de la maintenir dans ce monde.
« C’est bien ce que je craignais. Il a réussi à imiter la Nivmag, et le succès lui est monté à la tête. »
Alsag resta quelques instants sous le choc, vacillant entre colère et déception. Puis il envoya valser une étagère d’un violent coup de pied.
« Cet idiot ! Quel crétin ! Il n’a pas suffi qu’il meurt, il fallait qu’il emporte sa petite-fille avec lui ! » Hurla-t-il, puis il s’arrêta aussi vite qu’il avait commencé.
Il reprit d’un ton plus calme, bien qu’on perçu encore une profonde amertume.
« Non… S’il est mort, c’est qu’il a essayé d’empêcher la disparition d’Eliana. Je n’ai pas le choix, je vais devoir étudier ça. »
Il se perdit dans ses pensées, puis, après quelques minutes d’intense réflexion, il sortit quelques runes de son sac, et alla farfouiller dans la bibliothèque.
Au début, Aln observait à peu près tout ce que faisait Alsag, mais alors que les minutes puis les heures défilaient, il s’en lassa. L’homme sortait des grimoires aux noms compliqués, prenait des notes, testait quelque chose, puis recommençait à étudier. Ça aurait pu être un bon entraînement pour Aln, mais il ne comprenait rien. C’était comme si, après avoir appris à prononcer la lettre ‘a’, on lui demandait d’écrire un roman.
Quant à Eliana, elle ne semblait pas s’intéresser à tout ça. Elle ne se sentait pas concernée, et, devant un Aln laissé perplexe, dès les premières minutes, elle l’avait encore bombardé de questions sur le monde extérieur, auxquelles Aln répondait inlassablement.
Les heures défilaient…
Et Aln ne se voyait toujours pas revenir dans le monde réel. C’était de loin le plus long séjour qu’il avait fait ici, et ne pas pouvoir retourner dans son vrai corps était un problème quelque peu perturbant. Il essayait de ne pas le montrer, mais il ne pouvait s’empêcher de s’en inquiéter.
Après tout… L’homme dans son grimoire, son ‘aîné’… n’avait-il pas dit avoir été emprisonné dans le grimoire lui-même parce qu’il s’était fait avoir par une Ombre ?
L’angoisse l’opprimait. Les jours passaient, et le trio s’installait dans une routine étrange. Alsag étudiait, apparemment cherchant un moyen de sauver Eliana. Cette dernière et Aln discutaient, ils n’avaient rien d’autre à faire, et passaient leur temps à échanger sur leurs mondes respectifs. Pour une raison quelconque, la discussion ne devenait jamais personnelle. L’un et l’autre conservaient une distance qu’ils ne cherchaient pas encore à diminuer.
Le fait qu’Aln commença petit à petit à se murer dans un mutisme obstiné n’aidait pas, et plus le temps passait, plus il sombrait dans une sorte de sombre réflexion, pendant laquelle Eliana se maintenait à l’écart.
Finalement, au bout de quelques jours, Alsag finit par considérer que la punition de Gal Ilksa, le grand père d’Eliana, avait assez duré. Il l’enterra alors près du laboratoire, en bas des escaliers, et se recueillit ensuite quelques minutes sur sa tombe.
Peut-être était-ce car il avait fini ses recherches, puisqu’en revenant de cette escapade, il rassembla ses maigres possessions et commença à gribouiller fébrilement sur une feuille. Cette fois-ci, les notes semblaient destinées à quelqu’un d’autre.
Il partit quelques temps après, mais contrairement à ce à quoi ils s’attendaient, Aln et Eliana ne le suivirent pas. Au contraire, alors qu’il désespérait de pouvoir retourner dans son époque, Aln finit par ressentir le malaise habituel. Sa vision se troublait en même temps que la porte du laboratoire se refermait, ses oreilles bourdonnaient et son coeur battait plus fort.
« Enfin… », pensait-il, mais avant de disparaître, il jeta un coup d’oeil dans la direction d’Eliana, et il ne put s’empêcher de se sentir coupable en voyant le regard triste et désabusé que la jeune fille jetait à sa silhouette effacée. Il la laissait encore seule pour qui sait combien de temps.
Même s’il avait été miné pendant ces quelques jours où il ne savait pas ce qui allait lui arriver, il s’était habitué à la compagnie d’Eliana, à ses questions sans fin et son espièglerie. Il se surprit même à regretter de partir maintenant… Bien qu’il n’y puisse rien.
J’ai oublier si ta déjà dit comment étaient « née » les ombres.
Sinon on va voir ce qui est arriver a son corps et si il a passer autant de jours dans le livre que dehors, il a du maigrir et sa rune ne peut pas durer aussi longtemps normalement >_<
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