Perdu dans la nuit 9 : Rencontre

Auteur : Faust
Check : Exserra


Yo ! Bon, d’accord, il y a quand même un jour de retard… Mais j’ai une (pseudo) bonne excuse, c’est parce que je n’avais pas la possibilité physique de le poster hier soir ! :p Sinon, pour ceux qui commençaient à s’impatienter, et bien… L’action commence vraiment… Bonne lecture, et n’hésitez pas à commenter !


Les portes de la ville se refermèrent alors que le crépuscule touchait à sa fin.

Aln voulait oublier qu’il venait de quitter tout ce qu’il connaissait sans même un au revoir, et le meilleur moyen pour cela était… et bien, de ne pas penser.

“Faut que je trouve une auberge…”

La ville était à ses yeux plutôt grande et prospère, et elle semblait aussi active le jour que la nuit. Sans doute les runes protectrices devaient-elles être efficaces, car les habitants ne semblaient absolument pas se préoccuper des Ombres.
Il pensait à toutes les différences avec la vie nocturne de son village, et avait du mal à trouver les ressemblances. Marchant sur l’allée principale, en bon campagnard il s’émerveillait de tout ce qu’il voyait, de la foule, des boutiques et des bars.

Ici, Mercenaires, marchands et servants se rassemblaient, leurs voix bourrues résonnant, de même que le tintement joyeux de leurs chopes de bière et autres breuvages corsés.

Il finit par entrer dans une auberge, et fut saisi par le brouhaha de la salle commune. Lui qui était habitué au calme du village… Les clients semblaient constitués principalement de soldats, ce qui le rassura un peu quant à l’avenir de sa bourse, et l’ambiance de la salle allait de paire avec ses occupants.

Les soldats avaient le gosier en pente. Certains regardaient la performance d’un ménestrel, d’autres couvraient ce dernier de leurs voix fortes en chantant des chansons paillardes, et finalement les derniers contemplaient tactilement les quelques jolies serveuses qui passaient dans les rangs. Tous buvaient, et tous boiraient encore quelques heures. Et beaucoup étaient déjà ivres.

Aln hésita quelques instants sur le pas de la porte, mais il fut soudain poussé à l’intérieur, ce qui ne lui laissa pas le choix…

Il s’avança prudemment vers le comptoir, esquivant les gobelets et les hommes qui volaient parfois – une conversation un peu animée dans un coin – et parvint au tenancier, un colosse aux larges épaules.

“Excusez moi….”

L’homme ne lui prêta pas attention, concentré sur sa tâche.

“Euh, excusez moi ?”

Le tavernier leva les yeux sur lui et lui répondit d’un ton bourru.

“Hein ? Tu veux quelque chose, gamin ?
– Et bien… Est-ce qu’il vous resterait une chambre ?”

L’homme l’étudia. Aln reprit.

“J’ai de quoi payer.
– Oh, vraiment. Il reste une chambre. 20 stohlos la nuit, la moitié tout de suite, le reste le jour du départ.
– Je vois. Voilà pour une nuit déjà.
– Monte les escaliers, troisième porte à droite. Voilà la clé.”

L’homme empocha les pièces et se détourna d’Aln.

Le stohl était la monnaie d’usage dans la Coalition et même la plus utilisée dans les échanges commerciaux. En général, un ouvrier lambda en gagnait environ 150 par semaine, donc 20 stohlos pour une nuit, c’était acceptable. Après tout, l’ancien lui en avait donné 300 environ. Heureusement que les pièces étaient petites, même s’il avait dû les répartir en plusieurs endroits…

Bien sûr, à ce rythme il ne tiendrait pas longtemps, mais pour le moment il voulait se détendre un peu.

La chambre était rudimentaire, avec juste un lit et une chaise, mais cela suffisait. Il y déposa ses affaires, ne gardant sur lui que son nécessaire à runes et sa bourse, puis il redescendit s’asseoir à une table libre.

Il n’eut pas à attendre longtemps, et assez vite une serveuse passa lui prendre sa commande, sans doute parce qu’il ne semblait pas penser à… Bref, en théorie, il était inoffensif, et ce n’était pas son genre de forcer qui que ce soit…

Sirotant sa première bière, il se mit à observer ses alentours comme il aimait le faire, à écouter les conversations et les disputes.

Comme on pouvait s’y attendre, elles consistaient en histoires de guerre, d’alcool, et de femmes, et manquaient drastiquement d’originalité.

La seule touche d’originalité incongrue, Aln la remarqua dans un coin au fond de la salle commune. Là, une jeune fille enroulée dans un manteau noir se tenait assise, un gros livre tout aussi noir devant elle, et une sorte de zone de quarantaine autour d’elle.

Elle devait avoir la vingtaine, plus âgée qu’Aln, les cheveux châtains clair et les yeux d’un gris bleu mystérieux. Ce n’était pas à proprement parler une jolie fille, mais elle avait un certain charisme qui en imposait, une digne distance. Et même si elle n’était qu’une jeune fille, les soldats avaient apparemment courageusement décidé de l’ignorer.

Pour que pas un seul ne tente son coup, ils avaient dû y laisser des plumes.
Il en était à sa troisième chope quand un groupe d’hommes entra. Ils étaient cinq, et les quatres premiers soutenaient le cinquième. Ils devaient être eux aussi des soldats, puisque le silence se fit.

On n’entendait que le cinquième homme.

Il murmurait, ou plutôt il psalmodiait.

“Des Ombres, des Ombres” répétait-il, puis il partit d’un rire dément, et s’écroula en gémissant.

Aln se figea. Il laissa sa chope à mi-chemin de sa bouche, et sa main se mit à trembler. Des Ombres dans la ville, c’était très mauvais signe. Aucune Ombre normale ne pouvait traverser les sorts défensifs, et ils étaient probablement vérifiés régulièrement. Si c’était une Ombre, ce n’était pas une Ombre normale.
Il sentit un regard sur lui, et amena sa bière jusqu’à ses lèvres.

Les soldats s’entre regardèrent. Ce ne devait pas être la première fois que ça arrivait, ils semblaient inquiets, et certains jetèrent un regard en direction de la jeune fille, qui se leva et se dirigea vers l’homme gémissant.

Ses subordonnés lui cédèrent respectueusement le passage.

La jeune fille prit la parole, et l’un des quatre soldats lui répondit ensuite.

“Où l’avez vous trouvé ?
– L’était dans une ruelle et on l’a trouvé p’dant notre ronde, alors on v’l’a ramené M’dame.
– Bon travail. Y avait-il quelqu’un d’autre avec lui ?
– Non, personne, l’était adossé au mur et l’couinait comme un rat. Y disait la même chose qu’maintenant.
– Je vois…
– C’est quoi M’dame ? C’est pas normal les gens qui font ça… C’est l’quinzième en une semaine. Peut pas y’avoir d’Ombres dans l’ville non ? Moi j’dis c’est pas normal.
– Si je le savais je ne serais pas là. Il nous faudrait un magicien, mais le Seigneur de Magasnin refuse de nous prêter le sien.”

Ce qui voulait aussi dire qu’ils ne lui obéissaient pas. Ce devait donc être une unité de Patrouilleurs, qui ne répondait qu’aux dirigeants directs de la Coalition. Quoiqu’il en soit, Aln ne se voulait pas s’impliquer. Il avait un très mauvais pressentiment.

“Toi.
– Heu ?
– Oui toi, le gamin.”

Aln tourna la tête. Celle qui semblait être la commandante de la troupe le regardait. Elle qui l’avait interpellé.

“Hé ? J’ai…
– Tu es un magicien non ?
– Ah ? Comment…
– Ta sacoche, c’est une sacoche à runes non ?” dit-elle en désignant le petit sac qu’Aln avait en bandoulière, ou plutôt la petite étoile à 6 branches qui était brodée sur le devant.

Il se sentit ridicule. Ne voulant rien avoir à faire avec cette affaire, il risquait de se retrouvait impliqué à cause d’une coutume idiote qui voulait que toutes les sacoches de magiciens soient brodées de cet insigne.
Ridicule.

Et à partir de ce moment il ne pouvait pas refuser directement. Si le seigneur de la ville pouvait se permettre d’ignorer les légitimes demandes des Patrouilleurs, un simple civil ne le pouvait pas.

Comme il en voulait au chef du village de lui avoir directement donné une sacoche de magicien…

“Ah, mais je ne suis qu’un apprenti, donc je ne pense pas pouvoir vous aider…
– Humpf ! Tu penses que je ne sais pas que ces insignes ne sont donnés qu’aux magiciens confirmés.”

“Abruti de vieillard sénile ! Un magicien confirmé de 16 ans ! Espèce de crétin !”
Bien évidemment, c’est dans son coeur et non à voix haute qu’il maudit l’ancien.

“Donc, je répète ma question. Es-tu un magicien ? A moins que ce soit une fraude ?”
Sur ces mots, les soldats s’avancèrent d’un air menaçant.

“Aaah, c’est bon ! c’est bon ! Je suis bien un magicien, mais je viens à peine de finir mon entraînement.
– Tu es bien jeune pour ça.
– Humpf, 2 semaines c’était déjà trop.
– Quoi ?”

Ah. Aln se rappela qu’il valait mieux ne pas dire ça. Déjà qu’il n’était pas très crédible, là, on allait définitivement le prendre pour un charlatan. Après tout, la plupart des magiciens de la Coalition étaient des gens riches, et souvent des anciens.

C’était la particularité de son village, un héritage des temps anciens. Même si la magie des runes n’était pas très efficace, tous les villageois pouvaient en faire un usage rudimentaire, ce qui n’était le cas nul part autre part.

“Je plaisantais. Je peux regarder, mais je ne garantis rien.
– Vas-y. Nous n’allons pas t’accuser si tu ne trouves rien. En revanche, si tu mens, tu le paiera. Rares sont ceux qui arrivent à me mentir.
– D’accord, d’accord…”

Aln s’approcha malgré lui. Il n’aurait pas dû venir dans cette auberge. Rester avec des soldats, c’est donner le bâton pour se faire battre : là où il y a des soldats, il y a des problèmes.

Les soldats en question n’avaient plus le même air menaçant, mais semblait ressentir un certain respect devant un magicien de cet âge, qui en plus répondait assez franchement à leur supérieure. Courageux ou inconscient ? Ils hésitaient.

Parmi toutes ses runes, Aln en avait une belle variété d’avance. Même s’il ne pensait pas partir aussi tôt, il avait voulu être près en avance, et heureusement. Il en sortit une marquée du mot “Sahgl” (Analyser).

Imaginer ce concept était difficile, donc il se concentra sur une seule chose. Si l’homme gémissant devant lui était sous l’emprise d’un sort, ce sort devait perturber le fonctionnement normal de son cerveau. En bref, il décida de “s’imaginer” les influences sur le cerveau du cobay… du patient apparaître.

Il tint la rune dans sa main, la tendit devant lui et imagina. L’image bien nette, il activa la rune en l’imaginant luire, ce qu’elle fit en réalité.

Devant lui, un serpent de ténèbre était enroulé autour de la tête de l’homme étendu.
Les soldats reculèrent épouvantés. La femme quant à elle ne bougea pas. Aln se figea un instant, puis immédiatement après il saisit avec sang froid une des runes que l’ancien lui avait donné, et imagina directement le serpent disparaître en fumée, activant sans préparation la rune.

Les deux runes retournèrent à la poussière, en même temps que le serpent disparut en poussant un gémissement d’outre-tombe.

La respiration de l’homme se calma, et il cessa ses couinements.

Aln essuya la transpiration qui coulait le long de son visage. Utiliser une rune “Toan” aussi rapidement sans préparation était épuisant.

Mais ce n’était pas tout.

Ce qu’il avait dispersé était une Ombre, mais une Ombre comme il n’en avait jamais entendu parler. Il ne savait pas grand-chose sur les Ombres, mais à sa connaissance, jamais personne n’avait fait référence à ce… serpent.

Un applaudissement retentit à côté de lui, le tirant de ses pensées.

“Impressionnant. Si jeune, et déjà aussi performant.
– Je ne veux pas entendre ça de vous…
– Tu ne voudrais pas rejoindre mon unité ?
– Hein ? Non merci !”

La jeune fille resta coite, de même que toute son unité. Les Patrouilleurs étaient respectés dans toute la Coalition, et rares étaient ceux qui ne voulaient pas y entrer si la chance leur en était donnée.

“Pourquoi ?
– J’ai quelque chose de vraiment important à faire avant.
– Je vois… Elle soupira et reprit : Et ? Qu’as-tu appris ?
– Pas grand chose. C’était bien une Ombre, elle affectait son cerveau, mais je n’avais jamais entendu parler d’une créature de ce genre.”

Vu de l’extérieur, Aln semblait calme.

Intérieurement ?

Son instinct lui criait de quitter la ville immédiatement et de ne jamais revenir par ici, de ne pas s’impliquer plus avec cette histoire : il devait écouter son père.

Pourtant, une part de lui ne pouvait s’y résoudre. Il avait peur, bien sûr. Il devait être raisonnable, bien sûr. Mais la curiosité… Sa méchante curiosité, sa curiosité maladive, son esprit lui dictait d’en apprendre plus.

Incidemment, la vision d’Eliana assise devant lui revint le hanter. Pourquoi à ce moment ? Il préférait se tromper… Bien sûr, ça devait être parce qu’elle avait obligatoirement un lien avec tout ceci…

Il se calma, et regarda son interlocutrice. Sans aucun doute, malgré son jeune âge elle devait être habituée au commandement, bien qu’elle ne semble pas du genre à abuser de son pouvoir.

Elle reprit la parole.

“Je ne sais pas ce que tu comptes faire, mais reste dans la ville quelques jours, nous allons avoir besoin de toi. Tu as quelque chose à faire, peut-être, mais les affaires de la Coalition passent avant.
– Erm…
– Tu seras rémunéré.
– D’accord…
– Tu dors ici c’est ça ? Nous prendrons aussi en charge les frais de logement.”

Sans lui laisser le temps de répondre, elle se retourna et sortit, suivie de son unité. Aln crut vaguement entrapercevoir des regards de condoléance de la part des soldats…

Épuisé, il paya ses consommations, et monta se coucher. Et dire qu’il voulait ne plus penser, tout oublier à propos des Ombres. Et maintenant qu’une Capitaine des Patrouilleurs le lui avait demandé, il ne pouvait partir de la ville sans avoir des problèmes plus tard.

***

Le lendemain se passa sans rien de particulier. Effectivement, la jeune capitaine avait tenu sa promesse, et en se levant l’aubergiste lui annonça avec une once de respect qu’il n’avait pas à s’en faire pour le logement.

La Coalition mettait un accent particulier sur l’enseignement, il y avait donc une bibliothèque publique. Son accès était malgré tout restreint, mais son insigne de magicien devrait suffire pour son entrée. Il fallait bien qu’il lui serve à quelque chose…

Il déambula dans les rues à la recherche du bâtiment en question, un peu déboussolé par la foule et la taille de la ville, mais finalement Magasnin restait une ville de seconde zone. Il n’y avait finalement pas grand chose à voir, mais surtout Aln remarquait une tension qu’il avait ignorée la veille. Arrivant devant un grand bâtiment, il s’arrêta. C’était là.

Une imposante et luxueuse bâtisse se dressait là. Bien gardée, on disait qu’elle était aussi protégée par de nombreuses runes. Même si elle était en accès public, les livres devaient y rester, et ceux-ci avaient encore une grande valeur, d’où ces sécurités. Au dessus de la porte à laquelle menait une volée de marche, l’insigne des magiciens, l’étoile à 6 branches trônait.

Il entra, et montra son insigne à l’entrée. On l’observa d’un air suspicieux, mais finalement il put passer sans problème.

Il chercha toute la journée, et en sortit le soir, un peu avant au moment du crépuscule. Ce qu’il avait lu ? Un historique des plus grands théoriciens de la magie ancienne. Et il avait trouvé ce qu’il cherchait.

Son livre était intimement lié à Eliana, et donc à son grand-père. De plus ses parents aussi semblaient avoir été affectés par ça, même si l’absence de réflexion à la jeune fille laissait croire qu’ils n’avaient pas pu observer le passé comme lui. Il avait donc fait des recherches sur le grand-père d’Eliana, dont elle lui avait dit qu’il était un grand mage.

Effectivement, c’était le cas.

Aln avait deviné que la scène de la mort du vieil homme avait eu lieu relativement peu de temps après la disparition de la Nivmag, la pierre de magie, et les écrits de cette époque avait pour beaucoup été perdus, mais il avait retrouvé un peu par hasard un condensé des vies des grands magiciens de cette époque.

C’est là qu’il l’avait lu. Gal Ilksa, archimage au moment de la chute des Gardiens, qui après cela rejoignit les Chercheurs, bien que son fils et son épouse soient morts au moment même de la chute. il mourut au cours d’une expérience de reproduction de la Nivmag, et la situation de sa petite fille qui l’accompagnait alors, Eliana Ilksa, était inconnue.

Son laboratoire était prétendument dans la chaîne d’Alorbis, séparant en principe le royaume de Glino de la Coalition, près de la ville minière de Norsigl, à l’est de la position actuelle d’Aln.

Sa carte allait certainement lui être utile.

En résumant ainsi ses pensées, Aln descendait tranquillement la rue menant à son auberge. Il arriva finalement sur une place un peu avant sa destination, et remarquant un attroupement considérable au centre de celle-ci, il s’approcha.

C’était le crépuscule, et le soleil disparaissait déjà à l’horizon.

Au centre de l’attroupement, un homme se tenait immobile. A environ 20 centimètres du sol, il semblait divaguer, on plutôt il semblait agoniser.

Pourtant, rien ne le soulevait.

Puis le soleil disparut complètement. Les lumières de nuit de la ville étaient allumées, éclairant avec succès l’ensemble de la place.

Étranglant l’homme, une créature noire, monstrueuse et aux traits déformés par le plaisir était debout, un rictus de satisfaction à la place de son visage. Cet homme, c’était le tavernier.

La foule reflua, et la créature se tourna dans la direction d’Aln, puis jeta comme un jouet le tavernier au loin.

Les hommes et femmes qui se tenaient entre lui et la bête n’en étaient plus l’instant d’après. Ce n’était plus que des morceaux de chair sans vie, d’une odeur absolument révulsante, qui éclaboussèrent Aln de sang chaud.

Il recula d’un pas, et vomit.

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