Le Voyage de Moah – Chapitre 20 : Crocs

Auteur : Ben Ornau
Check : MissX


Woh le vingtième chapitre ! Le prochain cap c’est le cinquantième et j’ai hâte de vous y emmener. Ce chapitre est d’ailleurs plus long que d’habitude pour ne pas couper l’action et forcer un cliffhanger un peu salaud. J’ai préféré vous faire un gros chapitre et j’espère qu’il vous plaira.
La suite est paru en avance sur mon site et les sorties sont annoncés via Twitter.
Merci à MissX pour le check.


Crocs

Cela faisait presque deux jours que je déambulais dans ce labyrinthe souterrain. Cela pouvait donner l’impression que c’était beaucoup mais mes progrès étaient minces.

Mon corps n’était pas fait pour l’exploration et me déplacer sur un terrain accidenté me demandait un temps fou. Ce qui m’aurait pris quelques secondes à parcourir avec deux jambes humaines pouvait me prendre plusieurs minutes avec mon corps de blob. Ma vue ne portait pas très loin et le moindre petit obstacle me demandait un minimum de réflexion pour être contourné. La taille réduite de mon corps, sa forme ou même mes sens encore faibles étaient autant de choses qui transformait des actions simples en défis extrêmement chronophages.

Pourtant je ne m’étais pas laissé démoraliser cette fois-ci et je continuais à rechercher les rares traces de végétation qu’il y avait dans ce souterrain. Il m’avait fallu du temps et beaucoup d’erreurs, mais, sur le chemin que j’avais pris, je croisais de plus en plus de plantes.

J’avais essayé d’utiliser Dissolution sur ces plantes en espérant trouver quelque chose mais sans résultat probant. Les plantes possédaient aussi une forme d’ADN, quelque chose qui les rendait uniques mais mon pouvoir ne m’avait rien appris sur les plantes que j’avais consommées.

Au troisième jour, je me trouvais dans un couloir où plusieurs touffes de mauvaises herbes poussées. Après la pause que je prenais toutes les heures pour reprendre des forces, j’avais changé trois fois de chemin avant d’arriver dans celui-ci. Mon choix s’était basé sur la densité de végétation et j’étais devenu assez confiant en pénétrant dans la salle qui donnait sur ce couloir et dans lequel avait poussé un petit arbuste. Avant cela, mes choix d’itinéraires étaient plutôt déterminés par si oui ou non il y avait trois brins d’herbe qui poussaient. Donc voir un arbuste, même dans un état déplorable, était un grand pas.

Le couloir était long et tournait en angle droit au bout d’un moment. Une fois passé ce virage, je pouvais voir de la lumière sortir d’une embrasure au fond du couloir. Je ne pouvais en voir la source mais je voyais des ombres danser sur le mur qui était dans mon champ de vision. La lumière venait surement d’un feu et pourtant je ne ressentais pas l’énergie caractéristique des boules de feu que j’avais dues combattre auparavant.

[DÉTECTION D’ÉNERGIE]
[DÉTECTION DE CHALEUR]

Il y avait une grosse source de chaleur dans la pièce vers laquelle je glissais doucement. Je pouvais la sentir grâce à mes pouvoirs. Il y avait aussi une petite source d’énergie à l’intérieur, surement un cristal.

Durant ces trois derniers jours, j’avais parfois senti la présence d’autres créatures et j’avais fait de mon mieux pour les contourner et éviter les combats inutiles. Je voulais être prudent mais c’était le chemin le plus prometteur et les autres passages aux alentours qui auraient pu communiquer avec ce couloir étaient bouchés par des éboulements.

J’avais franchi les derniers mètres du couloir et, ne ressentant aucun danger, pénétrais dans la pièce. Au centre se trouvait un petit feu de camp dont les flammes léchaient un large pot en terre suspendu grâce à une armature de métal. Mais surtout, il y avait une grande créature accroupie devant le feu qui semblait l’attiser à l’aide d’une petite épée.

La créature était bipède et devait faire la taille d’un homme normal mais, compte tenu de ma propre taille, j’avais l’impression d’avoir à faire à un géant. Elle était couverte de poils sombres aux reflets roux  et avait la tête d’un loup avec un museau court mais une large mâchoire.

Je ne savais pas si je devais être effrayé ou fasciné par cette rencontre et je continuais à observer la créature  attentivement. La bête se tenait sur la partie avant de ses pattes et semblait parfaitement en équilibre.

“Un Kobold !” Me disais-je.

C’était comme ça qu’on les appelait dans les histoires fantastiques. Des créatures canines bipèdes qui avaient la tête d’un renard. Ses pieds étaient comme de très larges pattes de chien et ses mains étaient composées de trois larges doigts et d’un pouce opposable. Il avait une petite épée dans la main gauche et utilisait la pointe pour manipuler les bûches de son feu. De l’autre main, il semblait remuer l’intérieur du pot qui se trouvait sur le feu à l’aide d’une cuillère en bois.

“Surement son dîner …”

En effet à côté du feu se trouvaient les restes sanglants d’un lézard qui était surement entrain de mijoter. Ne voulant pas finir comme lu,i je commençais à faire marche arrière mais les yeux à l’iris fendu du Kobold m’aperçurent. J’avais prévu une retraite temporaire et d’attendre qu’il s’endorme pour passer mais les sens affûtés de la créature m’avaient découvert.

Avant que j’ai pu faire quelque chose, la créature avait bondi avec agilité sur plus de deux mètres et me barrait le passage par lequel je venais d’arriver.

Sa présence dégageait quelque chose de très impressionnant et il tenait toujours dans la main son épée courte. Je n’avais pas fait attention avant mais il portait un petit plastron de cuir qui lui couvrait le tronc ainsi qu’un simple pagne noué à la taille. Malgré ça, il avait la posture de quelqu’un prêt à attaquer et je roulais en vitesse en direction de l’autre sortie de la pièce.

_ Gata ebo imra !  Cria la créature.

Je ne savais pas s’il avait dit cela pour lui-même ou si cela m’était adressé mais son attitude ne me donnait pas l’impression de quelqu’un qui voulait discuter. Il avait plongé à ma poursuite et tentait de trancher mon corps avec son épée. Grâce à ma vue à 360°, j’avais pu esquiver de justesse son coup en roulant sur le côté. Mon soudain changement de direction avait surpris mon assaillant en plus de m’éviter la mort mais son coup était rapide et il réussit à trancher un peu de mon corps.

“Merde, cet enfoiré sait ce qu’il fait ! Il vise mon noyau.”
_ Joma ! Disait le Kobold.

Encore une fois, je doutais qu’il s’adresse véritablement à moi. Après avoir parlé, il fit un pas en direction de son feu et ramassa un morceaux de bois dont l’extrémité était enflammé.

D’abord une attaque visant directement mon noyau et maintenant le feu, il était clair que ce n’était pas la première fois qu’il s’attaquait à un blob.

Il était trop rapide pour que je puisse m’enfuir sous cette forme et aussi bien trop fort pour que je puisse le vaincre. En cherchant désespérément une solution, je vis une fissure dans le mur du fond de la pièce. À mi-hauteur du mur se trouvait un trou vers lequel je pourrais passer sans qu’il soit capable de me suivre. C’était ma chance, sous ma forme de lézard, je pourrais grimper le long du mur et m’échapper.

Ce n’était pas un mauvais plan mais le kobold n’allait surement pas attendre que je me transforme tranquillement, il fallait que je trouve un moyen de faire une diversion. Il était temps d’utiliser mon arme secrète !

Le kobold avançait dans ma direction en agitant sa torche de fortune devant moi pour m’empêcher de m’enfuir. Sa stratégie était plutôt évidente et je n’avais aucun mal à deviner ce qu’il cherchait à faire. Il savait que je craignais le feu et plutôt que de me courir après il cherchait à me repousser dans un coin avant de pouvoir me porter le coup fatal. Si je voulais que mon propre plan marche, il fallait qu’il continue à me sous-estimer.

Rentrant dans son jeu, j’avais fait mine de vouloir passer sur sa droite. Il m’avait repoussé en agitant la torche et la chaleur avait fait fondre un peu de mon corps. Pas assez pour que cela me gène mais juste ce qu’il fallait pour l’encourager à continuer.

Je n’en étais pas sûr mais le kobold avait l’air de ricaner devant les assauts qu’il me portait. Durant mes autres combats, j’avais toujours affronté des ennemis qui luttaient pour leur survie, jamais pour le plaisir ou par cruauté. Aveuglé par son propre sadisme, il continuait à me sous-estimer et ça allait lui coûter cher.

Je me trouvais dos au mur et le kobold arma son bras pour trancher mon noyau. C’était le moment que j’attendais pour jouer mon atout.

[FLÉCHETTES D’ÉNERGIE]

Lorsque j’avais affronté le lézard, j’avais compris que mes Projectile d’énergie avait un gros défaut : ils ne pouvaient pas pénétrer la peau des ennemis les plus résistants.

Certaines choses étaient réglées par la force et d’autres par la finesse alors plutôt que d’augmenter la puissance de mes projectiles, j’avais tenté d’utiliser Manipulation d’énergie pour changer leurs formes. L’énergie avait sa propre façon de créer un flux capable de matérialiser une forme et, au début, créer une forme pointue semblait impossible. J’avais compris, à ce moment, que le fait que les projectiles soient ronds n’était pas un hasard, que la sphère permettait à l’énergie de circuler de manière équilibrée dans le projectile et que privée de cet équilibre la forme s’effondrait sur elle-même. Grâce à Manipulation d’énergie, j’avais continué mes efforts et avais réussi à donner une forme ovoïde à mes projectiles pour leur donner une meilleure pénétration. La dernière étape avait été d’affiner l’une des extrémités un peu à la manière d’une amande pour former une pointe. Après de nombreux essais, j’avais enfin réussi à créer des Fléchettes d’énergie. Je ne les maîtrisais pas encore parfaitement et elles consommaient beaucoup de mon énergie mais elles étaient aussi étonnamment précises et faisaient la taille d’un noyau d’abricot. À cette distance, et devant un ennemi qui avait baissé sa garde, elles seraient idéales.

Deux Fléchettes d’énergie s’étaient matérialisées devant moi et avaient pris par surprise mon adversaire. Avant qu’il ne puisse réagir, l’une des fléchettes l’avait atteint en plein dans l’oeil droit tandis que l’autre avait raté sa cible de quelques centimètres et l’avait touchée dans l’arcade sourcilière gauche. Le kobold avait poussé un cri de douleur qui s’était ensuite transformé en cri de rage. Aveuglé par mon attaque, il donnait de grands coups dans le vent devant lui, des coups qui auraient pu me tuer s’ils m’avaient atteint.

“C’est pas fini, sale empaffé !”

[PROJECTILE D’ÉNERGIE]

Je tirais un unique Projectile d’énergie qui ne fit que frôler le kobold mais cette attaque ne lui était pas destinée. Elle visait le feu de camp au centre de la pièce et l’avait fait exploser quand le projectile avait atteint sa cible. Des cendres et des petites flammes volaient dans la pièce et le contenu du pot qui cuisait sur le feu s’était renversé sur le sol. Le chaos provoqué avait détourné un instant l’attention de mon ennemi et je profitais de cette diversion pour me glisser à bonne distance des coups de mon adversaire aveuglé.

[TRANSFORMATION] – [LÉZARD]

J’eus le temps de me transformer et, sans attendre, je grimpais le long du mur tandis que le kobold continuait à mouliner dans le vent en criant de rage dans un dialecte que je ne comprenais pas. J’avais atteint la fissure dans le mur et, avant de plonger à l’intérieur, je jetais un coup d’oeil en direction du kobold. Son oeil droit était inutilisable et le gauche était gêné par le sang qui coulait de son arcade et la fumée provoquée par mon attaque contre le feu de camp.

Il avait arrêté ces mouvements inutiles et renifler pour tenter de me repérer à l’odeur. J’ignorais si je dégageait la moindre odeur mais je ne perdais pas de temps à me poser la question.

“Y’en a marre de fuir !”

Depuis des jours je me cachais et espérais trouver un chemin en dehors de ce labyrinthe mais au milieu de ce combat, j’avais compris que si je voulais m’en sortir, il fallait que je sois prêt à me battre. Je ne voulais plus fuir et résolu, je me mis à grimper le long du mur pour me positionner dans le dos de mon ennemi.

Il avait bougé un peu en arrière et sans hésitation, j’avais bondi en découvrant les crochets de ma forme de lézard. L’attaque fut rapide et mes crocs s’étaient plantés dans le bas du cou de mon assaillant. Il avait poussé un nouveau cri de douleur et tenté de me faire lâcher prise. Mon corps était bringuebalé par les mouvement de ma victime mais je ne relâchais pas la pression de ma mâchoire pour autant. Il tentait de griffer ma tête pour me faire lâcher prise mais je ne ressentais aucune douleur, peu importe de combien il enfonçait ses griffes dans ma chair.

Après plusieurs seconde de rodéo le kobold avait lâché sa torche, bloqué ma tête d’une main et tourné son épée contre sa propre épaule. Je n’étais pas assez fort pour m’échapper de sa prise et le Kobold posait la pointe de sa lame à l’entrée de ma gueule. Incapable de bouger, je sentais l’épée transpercer mon crâne quand le Kobold poussa la garde dans ma direction.

Décapité mais pas mort, ma transformation était rompue et mon corps de blob tomba au pied de mon ennemi. Mon noyau n’avait pas été touché par la contre-attaque et je ne lui laissais pas le temps de corriger cette erreur en m’éloignant hors de sa portée.

Le kobold titubait devant moi, il n’avait pas réagi assez vite pour me décrocher de son cou et il s’était même blessé légèrement avec sa propre épée. De la main qui portait son arme, il continuait à faire de grands mouvements autour de lui pour m’empêcher de l’attaquer tandis qu’avec son autre main il essayait désespérément d’arrêter le flot de sang qui s’échappait de sa blessure.

Il n’avait aucune chance de s’en sortir en continuant comme ça et au bout d’une minute, il finit par s’écrouler au sol, vaincu.


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