Pérégrinations en Monde Inconnu 18 : Là où on se sacrifie

Auteur : Samy
Check : Louks le Mystérieux


Heyo, c’est moi, Samisamo !
Je sais que ça fait un bout de temps que j’ai pas publié un PeMI, mais vous commencez à me connaître (pour ceux qui m’aient pas déjà oublié)

Ce chapitre est beaucoup plus court que les précédents parce qu’il suit uniquement un point de vue, contrairement à ceux d’avant. J’ai écrit une deuxième partie (qui se situe avant la partie que vous allez lire), mais elle ne sert à rien alors autant ne pas la mettre XD

Sur ce, bonne lecture, si vous avez des questions, vous pouvez les garder pour vous bande d’enfoirés vous avez la section commentaire, tout en bas !


Joseph était concentré.

Allongé sur son lit, couvert de copeaux, ses mains se mouvaient toutes seules, taillant une statuette dans un morceau de bois. La forme finale de la figurine se distinguait déjà : Un homme en armure, ses deux mains placées sur le pommeau de son épée qu’il tenait en équilibre, plantée dans son socle. De la pointe de son couteau, le sculpteur apportait les dernières finitions.

La sculpture avait beau être petite, ne dépassant pas les dix centimètres, elle était si riche en détail qu’elle en semblait presque vivante. Que ce soit la fine couronne à la forme intriquée qui ceignait le heaume du chevalier, les joyaux incrustés dans la garde de son arme ou les décorations presque imperceptibles sur son armure, aucune partie de la figurine n’avait été épargnée et tout avait été détaillé avec une précision chirurgicale.

Dans son monde d’origine, il aurait été impossible de croire qu’elle avait été réalisée en à peine une heure avec seulement un couteau pour seul outil, mais ici, la ‘normalité’ avait une toute autre définition.

Donnant un dernier coup dans le bois, Joseph fit disparaître son ustensile et éloigna la petite statuette pour admirer son travail.

Ça me semble être correct. Manquerait plus que Lily y ajoute la couleur et ce sera impec’ !

Avec un sourire satisfait, le garçon déposa sa figurine terminée sur un plateau quadrillé posé à même le sol, à côté de son lit.

Ainsi, il venait enfin de compléter le jeu d’échec qu’il avait commencé à sculpter la veille. En voyant les trente-deux pièces alignées, à leurs places respectives, il sentit une certaine satisfaction l’étreindre.

Et voilà ! Terminé ! Je dois avouer que j’ai fait du bon boulot… En tout cas, ça me change des autres sculptures inutiles que j’ai faites jusqu’à maintenant.

Il pouvait se permettre d’éprouver de la fierté. Chacune des pièces était une véritable merveille, que ce soit en terme esthétique ou technique. Même les simples pions avaient été finement taillés. Joseph avait tellement le sens du détail qu’il avait sculpté des poses et des visages différents pour chacun d’entre eux. Plus qu’un jeu d’échec, il avait fabriqué une œuvre d’art fonctionnelle. Dans l’esprit de Joseph, pas une seule fois l’idée que ses camarades refuseraient de s’en servir de peur d’abîmer son incroyable travail ne germa.

Jetant un regard circulaire sur sa chambre, il observa son bureau, complètement recouvert par des précédentes sculptures, le parquet, dissimulé par un tapis de pelure de bois et de travaux entamés mais jamais finis, ses étagères, qui menaçaient de se briser sous le poids de toutes les œuvres qui les encombraient.

C’est quand même le méga bordel ici, faudrait peut-être que je range ? Mouais, je verrais ça plus tard… Au pire, je pourrais toujours demander à quelqu’un de le faire à ma place en échange d’une sculpture ou d’une babiole comme ça.

Ces pensées firent apparaître dans son esprit le visage d’Elias, son ancien colocataire. Quand il partageait encore sa chambre, il avait réussi à contenir ses envies artistiques et à conserver un espace de vie relativement propre, mais une fois le garçon parti en expédition, il n’avait plus eu de raison de se retenir. Le jour suivant son départ, le chaos s’était installé dans la chambre et y avait pris ses aises. Aujourd’hui, il aurait sans doute été possible de le déloger de là, moyennant quelques difficultés et beaucoup d’efforts, mais Joseph n’avait ni la force, ni l’envie de s’y essayer.

Après son retour, Elias avait fini par emménager dans la chambre de Jules et Chris, incapable de supporter plus longtemps le rythme de vie de son camarade devenu insomniaque.

« Ce n’est pas ma faute si je préfère sculpter à dormir pendant la nuit ! » avait déclaré ce dernier pour sa défense en voyant Elias prendre ses affaires. Pour s’excuser des désagréments qu’il lui avait causés, Joseph lui avait sculpté un buste de Margaux extrêmement réaliste, prenant soin de le rendre le plus fidèle à l’originale possible, mais cela avait eu l’effet complètement inverse. Peut-être que s’il ne l’avait pas tronqué juste au-dessus de la poitrine, son cadeau aurait eu le résultat désiré.

Mais qu’est-ce que je fous, putain ? Je devrais arrêter de perdre mon temps et voir si y a pas du travail pour moi. Je peux pas rester à larver pendant que les autres bossent… Il faut que je me reprenne en main presto avant qu’on vienne me botter le cul. J’ai une chance dans ma vie pour devenir quelque chose, alors autant en profiter pour être une meilleure personne !

Ces pensées furent comme un électrochoc pour Joseph. Rien ne valait mieux que l’image que son esprit avait générée pour le réveiller : Un adolescent grassouillet, avachi dans le canapé, des miettes de chips sur le menton, regardant un programme télévisé abrutissant.

Le sculpteur se releva donc et épousseta les fragments de bois qui s’était accrochés à sa chemise avant d’attraper sa prothèse qui reposait contre son lit. Il la plaça sur le moignon de sa cuisse et en quelques gestes experts, elle fut sanglée. Il testa ensuite rapidement son fonctionnement en pesant de tout son poids dessus. Sans même grincer, il vit les quatre morceaux de bois qui remplaçaient son mollet se courber tandis que les solides ressorts placés un peu partout s’étiraient.

Son petit rituel habituel terminé, un petit sourire étira les lèvres de Joseph, satisfait.

La vitesse à laquelle il s’était habitué à sa jambe de bois était choquante, même lui s’en rendait compte.

Il se rappelait avoir lu un jour l’interview d’un psychiatre qui racontait que les patients passaient toujours par plusieurs stades avant d’arriver à l’acceptation, mais Joseph n’avait pas l’impression d’avoir suivi le même chemin. Certes, il avait ressenti de la colère à l’encontre de Tom, le voyant comme ‘responsable’, mais elle avait fondu comme neige au soleil après quelques jours passés à l’observer.

De base, j’ai jamais été le type sportif, je préférais passer ma journée sur mon canapé à mater la télé plutôt que d’aller faire du foot avec mes potes. C’est peut-être parce que j’ai toujours été métaphoriquement paraplégique que je n’ai pas tant été affecté que ça ? Ou peut-être est-ce parce que je n’ai jamais vraiment eu le temps de réaliser pleinement mon nouvel état ? Je suppose que si je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, je vais mettre de côté mes états d’âmes jusqu’à ce que je puisse libérer les émotions que j’ai enfouies au plus profond de moi ou un truc de genre… Hm, ça à l’air complètement con dit comme ça ! Et à part quelques échardes, j’ai pas non plus l’impression d’avoir quoi que ce soit enfoui en moi…

S’il s’était accordé plus de temps pour réfléchir au sujet, peut-être aurait-il pris conscience que le comportement de ses camarades à son égard l’avait grandement aidé à surmonter la perte de son membre. Pas un seul des lycéens n’avait posé sur lui un regard empreint de compréhension ou de pitié quant à sa situation, au contraire. Ils le voyaient tous comme un atout et agissaient en conséquence.

Avant leur arrivée ici, le garçon n’avait été que le comique de service dans la classe, celui que tout le monde appréciait pour ses pitreries mais que peu ne connaissaient vraiment. Maintenant, il remplissait encore son rôle d’amuseur public, mais pas seulement. Les plusieurs semaines passées ensemble avaient fait réaliser à ses camarades sa juste valeur. Tous avaient compris que l’humour était la seule manière que Joseph connaissait pour s’exprimer, et ils respectaient cela.

Ainsi, son pouvoir avait fait de lui une personne indispensable au développement du campement tandis que son humour et sa bonne humeur générale avaient conquis le cœur de ses camarades.

En parlant de conquérir les cœurs, il aurait aimé voler celui d’une fille en particulier, mais la timidité naturelle du garçon l’empêchait de faire le premier pas. Si Anthon, certainement l’homme le plus timide au monde, avait fait avancer sa relation avec Romane, il pouvait faire de même. Il avait beau se le répéter pour se motiver à agir, il n’avait pas encore trouvé le courage de se lancer. Cependant, bien qu’il soit content pour lui, si les progrès de son camarade voulaient bien cesser de faire autant de bruit le soir, Joseph leur en serait reconnaissant, lui qui logeait dans la chambre voisine à celle d’Anthon.

Poussant un soupir en réalisant qu’il n’avait fait aucun progrès avec sa bien-aimée, il essaya de se changer les idées pour éviter de déprimer. Tant pis, il était certainement condamné à emmener avec lui dans sa tombe l’amour secret qu’il portait à une de ses camarades de classe. Son introspection pouvait bien attendre, pour le moment, il devait faire quelque chose pour remédier à sa longue période d’inactivité.

Faisant attention à ne pas marcher sur quoi que ce soit qui pouvait lui faire perdre l’équilibre, Joseph récupéra sa confortable béquille, jetée plus que posée en travers de son bureau déjà bien encombré. Se faisant, il fit tomber un bon nombre de sculptures qui s’écrasèrent sur le matelas de copeaux en produisant des bruits étouffés.

La plupart de ces travaux n’avaient aucune valeur aux yeux du sculpteur, la majorité étant des choses qu’il avait réalisées pour passer le temps. Bien que toutes possédaient un niveau de détail à faire pâlir de jalousie les plus grands sculpteurs de son monde, Joseph ne parvenait pas à les trouver spéciales. Elles représentaient des choses de son monde, reproduites à petite échelle. Ici, on pouvait voir une voiture de course, là un piano ou un androïde célèbre, mais ces formes familières ne parvenaient plus à le conforter.

Paradoxalement, il était terrifié par le monde extérieur au campement, mais il était trop changé par les évènements qu’il avait subis pour continuer de s’accrocher à son monde d’origine. Il se retrouvait donc la situation où il comprenait que cette forêt dangereuse était sa nouvelle réalité mais où il sentait une crise d’angoisse pointer son nez quand il s’approchait seul de la bordure d’arbres.

Joseph avait conscience que l’attaque du loup dans la clairière qui lui avait coûté sa jambe avait créé un traumatisme, mais malgré tout, il ne se sentait pas encore prêt à l’affronter. Il aurait voulu avoir le courage de Nathan pour se forcer à combattre ses démons ou l’intelligence de Tom pour rationaliser le phénomène, il n’était que Joseph, cette bonne vieille fripouille à la grande gueule, avec en prime un couteau qui coupait bien le bois et beaucoup de temps à revendre.

Un de ses travaux qui était tombé au sol attira son attention et le détourna de ses pensées qui devenaient de plus en plus sombres.

C’était un buste qui représentait Camille. Semblable à l’originale, sa beauté était telle que même Amélie ne lui arrivait à la cheville. Comparé aux autres bustes qu’il avait taillés, sa taille était minuscule, moins de cinq centimètres de haut, mais comme toutes ses autres réalisations, le réalisme de cette sculpture était époustouflant. Il y avait cependant quelque chose dans celle-là en particulier que son créateur trouvait, après-coup, incroyable. Peut-être était-ce l’expression malicieuse qu’il avait si parfaitement capturé qu’on avait l’impression de voir les grands yeux de la jeune femme pétiller et son sourire en coin s’étirer encore plus, ou peut-être était-ce le fait qu’il ait reproduit exactement le visage d’une personne qu’il n’avait pas vue depuis très longtemps, toujours est-il que plus Joseph la regardait, plus il l’appréciait.

C’était Tom qui lui avait demandé cette statuette.

Parce que c’était la première fois qu’il demandait quoique ce soit de personnel, Joseph n’avait pas pu lui refuser, même s’il savait que les dimensions qu’il exigeait allaient légèrement lui compliquer la tâche. Le sculpteur lui avait demandé plus de précision pour être certain de faire un travail qui allait lui convenir. Ce fut alors pour Joseph l’occasion de découvrir une facette de la personnalité du génie qu’il ne connaissait pas.

Tom se mit à décrire à l’artiste son amie d’enfance, donnant tellement de détails que son interlocuteur n’eut pas le temps de tout retenir. Le génie s’exprimait avec une telle passion que c’en était fascinant. Il vit apparaître sur le visage habituellement inexpressif du garçon un lot d’expression qu’il n’avait jamais vu jusqu’à maintenant. Pendant plus d’une demi-heure, Tom continua à parler, s’interrompant par moment pour reprendre sa respiration. Joseph, lui, avait cessé de l’écouter après la première minute alors qu’il ne se lassa pas une seconde d’observer le garçon révéler ainsi sa passion.

À côté, il avait l’impression que l’amour qu’il éprouvait pour sa camarade ne valait pas un centième de ce que Tom ressentait pour Camille, mais étrangement, il ne le vivait pas mal. Le génie était une créature étrange, il avait beau avoir une apparence et des sentiments humains, il vivait dans un monde complètement différent du leur. C’était comme si toutes les émotions qu’il rationalisait venaient alimenter sa passion pour la jeune femme, créant un amour anormalement intense.

L’artiste avait fini par stopper Tom quand ce dernier s’était mis à lui expliquer les muscles qui se contractaient sur son visage quand elle riait et le nombre ainsi que la profondeur et la longueur de rides qui apparaissaient autours de ses yeux au même moment.

Peut-être que c’est ça la raison pour laquelle j’ai aussi bien réalisé Camille ? Parce que j’ai été inspiré par la passion de Tom ? Non c’est encore super con, faut que j’arrête de penser de la merde, ça va finir par me faire pourrir le cerveau… Attends mais maintenant que j’y pense, il me l’avait pas commandé avant son départ ?!

Pendant quelques secondes, Joseph se tint immobile, essayant de se remémorer un indice qui lui aurait permis de déterminer quand son ami lui avait demandé son buste, mais plus il y pensait, plus ce dont il se souvenait indiquait qu’il était en retard sur son travail.

L’artiste se pencha et ramassa le petit buste. Il était toujours en excellent état, si ce n’était pour la petite couche de poussière qui l’avait recouvert et dont la chute n’était parvenue à enlever.

Ah… Bah j’ai ma réponse…

Alors qu’il finissait de dépoussiérer sa sculpture, des coups résonnèrent dans sa chambre.

Il se retourna et toisa la porte avec une expression interrogatrice, l’air de lui demander qui pouvait bien le déranger. Comme à son habitude, elle fit son insolente et garda le silence, forçant Joseph à élever la voix pour obtenir la réponse qu’il cherchait.

– Ouais, c’est ouvert !

Les yeux du sculpteur fusillèrent la porte malpolie du regard tandis que son invité la faisait pivoter sur ses gonds, attendant qu’elle soit complètement ouverte pour prendre une pose victorieuse et afficher l’expression arrogante des gagnants qui ne savent pas rester modeste.

Quand on parle du loup…

Ne put s’empêcher de penser Joseph en voyant Tom dans l’encadrement, le fixant avec un air perplexe, comme s’il n’était pas certain de ce qu’il devait penser du comportement étrange de son camarade et s’il devait s’inquiéter pour sa santé mentale ou non.

– Euh, je te dérange ? Tu veux que je repasse plus tard ?
– Hein ? Oh non, pas de soucis, j’étais juste en train de célébrer le fait que j’ai gagné mon duel de regard avec la porte.

Le génie fronça les sourcils, une expression de pure incompréhension sur le visage.

– Mais, la porte n’a pas d’yeux. Et même si on considère qu’elle rend le regard et que l’ouverture est le signe de sa défaite, il me semble assez évident qu’elle n’a pas la capacité physique de produire par elle-même la force mécanique nécessaire à…

Posant un doigt sur les lèvres de son ami, Joseph l’interrompit et secoua lentement la tête avec une expression chagrinée :

– Chuuuuut, laisse-moi savourer ma victoire, pas la peine de faire ton rabat-joie à la moindre occasion ! Et sinon, pourquoi tu es venu jusqu’ici ? J’allais justement passer te voir, je cherche des trucs à faire pour m’occuper.

Voyant qu’il était temps de changer de sujet, Tom exposa rapidement le but de sa visite.

– Tu te rappelles quand je t’ai demandé les différentes compétences que tu avais acquises avec ton outil magique ? Tu m’avais dit qu’en plus de ta précision incroyable, tu possédais également la possibilité de ‘voir’ les gens qui ont interagit avec tes travaux, c’est correct ?

Son interlocuteur répondit en hochant la tête.

– C’est tout à fait ça ! Voir est un bien grand mot cependant, ça fonctionne plutôt comme les odeurs, quand quelqu’un touche du bois que j’ai travaillé, ils déposent leurs marques dessus. Si je passe à côté, je peux la remarquer et savoir plus ou moins précisément la date à laquelle l’odeur a été apposée.
– Parfait, alors je vais devoir te demander de m’accompagner, tu cherchais du travail, n’est-ce pas ? J’ai de quoi t’occuper dans ce cas.

Bien que sa ‘demande’ ressemblait plutôt à un ordre, Joseph ne voyait pas de mal à donner un coup de main. Les derniers jours qu’il avait passé à ne rien faire de ses journées lui avait permis de recharger ses batteries, maintenant, il fallait dépenser l’énergie qu’il avait emmagasiné.

– Dis-moi…
– Oui ? Un problème ?
– Non, c’est juste que…

Joseph se retrouva plongé dans la confusion. Il avait élevé la voix en voyant son camarade s’approcher de la sortie, mais il n’était pas certain du pourquoi.

Il aurait voulu lui dire qu’il avait terminé sa commande depuis plusieurs jours déjà, le petit buste de Camille qu’il avait fourrée dans sa poche quand Tom était entré, mais en même temps, il répugnait à s’en séparer. Il ne savait pas exactement la raison pour laquelle il ressentait cette émotion inhabituelle, mais son hésitation ne dura pas plus d’une demi-seconde. Le regard franc que Tom lui renvoyait, attendant la suite de sa phrase, le décida à agir.

Plongeant sa main dans sa poche, il sortit la petite sculpture et la tendit à contrecœur à son ami. Joseph ne prononça pas un mot, trop concentré à essayer de comprendre pourquoi il avait agi de la sorte. Tom récupéra le cadeau du sculpteur et le détailla un instant.

Du pouce, il caressa le visage en bois avec tant de douceur que son créateur se sentit gêné pendant un moment, comme s’il assistait à quelque chose qu’il ne devait pas. Peut-être était-ce à cause des traits androgynes du garçon, mais le cœur de Joseph rata un battement en le voyant serrer la petite statuette contre son cœur, affichant une expression où se mêlait tant d’émotions qu’il ne parvenait pas à toutes les distinguer. Il ne remarqua même pas que les yeux du génie brillaient avec plus d’intensité qu’à leur accoutumée tant son visage était hypnotisant.

Rougissant de l’étrangeté de sa réaction, Joseph finit par détourner pudiquement le regard. Il voulait laisser Tom dans son intimité bien que ce dernier se moquait éperdument de se faire voir ainsi.

– Merci…

La voix de Tom, empreinte de reconnaissance, ne fut qu’un murmure, mais Joseph parvint à l’entendre. La sincérité qu’il y capta eut pour effet de pincer le cœur du garçon, qui pendant un instant, avait voulu garder le buste pour lui.

Le sculpteur marmonna un « pas de soucis » en évitant de croiser le regard de son camarade avant de se diriger vers la porte.

Tom le rejoignit et son expression était redevenue le masque inexpressif qu’il conservait tout le temps. Sa voix aussi avait repris son ton monotone quand il déclara :

– Attends deux secondes, Jack est parti déposer ses affaires dans sa chambre, il revient tout de suite.

Ils n’eurent pas à attendre longtemps. Leur camarade apparut de l’autre côté du couloir quelques instants plus tard et vint les rejoindre. Les trois adolescents prirent ensuite la direction de la sortie quand les gobelins qui logeaient dans les dortoirs sortirent de leur chambre.

Les deux groupes se croisèrent et l’un des gobelins se retourna sur leur passage. Il pointa du doigt Jack et se mit à lui parler en gesticulant vivement. Bien que son attitude puisse sembler agressive, l’expression cordiale et le grand sourire qui révélait deux dents protubérant hors de sa bouche ne trompaient pas sur ses intentions amicales. Les trois autres membres du groupe gobelin hochaient la tête, soutenant les propos de leur compagnon.

Jack regardait la créature en face de lui en fronçant les sourcils, ne comprenant rien à ce qu’il racontait. Tom s’interposa entre eux et répondit quelque chose au gobelin. D’un seul homme, les quatre autochtones se mirent à hocher la tête. Le plus grand des quatre reprit la parole et s’exprima plus calmement, donnant aux deux adolescents en retrait l’impression qu’il expliquait quelque chose. Quand, enfin, il se tut, le génie se tourna vers Jack et lui posa une question, en anglais cette fois. L’expression de Tom était indéchiffrable, mais Joseph était certain que c’était bel et bien un sourire qui étirait imperceptiblement ses lèvres. Malgré son niveau catastrophique dans la langue de Shakespeare, Joseph comprit qu’il lui avait demandé quelque chose à propos d’un lapin, mais ça n’allait pas plus loin que ça.

Jack hésita une seconde avant de répondre simplement « yes ». Dans sa voix, on pouvait reconnaître sans se tromper la perplexité de l’adolescent. Les commissures des lèvres de Tom se relevèrent et le génie entreprit de traduire les explications qu’il venait d’entendre. À la fin de celle-ci, le visage du chasseur avait pris une belle couleur tomate. Il détourna le regard des gobelins qui le fixaient avec un air déçu.

L’incident sembla clos car les quatre individus retournèrent dans leur chambre en traînant des pieds

Joseph n’avait rien comprit à ce qu’il venait de se passer, mais les deux garçons qu’il accompagnait ne lui laissèrent pas le temps d’accorder une réflexion très poussée à la scène. Ils sortirent du bâtiment et le sculpteur dû forcer l’allure pour les rattraper, s’aidant de sa béquille pour se déplacer plus vite.

Ok… Il est question de lapin, et Jack avait l’air super embarrassé… J’ai l’impression d’avoir loupé un truc super important !

N’en pouvant plus de rester dans l’incompréhension, dès qu’il se retrouva au niveau de Tom, il lui demanda :

– Hé, tu peux m’expliquer ce qu’il vient de se passer steu’ plaît ? J’ai absolument rien compris !
– Demande à Jack.

Le génie avait répondu sans même tourner la tête dans sa direction. Il n’y avait pas d’ironie dans sa voix mais la réelle conviction que son camarade allait lui expliquer la situation à sa place.

Hé ! T’es mignon mais je vais pas lui demander de m’expliquer pourquoi il était rouge betterave, non mais oh ! Y’a des trucs qui se font, et d’autres, non ! Alors réponds moi espèce d’enfoiré !

Gardant ses pensées pour lui, Joseph observa Jack du coin de l’œil. Il le vit tête baissée, ses oreilles encore bien écarlates.

Nan mais y’a pas moyen qu’il me dise quoique ce soit ! Bon, il est temps de retenter notre chance !

Il se doutait que ça ne devait pas être d’une grande importance, sans quoi Tom aurait traduit en français les explications du gobelin, mais il ne pouvait pas s’empêcher de sentir sa curiosité prendre le dessus sur ses bonnes manières. S’apprêtant à insister pour en savoir plus, Joseph garda cependant le silence en voyant où il se trouvait.

Tout ce temps, ils avaient continué à marcher, et ils se trouvaient maintenant à l’entrée du campement.

Un mauvais pressentiment s’empara de l’adolescent estropié.

Attends… Ne me dis pas que… Non !? Il veut quand même pas qu’on aille dans la forêt pour faire son truc ?!

Le gobelin balafré qu’il voyait souvent aux côtés de Tom les attendait, adossé à la solide porte de bois ouverte. Bien que cela ne change pas comparé à d’habitude, voir le balafré armé des pieds à la tête déclencha une crise d’angoisse chez Joseph.

Pourquoi il est aussi armé ? On a pas besoin de prendre tout ce matos, on va pas loin, pas vrai ? C’est pas risqué, n’est-ce pas ?! Oh putain, dans quelle merde je me suis foutu ?! Moi et ma grande gueule ! J’aurais dû dire que j’avais un truc super important à faire pour Charlotte ou quelqu’un et prendre la fuite !

La respiration de l’adolescent se faisait de plus en plus saccadée à mesure que son esprit s’affolait, stimulé négativement par sa propre imagination.

Buluglu fut le premier à remarquer le comportement étrange de Joseph. Il avertit Tom et ce dernier s’approcha de son camarade.

Il posa ses deux mains sur ses joues et força le garçon paniqué à le regarder dans les yeux, claquant des doigts devant lui pour attirer son attention :

– Joseph ! Hé, Joseph ! Regarde-moi ! Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer ! On va simplement rentrer dans la forêt, marcher quelques secondes pour atteindre les pièges que Jack a disséminés, puis on va rentrer. Tu comprends ? Il n’y a pas de danger, c’est certain !

Parvenant à prendre une inspiration, Joseph le dévisagea et lui demanda d’une voix tremblante :

– T-t’es sûr ? Pourquoi il est armé alors ? T’es certain qu’il n’y a pas de danger ?

En réponse, Tom afficha un sourire rassurant.

– Oui, je suis certain. Buluglu s’arme toujours quand il sort parce que c’est son habitude, mais je peux lui demander de rester là si tu veux ? Regarde, ça fait cinq jours que Jack fait ça et il ne lui est rien arrivé alors qu’il est toujours tout seul ! Il n’y a pas de raison pour laquelle quoique ce soit nous arrive. Jack, il n’y a pas de danger là où on va, n’est-ce pas ?

Jack, qui avait rapidement compris ce qu’il se passait, répondit en mettant de l’assurance dans sa voix :

– Bien sûr, il n’y a pas de danger, pas la peine de s’inquiéter, nous sommes trop proche du campement pour que des créatures rôdent autour, elles craignent suffisamment le bruit que nous faisons pour ne pas s’approcher.
– Tu vois ? Pas de danger ! Je te promets qu’il ne t’arrivera absolument rien, alors maintenant, prend une grande inspiration, voilà, comme ça, et expire lentement. Recommence, on inspire, on expire, on inspire, on expire…

Au bout de quelques secondes à respirer de cette manière, Joseph s’était un peu calmé. Il ressentait encore une certaine appréhension à l’idée qu’il allait s’aventurer en dehors du campement, mais la certitude et l’assurance qui brillaient dans les yeux de Tom quand il lui avait assuré qu’il ne risquait rien permettait de maintenir à distance son angoisse.

Une expression légèrement inquiète sur le visage, Tom regardait son camarade en pleine crise.

– Ça va aller ? Si tu veux, on peut quand même remettre ça à plus tard ?

Sans même répondre, Joseph prit une grande inspiration avant de faire un pas en avant, sortant du campement. Au fond de lui, il mourrait d’envie d’accepter la proposition de son ami, mais la résolution qu’il s’était fait devait le pousser à devenir une personne meilleure, et ce n’était pas en pleurnichant et en remettant au lendemain les choses qui le terrifiait qu’il allait changer. Ce pas était littéralement et métaphoriquement le début de son changement personnel.

Voilà ! Le plus dur est fait ! Par contre il faut qu’on y aille le plus rapidement possible avant que je ne change d’avis !

Comme s’il lisait dans son esprit, Jack se mit en route, poussant Tom dans le dos pour lui faire comprendre qu’il fallait y aller.

 

Ainsi, Tom, Jack, Joseph et Buluglu s’enfoncèrent dans la forêt.

Sur le trajet, Tom expliqua en quelques phrases la raison pour laquelle ils avaient fait appel à lui. Ils voulaient simplement qu’il sente la marque des individus qui avaient trifouillés les pièges de Jack. Le génie voulait surtout confirmer ou infirmer la présence d’au moins trois individus ou savoir s’il y en avait plus.

Ils atteignirent le premier piège en à peine deux minutes. Ils étaient à bonne distance du campement, au moins à cinq cents mètres, mais ils pouvaient continuer à entendre les sons qui s’en échappaient. Joseph se raccrochait à ces bruits avec la force du désespoir. Pour lui, ils représentaient la barrière infranchissable dont les monstres ne pouvaient s’approcher.

Toujours nerveux, le sculpteur se pencha sur le piège et ferma les yeux. Du bout des doigts, il effleura le piège primitif, le tripotant pendant plusieurs secondes. La concentration que nécessitait l’utilisation particulière de son pouvoir était telle qu’elle chassa de son esprit une grosse partie de son angoisse.

Quand enfin, il rouvrit les yeux, il se tourna vers Tom et secoua la tête.

– Non, je peux rien sentir sur celui-là, L’odeur est bien trop diffuse et celle de Jack est trop forte. Il a dû le tripatouiller il y a peu.
– Oui, c’est exact, du coup on passe au suivant.

Ordonna Tom en aidant Joseph à se relever, puis les quatre individus se remirent en route.

Ne supportant plus le silence pesant qui s’était installé, Joseph essaya de lancer une conversation. Il sentait ses craintes revenir le hanter et la seule méthode qu’il avait trouvée pour les maintenir à distance était de parler.

– Vous comprenez bien que ça marche très bien avec les matériaux que je travaille, mais c’est beaucoup plus difficile pour moi de sentir les marques des autres sur ce que je n’ai pas produit ?
– Bien sûr…

La réponse concise et tranchante de Tom coupa net la vaine tentative de Joseph à commencer une discussion.

Sérieusement gars ? Tu vois pas que je stress là ? Tu pourrais pas faire au moins un petit effort pour discuter ? On a compris que t’es intelligent, pas la peine d’en faire la démonstration à tout bout de champ !

Il avait beau mourir d’envie de dire cela à voix haute, le seul son qui s’échappa de ses lèvres fut un long soupir de déception.

À quoi pensait-il ? Comment Tom, l’incarnation du manque d’empathie, aurait pu discerner dans cette question l’appel à l’aide de son camarade ? Pensant se retrouver condamné à passer le reste de la mission dans un silence de plomb, une aide inattendue lui vint de la part de Jack. Son sauveur s’approcha de lui et demanda dans un murmure :

– Tom me l’a expliqué, mais seul le premier et les trois derniers pièges doivent porter mon odeur. Je n’ai pas touché aux huit autres, donc tu devrais pouvoir sentir quelque chose dessus.

Joseph jeta un regard remplit de reconnaissance au chasseur avant de rebondir sur sa réponse pour échanger quelques paroles.

Bien que les deux adolescents aient fait leur possible pour convaincre leur camarade estropié de la sûreté de cette courte excursion, cela n’avait pas fait disparaître ses peurs. Pouvoir discuter comme si de rien n’était permettait à Joseph de ne pas ruminer de noires pensées et éviter de se faire des films au moindre bruissement de feuilles.

À mesure que Joseph parlait avec Jack, il se rendait compte à quel point il l’avait mal jugé.

Tout d’abord, il maîtrisait maintenant le français aussi bien que n’importe quel autre lycéen au camp. Ces progrès fulgurants n’étaient pas vraiment étonnants puisque tout le monde parlait en français, mais en arrivant ici, Joseph se souvenait parfaitement des difficultés qu’il éprouvait à s’exprimer dans la langue de Molière.

Il y avait également sa manière d’agir. Son comportement solitaire traduisait une attitude détachée des autres qui était en fait une interprétation erronée. Joseph comprenait maintenant qu’il préférait se trouver seul parce qu’il appréciait la sérénité que l’on peut plus facilement atteindre loin des autres. Le sculpteur se rappelait le comportement qu’il avait adopté lors du traitement de la blessure de Tom et il en déduisit que Jack était du genre à toujours tout prendre sur lui. Il pouvait paraître calme et désintéressé dans certaines situations mais, au fond, il n’éprouvait pas moins d’émotions que ses camarades, il savait simplement les dissimuler.

Alors qu’ils étaient presque arrivés au second piège, un craquement de branche retentit, mettant un terme à la discussion entre l’américain et Joseph. Les trois humains et le gobelin cessèrent de bouger et quatre paires d’yeux se braquèrent sur la source du bruit. Ils restèrent à fixer les buissons devant eux pendant plusieurs secondes, mais rien d’autre ne se passa.

Pensant qu’ils étaient hors de danger, la voix de Joseph, tremblante, s’éleva :

– C-C’était qu-quoi ça ?!

Jack s’apprêtait à répondre, mais les buissons devant Tom se déchirèrent en produisant des craquements sinistres tandis qu’une chose en sortit. Joseph n’eut pas le temps de distinguer sa silhouette qu’elle avait déjà bondi.

Tétanisé par la peur, l’adolescent estropié regarda, impuissant, la forme rendu floue par sa vitesse se jeter sur son camarade. Ses yeux écarquillés fixaient la scène et Joseph voyait déjà Tom se faire déchiqueter par la chose.

Pourtant, la vision funeste du garçon ne se réalisa pas.

D’une torsion de la poitrine accompagnée d’un pas sur le côté, Tom se plaça hors de la trajectoire du monstre et en profita pour donner un coup de poing à la chose non identifiée.

Avec un couinement suraigu, la créature s’écrasa dans les buissons derrière eux. Parce qu’il était bien trop dense, la chose avait complètement disparu sous l’épais tapis végétal.

Joseph, qui continuait de fixer l’endroit où le monstre avait disparu, sursauta en sentant une main se poser sur son épaule. Il se retourna pour voir Jack qui lui parlait. Bien qu’il vît la bouche de son ami se mouvoir, il lui fallut quelques secondes avant que le son ne parvienne à son cerveau paralysé par la peur.

– On y va ! NOW !

Une fois certain que Joseph l’avait entendu, Jack se retourna et se mit à marcher en direction du campement. Il tenait dans ses mains sa lance et était prêt à se battre.

Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu…c’est foutu, on va tous crever ici putain ! Pourquoi je suis aussi malchanceux bordel ?  Et pourquoi on a abandonné Tom ? Est-ce qu’il s’est fait toucher par quelque chose ? Qu’est-ce qu’il se passe, merde ?!…

Aux coins des yeux de Joseph, des larmes se mirent à perler tandis que son cerveau s’emballait, exhorté par la peur incontrôlable qui l’avait saisi à bras le corps.

Il suivait Jack comme un robot, ne comprenant pas du tout ce qu’il se passait, mais ayant trop peur pour essayer d’y réfléchir.

Soudain, sur sa droite, des bruissements retentirent, suivit de craquements. Joseph savait ce qui allait accompagner ces bruits, mais la terreur tétanisait son corps. Il avait envie de bouger, de s’éloigner le plus vite possible, mais ses muscles semblaient affranchis de sa volonté.

Du coin de l’œil, il vit Jack se retourner vers lui, mais il se doutait qu’il n’allait pas pouvoir réagir à temps.

Devant lui, une chose surgit des fourrées à pleine vitesse.

C’était un monstre qui avait la taille d’un gros chien. Sa tête ressemblait au croisement entre un fennec et une hyène. Deux immenses oreilles qui semblaient aussi longues que son corps battaient ses flancs où l’on voyait se découper la forme de côtes épaisses.

Joseph n’eut pas le loisir de le détailler plus longtemps. Les deux pattes arrière du monstre s’étaient contractées puissamment et il avait sauté. Sa gueule à la mâchoire imposante et dégoulinante de bave s’ouvrit devant lui et Joseph sût que c’était la fin. Il sentait sa mort arriver, et elle exhalait l’odeur fétide de la charogne en putréfaction.

Pour la deuxième fois, son pressentiment se révéla faux.

Quelque chose tira sa chemise, la déchirant bruyamment, tandis qu’un craquement retentit à travers sa jambe de bois. Il sentit sa prothèse partir en arrière et ce mouvement le déstabilisa. Au lieu de tomber en avant, il se pencha sur le côté, vers Jack qui le tirait à lui. Les mâchoires du monstre claquèrent à quelques centimètres de son visage avant de se refermer sur sa jambe de bois. De la sueur froide couvrit le dos de l’estropié quand il se rendit compte que s’il était resté immobile ou si sa jambe n’avait pas glissé, le monstre l’aurait attrapé à l’épaule, il se refusa à imaginer les conséquences de ces possibilités.

Alors que la créature était toujours en l’air, les muscles incroyablement puissants de sa mandibule se mirent en action et broyèrent littéralement la prothèse, pourtant extrêmement résistante. Joseph sentit le bois magique se faire réduire en lambeau alors que des craquements s’élevaient de sa fausse jambe. Ne pouvant s’empêcher de comparer ces bruits à celui d’os se faisant broyer, un frisson d’horreur parcourut son corps entier et la sensation d’être de retour dans la clairière fut si forte qu’il faillit s’évanouir. Il sentit un liquide chaud mouiller son pantalon mais il lui fallut un moment pour se rendre compte que c’était de l’urine.

Le monstre atterrit souplement sur ses pattes. Des débris de bois cascadaient au sol de sa bouche ouverte, révélant deux rangées de crocs affutés derrière sa langue pendante.

Des voix s’élevaient autour de Joseph. Il savait qu’elles provenaient de Jack et de Tom, mais il ne voyait toujours pas ce dernier. Il venait d’apprendre qu’il était à côté de lui, cependant, il se refusait à s’en assurer de peur de perdre de vue leur attaquant, comme si garder un contact visuel allait maintenir le monstre à distance.

Sans sa béquille, tombée après l’attaque du monstre sur Tom, Joseph ne pouvait plus tenir debout. Puisque sa jambe avait été sauvagement réduite en morceaux, il était également grandement limité dans ses mouvements, et certainement pas en état de prendre la fuite. Jack avait passé son bras gauche sous les siens et le retenait, mais cela handicapait dangereusement le lancier.

Ce dernier tenait son arme de sa main droite, la pointant en direction de la hyène monstrueuse.

Joseph pouvait sentir le rythme cardiaque de son camarade. Une pensée qui n’avait rien à voir avec la situation perça les couches épaisses de terreur et d’angoisse qui l’enveloppaient et atteint son esprit. Il se rendit compte qu’il avait eu raison sur Jack ; il avait beau maintenir une expression froide et sérieuse, son cœur battait tellement vite et tellement fort que le corps du sculpteur vibrait à chacune de ses pulsations.

Joseph n’eut pas le temps de penser plus longuement à cela. Le monstre darda ses petits yeux rouges perçant sur les adolescents et ces derniers virent les muscles de ses pattes arrières rouler sous sa fourrure rouge drue. L’estropié comprit alors avec horreur que la bête s’apprêtait à sauter sur eux de nouveau.

Avant qu’il ne puisse s’élancer, une lance bleue tomba du ciel dans un bruit de tonnerre et traversa le poitrail du monstre. Elle se planta dans la terre meuble, embrochant la bête et la clouant efficacement à sa place. Alors que Joseph se demandait d’où elle provenait, quatre autres lances similaires suivirent la première, embrochant les membres de la hyène qui poussa un hurlement de douleur. Son cri s’allongea plusieurs secondes avant de se terminer en un gargouillement sanglant. Ses yeux rouges se voilèrent l’instant suivant, perdant l’éclat qui les animaient et Joseph comprit qu’elle était morte.

– Tom ?! You’re okay ? Can you walk ?!

La voix de Jack ramena brutalement Joseph à la réalité. Il tourna la tête et vit Tom, accroupi au sol, se tenant la jambe gauche. Son tibia était rouge et enflé.

Ah, c’est lui qui a frappé dans ma jambe…

Malgré la situation critique, Joseph était parvenu à additionner les éléments pour en tirer cette conclusion, cependant, la panique revint au grand galop quand des craquements s’élevèrent à nouveau des fourrées plus loin, leur faisant réaliser qu’il y avait plus d’un ou deux monstres.

– Go, you can’t help me and Jo at the same time. Buluglu will stay with me so don’t worry. William should be on his way too. Just go before you get attacked !

En entendant cela, Jack hésita un instant, analysant sans doute les possibilités qui s’offraient à eux pensa Joseph. Il avait beau ne pas être le plus futé de la classe, il n’était pas non plus un imbécile, il n’y avait pas trente-six milles solutions à cette situation.

Tom et moi sommes immobilisé et seul Jack peut nous aider à rentrer, le gobelin est trop petit pour soulever un humain comme nous. Ce qui veut dire que soit nous restons groupés et essayons de vaincre les monstres dont le nombre est inconnu. Il est très probable que Jack puisse en vaincre quelques-uns, mais il finira bien par faire une erreur ou à se fatiguer.

L’estropié se concentra sur le gobelin. Il pointait son épée tirée au clair vers les bruissements et des cris que les créatures poussaient par moment. Debout entre eux et Tom, il campait fermement sur ses positions, prêt à accueillir ses ennemis de sa lame meurtrière. Il avait la tête tournée vers la source du danger, mais même si Joseph ne le voyait pas, il n’avait pas de mal à imaginer l’expression concentrée qui devait s’afficher sur son visage mutilé.

Oui, Jack pourrait me ramener au campement et espérer que le gobelin défende Tom assez de temps pour qu’il puisse revenir l’aider… Mais Jack l’a vu se battre contre le monstre-ours, donc peut-être qu’il ne veut pas laisser Tom avec lui parce qu’il n’a pas assez confiance en ses talents au combat ? Si c’est le cas, alors on est super mal fichu… Il va sans doute falloir que l’un de nous deux reste ici et prie pour ne pas se faire dévorer par ces hyènes.

Joseph déglutit péniblement en arrivant à cette conclusion.

Il comprenait parfaitement la situation, et cela voulait dire que sur les quatre personnes qui étaient sorties, au moins une ne rentrera pas.

Ces monstres courent beaucoup trop vite ! Si Jack essaye de nous porter tous les deux et de faire la course avec elles pour arriver au campement, il va pas pouvoir aller assez vite. De nous quatre, je suis la personne la plus handicapante. Tom et son savoir sont trop important, Jack est la personne qui nous fait manger et qui possède le plus de connaissance sur la nature sauvage et les méthodes de survie, le gobelin est un genre de porte-parole. Tom a déjà donné son bras pour le sauver, ça veut sans doute dire qu’il faut le garder en vie… ce qui nous laisse avec moi… et quant à moi, à part tailler du bois, je peux pas faire grand-chose…

Des hurlements interrompirent son raisonnement.

Six hyènes venaient de faire leur apparition, droit devant eux.

À nouveau, les muscles de Joseph se tétanisèrent contre sa volonté. Jack, qui le soutenait, se retrouva incapable de réagir.

Étrangement, Joseph avait beau sentir son corps subir les affres de la peur, son esprit était plus clair que jamais. En un instant, il était parvenu à une conclusion qu’il accepta immédiatement.

Hé bien, on ne peut pas empêcher la faucheuse de prendre son due. Je l’ai assez évitée jusqu’à maintenant, il est temps que je l’empêche d’en prendre d’autres inutilement… J’ai l’impression que toutes les décisions que j’ai prises dans ma vie jusqu’à maintenant m’ont menées à ce moment précis. J’aurais au moins donné à Tom son cadeau avant de partir, je suis certain qu’on ne l’aurait jamais trouvé sinon.

Au lieu de garder le regard fixé sur la course rapide des hyènes, qui se dirigeaient vers à eux à pleine vitesse, Joseph le déposa sur Tom et remarqua que lui aussi le dévisageait.

Ah bah oui, c’est Tom, il a dû comprendre ce qui allait se passer avant même que ça se produise, et combien je te parie qu’il sait exactement ce qu’il va se passer ?… Je n’arrive même pas à lui en vouloir, ce n’est absolument pas de sa faute, et au moins, je peux mourir en héros, si c’est pas beau ça ?

Malgré cela, Joseph ne parvint pas à déchiffrer l’expression avec laquelle Tom l’observait.

Le sculpteur sentit sa gorge se nouer alors qu’un mauvais pressentiment le prenait.

Sans détacher son regard de lui, l’adolescent plongea si soudainement sa main dans sa poche que Joseph sursauta dans les bras de son camarade. Le génie eut juste le temps de hurler quelque chose avant de jeter ce qu’il venait de récupérer vers les monstres.

Joseph ne savait pas ce qu’il venait de crier, ni ce qu’il avait lancé, mais le gobelin plongea au sol tandis que Jack fit quelques pas en arrière.

Pendant que l’écho du cri de Tom finissait de mourir, les deux adolescents en retrait et le gobelin retinrent leurs souffles, suivant des yeux la trajectoire du minuscule cube en bois que le génie avait lancé.

Tom, lui, avait enfoncé deux doigts dans ses oreilles et se couvrait le visage du mieux qu’il pouvait, étalé sur le sol. L’objet qu’il avait lancé atterrit sur la terre, exactement au milieu de la meute de hyènes.

Pendant un quart de seconde, Joseph pensa que quoi que Tom ait essayé de faire, cela avait échoué et qu’ils allaient maintenant mourir déchiquetés par les mâchoires puissantes de ces monstres, mais à peine cette idée formulée, une déflagration assourdissante retentit. Une puissante lumière, accompagnée d’un souffle d’air brûlant s’en suivit, mais Joseph avait déjà complètement perdu ses repères spatiaux. Son monde s’était réduit à l’éclat jaune qui s’était imprimé sur sa rétine et au sifflement qui l’empêchait d’entendre quoi que ce soit.

Une grenade flash ? On va pouvoir s’enfuir avec ça !

Ce fut tout ce que Joseph réussit à penser avant que Jack ne le soulève. Encore confus, il estima que l’américain venait de le jeter sur son épaule, mais il n’en était pas certain. Il ressentit les vibrations sonores que son camarade émettait, mais son ouïe n’était pas encore rétablie et il ne comprit pas ce qu’il disait.

Joseph ignorait pourquoi Jack n’avait pas été étourdi par les effets de la grenade de Tom, mais il s’en fichait complètement. Puisqu’il était en état de se mouvoir, il allait très certainement les aider à échapper aux monstres.

Quelques secondes plus tard, sa vue revint. Il vit Jack passer devant Tom, toujours allongé sur le sol, et s’approcher du gobelin. Ce dernier reprenait ses esprits, accroupi au sol, essayant tant bien que mal de se relever.

Jack ne lui en donna pas la chance.

Avec une rapidité et une précision qui prouvait qu’il était en pleine possession de ses capacités, il frappa l’arrière du crâne de la créature verte avec la hampe de sa lance, le plongeant dans l’inconscience. Dans un mouvement fluide, il dématérialisa son arme magique et attrapa le corps inanimé de la créature avant de le jeter sur son autre épaule.

Ainsi chargé, il se retourna vers Tom et lui dit quelque chose. Joseph avait toujours les oreilles qui sifflaient et fut à nouveau incapable de comprendre quoi que ce soit à ce que Jack disait.

Il vit la bouche de Tom articuler des mots, mais les sons qu’elle produisait ne lui parvinrent pas. Cependant, il n’eut aucun mal à voir l’expression qu’il affichait et son mauvais pressentiment empira, nouant douloureusement son estomac.

Pourquoi il fait cette tête-là ? Il comprend pas qu’on va enfin pouvoir rentrer au campement ?!

Avant qu’il ne pose la question à haute-voix, Jack récupéra le couteau d’Ania et le jeta au sol avant de se mettre à courir, laissant derrière lui son camarade.

Mais qu’est-ce qu’il fait ?! Il a laissé Tom là-bas !!

– Jack ! T’as laissé Tom ! Repars le chercher !

Tapant avec force sur le dos de son porteur, Joseph essayait de lui dire de s’arrêter, mais une seconde explosion, plus distante cette-fois, se fit entendre. L’éclat fut moins important, mais le souffle puissant et brûlant projeta au sol l’adolescent qui courait.

Joseph fut projeté avec force au sol et s’écrasa douloureusement par terre. Sa tête heurta quelque chose de dur, sans doute une racine dissimulée, et il vit le monde autour de lui osciller tandis qu’une douleur sourde irradiait de son crâne. Il discerna tant bien que mal Jack se relever, ramasser le gobelin toujours évanoui et le remettre sur son épaule. Alors qu’il s’approchait de lui, Joseph essaya de se mettre debout par lui-même et de repartir dans la direction opposée.

Il avait beau avoir accepté la mort quelques minutes plus tôt, cela ne voulait pas non plus dire qu’il n’en avait plus peur. Cependant, comparé à l’idée qu’ils avaient lâchement abandonné Tom à son sort, cela n’était rien. Joseph pouvait sans problème imaginer ce que Tom devait ressentir et il refusait que quiconque puisse le vivre à cause de lui.

Non ! Pourquoi est-ce que c’est lui qu’il a laissé ?! Il aurait dû prendre Tom ! Je m’y étais même préparé !

Jack attrapa le sculpteur par le bras et essaya de le relever, mais ce dernier refusa de se laisser faire. Il se débattit avec autant de force qu’il put puiser dans son corps épuisé, donnant des coups de poings à l’aveuglette et faisant de son mieux pour empêcher son camarade de le soulever, mais sa tête lui tournait bien trop et il finit par s’immobiliser, à deux doigts de tomber dans l’inconscience.

Jack le hissa alors sur son épaule et Joseph s’évanouit, parvenant tout de même à articuler un mot avant que sa conscience ne se dissolve :

– …Assassin…

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Yo, c’est re-moi, Samisamo

Voilà, c’est la fin du chapitre 18… Je me sentais obligé de venir vous faire chier ici parce que j’ai le devoir (et le besoin) de vous avertir que PeMI touche presque à sa fin ! Yeay !

Je ne penses pas qu’il va y avoir plus de trois chapitres après ça, mais bon, on sait jamais…

Sinon, vous en pensez quoi ? Est-ce que cette fin de chapitre vous satisfait ? Vous choque ? Vous énerve ? Personnellement, je la trouve justifié (les jours de Tom étaient comptés de toutes manières), surtout que cela était absolument nécessaire pour la suite :3

Comme pas mal d’entre vous peuvent le savoir, cette version publiée de PeMI n’est qu’un brouillon, je compte réécrire entièrement cette oeuvre afin de l’améliorer (et avoir une base sur laquelle travailler me rend la tâche beaucoup plus facile).
Seulement voilà, est-ce que vous préférez que je me dépêche à finir PeMI ou plutôt que je me mette dès maintenant à écrire la nouvelle version (en commençant par des stand alone* concernant les lycéens avant leurs arrivées dans le monde magique) ? Vous pouvez me répondre dans les commentaires ou passer sur le Discord du site, je suis toujours là :3

*Chaque Stand Alone sera une vraie nouvelle qui nous plongera dans la vie des étudiants avant le début de leurs aventures, ce qui me permettra de les travailler plus en profondeur sans chercher à faire avancer l’histoire de PeMI en même temps 😀
Il ne se passera pas forcement des trucs VACHEMENT intéressants ou surnaturels à chaque fois, mais au moins vous connaîtrez les personnages et leurs background.

 

17 commentaires sur “Pérégrinations en Monde Inconnu 18 : Là où on se sacrifie

  1. Ok premièrement : ultra contente que ce nouveau chapitre sorte ! J’ai commencé et fini PeMI il y a quelques semaines mais puisque tu disais « chap 18 max 1 Aout » et que ca faisait bien trois mois j’avais peur que tu aies abandonné >< ca va loin)

    Sinon : Les stand alone ont l'air vraiment intéressantes et je veux vraiment les lire un jour donc ca ira très bien si c'est plus pratique pour toi.^^ Mais,honnêtement je préférerai avoir d'abord la fin de l'histoire (déja que je me demande comment tu va finir en 3 chapitre : Et le monde fantastique en dehors de la forêt? Camille? Ils vont juste se téléporter comme ça et rentrer chez eux? Quand la grande révélation de la mort de Will et des autres supporters?).
    Si il se passe beaucoup de temps entre chaque sorties je préfère avoir vite la fin pour ne plus avoir le suspense et juste être contente quand je verrai que des stand alone serons sorties.

    Voilà sinon merci pour avoir écrit cette histoire ^^ ! Il y a des tonnes de transferts vers monde fantastique par les jap's et j'adore mais savoir qu'on donner une toute autre atmosphère à un monde fantastique avec monstres, aventuriers, capacités cheatées (clichés de bases) est vraiment quelqque chose que j'ai aimé découvrir !
    Voilà salut ! (si tu as lu tous ça –" )

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    1. Tout d’abord, je te remercie pour le commentaire constructif, ça fait toujours plaisir de savoir que ses efforts ne sont pas en vain.
      Aucun risque que j’abandonne PeMI, pas la peine de s’inquiéter, j’ai juste une rythme d’écriture relativement lent x)

      Je peux comprendre que tu veuilles la fin, et personnellement, j’aimerai bien moi aussi finir cette histoire pour reprendre sur des bases plus ‘saines’ (sans compter que j’aurais plus de lecteur qui viendront se plaindre XD), mais il faut bien comprendre que ce ne sera pas la fin réelle de PeMI. Dans le sens où la réécriture va modifier un grand nombre de chose (en commençant par une refonte extrême des premiers chapitres). Les stand-alone seront un moyen pour moi d’écourter grandement les premiers chapiter de la réécriture, mais il risque d’y avoir des différences entre la version brouillon (et publié) et les personnages dans les stand-alone x’)
      Comme ça, tu es avertie !

      Quand je parle de fin, je compte terminer PeMI, mais je n’ai en aucun cas l’intention de finir l’histoire XD
      Après tout, est-ce qu’on peut continuer de parler de pérégrinations en MONDE INCONNU quand on commence à devenir familier avec ledit monde ? x’)
      Il faut voir PeMI comme un prologue. Comme tu l’as noté, y’a pas mal d’intrigues qui ne semblent pas avoir le temps de se résoudre, et c’est tout à fait vrai. Je ne suis quand même pas assez sadique pour finir quelque chose en laissant les lecteurs se poser des questions quant aux événements.
      Par contre, d’ici à avoir ces réponses, il va falloir attendre encore un bon bout de temps (genre, vraiment pas mal de temps)

      Et la mort de Will et des autres supports ? Tant que tu ne trouves pas leurs cadavres, tu ne peux pas les déclarer trépassés enfin voyons~ (et cela inclut Tom aussi, mais je te conseille de pas avoir trop d’espoir de ce côté-ci héhéhé)

      Pour ton autre commentaire, les Iorens ne sont pas des dieux hein. Ils sont les premières créations des Dieux, un peu au niveau de dieux mineurs ou des demi-dieux ? quelque chose comme ça.
      On aura plus d’explications plus tard, faut juste être patient :3
      Ah, et navré de te déprimer… par contre, tout ne vas pas être joyeux joyeux dans les prochains chapitres, petit spoil, mais tu seras avertie XD

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      1. !!!!!!!!
        Ok alors savoir que pemi était juste un prologue est vraiment surprenant !! Trop contente ! Ca explique mon impression que si Tom mourrait lhistoire continuerai avec les autres et le pourquoi j’ai été surprise pemi se termine 3 chapseudo après sa mort (« mort »,on sait pas hein~). Mais vu que la ‘vrai’ histoire sera sûrement pour après la réécriture ça va vraiment etre dur pour les nerfs ><
        *part danser de joie et d'espoir en attendant*

        (Ps: jetais au courant pour les Iorens mais j'avais la flemme d'aller retrouver le non)
        (Pps: mon "autre commentaire" était à l'origine au mileur du premier mais à sûrement du être suprimé par manque de place mdrr c'est la que j'ai compris que j'exagèrais xD )

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        1. La raison principal pour laquelle j’ai commencé par PeMI, c’est parce que ça me permet de m’entraîner à écrire, mais surtout que le pitch est parfait pour me donner le temps de développer (et d’introduire) des concepts et des personnages qui ont une importance pour la suite.

          PeMI et ses continuations (et autres histoires liées) sont en gros le lien entre le monde fantastique que j’ai imaginé et le monde ‘réel’ (de la même manière que Oméga est le maillon entre ce même monde ‘réel’ et le monde SF). Donc il va falloir s’attendre à une avalanche d’histoires différentes (quand je les aurait faite) qui se passeront toutes dans le monde univers quoi XD

          En espérant que ça clarifie un peu les choses :3

          (J’ai fait cette clarification parce que cette différence est importante pour ce qui se passera plus tard, ça serait bête qu’un lecteur se trompe~)

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  2. *Ensuite : Tu me déprime à chaque fois. Déja que Ania prend Tom pour une réincarnation d’un Dieu j’ai trop cru qu’il y aurai toute une intrigue où c’était vraiment le cas (expliquerai qu’il ai pas de pouvoir comparé aux autres vu que leurs dieux là sont censés savoir des choses que les autres ne connaissent pas et rependre le savoir) et que Tom serait sauvé. Même là puisqu’on a pas vus le corps je gardais l’espoir qu’il s’en sorte, espoir que tu a honteusement détruis 2 lignes après. (ouais j’ai du voir tellement de manga sur l’amour et l’amitié que j’en croit même plus les auteurs quand ils disent que le héros va mourir >< ca va loin)

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